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Un incendie et des affrontements se sont produits, samedi 15 octobre, dans la prison, connue pour y détenir de nombreux prisonniers politiques.
Temps de lecture : 4 min
Au moins huit détenus sont morts et des dizaines ont été blessés dans un incendie à la prison d’Evine à Téhéran, sur fond de vastes protestations dans le pays contre la mort de la jeune Iranienne Mahsa Amini, a annoncé lundi l’Autorité judiciaire. « Quatre personnes (blessées) sont décédées à l’hôpital après la dégradation de leur état de santé, portant le bilan à huit morts », a indiqué Mizan Online, le site de l’Autorité judiciaire, dans un dernier bilan, sans préciser s’ils sont morts après inhalation de fumée comme les quatre premiers décès. Les morts sont tous des condamnés pour vol.
Les autorités ont accusé des « voyous » d’avoir « mis le feu samedi soir à un entrepôt de vêtements » dans ce centre de détention tristement célèbre, où sont emprisonnés des étrangers, et avaient fait état de heurts entre prisonniers, puis entre détenus et gardiens, intervenus pour faire cesser les violences. La situation est « revenue à la normale », ont-elles assuré.
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Des images diffusées sur des médias locaux avaient montré d’immenses flammes et une épaisse fumée se dégager du vaste complexe le soir de l’incendie. L’agence officielle iranienne Irna a affirmé que ces incidents n’avaient « rien à voir » avec les manifestations consécutives à la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, 22 ans, entrées dans leur cinquième semaine malgré la répression qui a fait au moins 108 morts, selon Iran Human Rights (IHR). Des ONG ont mis en doute la version des autorités. « Au vu des mensonges des responsables officiels, devenus la norme, nous n’acceptons pas les explications officielles », a dit l’IHR basé à Oslo, affirmant avoir reçu des informations selon lesquelles les gardes avaient cherché à encourager les prisonniers.
Sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux, des coups de feu et le bruit d’explosions étaient entendus le soir de l’incendie aux abords de la prison, connue pour ses mauvais traitements des détenus politiques. Des centaines de personnes arrêtées lors des protestations contre la mort de Mahsa Amini auraient été envoyées à Evine, parfois surnommée « université Evine » en raison du grand nombre d’intellectuels qui y sont détenus.
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Après l’incendie, plusieurs ONG ainsi que les États-Unis se sont dits inquiets pour les prisonniers, mais plusieurs détenus étrangers ont pu contacter leurs familles. « Les prisonniers, y compris des détenus politiques, sont complètement sans défense » à Evine, a déclaré Hadi Ghaemi, le directeur du Centre pour les droits de l’homme en Iran (Chri) basé à New York. La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a souligné que les autorités avaient « l’obligation légale de respecter et de protéger la vie des prisonniers ». Parmi les détenus étrangers figurent l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah et l’Américain Siamak Namazi, qui sont en sécurité. De même que les Autrichiens Massoud Mossaheb et Kamran Ghaderi. La globe-trotteuse italienne détenue à Evine se porte également bien. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a demandé « un maximum de transparence » aux autorités iraniennes, alors que l’Union européenne s’apprête à imposer lundi des sanctions à l’Iran.
« L’Iran est pleinement responsable de la sécurité de nos citoyens détenus à tort, qui doivent être libérés immédiatement », ont averti les États-Unis. La France a dit suivre « avec la plus grande attention » le sort des Français « détenus arbitrairement » à Evine. La mort de Mahsa Amini a été l’étincelle de cette vague de contestation en Iran. La jeune Kurde iranienne est décédée trois jours après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran qui lui reprochait d’avoir enfreint le strict Code vestimentaire en vigueur, imposant notamment le port du voile pour les femmes.
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Depuis, les Iraniennes, beaucoup tête nue, ont été à l’avant-garde du mouvement. Dimanche encore, des femmes ont manifesté au collège technique et professionnel Shariati de Téhéran, scandant « Nous sommes toutes Mahsa », selon l’IHR. Les dirigeants iraniens accusent les Occidentaux, notamment les États-Unis, de fomenter des « émeutes ». Dimanche, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a accusé son homologue américain Joe Biden d’« inciter au chaos ». Le chef des gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, a, lui, accusé l’Occident d’avoir attisé des « émeutes » dans plusieurs écoles. Les manifestations en Iran sont les plus importantes depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l’essence dans ce pays pourtant riche en pétrole.
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