Boutique le Point
Evenements
Jeux concours
Partenaires
C’est une entrevue qui a beaucoup fait jaser en Iran. Alors que le pays est secoué par une immense vague de manifestations suite à la mort tragique de la jeune Mahsa Amini, Iranienne de 22 ans décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour mauvais port du voile, Emmanuel Macron a rencontré à New York le président iranien ultraconservateur Ebrahim Raïssi. Organisée en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, l’entrevue s’est concentrée sur le dossier du nucléaire iranien, aujourd’hui dans l’impasse après que l’Iran a fini par refuser la proposition européenne de compromis qui lui était présentée.
D’après le communiqué final de l’Élysée, la rencontre a également été l’occasion de discuter de la situation en Irak et au Liban. Un échange qui a profondément choqué en Iran, pendant que de nombreuses manifestations de colère à travers le pays étaient violemment réprimées par les forces de sécurité. Pour l’heure, au moins trois personnes auraient été tuées dans la province iranienne du Kurdistan, selon son gouverneur Ismail Zarei Koosha. « La nouvelle de la rencontre entre Emmanuel Macron et Ebrahim Raïssi a peiné beaucoup d’Iraniens », explique depuis Téhéran un spécialiste des relations internationales qui a requis l’anonymat par crainte de représailles. « C’était une très mauvaise idée de la part du président français, car cet entretien a donné de la légitimité internationale au président iranien alors que les droits de l’homme sont foulés aux pieds dans le pays. »
À LIRE AUSSIEn Iran, la révolte des femmes dévoilées
À en croire le site de la présidence de la République française, le chef de l’État aurait néanmoins fait part à son homologue iranien du « choc qui a été le sien à la nouvelle de la mort de Mahsa Amini après son arrestation ». Il aurait également insisté sur « la nécessité qu’une enquête transparente fasse la lumière sur ce drame ». S’exprimant devant la presse étrangère à l’issue de la rencontre, Emmanuel Macron a indiqué avoir « insisté sur le respect des droits des femmes » dans le pays.
« Le président français a évacué le sujet avec une phrase simpliste qui n’a aucune valeur », s’indigne la source en Iran. « Le problème est que le fait de demander une enquête transparente ne mène à rien en République islamique. Que ce soit pour le meurtre en prison de la photojournaliste irano-canadienne Zahra Kazemi en 2003, pour celui du blogueur Sattar Beheshti en 2012 ou pour la destruction par les Gardiens de la révolution de l’avion civil d’Ukraine International Airlines en 2020, les investigations menées en Iran n’ont jamais abouti à quoi que ce soit. Si Emmanuel Macron voulait marquer son désaccord avec la répression, il aurait dû refuser de rencontrer Ebrahim Raïssi. »
À LIRE AUSSIComment la mort d’une jeune femme a relancé le débat sur le voile obligatoire en Iran
Élu à la tête de l’exécutif en juin 2021 à l’issue d’un scrutin contesté, au cours duquel la majorité des candidats modérés ont été éliminés par le pouvoir, cet ancien juge du tribunal révolutionnaire possède qui plus est un sombre bilan en matière de droits de l’homme. Il est accusé par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme d’avoir fait partie d’un « Comité de la mort », qui a condamné et exécuté des milliers de prisonniers politiques iraniens en 1988, ce qu’Ebrahim Raïssi a toujours démenti.
« Ce qui aide la République islamique, ce sont ses relations avec les pays occidentaux », dénonce auprès du Point la journaliste et militante Masih Alinejad, à l’origine de la campagne contre le port du voile obligatoire en Iran, qui a vu ces dernières années nombre d’Iraniennes ôter leur foulard et se filmer sur les réseaux sociaux. « Voilà pourquoi ce régime maintient coûte que coûte des négociations sur le nucléaire iranien, juge-t-elle, afin que l’Europe et les États-Unis ferment les yeux sur les tueries de masse perpétrées en Iran. »
En juin 2009, lors de la répression féroce du mouvement vert contestant la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence iranienne, l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy n’avait pas hésité à dénoncer publiquement la violence des forces de sécurité à l’encontre des manifestants pacifiques, au contraire de Barack Obama, dont la réticence à soutenir à l’époque les aspirations démocratiques des contestataires avait été décriée par les Iraniens.
À LIRE AUSSIEbrahim Raïssi, l’élu de la République islamique d’Iran
Mais le successeur du démocrate à la Maison-Blanche, le républicain Donald Trump, s’est unilatéralement retiré du JCPOA en 2018, entraînant une reprise des activités nucléaires controversées de Téhéran, pouvant aujourd’hui lui permettre d’obtenir l’arme atomique. « Il est normal que le fait de vouloir empêcher l’acquisition par l’Iran de la bombe nucléaire soit un sujet pressant », explique l’entourage du président de la République. « La priorité des Européens est de voir dans quelle mesure on peut faire en sorte que l’Iran revienne au strict respect de l’accord sur le nucléaire. »
Des propos jugés peu surprenants à Téhéran. « Cela fait longtemps que nous avons compris que la France, qui se targue d’être le pays des droits de l’homme, se contente de vagues slogans creux à ce sujet pour mieux faire primer ses intérêts », dénonce avec amertume le spécialiste iranien des relations internationales. « On le constate dans la relation française avec la République islamique d’Iran, mais aussi avec l’Arabie saoudite, notamment quand Emmanuel Macron accueille à l’Élysée le prince héritier Mohammed ben Salmane, malgré son implication dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. »
Newsletter international
Chaque mardi, recevez le meilleur de l’actualité internationale, et recevez en avant-première les exclusivités du Point.
Newsletter international
Vous pouvez consulter notre Politique de protection des données personnelles.
Signaler un contenu abusif
Merci de renseigner la raison de votre alerte.
Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire
Code erroné
Un avis, un commentaire ?
Ce service est réservé aux abonnés
@Freedom le 23/09/2022 à 05 : 43
Ainsi donc, selon vous, “l’intégrité intellectuelle” consisterait à haïr Trump et, entre autres, à le rendre responsable de la malhonnêteté pathologique des mollahs.
Je vous retournerais bien le qualificatif de “pathétique” mais je n’irais pas vous flatter à ce point, c’est juste grotesque.
Et comme vous ne pouvez évidemment pas prouver que Trump soit responsable de la situation actuelle vous me demandez de prouver que la sortie de l’accord était une bonne idée.
Vous ne lisez donc pas les articles, dans ce support et dans d’autres, établissant que l’Iran n’a cessé, depuis le début de “l’accord”, de mentir et de dissimuler ?
Dans ces conditions se retirer d’un pseudo accord, systématiquement bafoué par l’Iran n’était pas juste une “bonne idée”, Freedom, c’était la seule chose à faire.
Enfin pourquoi devrais-je “avouer” que je partage votre détestation de Trump ? Qu’il ait eu des cotés détestables OK, mais sur la base de son retrait du prétendu “accord” je dis bravo.
Et par ailleurs je vous ai rappelé à plusieurs reprises, mais en vain malgré votre proclamée “intégrité intellectuelle”, que nous devons à Trump et à son gendre la plus grande avancée vers la Paix du monde depuis des décennies : l’accord entre Israël, les EAU, Bahrein et le Maroc, complété par un modus vivendi inespéré avec l’Arabie saoudite.
En tout cas si vous n’avez pas réalisé cela, Joe Biden lui l’a compris, et dans ce qui me sert “d’intégrité intellectuelle” je lui en sais gré. What else ?
Mon avis
@mugen808
le principe de base de dictatures est de ne pas respecter son peuple et de trafiquer les votes quand ils existent.
maintenant s’il est vrai que le président actuel et le seul dirigeant avec qui parler ne fallait il pas plutôt le boycotter plutôt que, comme d’habitude, miser sur le mauvais cheval ?
Kermit12
Mon intégrité intellectuelle est sans faille. Merci. Je vous met également au défit de me prouver que la sortie unilatérale de l’accord Iranien était une bonne idée. Votre incapacité à prendre un recul objectif pour juger Trump pour ce qu’il est, et avouer ici que vous pensez la meme chose que moi à son égard est pathétique. Question d’intégrité intellectuelle.
Veuillez remplir tous les champs obligatoires avant de soumettre votre commentaire
Le titre du commentaire est obligatoire
Le texte du commentaire est obligatoire
Voir les conditions d’utilisation
Vous devez renseigner un pseudo avant de pouvoir commenter un article.
un brouillon est déjà présent dans votre espace commentaire.
Pour conserver le précédent brouillon, cliquez sur annuler.
Pour sauvegarder le nouveau brouillon, cliquez sur enregistrer
Erreur lors de la sauvegarde du brouillon.
L’info en continu
En kiosque
Climat – Le scénario de l'accélération
Consultez les articles de la rubrique International, suivez les informations en temps réel et accédez à nos analyses de l’actualité.
Elizabeth II, la dernière reine
Lettre des capitales
Lettre d’Asie
Expérience Le Point
La boutique
Abonnements
Applications mobiles
Nos partenaires
Nous sommes OJD
Les forums du Point
FAQ
Politique de protection des données à caractère personnel
Gérer mes cookies
Crédit d’impôt
Cours de langues
Bons d’achat
Comparateur PER
Portail de la transparence
Tutoriel vidéo
Publicité
Nous contacter
Plan du site
Mentions légales
CGU
CGV
Conditions générales d’un compte client
Charte de modération
Archives
* Champs obligatoires
Avec un compte LePoint.fr :
Créez un compte afin d’accéder à la version numérique du magazine et à l’intégralité des contenus du Point inclus dans votre offre.
Pour ce faire, renseignez
votre numéro d’abonné dans les paramètres de création de compte.
Vous avez un compte Facebook ?
Connectez-vous plus rapidement
Vous avez un compte Facebook ?
Créez votre compte plus rapidement
Veuillez saisir l’adresse mail qui a servi à créer votre compte LePoint.fr
Cet article a été ajouté dans vos favoris.
Pour soutenir Le Point acceptez la publicité personnalisée.
Déja abonné ? Je m’identifie