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Les 100 livres de la formation – Sans prise de tête – Entrevue avec Stéphane Diebold – Thot

Publié le 06 décembre 2022 Mis à jour le 06 décembre 2022

Transcription de l’interview de Virginie Guignard Legros avec Stéphane Diebold sur son ouvrage : “Les 100 livres de la formation – Sans prise de tête”
[ndlr : Cette entrevue a été éditée afin d’en faciliter la lecture.]

Virginie : Aujourd’hui mon invité Stéphane Diebold, président de l’AFFEN association des responsables de formation et aussi expert en formation et en innovation. Bienvenue, Stéphane, tu nous présentes donc ton nouveau livre.
Stéphane : Effectivement alors c’est exceptionnel parce que c’est notre sortie : l’ouvrage vient juste de sortir donc c’est un moment important pour un ouvrage.

On reprend toute la littérature, donc forcément on fait des choix avec des angles qui ne sont pas neutres mais qui permettent de se dire que quelqu’un peut acquérir une culture de la formation facile à gérer avec des citations d’aphorisme et aussi un esprit critique avec ces auteurs là.

Et chaque auteur est présenté en moins de 400 mots, c’est pour ça qu’on dit sans prise de tête. C’est-à-dire une demi page Word. Quand ce sont des gros auteurs comme ceux-ci, ce n’est pas évident. C’est ce que l’on appelle du snack content.


Virginie : Ré-explique nous juste en quelques secondes, comment est-ce qu’on arrive à faire des petits contenus ? Et, pourquoi ?
Stéphane : C’est donc ce que l’on appelle dans le snack content, qui a une autre appellation que j’aime beaucoup, mais qui est moins connue même si il y a des auteurs qui ont écrit dessus, c’est le «nuggets learning», le microlearning. Le terme «nuggets» j’aime bien comme analogie au fastfood : autrement dit des grains de formation facilement digérables.
Beaucoup de personnes disent qu’à force de simplifier la formation, on rend les gens idiots comme dit Nicolas Caire. On rend les gens idiots alors moi je n’y crois pas du tout. Les gens sont ce qu’ils sont et on peut les rendre intelligents si on a une vraie ambition de le faire.
Donc simplement, il faut écrire d’une autre façon avec une autre grammaire. C’est cela le «snack content». Et l’histoire c’est moi qui l’ai choisi.

Virginie : C’est clair. Cela me renvoie en fait à la granulométrie qu’on utilise lorsqu’on crée des MOOCs. On peut avoir des toutes petites capsules vidéo. L’important c’est l’assemblage de ces capsules qui font que ça fait une petite ou une très grande formation. Ce que tu nous proposes dans ton livre, c’est un contenu gigantesque découpé en petits morceaux, en petits modules. Dépendant comment on les assemble, dans un sens ou dans un autre sens, on peut en faire la démonstration d’un contenu ou  d’un autre contenu.
Toi, Stéphane, tu nous as fait des petites capsules d’informations qu’on peut lire et relire de plusieurs façons. Ton livre par exemple peut être un livre de chevet. Et puis, on découvre, on redécouvre un nouveau sujet chaque jour.

Stéphane :  Exactement, c’est vraiment un manuel au sens étymologique du terme. C’est un livre qu’on garde à la main un peu comme un dictionnaire. On prend Howard Rheingold, par exemple, qui a écrit sur la perte de la pairagogie. Je suis un lecteur, je ne sais pas trop ce que c’est. Je me rappelle plus ce qu’il a dit. Qu’est-ce qu’il a apporté ? 
Et bien on a l’historique. On propose un angle de vue sur le sujet. On a une citation. Cela permet de réfléchir aux enjeux. Je prends ou pas mais ça veut dire qu’on n’a pas le contenu en lui-même.  On en a un petit morceau qui permet de choisir des angles qui sont très ouverts. C’est pensé pour faire rebondir.
Pour quelqu’un qui voudrait animer, je dis ça s’il y avait des gens qui voudraient animer des communautés apprenantes. C’est extraordinaire de mettre ses petits grains de dire Piaget, Vygostsky, tous ces gros auteurs. On les met au milieu d’une discussion : qu’est-ce que vous en pensez ? Et, en retour, pouvoir avoir de l’engagement et de la réaction. 
Il faut du snack content, parce que le slow content, donc tes contenus beaucoup plus longs peuvent écraser les gens. Par les petits contenus, cela favorise l’engagement.


Virginie :  Je comprends très bien. Est-ce que tu peux revenir juste sur la notion de pairagogie ?
Stéphane : Traditionnellement l’ingénierie pédagogique, nécessite des ingénieurs pédagogiques. Des gens qui écrivent toute l’histoire de la pédagogie. C’est le chemin qui définit un objectif pédagogique. Moi, en tant qu’ingénieur pédagogique. Je choisis un chemin qui me paraît plus légitime pour me rapprocher de mon objectif. 
La pairagogie, c’est que tout simplement un cheminement que l’on met en place : le pair à pair. On donne la main aux apprenants. Ce n’est plus moi qui fait de la pédagogie descendante. Je les laisse prendre la main complètement. C’est ce que certains appellent aussi «learner generative content», le LGC C’est à dire que ce sont les apprenants qui créent. 

Cela veut dire que l’animateur ouvre complètement les vannes. Prenons un exemple très basique très classique : une formation de vendeur. Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans la vente ? Là, c’est complètement ouvert. On peut faire un World Café. Tout est bon et on laisse complètement ouvert. 
Mon interlocuteur me donne des matériaux que je ne connaissais pas avant et tout mon travail d’animateur et donc de pédagogue agile, c’est de me dire : avec ce qu’on donne comment je me rapproche de mes objectifs pédagogiques. Ça, c’est la pairagogie. C’est-à-dire je ne sais pas du tout ce qu’on va me donner. Il faut être à l’écoute, comprendre ce qu’on me dit, ce qu’on dit pas. Et après savoir qu’à la fin, il faut qu’on arrive au bout.

Virginie :  Ça me fait rebondir aussi sur l’école 42 ou en fait on est aussi avec la notion de travail sur les pairs. En fait, j’ai envoyé ma fille, juste pour la petite anecdote. Il n’y a pas longtemps, je l’ai envoyé faire un test à l’école 42. C’est vrai qu’en fait tout est dans la même piscine et chacun vient aider en fonction, justement, de ce petit contenu que chacun a. Parce que tout le monde connaît quelque chose et ils viennent échanger ces contenus.
C’est vrai que ton ouvrage peut être utile à des gens qui qui veulent se lancer dans des ateliers ou autres activités autour de la pairagogie des pédagogues mais aussi des apprenants ainsi que des responsables de formation.
Stéphane :  Aussi quand on aborde, par exemple, l’érotisation de la formation donc le marketing de la formation avec l’homo éroticus de Michel Maffesoli, on voit pourquoi c’est indispensable dans une entreprise pour un responsable de formation de recristalliser, de faire des communions apprenantes.  À force d’émietter les apprenants, finalement ils sont tout seuls. Ce qui leur facilite l’apprentissage d’apprendre seul, très bien, mais aussi ensemble. 
Il faut recréer du collectif et donc c’est là que se joue l’érotisation de la formation, qui est indispensable, dans une société d’individus. Quand on prend la société des individus de Norbert Elias, et si je reprends par rapport à la situation que l’on vit actuellement avec l’ère covid, tous ces gens qui travaillent à distance ont besoin de renouer leurs liens sociaux. 

Virginie : C’est aussi là que l’on s’est aperçu, justement avec cette crise, que l’être humain est un être principalement social et qu’il est important qu’il ne se sente pas isolé aussi bien dans les apprentissages que dans l’accompagnement aux apprentissages. 
Stéphane : C’est exactement ça quand on va voir Socrate. La vraie question, c’est pourquoi reprendre des vieux auteurs finalement ? Ils sont vieux par définition. Justement c’est parce qu’ ils ont déjà dit des choses. Quand Socrate dit sur l’écriture manuscrite : non à l’écriture manuscrite. Ce qui est quand même particulier dans une société du livre. Il reste quand même un référentiel de base.
Pourquoi est-ce qu’il dit non ? Parce qu’à l’intérieur, on incarne plus ce qu’on dit. Donc l’écriture manuscrite à l’écriture numérique, c’est la même problématique. Pourquoi est-ce qu’on fait des MOOCs qui n’ont pas bien marché quand ils n’ont pas bien marché ? Parce que tout simplement c’était nul.
Parce que dedans, la contagion émotionnelle n’était pas là pour reprendre un terme neuroscientifique. Mais ça veut dire que c’est exactement ce qu’avait dit Socrate et donc c’est la même problématique. Ceci fait qu’ on peut retrouver les mêmes solutions ou pas. D’ailleurs on peut en inventer d’autres. En tout cas, on sait que ça a déjà été calibré d’une certaine façon.
Quand on prend cette façon de poser le problème on l’aborde comme ça. Comme tu disais très justement, comme un grain. On réfléchit. On se dit mais finalement et je commence à tisser ma connaissance parce que les valises ne sont pas trop lourdes à porter. Je ne suis pas obligé de me taper tout Socrate.


Virginie : Oui, on n’est pas dans une gangue qui est là et qui vous oblige à suivre un chemin précis et un ordre des choses précis. Là tout est à créer. Tout est modulaire et tout est re-créable. C’est ça qui est aussi intéressant. 
Je reviens un petit peu au début : quelle est l’histoire de ton livre ? Pourquoi est-ce que tu as eu envie de créer ce livre ?
Stéphane : En fait à cause d’une frustration, souvent pour moi, la frustration est source de créativité. L’histoire est que j’entendais une belle personne, une grande personne du droit qui disait : il faudrait que la formation devienne plus humaine. Et,je trouvais ça bête au point que c’était inimaginable qu’une personne aussi intelligente aussi brillante que ça s’arrête là. 
Dire qu’une formation n’est pas humaine, ça n’a pas de sens. Si on retire les humains, il n’y a pas besoin de les former. Ça veut dire que toutes les formations sont humaines même si certaines sont plus tyranniques, plus Top Down… On veut qu’elles soient toutes humaines par définition. donc la vraie question n’est pas : «est-ce que la formation doit être humaine?» mais bien «Avec quels humains ? Quelle humanité ?  ».
Est-ce qu’il appelle la raison de Descartes ?  Je pense donc je suis. Est-ce qu’il appelle Spinoza ? Et donc est-ce qu’il appelle Emmanuel Levinas ?  Les neurosciences disent que c’est plutôt Spinoza qui aurait gagné. Antonio Damasio le dit. Ça veut dire que Descartes avait tord et Spinoza avait raison. Des ouvrages séparés, donc ça veut dire qu’ils sont analysés aussi dans ce livre. Mais ça veut dire aussi : Est-ce qu’on parle pas aujourd’hui plus de l’homme relationnel d’Emmanuel Lévinas ? 
Et là, dans ces cas-là, ce n’est pas« je pense donc je suis». C’est : «tu penses donc je suis». Ce qui est complètement différent. C’est complètement différent et surtout, ce n’est pas du tout la même pédagogie. Rien à voir ! Donc quand on dit «il faut que la formation soit plus humaine», cela fait vraiment partie du bavardage comme disait Heidegger.
On dit un truc : tiens, «il fait beau aujourd’hui». Je vais bien mais finalement je n’incarne pas du tout cela. Ce n’est pas inintéressant mais ça veut dire que si on veut parler vrai, si on veut parler métier, à ce moment-là il faut redescendre à la racine des choses. Il faut être radical. À la racine des choses et on se pose la question de quelle humanité ? 
Et c’est très intéressant d’y penser aujourd’hui parce que quand on parle de l’intelligence artificielle, des robots, de la singularité, le point central est de savoir quel type d’homme on veut ? Et là c’est à la société de choisir et à chaque individu de le faire. Moi je suis démocratique. Je choisirai ce qui a été choisi. La Société fera le tri. 
Mais ça veut dire, qu’effectivement  il faut rentrer dans ces détails là. Et on revient en force pour dire des belles choses en formation. Parce qu’il y a énormément de choses à faire. Donc l’idée de ce livre, c’est vraiment de créer un manuel pour que les gens sortent des poncifs en disant : la formation, c’est bien parce que ça forme etc :  l’eau est chaude,… le feu ça brûle… donc on sort de ces poncifs là pour rentrer véritablement sur les vraies questions.
Déjà moi, j’aime bien par exemple la polémique entre Montaigne et Rabelais. Une tête bien faite, une tête bien pleine… qu’est-ce qu’on choisit ? Tout est bon. Les neurosciences ne donneraient pas ce que la sagesse sociale a l’air de choisir mais moi j’ai voulu créer un espace où les gens puissent réfléchir.
Je ne donne pas de leçons. Je choisis des gens souvent un peu taquins ou que je vais taquiner un peu de façon à les décentrer.  Et puis chacun choisit ce qu’il a choisi. Voilà c’est ça qui me paraît important parce que à la fois moi-même, je pense que je pense et ça ne regarde que moi. J’ai écrit un manuel pour aider les gens à construire leur pensée proprement. 

Virginie : c’est une sorte d’aire de liberté en fait que tu leur ouvres ?
Stéphane : Absolument, avec ces gens…  On peut penser à Pierre Popopkin, Paul Feyerabend, l’anarchiste de la pensée, donc ce sont des regards qui sont explorés… Thomas F. Coon avec les pensées dominantes qui aujourd’hui sont très très importantes pour comprendre notre société de la défiance. Voilà, tout ça, c’est bon et l’intérêt du sujet est : qu’est-ce que les gens veulent ? 
Et l’avantage des grains c’est que, de grains en grains, voyez à peu près mon côté un peu taquin, les gens peuvent retirer le lien que j’en fais pour se dire : moi je vais le construire différemment. Et ils ont complètement raison. Chacun a raison parce que chacun a ses raisons. C’est vraiment une espèce de liberté. J’aime bien ce que tu dis.

Virginie : Oui, surtout ce que je vois c’est qu’on est dans une ère d’innovation. De mon point de vue c’est une ère à peu près similaire à celle qu’on a vécu entre le Moyen-âge et la Renaissance. Donc avec des grandes grandes mutations, beaucoup de gens se posent la question dans quel sens aller. 
Avec les anciens qui ont leur pensée traditionnelle mais aujourd’hui il faut aussi construire des nouvelles façons de faire parce que les anciennes façons de faire atteignent leurs limites. Et c’est l’occasion aussi de réfléchir de repenser les systèmes classiques, les systèmes traditionnels et d’ouvrir vers des nouveaux systèmes.
Je pense en particulier à la différence avec hier. La structuration sociale de la formation et de l’entreprise était de type hiérarchique, demain enfin on voit un glissement qui va vers le cercle d’apprentissage, vers les cercles de d’organisation etc. Est-ce que tu penses que c’est une des voies qui que tu peux proposer dans ce livre ? Est-ce qu’il y en a d’autres qui existent et qui pourraient être composés à partir de cette maïeutique que tu proposes avec ce système modulaire ?
Stéphane :  Je crois que la société choisit ce qu’elle veut. Choisir donc la société en formation et moralisatrice si elle dit le bien et le mal. Ça veut pas dire que ce soit bien ou mal, ça veut dire que la société le dit. Et comme les apprentissages socialisés, la formation, c’est ce que la société arbitre pour le meilleur et pour le pire. L’avantage, comme tu soulignais, c’est qu’aujourd’hui on est dans une parenthèse magique.
On est encore en période de Noël donc c’est l’esprit de Noël mais c’est vraiment ça l’élément, tout le monde peut avoir des raisons. Il y a une vraie ouverture d’esprit en disant : est-ce qu’on pourrait pas explorer tel ou tel territoire ? Autrement dit, rien n’est figé et c’est l’ambition de cet ouvrage là..
Vous me direz plus tard si ça correspond à une demande. Si ça a marché. Mais l’idée c’est de se dire qu’au lieu de prendre bêtement des problématiques sans les creuser, explorons tranquillement, sans prise de tête, des problématiques importantes. Au 21e siècle, c’est quoi la problématique ? 
Il y en a deux qui vont arriver dans le 21e siècle : au démarrage, la montée en puissance de l’émotion. Voilà l’émotion, c’est Paul Ekman (71), quand il qualifie l’émotion qui scientifiquement aujourd’hui est validé avec les micro signaux, etc. D’où par exemple, les neurones miroirs qui permettent de lire l’empathie, l’émotion, etc. 
Avoir l’air sympa, avoir l’air d’être sincère, avoir l’air de ceci, de cela… donc sur tout cela,  des auteurs ont écrit avec Rizzolatti Giacometto sur les neurones miroirs, d’autres avaient écrit comme Damasio, des gens comme ça,  c’est la montée en puissance de l’émotion. Ça, on est en plein dedans aujourd’hui. Tout le monde veut faire du ludique, veut faire du sympa etc. 
On cherche à avoir des émotions parce qu’on sait que les gens apprennent mieux et plus longtemps. Et donc, cette problématique, c’est quoi ? C’est encore Spinoza contre Descartes. C’est la même chose aujourd’hui. Ça veut dire que demain Spinoza sera à nouveau nul ou formidable. C’est le choix des sociétés qui remettent en valeur des auteurs. 
Mais la deuxième grosse problématique, c’est la montée en puissance de de la machine. L’homme-machine, La Mettrie avait posé bien le problème. D’ailleurs on peut noter au sujet des neurosciences que Jean-Michel Changeux en avait fait allusion sur les neurosciences en disant que le père neurosciences, c’était La Mettrie.  Parce que justement celui-ci essaie de comprendre la pensée : la machine de la pensée. Alors est-ce que l’homme n’est qu’une machine physique ? Une machine de pensée ? Non il y a d’autres choses. Il y a de la poésie, etc.

J’aime bien la citation d’Eddar Morin que d’un coup on retrouve dans la méthode :  «L’homme est un homo sapiens, sachant, singe, et un homo démens.» Et si on supprime le démens, c’est-à-dire l’homme fou, la folie de l’homme, la poésie de l’homme, si on retire le démens et qui devient que sapiens alors ça devient une machine. Et, se repose la question : finalement si les machines sont plus machines que nous. 
Donc finalement, est-ce que ce ne sont pas les machines qui vont gagner la guerre de l’homme et de la machine. La vraie question, avec l’intelligence artificielle, quand ils l’ont créé : est ce que la machine peut être comme l’homme ? Est artificiellement comme l’homme ? C’est pour ça qu’ils avaient choisi, “l’intelligence” qui est le propre de l’homme, “artificiel”. Est-ce qu’un jour la machine pourrait être comme l’homme ? 
Aujourd’hui, une des tendances vers lesquelles on va, c’est le fait de dire : est-ce que l’homme ne va pas devenir comme une machine ? À force de le rationaliser etc, et le 20e siècle nous montre que c’est pas c’est pas de la science-fiction. Je vous rappelle que la science, la science validée, la science de l’époque évidemment, mais le nazisme, le stalinisme se sont toujours appuyés sur des éléments scientifiques. 
Donc la science sans conscience pose problème, disait Rabelais. Mais ça veut dire qu’effectivement c’est : qu’est-ce qu’on veut construire avec ça ? Et là on revient à des questions de base, non pas pour faire de la philosophie et s’enterrer dans des choses, mais pour faire des choses très opérationnelles. 
De façon à ce que quand la machine, demain avec la prédictibilité qui commence à avoir de très très beaux résultats, avec une vraie acceptabilité sociale et beaucoup d’argent sur un tableau, aussi ça compte, ça permet justement de se dire : est-ce que demain on va bien vers cela ? Autrement dit, ma G-tech personnelle c’est pas moi qui la détermine c’est la machine qui me dit tous mes domaines des possibles compte tenu de mon historique.
Est-ce que l’on ne tend pas vers ça ? Est-ce bien ce qu’on veut ? Est-ce ce qu’on ne veut pas ? Et bien moi, je n’ai pas de réponse. Je ne sais pas, la société choisira et ça m’ira très bien. Mais, je pose le problème. Et dans la formation ça change tout. 

Virginie : De toutes façons, tout est interrelié. Donc si le la société décide d’aller dans un sens et bien le reste ira aussi dans le même sens. Ça c’est évident. Au sujet de l’intelligence artificielle, c’est sûr que on atteint des limites au niveau des calculs. Et, avec le quantique qui arrive, on arrivera peut-être à encore autre chose. 
Et peut-être tu devras écrire un nouveau livre par rapport à ça parce que ça ouvre une nouvelle dimension ce chant du quantique. Il ouvre des nouvelles dimensions pour l’intelligence artificielle mais aussi pour l’homme. 
Et, on voit aussi au niveau philosophique que de plus en plus de sciences sortent de la technologie scientifique pour aller vers les sciences sociales. Donc, qu’est-ce que tu pourrais nous dire de ça ? Et est-ce que tu as un petit peu abordé ce sujet dans ton livre ?
Stéphane :  Alors oui. Oui et non. Parce que 100, on se dit c’est beaucoup cent livres et finalement quand on aborde tous ces sujets, on se dit qu’il n’y en a pas assez. Donc il faut faire des choix. C’est pour ça que j’ai triché un peu. Et puis, j’avais envie d’en rajouter, parce que j’aime bien ça. Je rajoute des bonus. 
En fait, il y a une vingtaine de bonus, donc des auteurs qui ne font pas partie des 100. Et donc s’il y avait un deuxième tome, avec les remarques que les lecteurs pourront me faire en disant mais pourquoi pas cet auteur. Il y a certains auteurs où j’ai hésité. Il y en a d’autres qui viennent de sortir des ouvrages passionnants. Harmut Rosa, par exemple, a fait sur la pédagogie de la résonance et c’est extraordinaire sur plein de choses. De toute façon ça bouge et donc forcément il faudra bouger avec. 
Mais l’idée c’est d’aborder justement ces sujets là. Je pense que quelque chose qui se dessine, une sociologie des apprenants. C’est ce qui fait aujourd’hui qu’on a une grosse difficulté, justement à cause de neurosciences entre autres, mais aussi avec le côté scientisme qu’on a, c’est qu’on ne travaille pas bien avec les individus. 
Alors on a trouvé une façon assez intelligente. On leur dit c’est vous qui êtes responsable prenez vous en main. Mais, on s’aperçoit que s’ils se prennent en main complètement, ils font pas de formation. Dans ces cas là, comment est-ce que moi je fais ? Et, je crois que c’est ça l’intérêt de l’entreprise. 
C’est que l’entreprise à cette capacité à refaire du lien social autour d’une raison d’être. Et ça veut dire que c’est ce qu’on appelle l’érotisation. Et à un moment, c’est moi qui, en tant que marketeur de la formation, qui va les fédérer sur de la connaissance et de la compétence. Aujourd’hui, les pédagogies dites affectives, sont des pédagogies qui font en sorte que tout le monde adhère, se bat pour y arriver.
Et donc ça veut dire qu’à partir de là, simplement, il faut trouver ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, se dire, on essaye des choses qui marchent, qui marchent pas. La meilleure façon, ce qui a toujours été le cas en formation, dans n’importe quelle entreprise c’est la contagion émotionnelle. 
Quand vous avez une idée, même un peu farfelue, mais que vous y croyez avec sincérité, tout le monde vient dans votre idée. Et donc, cette mécanique là qu’on remet socialement en place, ça permet de faire quoi ? D’une agrégation d’individus, on en fait une société. Autrement dit, on les réunit autour d’un projet de transformation. 
Les gens sont prêts à tout faire mais pas n’importe comment. Personne ne veut porter seul le poids de la transformation. Personne n’en a envie sauf les sociopathes. Donc soit on suppose qu’on ait une société de sociopathes, soit les gens ont besoin des autres pour exister. Et bien aujourd’hui on a compris ça dans le 21e siècle. 
Et on se dit : comment est-ce qu’on refait des communautés apprenantes ? Et donc ça deviendra des systèmes qui vont s’imposer et sur lequel l’individu va apprendre au moins jusqu’au milieu du siècle. Ça sera la période de transition pour aller vers cette fameuse singularité.

Virginie : on verra si on est encore là quand elle va arriver cette fameuse singularité.

Stéphane : 2045

Virginie : 2045 ? C’est vachement précis. On va devoir parier là-dessus. Je trouve que ton livre est passionnant. Et, je le recommande aussi bien ceux qui sont dans l’apprenance que ceux de la formation. J’ai juste une dernière question à te poser : Si les gens veulent entrer en interaction avec toi, te faire des remarques sur ton livre, te complimenter, où est-ce qu’ils s’adressent ?
Stéphane : Deux possibilités, soit sur Twitter, avec Stéphane Diebold, soit sur LinkedIn. Voilà sur lequel ils peuvent me joindre aussi. À partir desquelles, je les renvois sur les pages sur lesquelles on peut discuter en message privé ou un message public. Donc n’hésitez pas si vous avez des commentaires, si vous avez des questionnements.
Alors, c’est vrai que quand on est à 400 mots, forcément, on va en faire un tri. On n’a pas encore tout découvert. Vigovsky dans ce qu’il a écrit, il y a plein d’ouvrages de Vigovsky qu’on ne connaît pas. Il y en a quand même énormément. Et donc quand on réduit à peu de choses, on fait des choix. Mais ça permet justement de rebondir. 
N’hésitez pas à l’enrichir comme ça. Après moi sur un tome 2, je me suis donné deux ans sur lesquels, d’abord parce que les choses bougent, mais après je prendrai aussi les commentaires des gens pour les mettre dans les commentaires derrière les grains que j’ai présenté. 

Virginie : C’est une belle idée : donc ça tu les mettras sur une sorte de site internet ? Ou alors tu feras dans un tome 2 ?  Tu as une idée de comment tu veux faire ?
Stéphane : Les deux, on va lancer une sur la chaîne YouTube, on va lancer sans doute en fin d’année, justement on va reprendre grain par grain, l’ensemble des émissions, avec en plus quelques commentaires qui dépassent les 400 mots. Mais ça sera 3 minutes par auteur par semaine, un auteur, donc on le retrouvera sur Youtube. 
Mais c’est aussi important le format manuel. Parce que quand on écrit des choses, ce n’est pas comme les regarder. C’est qu’on se met en distance. On pense. On se fait son histoire avec les mots qu’on a. Donc, on réfléchit mieux quand on est sur de l’écrit parce qu’on se fait des films qui sont mieux construits. Et surtout et dernier point, enfin, on a utilisé ça pour financer les oeuvres «Learn for Good» qui est l’espace de l’AFFEN, où justement, ça nous permet de financer nos projets.
Donc l’ensemble de ces sommes là, sont attribuées à des créations autour de la formation professionnelle. Ceci, pour permettre à des gens se s’assembler autour de projets, donc là ce sont les territoires apprenants, j’aimerais bien organiser ça de façon à aider les organismes de formation en France. Pour cela, il nous faut un peu de fonds et donc c’est votre argent à vous si vous le donnez. C’est ça l’esprit de Noël.
Dans ces cas-là, cela va permettre à d’autres de profiter de ça. Je trouve que c’est aussi une façon de donner. Et en dehors de cette dimension caritative, je trouve que cet ouvrage manquait sous ce type de format. Il existe de grosses encyclopédies mais quand on se retrouve avec 800 pages ou 8 volumes de 800 pages chacun, il faut rentrer dedans. Dans le monde actuel c’est pas ce qu’on recherche.
Pour des formateurs, pour des ingénieurs, des pédagogues, pour des gens qui sont des managers de la formation, c’est indispensable pour pouvoir bien comprendre les problématiques et vous faire votre propre idée. C’est vraiment ma philosophie personnelle.

Virginie :  Alors moi je vois un livre qu’on peut prendre partout avec soi au bureau, dans des équipes, dans des réunions de direction, dans le bus, comme livre de chevet.  Et puis on espère qu’il y aura plein de commentaires qui viendront l’enrichir. Je te souhaite beaucoup de succès à ton premier jet de réflexion et qui donnera, plus tard, nous l’espérons, de te recevoir encore une fois pour un tome 2 d’ici moins de 2 ans. Voilà merci beaucoup Stéphane.
Stéphane : Merci Virginie merci beaucoup à tous.


Source Balado : Youtube – ANTAVERSE Podcast – Talk Space – Formation avec Stéphane Diebold
https://youtu.be/6wvuoIo8lQw

Pour commander le livre «Les 100 livres de la formation – Sans prise de tête»
https://www.lulu.com/fr/shop/stephane-diebold/100-livres-de-la-formation/paperback/product-zg9yr7.html

Auteur Virginie Guignard Legros Contacter l’auteur

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