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Vient de paraître : Christophe Bataille, Mathieu Pieyre, Talila… – Libération

(DR)
«La neige est l’enfance d’un rêve.» L’enfance, la neige enchantent ce conte de Noël poétique et sophistiqué, écrit comme on rêve. Anne, la sœur aînée, toujours un pas en avant, a 13 ans, puis le petit frère, Christophe, en a 15 et marche seul dans les rues de Versailles, la nuit. Les parents sont un pas en arrière, aimants et beaux comme des acteurs de cinéma, dirait-on. Il appartient aux enfants de s’aventurer sur le Grand Canal gelé. La silhouette qui danse au loin, est-ce le fantôme de leur grand-mère accrochée à la main d’un prince ? Chaque souvenir est royal, flou et pourtant précis, dans les parages du vieux château. Un jour, on grandit. «Le château de Versailles n’est plus le même : je l’ai connu gris, à l’abandon ou presque, il y a longtemps. L’enfance est merveilleusement banale, je le dis sans mélancolie. Mais à Versailles, tout est légende.» Cl.D.
En 1977, le narrateur est en terminale et il a pour professeur d’anglais un homme qui donnera une direction, un ton à son existence : «Rien ne m’est plus durablement demeuré que les livres, entre Monsieur Wilder et moi.» Ce professeur, Patrick Wilder est jeune et nouveau dans l’établissement. Il a rapporté de Californie des méthodes qui ne sont pas celles des autres enseignants. Sur le tableau, il inscrit son prénom et son nom, sa date de naissance et son numéro de téléphone. Il transmet l’anglais à travers l’amour des mots, des écrivains, et des chansons. Il cite Singer car il est le seul à Paris à enseigner aussi le yiddish. Le narrateur apprend grâce à lui «la liberté d’être». Lors des vacances de Pâques, Monsieur Wilder part à New York, cette «ville magnétique». Il rentre avec des livres, et parle aux élèves d’émancipation des minorités et de libération sexuelle. Sa «destinée» s’achève tristement. Ce premier roman dont l’auteur, cela se devine, est un lettré imprégné de Proust, dresse le portrait par petites touches d’un professeur exceptionnel rencontrant un adolescent attentif et tout aussi singulier. V.B.-L.
Tombé à 27 ans au Chemin des dames le 29 novembre 1914, le poète bordelais Jean de La Ville de Mirmont est resté dans les mémoires grâce à un court roman publié à compte d’auteur quelques mois avant sa mort. Jean Dézert, 27 ans, personnage incolore et résigné, travaille toute la semaine au ministère de l’Encouragement au bien en attendant le dimanche. «A son ministère, il attend de l’avancement, en attendant la retraite. Une fois retraité, il attendra la mort. Il considère la vie comme une salle d’attente pour voyageurs de troisième classe.» Joli bijou de fatalisme, qui fait songer à Bartleby chez Melville. Finitude le réédite en version illustrée de scènes en noir et blanc signées Christian Cailleaux. F.Rl
Une Dominicaine exilée à Angers raconte les échecs successifs puis la réussite de son cousin opiniâtre et courageux pour quitter la République dominicaine et rallier Puerto Rico ; un jeune garçon se souvient de cette Vietnamienne qui vendait des parapluies dans une impasse parisienne et économisait pour partir en Amérique ; Un homme évoque son père, absent et inclassable, au décès de celui-ci, les deux dernières histoires prenant place dans un Paris défunt, un peu sur l’air d’un Modiano. Dans ces nouvelles, la petite musique de Dominique Fabre tempère la violence ou la tristesse des propos, une douceur triste, un fatalisme bien résumé par l’un de ces personnages, «C’est comme ça… hé oui…» Ce constat des choses comme elles sont est peut-être ce qui pousse les héros à accomplir leur destin, parce qu’ils n’ont pas d’autre solution, parce qu’ils sont faits comme ça. N.A.
Elle a longtemps pensé que le yiddish était «une langue d’intérieur, comme des chaussons ou une robe de chambre». Talila est fille d’émigrés juifs polonais, si fiers d’être adoptés par la patrie de Hugo et de Zola qu’ils imposeront à leurs enfants nés à Paris de parler et d’étudier le français. «Mais à la maison et dans la boutique du tailleur, les souvenirs yiddish dits et non dits continueraient intensément à vivre», écrit-elle dans un petit recueil de textes immensément émouvants racontant son enfance, les devoirs sur la machine à coudre de son père Itshèlè rue Truffaut, le hareng aux oignons («notre madeleine à nous»), sa passion pour Paris et ses regrets de n’avoir pas davantage essayé de remonter le temps avec ses parents. C’est peut-être pour cela qu’elle est devenue chanteuse de yiddish, une façon de maintenir vivante une langue qui la relie à tous ses morts et aussi de transmettre la mémoire d’un monde englouti. A.S.
Charles Fourier (1772-1837) précurseur de l’écologie ? C’est ce qui ressort de ce texte peu connu exhumé des archives de l’écrivain par René Schérer en 2001. Republié ici par l’association des études fouriéristes (charlesfourier.fr) qui a consacré un numéro de ses Cahiers à cette thématique, ce document ne manquera pas d’intéresser de nombreux lecteurs. D’autant que l’analyse de Charles Fourier est globale. Ce n’est pas seulement la planète qui est malade, l’homme est aussi bien mal en point. Le penseur du phalanstère et des passions s’intéresse au phénomène de refroidissement et de stérilité progressive du globe. Lecteur attentif des travaux savants de son époque, Rauch le géographe, Cadet de Vaux le chimiste et l’immense Humboldt, il imagine ce que Scherer via Félix Guattari nomme l’«écosophie de Charles Fourier» (article disponible sur persée.fr). J.-D.W.

Une ville, évidemment, n’est jamais un simple lieu, «géolocalisé». C’est une géologie, une «humanité», une géographie, une histoire, une économie, un réseau de relations, commerciales, communicationnelles, symboliques, etc. Aussi, quand une ville «disparaît» – parce qu’emportée par les eaux, la lave, ou fantasmatiquement, parce qu’elle n’existait que dans les mythes et les fables – c’est un monde qui s’enfouit ou s’évanouit, celui que vont ensuite «recomposer», à partir de vestiges ou de fragments de textes, les archéologues, les paléontographes, les historiens, les explorateurs, les écrivains… En utilisant des données scientifiques – lesquelles, néanmoins, ne bornent jamais les imaginations -, Annalee Newitz, journaliste, contributrice régulière de Slate, du New York Times et du Washington Post, organise ici un voyage fantastique vers les «cités perdues» : Pompéi, en Italie, Çatal Höyük, «une des premières villes de l’histoire de l’humanité», en Turquie, Angkor, au Cambodge, et Cahokia, aux Etats-Unis. Mais il ne s’agit pas de «tourisme» : de chaque ville, elle reconstitue le «monde», la vie agricole, sociale et politique, les relations familiales, la culture, les rapports à la nature et aux divinités, la «question de l’eau», les émeutes – éclairant ainsi bien de «problématiques actuelles». R.M.
On répète à l’envi que la pensée de Nietzsche est si méandrique, si disloquée, dispersée, connaît des «revirements si spectaculaires», qu’elle désespère toute tentative de la saisir comme ensemble unitaire, sauf à penser qu’il n’y a pas un Nietzsche mais des Nietzsche – deux selon Henri Lichtenberger, trois selon Lou Andreas-Salomé, etc. Professeur à l’université de Reims, directeur du Groupe international de recherches sur Nietzsche, Patrick Wotling est un spécialiste émérite du philosophe, auquel il a déjà consacré de nombreux ouvrages. Même s’il tient compte des arguments qui peuvent justifier l’idée que l’œuvre nietzschéenne aurait, si on peut dire, des «auteurs multiples», il ne la partage pas et ne la tient guère pour décisive. Aussi, dans le présent ouvrage, plutôt que de revenir aux diverses «périodisations» ou en proposer une nouvelle, préfère-t-il parler de «développement» et procéder à une lecture extrêmement précise de la Naissance de la tragédie, d’Humain trop humain, d’Aurore, du Gai savoir et d’Ainsi parlait Zarathoustra, afin de déceler à chaque fois les apports spécifiques, lesquels, joints les uns aux autres, constitueraient l’ossature d’une pensée qui se conquiert elle-même progressivement, et sans ruptures. Un autre ouvrage de Patrick Woltig, de 2016, est repris aux Puf «Quadrige» : «Oui, l’homme fut un essai». La philosophie de l’avenir selon Nietzsche, 360 pp., 18 €. R.M.
© Libé 2022
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