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En Australie, des biologistes marins ont découvert que les requins-baleines, connus pour se nourrir de crustacés, pouvaient aussi digérer des végétaux. Ce qui ferait de ce paisible géant des mers – mesurant jusqu’à 18 mètres de long – le plus grand omnivore du monde.
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Décidément, le requin-baleine (de son nom latin Rhincodon typus) cumule les records. Déjà détenteur du titre de “poisson le plus gros du monde”, ce paisible géant marin se propulse désormais à la première place du podium des plus grands animaux omnivores, c’est-à-dire dont le régime se compose à la fois de végétaux et d’animaux.
Un podium sur lequel le requin-baleine vient désormais prendre la place de l’ours kodiak – la plus grande sous-espèce d’ours brun – alors que ce poisson n’y figurait même pas au départ, et pour cause : on le rangeait, d’un point de vue alimentaire, parmi les carnivores !
“Cela nous amène à remettre en question tout ce que nous pensions savoir sur ce que mangent les requins-baleines“, a déclaré le Dr Mark Meekan, ichtyologiste (biologiste spécialiste des poissons) à l’Australian Institute of Marine Science (AIMS), dans un communiqué.
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En effet, avant la publication de l’étude du Dr Meekan et de ses collègues dans la revue scientifique Ecology (19/7/2022), les requins-baleines étaient connus pour se nourrir quasi-exclusivement de krill – un petit crustacé qu’ils piègent par filtration dans leurs ouïes en avalant de grandes quantités d’eau de mer dans leur gueule et en ne laissant s’échapper que le liquide.
L’ingestion d’algues par les requins-baleines était jusqu’alors considérée comme involontaire, les végétaux n’étant pas censés faire partie de leur “régime alimentaire” à proprement parler.
Les auteurs de l’étude ont collecté des algues et du plancton disponibles dans l’environnement des requins-baleines du récif de Ningaloo, en Australie occidentale. Puis, ils ont prélevé des échantillons de peau sur 17 individus – un procédé indolore pour l’animal – afin d’en analyser la composition biochimique en acides gras et en acides aminés.
Les chercheurs ont ainsi conclu que certaines molécules dans le tissu des requins-baleines de Ningaloo correspondaient à celles contenues dans les sargasses, des algues brunes, prouvant qu’une assimilation nutritive de ces végétaux par l’animal avait eu lieu.
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“Nous pensons qu’au cours de l’évolution, les requins-baleines ont acquis la capacité de digérer une partie des sargasses qui entrent dans leurs intestins“, interprète le Dr Mark Meekan. “Ainsi, la vision que nous avons des requins-baleines venant à Ningaloo pour se régaler de ces petits krills n’était que la moitié de l’histoire. En fait, ils mangent aussi une bonne quantité d’algues.“
Auparavant, les scientifiques se basaient surtout sur la composition des excréments afin de voir ce qui avait été digéré ou non par les animaux. Cette nouvelle étude, en revanche, fait appel à la technique de “l’analyse isotopique de composés spécifiques” (CSIA) – qui permet indirectement de déterminer quels aliments ont concrètement servi à l’animal pour son énergie et sa croissance.
“Sur terre, les plus gros animaux sont toujours des herbivores. Dans la mer, nous pensions que les animaux devenus très gros, comme les baleines et les requins-baleines, se nourrissaient un échelon plus haut dans la chaîne alimentaire – en consommant des animaux tels que des crustacés et des petits poissons” précise l’auteur principal. “Il s’avère que le système d’évolution sur terre et dans l’eau n’est peut-être pas si différent, après tout.“
Dans leur étude, les scientifiques alertent toutefois contre le péril que représentent les plastiques présents dans l’eau. En effet, en consommant des algues, les requins-baleines se trouveraient davantage susceptibles d’ingérer en même temps cette source de pollution pourtant néfaste à leur digestion.
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Inoffensif pour l’Homme comme la grande majorité des espèces de requins, le requin-baleine est classé “en danger” d’extinction sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), principalement en raison de sa capture volontaire ou accidentelle par les navires de pêche, ainsi que des collisions maritimes.
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