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"Une femme n'a pas à coller aux codes masculins pour créer son entreprise" – L'Expansion

Professeure à l’ESSEC, Viviane de Beaufort, 59 ans, est également la fondatrice de Génération Startupeuse, un club qui accompagne les porteuses d’un projet de start-up.
Professeure à l'Essec où elle est responsable des programmes Women Executive, Viviane de Beaufort estime que "c'est au système d'accepter nos manières de faire, et pas le contraire".
SDP
Professeure et docteure en droit , directrice du Centre européen de droit et d’économie, où vous avez initié des travaux sur le genre bien avant que le sujet soit à la mode, également référente égalité femmes-hommes à l’ESSEC, vous avez lancé en 2017 le club Génération Startuppeuse, présent à la journée femmes entrepreneures du salon SME, le 1er octobre, à Paris. Quel est votre objectif ?
Viviane de Beaufort : Génération startuppeuse est un club au vrai sens du terme : nous choisissons nos membres et nous sélectionnons exclusivement des projets à impact positif portés par des femmes, ou par des équipes mixtes. Ces projets sont souvent plus risqués et moins rentables à court terme, ce qui ne facilite pas leur financement. C’est pourquoi nous proposons un accompagnement qui met en relation une porteuse de projet avec nos experts, mais aussi des outils de reporting. Toutes nos porteuses de projets passent également un entretien avec l’un de nos coachs afin de s’assurer que chacune d’entre elles possède le mental nécessaire pour tenir le marathon d’une création d’entreprise. Aujourd’hui plus de 200 experts, dont 20% d’hommes, accompagnent bénévolement une cinquantaine de projets différents.
Comment est née l’idée de ce club ?
L’idée m’est venue en constatant les difficultés rencontrées par ma propre fille quand elle a voulu lancer son entreprise, Voy’Agir. Elle a un bon diplôme (Dauphine), un bon réseau, un cerveau qui marche, elle parle trois langues, a une expérience professionnelle de consultante, et pourtant elle a connu beaucoup de galères pour vendre son projet. Son expérience est emblématique. Je crois à l’intergénérationnel et au collectif, qu’on ne pratique pas assez en France. Avec ce club nous passons au-delà de ces barrières, avec des femmes plus expérimentées qui aident des jeunes femmes à se lancer. Et nos experts hommes sont souvent des pères, qui ont expérimenté la discrimination à travers l’expérience de leur propre fille.
La nouvelle génération de diplômés a-t-elle un autre rapport à l’entrepreneuriat que les précédentes ?
Oui, c’est évident. En tant que professeure à l’ESSEC, j’ai vu arriver ces jeunes sur les bancs de l’école avant qu’ils ne débarquent dans le monde du travail. Ils questionnaient déjà beaucoup le système et une fois diplômés ne sont plus prêts à intégrer n’importe quelle grande entreprise. Ils ont aussi souvent une expérience associative, et n’hésitent pas à partager leurs compétences, y compris quand ils sont concurrents, sans compétition; ils sont des “copétiteurs”, prêts à quitter leur pays, hélas, ou à monter leur structure. Il faut les aider.
Les femmes ont-elles vraiment une approche de l’entreprenariat différente de celle des hommes ?
Oui, je l’affirme et je l’assume ! Je pourrais vous citer 70 études anglo-saxonnes qui montrent que les femmes sont différentes des hommes dans la prise de décision, la gestion des équipes, le recrutement, et la création d’une entreprise. Elles n’ont pas la même approche du pouvoir : elles préfèrent le pouvoir de faire les choses au pouvoir sur les gens, ce qui les amène à privilégier davantage le collectif. Elles sont programmées biologiquement pour être mère, et qu’elles aient ou pas des enfants sont plus sensibles à la notion de continuité et de transmission. D’où une sensibilité accrue sur les questions de responsabilité sociale et sur la gestion à long terme. Nous ne sommes pas moins ambitieuses, mais plus prudentes : d’ailleurs on note que trois ans après leur lancement, les entreprises créées par des femmes réussissent mieux que celles lancées par des hommes… C’est au système d’accepter nos manières de faire, et pas le contraire – une femme n’a pas à coller aux codes masculins pour créer son entreprise.
Justement, faut-il développer des “rôles modèles” pour encourager les jeunes filles à se lancer dans la création d’entreprise ?
Tout le monde en parle mais je ne crois pas que cette approche soit efficace avec la nouvelle génération. J’y ai cru, longtemps. Mais les jeunes femmes d’aujourd’hui n’ont pas un fonctionnement vertical, elles ne cherchent pas un modèle à atteindre qui serait au-dessus d’elles, d’autant qu’elles ont abandonné le concept de la carrière qui se construit au fil des années dans une même entreprise. Elles sont davantage inspirées par des causes, ou par des femmes qui leur semblent accessibles, comme une copine ou un ou une mentor, sans considération de genre.
Pourquoi les femmes rencontrent-elles plus de difficultés que les hommes pour lever des fonds, comme l’a encore récemment démontré une étude du BCG ?
Les financiers sont plus exigeants avec les femmes, c’est le syndrôme du miroir : parce qu’elles sont minoritaires dans des espaces masculins, il y a un problème de confiance. Pour changer la culture des fonds d’investissement, qui ne comptent que 20% de femmes, il faut le faire de l’intérieur : les grandes écoles ont un rôle à jouer pour préparer les garçons à ne pas avoir de biais sexistes. A l’ESSEC, nous avons formé les 160 présidents et présidentes de nos associations étudiantes pour qu’ils prennent conscience de la nécessité de ne pas reproduire des stéréotypes dans leur façon de communiquer. Enfin, nous proposons à nos étudiantes des ateliers carrières et salaires, afin qu’elles sachent mieux négocier et obtenir ce qu’elles souhaitent, qu’ils s’agissent d’un poste ou de fonds pour lancer leur entreprise.
Journée des Femmes entrepreneures, Salon SME, Palais des Congrès de Paris, 1er octobre, 8h30-18h30, inscription ici.
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