Ouverture à 40 % pour Luchon Superbagnères, 30 % pour Le Mourtis : la saison d’hiver commence aujourd’hui en Haute-Garonne, dans l’attente du froid et des flocons.
"Les équipes de Haute-Garonne Montagne sont totalement mobilisées dans le but de réussir les ouvertures de Luchon Superbagnères et du Mourtis, nous serons donc opérationnels dès ce samedi !", lance Maryse Vezat-Baronia, vice-présidente du syndicat mixte.
Ces ouvertures vont se dérouler avec une météo décidément un peu trop favorable à la douceur. Gianni Ragona, le directeur de Haute-Garonne Montagne, détaille: "Pour Luchon Superbagnères, nous allons proposer aux skieurs le télésiège du Lac, ainsi que sa piste, le téléski de Baby, le jardin d’enfants et l’espace ESF mais aussi sur le haut du domaine, le Céciré Express et sa piste des Marmottes, sans oublier la piste de luge".
Au Mourtis, le télésiège du Tuc de Pan sera ouvert avec sa piste, il sera aussi possible de faire de la luge.
En revanche Bourg-d’Oueil restera malheureusement fermée ces vacances, en raison du manque de neige, "nous n’avons pas été en mesure d’en produire".
Une ouverture "a minima" donc, pour les stations de la Haute-Garonne et une certaine inquiétude spécifique pour Luchon-Superbagnères, liée à la situation des deux ponts de Ravi.
Conséquence de l’incident du 30 novembre sur ces ponts, les ponts ne seront praticables que pour les véhicules de moins de 3,5 tonnes, avec un gabarit en hauteur qui est passé à deux mètres. "Nous avons fait un constat important, celui de la sécurité" poursuit Gianni Ragona. "Il y a des règles à respecter, cela met beaucoup du monde à contribution, mais nous n’avons pas le choix. Nous sommes en train d’essayer de trouver des solutions, notamment pour les restaurateurs du plateau, en collaboration avec la ville de Luchon. Les ponts sont surveillés en temps réel et ils peuvent être empruntés en toute sécurité par les véhicules légers. Quant à la piste de délestage, elle va être réservée aux secours et aux équipes du syndicat mixte".
Sur le terrain, les équipes sont sur le pont, afin de faire face à ce lancement de saison particulièrement compliqué. "Rien n’est facile pour ces premiers moments, conclut le directeur de Haute-Garonne Montagne. C’est ma première saison mais je sais déjà que je peux compter sur des équipes solides et qui sont fortement mises à contribution – d’autant plus avec le manque de neige. Tout est fait pour que nos clients puissent profiter du meilleur ski possible". Avec l’espoir d’obtenir un peu de neige fraîche en guise de cadeau de Noël.
Le tarif des forfaits a été revu. Pour Luchon Superbagnères, il faudra débourser 27 euros à la journée et 25 euros les trois heures. Au Mourtis, le tarif journée sera de 22 euros et de 20 euros pour les trois heures.
Entre l’accès à la station limité et l’enneigement – limité lui aussi – les professionnels s’inquiètent de la saison à venir, mais conservent un optimisme volontaire.
Si une saison en montagne est toujours délicate, rythmée par les intempéries ou l’absence de neige, l’hiver qui se dessine pour la vallée de Luchon comporte de multiples écueils. L’annonce du report de l’ouverture de la télécabine avait secoué le territoire à l’automne, la fermeture des ponts de Ravi a ouvert une période de totale incertitude.
"Nous allons ouvrir normalement, comme je le pense tout le monde sur le plateau de Superbagnères", lance François Lazaro, restaurateur. "Nous allons nous organiser avec nos propres véhicules pour nous achalander, et nous ferons le nécessaire pour que les vacances de Noël se passent au mieux"…
"Si nous ouvrons aujourd’hui, c’est pour nos salariés", ajoute Manon, restauratrice elle aussi. "Nous savons parfaitement que nous allons devoir puiser dans la trésorerie de l’entreprise, alors qu’elle encore jeune. J’espère qu’il y en aura assez… Nous avions intégré dans nos prévisionnels comptables l’absence de la télécabine l’été dernier, là, on nous demande de tenir encore un hiver et nous ne sommes même pas sûrs d’avoir la marchandise pour travailler ! C’est catastrophique… Nous allons essayer de nous regrouper en collectif, comme l’ont déjà fait je crois les loueurs de ski".
Les problèmes logistiques occupent aussi à plein temps Sarah, directrice des Villages clubs du Soleil, en charge du grand hôtel de Superbagnères. La structure doit assumer 1 500 repas par jour, mais Sarah le confirme, son "établissement sera bien ouvert dès ce week-end".
"Moi, je me suis fait livrer cette semaine, mes fournisseurs n’ont eu aucun problème à monter" constate Claire Darnaud, restauratrice elle aussi. "Nous serons donc ouverts pour les vacances de Noël. Nous avons réduit la carte et nous allons faire le nécessaire pour tenir. Je pense aussi à mes salariés, qui comptent sur nous. Jusqu’à présent, nous avons essayé de nous faire une raison, mais est-ce que notre situation va enfin pouvoir s’améliorer" ?
"Je crois qu’il faut rester confiant", lance Julie, commerçante et loueur de ski sur le plateau. "Il faut bien répéter aux gens qu’ils peuvent monter en voiture à Superbagnères en toute sécurité, et que nous sommes parfaitement en capacité de les accueillir. La météo nous annonce du froid, nous allons pouvoir produire de la neige et tout sera opérationnel" !
Un discours partagé à Luchon par le président de l’association des commerçants. "Notre territoire propose de belles animations pendant les fêtes et tout l’hiver, insiste Christophe Deschamps. Il ne faut pas hésiter à venir nous voir".
Le discours est tempéré mais l’inquiétude demeure, sous-jacente. "J’envisage cette saison d’hiver avec beaucoup de pessimisme", conclut Jean-Claude, hôtelier. "Nous avons enregistré des annulations, le téléphone ne sonne pas… J’espère que nous arriverons à travailler un peu avec les skieurs qui fréquenteront Peyragudes. En tout cas, dès que la situation s’améliorera, j’espère que le conseil départemental fera de gros efforts de promotion pour valoriser notre territoire".
Représentants de l’Etat, services de secours, élus, se sont rencontrés en mairie de Luchon mercredi, afin de faire le point sur la station de Luchon Superbagnères. Une réunion qui s’est soldée par la volonté d’ouvrir la station de Luchon Superbagnères pendant les vacances de Noël. Rencontre avec le président de la communauté, le maire de Luchon et le maire de Saint-Aventin.
"Nous sommes face à des conditions difficiles, qui ne nous incombent pas, puisque nous devons affronter les conséquences d’une faute grave commise par un transporteur", détaille Alain Puente, président de la communauté de communes des Pyrénées- Haut Garonnaises. "Nous avons fait le choix de tout mettre en œuvre pour que Luchon Superbagnères soit ouverte durant ces vacances car je pense que cela aurait été bien pire de fermer. Nous sommes dans une dynamique résolument positive pour faire de cette ouverture une réussite. Institutionnels, hébergeurs, restaurateurs, commerçants, je pense que tout le monde est mobilisé pour assurer le meilleur accueil à nos visiteurs".
Une mobilisation aussi pour la ville de Luchon, qui essaye de trouver des solutions de stockage afin de venir en aide aux commerçants du plateau de Superbagnères. "Tous les services concernés sont mobilisés", confie le maire de Luchon, Eric Azémar. "L’objectif est que la station soit ouverte le plus longtemps possible. D’ailleurs, nous sommes en train de nous organiser pour voir comment nous pouvons proposer aux restaurateurs du plateau une aire de stockage, une espèce de zone tampon, qui leur permettra de se faire livrer à Luchon et ensuite de prévoir des allers et retours en véhicule légers afin de compléter les stocks".
" C’est vraiment une année très difficile", ajoute le maire de Saint-Aventin, Jean-Claude Tiné. "L’absence de la télécabine aurait pu être gérée avec le dispositif des navettes, mais là, cette histoire de ponts nous terrasse. Les décisions ne se prennent plus à notre niveau, mais plutôt, à la direction des routes du conseil départemental. Eux jouent la sécurité, ce que nous comprenons parfaitement. En face, nous avons les commerçants… La piste de délestage n’est pas prévue pour être empruntée, le pont provisoire en fer ne peut être déneigé… C’est un préjudice important pour notre vallée, nous en sommes tous conscients, mais la sécurité prime ! À côté de cela, nous allons ouvrir environ 40 % du domaine par manque de neige… C’est vraiment une année exceptionnellement difficile".
Car si chacun attend avec impatience que la neige vienne blanchir les sommets et permettre une ouverture plus large, le problème de l’accès des poids lourds ne se posera qu’avec plus d’acuité. C’est tout un territoire qui se retrouve pris en otage, face à des choix cornéliens, qui au final, auront du mal à satisfaire tout le monde.
Maryse Vezat-Baronia est vice-présidente du conseil départemental et du syndicat mixte Haute-Garonne Montagne. Interview.
Vous vous retrouvez face à une situation inextricable ?
Personne n’aurait pu imaginer cela ! Que ce soit les commerçants, les socioprofessionnels de Superbagnères ou de Luchon, les habitants du territoire, Haute-Garonne Montagne… Nous sommes tous impactés par l’irresponsabilité totale et incroyable d’un professionnel de la route, qui a emprunté avec deux véhicules de 90 et 55 tonnes un pont limité à 19 tonnes ! Les panneaux sont tout de même bien visibles et nous nous retrouvons tous victimes de cette situation. Nous sommes donc dans l’obligation de tous nous adapter. Il faut aussi être conscients que nous avons échappé au plus grave. Nous avons tous dans la tête l’image de ce pont dans le Tarn, un accident qui a fait deux victimes.
Des ponts de Ravi que vous avez expertisé sous toutes les coutures ?
Le secteur routier dresse un bilan répété et journalier de ce qui se passe sur ces ponts. Nous avons toutes les garanties d’experts sur les 3,5 tonnes. Les véhicules légers pourront traverser les deux ponts en toute sécurité.
Pourquoi ne pas ouvrir la piste de délestage, pour les fournisseurs par exemple ?
Car elle est prévue pour le chantier de la télécabine, qu’elle est par essence provisoire et donc pas dimensionnée pour des véhicules lourds. Il serait aussi très problématique de la déneiger en période hivernale. Elle sera réservée aux secours et nous essayons donc de la préserver.
Vous comprenez les inquiétudes des professionnels quant à l’approvisionnement de leurs établissements ?
Bien sûr, deux grosses structures de la station ont des besoins très importants mais nous ne voyons pas d’autres solutions que de faire appel à des véhicules plus légers pour pouvoir passer les ponts de Ravi. Nous jouons la sécurité absolue et le président ne veut pas déroger. Je pense que collectivement, nous devons nous concentrer sur cette saison et essayer de faire en sorte d’accueillir le mieux possible les amoureux de la montagne.
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