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Quotient émotionnel, Reiki… Quand le développement personnel s … – L'Express

Ils se nomment Reiki, ennéagramme, quotient émotionnel, etc. Ces méthodes douteuses se frayent un chemin dans le monde de la formation.
Des méthodes douteuses se frayent un chemin dans le monde de la formation.
-(C)-Adobe Stock
La phrase s’inscrit en lettres capitales : “INVESTISSEZ DANS LE BIEN-ÊTRE DE VOS COLLABORATEURS”. En dessous, le texte poursuit : “la performance d’une entreprise est liée au bien-être de ses salariés”. Des conseils issus d’une revue de management en vogue ? Que nenni : ils figurent sur la plaquette de présentation du site “Bien-être Reiki”, une société spécialisée dans une méthode de soin “non conventionnelle” d’origine japonaise. Son principe : guérir et apaiser un patient par imposition des mains, en utilisant “l’énergie” et le “souffle vital” qui se trouve partout dans la nature. Sur le lieu de travail, la pratique de la “relaxation méditative” doit permettre “d’éviter l’atteinte à la santé des personnes” pour faire de l’entreprise “un espace d’épanouissement”.
Dans la grande nébuleuse de la formation professionnelle, le Reiki n’est qu’une des disciplines du cheval de Troie du développement personnel dans l’entreprise. A la lisière de la thérapie et du coaching, ces professionnels se sont frayés un chemin dans un monde du travail devenu obsédé par une performance individuelle qu’il serait toujours possible d’améliorer.
Si les règles manquent, l’argent ne fait en tout cas pas défaut. D’après une étude de l’agence Xerfi, la dépense nationale en matière de formation devrait atteindre 27,7 milliards d’euros par an à l’horizon 2024. La société française de coaching estime le marché professionnel à 105 millions d’euros. Ce business rémunérateur s’appuie sur des tarifs généreux : d’après l’antenne française de la Fédération Internationale de Coaching (ICF), les séances en entreprise atteignent “majoritairement” entre 200 et 350 euros de l’heure. Pour des séances de groupe, une société doit compter environ 2 500 euros la journée. Il existe des tarifs bien plus onéreux, avec des forfaits pouvant tutoyer les 10 000 euros. Des prix peuvent même crever le plafond : l’année dernière, l’équipe municipale de Nantes a ainsi réalisé un séminaire sous la direction d’un coach soupçonné de verser dans le “développement personnel ésotérique”. Coût total : plus de 20 000 euros les trois formations, dans le but, d’après la mairie, de “définir les objectifs de mandat” et “structurer la dynamique collective”.
Pour expliquer ce succès du développement personnel, un petit retour en arrière s’impose. “Depuis les années 1970 et la tertiarisation de l’économie, nous avons profondément changé de modèle de management”, explique Scarlett Salman, Maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Gustave Eiffel (Marne-la-Vallée) et auteure de Aux bons soins du capitalisme (Ed. Presses de Sciences Po). L’entreprise passe d’un travail à la chaîne à une organisation plus “flexible”. “On valorise plus qu’auparavant la prise d’initiative individuelle, qui ne peut se développer que si les salariés n’ont pas peur de communiquer et de collaborer”, poursuit la chercheuse.
Dans ce cadre, l’arrivée du manager “bienveillant” et “à l’écoute”, devient indispensable, et ce, quel que soit le secteur. Le temps où l’employé doit laisser ses émotions à la porte du boulot est alors révolu. “On ne veut plus de simples exécutants, mais des gens qui s’investissent, reprend Scarlett Salman. On assiste à la personnalisation du capitalisme”. L’entreprise ne s’intéresse plus seulement au résultat du travail accompli. Pour exploiter ces nouveaux gisements, les coachs et formateurs apparaissent comme de précieux atouts, capables de faire fructifier le potentiel de chacun. “Dès les années 1980, le milieu de l’entreprise cherche alors à systématiser les relations entre individus, à travailler sur des modèles pour mieux comprendre les processus de collaboration en interne et de relations externes avec les clients. Et ainsi, obtenir de meilleures performances”, explique Elisabeth Feytit, documentariste et créatrice du podcast Meta de Choc. Le credo est simple : des salariés heureux sont des salariés productifs.
En France, le coaching commence à être notable dans la deuxième moitié des années 1990. La première association professionnelle se crée d’ailleurs en 1997. Depuis, le nombre de formations a explosé, et environ 2 500 personnes sont membres de l’une des trois principales associations professionnelles de coachs hexagonaux. Aidés de cette nouvelle vision des relations entre managers et leurs équipes, les formateurs en développement personnel vont également bénéficier de leur connaissance souvent intime du monde du privé. “Les coachs ont majoritairement deux profils. D’un côté, vous avez des personnes ayant eu des trajectoires buissonnantes, et qui ajoutent la formation comme une nouvelle corde à leur arc professionnel. De l’autre, des managers et des chefs d’équipes qui, à la faveur d’une reconversion professionnelle, ont choisi le coaching”, note Scarlett Salman.
Parmi les outils utilisés, le test de personnalité, comme le MBTI (Meyers Briggs Type Indicator). Développé dans les années 1940, fondé sur les théories du controversé psychiatre Carl Jung, il est depuis longtemps remis en cause par les chercheurs. Selon plusieurs analyses, près de la moitié des personnes l’effectuant par deux fois auront des résultats différents. Pourtant, au même titre que l’ennéagramme, un test de personnalité épinglé par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Milviludes), ce quiz reste très populaire. Bien qu’ayant autant de fiabilité qu’un horoscope, ces méthodes séduisent par l’intermédiaire de l’effet “Barnum” désignant, en psychologie sociale, la capacité de chacun à accepter une description s’appliquant à sa personnalité si elle est suffisamment vague et flatteuse.
Ces évaluations ne sont pas les seules méthodes à entrer dans l’entreprise en dépit d’une base douteuse. Programmation neuro-linguistique (PNL), quotient émotionnel, process communication : à chaque coach sa méthode aux accents jargonneux. Ces formations se vendent très cher : entre 520 et 2 160 pour des stages de 5 à 18 jours pour “Formation Ressources Humaines”, 1 400 euros par personne pour quatorze heures de formation pour “Coach Relax”…Mais ces concepts n’ont souvent de scientifique que le nom, ou se fondent sur des recherches anciennes, dont les postulats ont depuis été contredits ou fragilisés par la science actuelle.
Les oripeaux savants peuvent même être abandonnés en faveur de stages plus ésotériques. La pratique du Reiki en est un exemple. Certains professionnels proposent des “cours de sophrologie collectifs”, d’hypnose voire… du tirage de tarot divinatoire. “Pour développer votre potentiel, mais aussi pour entreprendre, un outil très prisé des chefs d’entreprise pour étudier un profil, une stratégie, ou innover”, promet par exemple une “coach tarologue” sur son site. La Miviludes “observe la multiplication de méthodes qui ont pour point commun de s’intégrer dans des pratiques de management, d’éducation voire de soins” nous fait-elle savoir. Ces dernières “n’offrent pour toute garantie de sérieux que le label qu’elles s’auto-attribuent” et ce “alors même qu’elles n’ont ni fondement scientifique ni fondement culturel et n’ont jamais été évaluées”.
Des excès pouvant parfois mener jusqu’à la ruine d’une entreprise. En avril, quatre mises en examen pour “harcèlement moral”, “banqueroute” ou “complicité de banqueroute” et “abus de biens sociaux” ont été prononcés contre le dirigeant d’une société de BTP, deux auditeurs et un consultant, affiliés à l’Eglise de Scientologie. La formation avait coûté 600 000 euros sur un an.
En réponse, les spécialistes de la formation ont mis en place quelques garde-fous. Avec la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP), les fédérations comme l’ICF tentent de faire reconnaître officiellement un titre de coach professionnel. Mais cette autorégulation ne semble pas être venue à bout des dérives. “J’avais déjà alerté en 2013 sur le sujet, remarque Jean-François Amadieu, sociologue, auteur de DRH : le livre noir. Depuis, rien n’a changé”.
Face à ce point aveugle, les professionnels doivent donc faire preuve de vigilance. “Des formations tout à fait légitimes existent, mais il faut bien les choisir en regardant leurs descriptions avec attention. Si des concepts pseudo-scientifiques apparaissent, cela doit déjà alerter sur leur nature”, rappelle Élisabeth Feytit. Et choisir les formateurs en faisant preuve d’un peu d’esprit critique.
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