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Selon une nouvelle étude, les populations d’ornithorynque en Australie connaissent un déclin plus important qu’on ne pensait. Dans certaines zones où le mammifère était pourtant abondant auparavant, il n’aurait pas été observé depuis une dizaine d’années.
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Lorsque les Européens ont découvert l’ornithorynque au XVIIIe siècle, ils ont eu bien du mal à penser qu’il ne s’agissait pas d’un canular. Et pour cause, ce mammifère à bec de canard et queue de castor capable de pondre des oeufs, affiche un mélange insolite de caractéristiques qui le classe parmi les animaux plus étranges au monde. Mais cette particularité ne le protège malheureusement pas des menaces.
Jusqu’au XXe siècle, l’ornithorynque a été victime d’une chasse intense pour sa fourrure qui a fait décliner drastiquement ses populations dans son pays d’origine, l’Australie. Si l’espèce est aujourd’hui protégée, sa situation ne rassure pas pour autant. Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Global Ecology and Conservation, elle se porterait même plus mal qu’on ne pensait.
Cela fait plusieurs décennies que des spécialistes tentent d’attirer l’attention sur le déclin des ornithorynques. Le problème est qu’en raison d’un manque de données historiques, le phénomène restait difficile à évaluer avec exactitude. C’est pour combler les incertitudes que des scientifiques de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW) ont lancé de nouvelles recherches approfondies.
Ils ont collecté quelque 258 années de données historiques sur la distribution et l’abondance de l’animal qu’ils ont comparées à des données issues de récentes études. Les résultats suggèrent que “les déclins de l’ornithorynque ont été significativement sous-estimés, avec des décomptes historiques de population bien supérieurs aux estimations contemporaines“, explique Tahneal Hawke, doctorante qui a dirigé l’étude.
En 2016, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a réévalué le statut de l’ornithorynque (Ornithorhynchus anatinus) et conclu à un déclin d’environ 30% au cours des derniers siècles. L’espèce a ainsi été classée dans la catégorie “quasi menacée”. Un statut jugé aujourd’hui bien insuffisant pour les chercheurs.
“L’ornithorynque a décliné juste sous notre nez“, déplore pour le National Geographic Tahneal Hawke, membre du projet Platypus Conservation Initiative. “Nous avons une zone entière dans la distribution géographique de l’espèce où nous ignorons littéralement s’il en reste encore ou si c’est le cas, combien ils sont“.
L’ornithorynque n’est pas facile à observer. Nocturne et timide, il passe la majeure partie de son temps dans l’eau, ce qui lui permet de rester à l’abri des regards et de ne laisser que peu de traces. Ces dernières années, les observations se sont toutefois raréfiées, à tel point que le phénomène ne peut pas simplement être attribué à la discrétion du mammifère semi-aquatique, d’après les chercheurs.
Durant leur étude, ils ont constaté qu’en 1908, pas moins de 22 ornithorynques avaient été capturés en une seule journée dans le fleuve Yarra au niveau du pont Princes de Melbourne. Un endroit où les observations sont devenues peu fréquentes, comme dans d’autres zones où le mammifère était pourtant abondant autrefois.
D’après les données, 41,4% des sous-bassins compris dans la distribution de l’espèce n’ont enregistré aucune observation au cours des 10 dernières années. 12,8% d’entre eux n’en ont répertorié aucune depuis 20 ans. “Ces déclins à long terme reflètent vraisemblablement les impacts du commerce de la fourrure dont l’ornithorynque ne s’est jamais complètement remis“, relève le Dr Gilad Bino, co-auteur de l’étude.
“Les impacts ultérieurs de la régulation des cours d’eau, la destruction de son habitat, la pollution, la prédation et l’utilisation des filets à crustacés ont augmenté encore davantage leur déclin“, poursuit-elle dans un communiqué. Parmi les zones les plus touchées, l’équipe cite notamment le bassin Murray-Darling, où l’ornithorynque n’a pas été observé depuis 10 ans dans 50% des sous-bassins.
Face à ces résultats, Tahneal Hawke et ses collègues appellent à réagir pour protéger l’espèce mais aussi mieux comprendre l’ampleur de certaines menaces. Des données préliminaires qu’ils ont obtenues suggèrent par exemple qu’un grand barrage géré de façon inappropriée pourrait éliminer tous les ornithorynques vivant à proximité.
“La gravité des déclins mentionnés nécessite une attention urgente en termes de conservation“, souligne le professeur Richard Kingsford, directeur du Centre for Ecosystem Science de l’UNSW et autre co-auteur de l’étude. “Une surveillance améliorée et continue de l’ornithorynque est essentielle pour améliorer la compréhension et mettre en place une gestion efficace de ce mammifère iconique“, conclut-il.
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Tahnael Hawke
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