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Trois ans du Covid-19 : la difficile réintégration des salariés touchés par le Covid long – AEF info

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Trois ans après le premier cas de Covid-19 recensé en France, le Covid long touche, selon Santé Publique France, plus de 2 millions d’adultes dans notre pays. Une partie de ces patients éprouvent de grandes difficultés à reprendre le travail. “Pendant 8 mois, j’ai essayé de reprendre le boulot comme avant mais je n’ai pas réussi”, témoigne Stéphane, cadre dans un bureau d’études. “On m’a détecté de graves lésions cérébrales et des séquelles neurologiques et cognitives irréversibles. C’est compliqué de faire comprendre à mon employeur que la personne qu’il a embauchée ne reviendra pas”, explique Maëlle, salariée dans un organisme de formation, obligée de limiter son temps de travail à 20 %. L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail appelle les entreprises à s’emparer de ce sujet majeur de santé publique, en mettant en place un suivi RH adapté pour éviter les rechutes.

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La France compte 2 millions de personnes atteintes par un Covid long. Ici une patiente en consultation. MaxPPP – Sebastian Gollnow/dpa/picture-alliance/Newscom
Cadre dans une compagnie d’assurances, Matthieu (1) est testé positif au Covid fin avril 2022. “Vacciné, la cinquantaine, je n’avais pas de crainte particulière avec Omicron”, relate-t-il. “Quand je suis revenu au travail, j’étais certes fatigué mais je pensais que ça passerait en 15 jours, trois semaines.” Or son état se dégrade : Matthieu souffre de “maux de tête affreux” et vit dans un “brouillard mental”. “Je n’arrivais plus à faire le lien entre mes idées, les mots se bousculaient, c’était très gênant… Quand je m’exprimais en réunion, on aurait dit un élève de 6e qui apprenait l’anglais, alors que je travaille à 80 % dans cette langue”. Exténué, Matthieu est placé en arrêt maladie par son généraliste. Il tente ensuite de reprendre le travail en mi-temps thérapeutique. “J’ai tenu du 14 au 29 novembre avant d’être à nouveau arrêté”. Début janvier, il est revenu à son poste, avec des journées réduites, de 10 heures à 16 heures, avec deux heures de pause le midi. “Je crois que mes collègues ne comprennent pas vraiment ce qu’il m’arrive”, confie le salarié.

Agent de sécurité incendie, Karim (1) a brusquement perdu le goût et l’odorat le 20 mars 2020. “On m’a dit que ça allait revenir très vite mais ce n’est jamais revenu à 100 %”, témoigne-t-il. “Une bonne odeur, je la sens mauvaise, tandis qu’une mauvaise odeur, je ne la sens pas. Le problème, c’est que dans mon métier, il faut être capable de percevoir les odeurs pour détecter un éventuel départ de feu.” Depuis juin 2020, Karim souffre aussi d’autres symptômes très invalidants : grande fatigue, migraines, problèmes intestinaux, difficulté à se concentrer, sommeil perturbé… Les médecins ont fini par détecter un Covid long. Son retour au travail paraît compromis. “Mon employeur m’a proposé un licenciement et attend que je quitte la boîte. Mais moi, j’espère toujours que ça va revenir comme avant”, soupire Karim.

Selon Santé Publique France, 2 millions d’adultes sont touchés par le Covid long dans notre pays. La maladie a été reconnue par l’Organisation mondiale de la santé dès 2020, avec près de 200 symptômes recensés : problèmes cardiovasculaires, pulmonaires, neurocognitifs, dermatologiques, ophtalmologiques etc. Selon l’OMS, “une personne sur dix est toujours malade après 12 semaines”, ce qui crée “un impact sérieux sur la capacité des personnes à retourner au travail ou à avoir une vie sociale”. Cette maladie encore inexpliquée touche davantage les femmes et les actifs. Aucun traitement n’existe à ce jour pour la soigner. En revanche, il est possible de soulager certains patients en traitant la douleur et en atténuant certains symptômes.

Des malades “poussés vers la sortie par leur entreprise”

Trois ans après le début de l’épidémie, les autorités françaises mettent l’accent sur la baisse des admissions à l’hôpital et du nombre de décès, une amélioration permise par la vaccination. Elles assimilent désormais le Covid-19 aux “virus de l’hiver” dans leurs campagnes de sensibilisation (alors que le virus n’est pas saisonnier) et ne parlent guère du Covid long. Le pays tout entier semble vouloir tourner la page : les masques ne sont plus guère portés, y compris pendant les pics épidémiques. Dans ce contexte, les malades frappés par un Covid long se sentent souvent isolés et incompris. “Nous recevons chaque jour des messages désespérés de malades qui nous alertent sur les terribles difficultés qu’ils rencontrent dans le quotidien, notamment sur l’aspect travail”, témoigne Mylène Damamme, l’une des fondatrices de l’association de patients #ApresJ20, jointe par AEF info mi-janvier 2023.
“Lorsque Santé Publique France a annoncé qu’il y avait 2 millions d’adultes touchés en France, cela aurait dû être un véritable électrochoc pour le ministère de la Santé et pour le ministère du Travail et pourtant rien, il ne s’est strictement rien passé”, s’indigne Mylène Damamme. Une loi a certes été votée de manière unanime en janvier 2022 par l’Assemblée et le Sénat, prévoyant la création d’une plateforme de référencement et de prise en charge des patients. Mais ce texte attend encore ses décrets d’application. “Le plus souvent, les malades Covid Long sont poussés vers la sortie par leur entreprise”, regrette la porte-parole de l’association. “Mais la société française peut-elle économiquement et éthiquement se passer de 2 millions de travailleurs ? Se passer de leurs compétences, de leurs talents ? D’autant plus à une période où beaucoup de secteurs font face à des pénuries et des difficultés de recrutement ?”
Les organisations syndicales et patronales ne semblent pas s’être emparées de ces questions. “Nous n’avons pas de cas d’entreprises ou de salariés qui remontent à la confédération, ce qui fait qu’il est difficile de creuser le sujet”, dit-on à la CGT. “Nous savons qu’il y a de nombreuses victimes avec des séquelles et de plus en plus de gens fatigués, qui ne savent pas ce qu’ils ont”, reconnaît la CFE-CGC, qui porte l’idée d’un fonds d’indemnisation dans le cadre de négociations sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. “Mais franchement, on est surtout accaparés en ce moment par la réforme des retraites”, souffle une responsable syndicale.

En septembre 2022, The Guardian affirmait que “le Covid long pourrait être à l’origine d’un tiers de la pénurie de main-d’œuvre aux États-Unis”. Les journalistes Fina Lowenstein (elle-même atteinte par le Covid long) et Ryan Prior (atteint d’une maladie post-virale) constatent que les travailleurs qui manquent à l’appel sont aussi ceux qui ont le plus été confrontés au risque d’infection par le Sars-Cov-2, ne pouvant travailler à distance : les enseignants, les soignants, les restaurateurs… Alors, démission volontaire ou retrait forcé ? “Un certain nombre de personnes ont été mises en retrait par leurs employeurs, alors qu’avec plus de temps, elles auraient pu être réadaptées au travail”, regrette l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail dans une note sur le Covid long.
Les obligations de l’employeur

Que peuvent faire les entreprises face à cette épidémie invisible ? “Il faut garder en tête que le seul moyen de ne pas développer un Covid Long est de ne pas être infecté ou réinfecté par le Covid-19, d’où l’importance des mesures de prévention des infections, notamment sur le lieu de travail”, souligne Mylène Damamme. Le Code du travail a tout prévu : l’employeur doit “prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs” (art. L. 4121-1) et “procéder à l’évaluation des risques” (art. L. 4121-3). Appliqués à l’épidémie de Covid, ces principes généraux supposent d’éviter les contaminations en mettant en place des règles de distanciation, en installant des séparations physiques entre les postes de travail ou encore en autorisant le télétravail.
Au-delà de la prévention, que faire face à un salarié qui présente des symptômes prolongés du Covid ? L’employeur doit organiser des visites de préreprise et reprise du travail avec son service de prévention et de santé au travail. “Les professionnels de santé au travail, organisés en cellule de prévention de la désinsertion professionnelle (depuis la loi du 2 août 2021 relative à la santé au travail), préconiseront alors toute mesure utile à la réinsertion professionnelle du salarié atteint”, indique la Direction générale du travail, jointe par AEF info. “Ces mesures peuvent prendre des formes multiples (aménagements horaires, matériel, télétravail, changement de poste, etc..). L’employeur est tenu de les prendre en considération.”
Un retour au travail “lent et progressif”
Trois ans du Covid-19 : la difficile réintégration des salariés touchés par le Covid long - AEF infoL’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) a publié en juillet 2021 deux guides pratiques, l’un destiné aux travailleurs et l’autre aux managers, pour les aider à envisager la reprise du travail après un Covid-19 aigu ou un Covid long. Ces “guidelines” préconisent d’évaluer les capacités du salarié, si possible avec son médecin traitant, “pour identifier sa capacité de travail et ses limitations”. Il s’agit de préparer un “retour au travail lent et progressif”, “en commençant par une petite quantité de travail chaque jour et chaque semaine” et en faisant confiance au salarié, qui est “la personne la mieux à même d’évaluer son niveau de fatigue”. “Pour réduire le risque de rechute, les travailleurs ne devraient pas faire plus de 70 % de ce qu’ils se sentent capables de faire à un moment donné, afin d’éviter la fatigue.”
La Society of Occupational Medicine (SOM), une organisation britannique spécialisée dans les questions de santé au travail, souligne également, dans une tribune parue en août 2022, que “commencer trop tôt et trop rapidement” est synonyme de “rechute rapide” et de “nouvelle absence”. “Pendant 8 mois, j’ai essayé de reprendre le boulot comme avant mais je n’ai pas réussi”, confirme Stéphane, cadre dans un bureau d’études atteint par un Covid long depuis mai 2020. Le problème, c’est que vous pouvez être bien deux, trois jours, parfois une semaine, et vous écrouler la semaine suivante”. Stéphane souffre depuis de multiples symptômes : “fatigue générale, douleurs, brouillard cérébral, problèmes de concentration, difficulté à se tenir debout ou assis longtemps”… Il en est à sa troisième tentative de temps partiel thérapeutique.
Comme une batterie qui se vide à toute allure
Les préconisations de l’EU-OSHA et de la SOM rejoignent la pratique du docteur Julien Astaing, spécialisé dans le suivi du Covid long à la Clinique Clémentville de Montpellier – l’un des premiers établissements français à avoir développé une prise en charge. “Si on veut reprendre son poste trop vite, sans changer ses conditions de travail, en ayant le même niveau de stress, le risque est grand de provoquer un nouvel arrêt maladie”, alerte-t-il. “Il faut impérativement reprendre en mi-temps thérapeutique, pour avoir le temps de mener à bien sa rééducation et pour éviter l’épuisement au travail. L’entreprise doit aussi prévoir 10 minutes de pause toutes les heures, au calme, pour éviter les grosses rechutes”. Le médecin recommande aussi le télétravail, “trois jours par semaine au moins”, ne serait-ce que pour éviter les temps de trajet.
Car le risque d’épuisement guette : les patients utilisent l’image d’une batterie de téléphone qui, à peine rechargée, se vide à toute allure. “Il faut s’habituer à travailler de façon tout à fait différente : on ne peut plus travailler jusqu’à être fatigué, sinon on le paye pendant une semaine, deux semaines, parfois plus”, explique Laure, enseignante dans un établissement privé hors contrat. Atteinte par le Covid depuis mars 2021, elle n’a pas réussi à reprendre le travail, malgré un emploi du temps limité à 2 heures par jour. Elle est aujourd’hui reconnue comme travailleuse handicapée par la MDPH et attend de voir “la lumière au bout du tunnel”.
La Société française de médecine du travail (SFMT) a publié des recommandations dès 2021 à la demande de la DGT et de la DGS. Il s’agit de “sensibiliser les médecins du travail” en les incitant à “échanger avec le travailleur sur sa compréhension de sa situation, de ses droits et de ses obligations” et à “mettre en place un plan de retour au travail” qui passe par l’aménagement du temps de travail, des missions du salarié et des modalités d’exercice. “Les médecins du travail semblent progressivement de plus en plus concernés et sensibilisés mais cela reste trop limité”, commente l’association de patients #ApresJ20. “Franchement, la médecine du travail n’est pas à jour : elle ne propose même pas de test olfactif et est obligée de me croire sur parole”, abonde Karim, l’agent de sécurité qui a perdu l’odorat.
“La personne qu’il a embauchée ne reviendra pas”
Assistante pédagogique dans un organisme de formation, Maëlle (1) souffre d’un Covid long depuis deux ans et demi – à 30 ans, en bonne santé, elle ne se percevait pourtant pas comme une personne à risque. Après un an d’arrêt total, elle a ressenti le besoin de renouer avec son entreprise, pour se sentir “utile”. Elle a d’abord repris à 10 % en septembre 2021. “C’était délicat de demander ça à mon employeur car je n’avais pas envie d’être un poids. Mais je ne pouvais pas faire plus : j’étais déjà au bout du rouleau quand j’arrivais au travail”, relate-t-elle, entre deux quintes de toux. “Petit à petit, je suis passée à 20 %, en basculant en télétravail, sur les conseils de la médecine du travail. Puis à 30 % mais c’était trop tôt et j’ai dû à nouveau m’arrêter”.
Après plusieurs mois d’hospitalisation, Maëlle a repris à 20 % (deux matinées par semaine). Elle est reconnue en invalidité de catégorie 2. “On m’a détecté de graves lésions cérébrales et des séquelles neurologiques et cognitives irréversibles. Mon espoir est de me stabiliser. Mais je sais que ma vie d’avant est finie. C’est compliqué de faire comprendre à mon employeur que la personne qu’il a embauchée ne reviendra pas.”
Repenser le lien avec l’équipe

La réintégration au sein de l’équipe est un enjeu RH à ne pas négliger. “Je ne peux pas venir aux pots de team building, je porte toujours un masque, je suis à 20 %… J’occupe une place tout à fait à part dans l’entreprise”, constate Maëlle. “Le Covid long fait naître beaucoup de questions, ce qui n’est pas le cas avec le cancer par exemple. Parmi mes collègues, il y a des personnes bienveillantes, inquiètes, neutres et des complotistes, comme partout. Certains ont par exemple du mal à comprendre que j’ai de la fièvre au quotidien depuis deux ans et demi. Je leur demande juste de me croire”.

Comme les personnes souffrant d’un cancer ou d’une maladie chronique, les patients touchés par un Covid long ont développé une expertise sur leur maladie. L’employeur a tout intérêt à s’appuyer sur ce savoir s’il veut les aider à reprendre pied. “Il faut nous écouter et surtout nous croire”, réclame Stéphane, le cadre cité plus haut. Lui-même se sent plutôt soutenu mais pas toujours compris. “Mes patrons m’ont dit que la santé primait sur le travail. Je crois qu’ils sont contents que je revienne au boulot. Dans l’ensemble, les collègues sont aux petits soins. Même si certains ont du mal à saisir ce qui m’arrive. Quand on me voit, je n’ai pas de bras cassé, pas de fauteuil roulant, pas de signes visibles de la maladie.”
Ne pas perdre le contact

“Le Covid long est une affection mal comprise en raison de ses symptômes variés. Les salariés peuvent être sérieusement affectés, par exemple par la fatigue, mais peuvent sembler tout à fait normaux à leurs collègues de travail”, relève l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail. “Au début, j’ai eu l’impression de ne pas être cru”, relate Cédric, responsable formation dans le secteur bancaire. Ce quadra jusqu’alors “sportif, jeune et dynamique” a été frappé par le virus Omicron en décembre 2021. Il ne s’en est pas remis et subit des “crises de fatigue intense”, “des sensations de brûlure dans tout le corps” ainsi que “des problèmes intestinaux, des éruptions cutanées, des troubles cognitifs, des insomnies”. En mai 2022, il a tenté de reprendre à temps partiel, d’abord à 50 % puis à 70 % mais en septembre, il a été obligé de s’arrêter, plongeant dans une profonde détresse, malgré le soutien de son épouse kinésithérapeute.

“J’avais peur de passer pour un tire-au-flanc parce que tout le monde semble se remettre facilement du Covid”, explique Cédric. “Heureusement, il y a beaucoup de bienveillance chez mon manager, mon n+1, mon équipe. Et quand j’envoie mois après mois la prolongation de mon arrêt de travail, la DRH prend le temps de m’appeler : ce contact est important car cela m’évite de me sentir totalement isolé à mon domicile et dans ma tête.” Son conseil aux employeurs ? “Gardez le contact avec votre salarié, ne le laissez pas s’isoler, s’enfermer dans un sentiment d’inutilité. Ne le laissez pas tomber !”
“Mes patients étaient tous hyperactifs et hyperinvestis dans leur travail”, souligne le docteur Astaing à Montpellier. “Je pense que c’est un facteur de risque pour le Covid long. Alors qu’ils ne comptaient pas leurs heures, ces salariés chutent d’un coup. C’est très difficile pour eux de ne plus être aussi rentables qu’avant et de s’apercevoir que leur employeur ne les comprend plus. Son soutien est pourtant très important pour le maintien dans l’emploi. Quand le patron est à l’écoute, je sens mes patients beaucoup moins angoissés et je constate moins de rechutes. L’entreprise a un rôle essentiel à jouer dans le processus de guérison.”

Les associations de patients la réclament mais il n’existe pas d’affection longue durée (ALD), permettant une prise en charge à 100 % des soins et des examens, spécifique pour le Covid long. “Celle-ci ne peut être envisagée faute de disposer actuellement de connaissances permettant sa définition avec des critères d’admission précis”, indique le ministère de la santé à AEF info. Toutefois, une prise en charge est possible en ALD30, si les symptômes correspondent à une des ALD déjà reconnues (comme une insuffisance respiratoire chronique ou une néphropathie chronique grave), ou en ALD “hors liste”, quand la pathologie suppose un traitement prolongé et coûteux ou que plusieurs affections entraînent un état pathologique invalidant. De mars 2020 à août 2022, 4 896 personnes ont été admises en ALD hors liste.
Le Covid-19 peut aussi être reconnu comme une maladie professionnelle pour les soignants des établissements sanitaires et médico-sociaux, les personnels non-soignants travaillant dans ces structures ainsi que les personnes assurant le transport et l’accompagnement des malades. Les professionnels de santé libéraux bénéficient également de cette reconnaissance. Une indemnisation est possible si la contamination a entraîné une affection respiratoire ayant nécessité une oxygénothérapie ou toute autre forme d’assistance ventilatoire ou si elle a entraîné un décès.
Les situations des professionnels ne remplissant pas ces conditions sont étudiées au cas par cas par un “comité de reconnaissance des maladies professionnelles” dédié au Covid-19. Ce comité examine notamment les affections non respiratoires liées au coronavirus. En mai 2022, il avait délivré 236 reconnaissances comme maladie professionnelle pour des patients souffrant de “manifestations persistantes à la suite d’un épisode aigu bénin”, précisait en janvier 2023 le ministère de la santé et de la prévention, dans une réponse au sénateur (LR) Philippe Mouiller (publiée dans le JO Sénat du 5 janvier 2023).
Les MDPH reconnaissent aussi la situation de certains patients atteints du Covid long en évaluant leur degré d’invalidité. Parmi les six personnes qui témoignent dans cet article, Karim, Stéphane, Maëlle et Laure ont obtenu cette reconnaissance. “Quand on passe en invalidité, on touche une pension qui est calculée sur les salaires des 10 meilleures années de sa carrière”, explique Maëlle. “À 30 ans, je n’avais pas encore ces 10 ans de carrière : je touche donc le minimum légal, qui est d’un peu plus de 300 euros par an. J’espère que la prévoyance permettra de compléter ces indemnités”.

(1) Le prénom a été modifié à la demande du témoin.

En juin 2018, l’Anact lançait un appel à projets financés par le Fonds pour l’amélioration des conditions de travail (Fact) sur le maintien en emploi des personnes fragilisées par des problèmes de santé ou des situations de handicap. Quatre ans plus tard, l’Agence publie un “cahier” visant à capitaliser sur les expériences réalisées dans ce cadre. Les porteurs de projets, réunis à l’occasion d’un séminaire, y évoquent les actions menées et formulent des recommandations.

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Sylvain Marcelli, journaliste

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