Pièces complète 2 euro commémorative et accessoires protection pièces

Crise de la santé : Macron prend des mesures mais pas la mesure – Libération

Emmanuel Macron à son arrivée à l’hôpital de Corbeil-Essonnes, ce vendredi. (Ludovic Marin/AFP)
Plus qu’un message de réconfort, un «cap», assorti de mesures concrètes et de clauses de revoyure pour «sortir de ce jour de crise sans fin» que connaît le monde de la santé. Emmanuel Macron est descendu dans l’arène ce vendredi, en l’occurrence au Centre hospitalier Sud Francilien, à Corbeil-Essonnes, pour présenter ses vœux aux professionnels de santé, hospitaliers comme libéraux. Une première depuis son entrée à l’Elysée, signe que la courtoisie y est pour peu. L’impératif d’apaiser une gronde devenue générale, à l’hôpital comme en ville, y est en revanche pour beaucoup. «Il y a des demandes qui existent, qui ont leur part de légitimité et qu’il faut entendre», a concédé le chef de l’Etat dès son arrivée sur le site, tout en rappelant qu’il y a une «responsabilité collective» à permettre aux Français de «trouver pour eux-mêmes, leurs enfants, leurs parents une réponse».
C’est en premier aux hospitaliers que Macron s’adresse. Il fait d’abord droit à une de leur demande ancienne et persistante : la «sortie de la tarification à l’activité» (T2A) dès le prochain texte budgétaire sur le financement de la Sécurité sociale. De fait, ce mode de rémunération de l’activité hospitalière valorise mal les soins non programmés et les actes complexes chronophages, qui explosent avec le vieillissement de la population et sont essentiellement pris en charge par l’hôpital public. C’est vrai des maladies chroniques, mais aussi de l’activité en pédiatrie ou en psychiatrie. Même si la T2A devrait persister, le chef de l’Etat souhaite qu’à l’avenir, une part «structurante» de l’enveloppe budgétaire allouée aux hôpitaux repose «sur des objectifs de santé publique» qui seront «définis par territoire».
Pour «retrouver de l’humain» et apporter «plus d’autonomie» à l’hôpital, le chef de l’Etat promet aussi d’avancer sur la gouvernance et l’organisation du travail dans les établissements «d’ici au 1er juin». «On doit tout faire pour garder les soignants» à l’hôpital, a souligné Emmanuel Macron. «Ce qui veut dire qu’on doit ensemble travailler à une meilleure organisation du temps de travail», a-t-il ajouté, déplorant une «hyperrigidité» dans l’application des 35 heures et un système qui «ne marche qu’avec des heures supplémentaires». A la satisfaction des praticiens hospitaliers, le chef de l’Etat se dit favorable au partage du pilotage des hôpitaux. «Un tandem administratif-médecin», constitué sur la base d’un «projet», devra être instauré à la tête des hôpitaux, insiste Macron avant de faire droit à une autre revendication des soignants : le retour du service comme unité centrale de décision, s’agissant des schémas horaires et des plannings des soignants. «D’ici au 1er juin, chaque hôpital devra avoir adapté son organisation au niveau des services», insiste-t-il.
Macron ayant fait l’impasse sur les demandes de recrutements massifs, l’instauration de ratio patients-infirmiers déclinés par service ou de moratoire sur la fermeture des lits, le feu pourrait continuer de couver.
La médecine de ville n’est pas oubliée. Constatant que «la fin du numerus clausus n’aura pas d’impact avant six ou huit ans» et qu’on «ne forme pas des médecins en un ou deux ans», Emmanuel Macron promet d’«accélérer» le recrutement des assistants médicaux pour «gagner du temps médical, à l’hôpital comme en ville». Alors qu’ils sont 4 000 environ aujourd’hui, «on doit arriver à 10 000 d’ici la fin de l’année prochaine», espère le président de la République, promettant des «financements supplémentaires».
S’il ne répond pas directement aux médecins libéraux en grève, qui réclament une hausse substantielle du tarif de la consultation, Emmanuel Macron promet en revanche de «mieux rémunérer» les généralistes qui «assurent la permanence des soins» ou «prennent de nouveaux patients». Dans un contexte d’extension constante des déserts médicaux, le chef de l’Etat s’engage à ce que les 600 000 patients atteints d’une affection longue durée qui n’ont pas de médecins traitants s’en voient proposer un «avant la fin de l’année», Emmanuel Macron regrettant les cas où certains malades «ne peuvent même pas se faire renouveler une ordonnance en raison de la rigidité du système».
Pas sûr cependant que les vœux de Macron suffisent à calmer un système de santé pris de convulsions.
L’hôpital, sorti humainement anémié des vagues successives de Covid, fonctionne désormais en mode gestion de crise permanente. Cet automne, il a suffi d’une épidémie de bronchiolite un peu plus précoce et sévère qu’à l’accoutumée pour mettre en grande difficulté la filière pédiatrique, particulièrement touchée par le manque d’effectif et les fermetures de lits.
Avec le retour de la grippe saisonnière, en plus du Covid et de la bronchiolite, les urgences hospitalières aussi saturent un peu partout en France : faute de lits d’hospitalisation disponibles, les brancards s’accumulent dans les services, compliquant un peu plus la tâche de soignants harassés. L’engorgement est tel que la sécurité des patients n’est plus toujours assurée selon Samu Urgences de France, qui, sur le seul mois de décembre, a recensé 31 «décès inattendus» aux urgences.
Pour FO santé, la coupe est pleine. Prenant acte de la dégradation sans précédent des conditions de travail et de prise en charge, le deuxième syndicat de la fonction publique hospitalière a appelé jeudi 5 janvier à une grève illimitée à partir du 10 janvier pour protester contre l’«inaction» du gouvernement. Macron ayant fait l’impasse sur les demandes de recrutements massifs, l’instauration de ratio patients-infirmiers déclinés par service ou de moratoire sur la fermeture des lits, le feu pourrait continuer de couver.
Du côté de la médecine libérale, l’ambiance est également à la fronde. Alors que syndicats et assurance maladie ont entamé les négociations sur la convention médicale, plus d’un millier de praticiens libéraux ont manifesté ce jeudi à Paris pour obtenir un doublement du tarif de la consultation, à l’appel du collectif «Médecins pour demain», soutenu par plusieurs syndicats.
Une mobilisation qui se double d’une grève perlée, les médecins libéraux ayant été invités à fermer leur cabinet du 26 décembre au 8 janvier. Si les praticiens sont loin d’avoir tous suivis une consigne peu responsable en période de forte épidémie (l’assurance maladie estime que l’activité de la profession n’a baissé que de 10 % sur la dernière semaine de décembre), beaucoup partagent l’inquiétude des manifestants. Conscients de ne plus être assez nombreux pour satisfaire les besoins de santé de la population, ils redoutent que la «refondation du système de santé», objectif du CNR santé lancé le 3 octobre, ne se fasse à leur détriment. Pas sûr que la volonté de Macron d’aller vers des «délégations d’actes généralisées» vers d’autres professionnels de santé – pharmaciens, infirmières en pratique avancée ou kiné – contribue à les rasséréner.
© Libé 2022
© Libé 2022

source

A propos de l'auteur

Avatar de Backlink pro
Backlink pro

Ajouter un commentaire

Backlink pro

Avatar de Backlink pro

Prenez contact avec nous

Les backlinks sont des liens d'autres sites web vers votre site web. Ils aident les internautes à trouver votre site et leur permettent de trouver plus facilement les informations qu'ils recherchent. Plus votre site Web possède de liens retour, plus les internautes sont susceptibles de le visiter.

Contact

Map for 12 rue lakanal 75015 PARIS FRANCE