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Source : Sujet TF1 Info
Dimanche soir après avoir déclenché son neuvième 49.3, elle a provoqué des fous rires à l'Assemblée nationale. Si la séquence a autant fait parler, c'est parce qu'elle est inhabituelle et étonnante. D'Elisabeth Borne, les Français ont l'image d'une Première ministre stricte et sérieuse, qui ne sort pas vraiment des rails. Mais cet écart fait-il partie du "style Borne", si tant est qu'il existe ?
Selon le communicant Philippe Moreau-Chevrolet interrogé par TF1info, la spécificité d'Elisabeth Borne est justement qu'elle n'en a pas. "Elle a un style passe-partout, typique des hauts-fonctionnaires, sans caractère, sans relief. Elle n'a pas vocation à jouer un rôle politique, au gouvernement celui-ci est tenu par Emmanuel Macron et Gérald Darmanin", estime-t-il. "Elle a été recrutée pour être une technocrate efficace, sans état d'âme, qui fait le travail qu'on lui demande et qui le fait bien. C'était l'attente d'Emmanuel Macron, elle la remplit parfaitement, il n'y a aucun doute là-dessus", estime le spécialiste en communication politique.
À sa nomination en mai 2023, le côté technicienne et technocrate de l'ancienne ministre du Travail avait été mis en avant et critiqué, tout comme son sérieux ou son exigence et sa dureté avec ses collaborateurs. Elisabeth Borne avait alors essayé de casser cette image en consacrant un entretien à Paris Match dans lequel elle avait été prise en photo en train de faire du jogging, ou encore lors d'une interview donnée à LCI, dans laquelle elle évoquait son statut de pupille de la Nation et la perte de son père très jeune. Elle ajoutait que ces épreuves l'avaient "blindée". "Peut-être que je ne sais pas exprimer mes émotions, ça doit être vrai dans ma vie publique, on va dire que c'est peut-être aussi vrai dans ma vie personnelle", ajoutait-elle.
"Elle n'aime pas s'exposer, se protège beaucoup du regard public", constate Philippe Moreau-Chevrolet. "Beaucoup de hauts fonctionnaires considèrent que leur devoir premier est de se taire. Je crois qu'elle est dans cette attitude-là, qu'elle est restée une haute fonctionnaire brillante dont le premier devoir est de se taire. Aussi pour elle, s'exposer trop c'est se mettre en danger, soit parce qu'elle a peur de trop exister par rapport au président de la République et d'être sanctionnée, soit parce qu'elle a peur des médias et de l'exposition qui en découle."
"Je pense que pour Elisabeth Borne le style n'est pas un sujet, que l'absence de style pourrait même être un confort pour elle. Je pense que ça correspond à sa vocation, qui est d'être technocrate, fonctionnaire, et non pas une grande figure politique, ce qu'elle n'aspire pas à être", poursuit le professeur à Sciences-Po.
Alors quand la cheffe du gouvernement est montée à la tribune, dimanche, pour dégainer son neuvième 49.3 et a lancé à l'opposition "pourquoi avez-vous si peur du débat ?", devant l'incongruité de la situation et l'hilarité du banc insoumis, Elisabeth Borne n'a pas pu s'empêcher de succomber elle aussi aux rires. Des rires qui ont fait parler justement parce qu'ils sortent de l'ordinaire. "Toute expression d'émotion est remarquable puisqu'elle n'exprime jamais aucune émotion", analyse Philippe Moreau-Chevrolet. "C'est bien la preuve qu'elle a une communication extrêmement technocratique. Nous n'aurions pas été surpris de voir Jean Castex ou Edouard Philippe rigoler. Mais nous le sommes d'Elisabeth Borne."
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