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Prix Frontières à Metz : dans la tête de l'écrivaine Mariette Navarro – La Semaine

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Mariette Navarro, lauréate de la deuxième édition du prix Frontières-Léonora Miano, au printemps dernier. Photo Université de Lorraine
Lauréate du prix Frontières-Léonora Miano, décerné à Metz, la dramaturge et écrivaine Mariette Navarro en rejoint cette année le jury, en tant que coprésidente de la 3e édition. Le tout au sortir d’une parenthèse enchantée, durant laquelle son premier roman « Ultramarins » a rencontré un succès foudroyant. Elle raconte.
Décidément, Ultramarins (éd. Quidam) a le vent en poupe. Le roman navigue entre les genres en racontant une histoire de baignade interdite, de commandante à la tête d’un équipage entièrement constitué d’hommes, et d’étrange fondu dans le réel. Réimprimé plus de neuf fois et traduit en italien, en espagnol, en allemand et bientôt en anglais, le livre n’en finit plus de traverser les frontières. Une épopée méritée pour un texte poétique et déroutant, récompensé en 2022 par le prix Frontières-Léonora Miano de l’Université de Lorraine, dont elle rejoint le jury en tant que coprésidente de la 3e édition, qui vient d’être lancée. Depuis la publication de son manuscrit, Mariette Navarro surfe sur un succès aussi réjouissant que chronophage.
Mariette Navarro : « Ce qui m’a vraiment touchée, en ce qui concerne le prix Frontières, c’est qu’il est lié au monde universitaire, et donc à des chercheurs, des lecteurs et des étudiants. Les membres du jury réalisent un véritable travail de fourmi : ils lisent, accompagnent les textes, aident à les transmettre et à les diffuser. Cela a vraiment beaucoup de valeur pour moi. J’ai reçu également le prix Senghor (décerné à un premier roman). Le fait qu’il soit francophone, que le jury soit aussi très large et composé d’amoureux de la littérature issus de toute la francophonie, s’est révélé très important à mes yeux. Les grands prix comme le Goncourt sont géniaux pour la reconnaissance des écrivains, mais ils reproduisent quand même un entre-soi.
Pour “Ultramarins”, j’ai reçu d’autres récompenses, peut-être plus confidentielles. Ce qui est formidable, c’est qu’à chaque fois cela m’encourage à continuer. L’écriture, c’est toujours du temps volé à d’autres activités. »
« Le livre est sorti à la rentrée 2021. On imaginait avec mon éditeur qu’il nous faudrait consacrer à peu près trois mois à sa promotion, ce qui est déjà pas mal dans un emploi du temps. Et voilà un an et demi que cela n’arrête pas ! J’ai des rencontres prévues jusqu’au mois de mai prochain. J’en suis arrivée à un point où je dois en refuser parce que je n’ai rien fait d’autre, depuis. C’est formidable, car cela m’a permis de faire plein de belles rencontres en librairie ou en festival, mais je me dis qu’il faut que je trouve un équilibre entre accompagner le livre et savoir dire stop pour réfléchir au prochain. Je sais que je veux essayer d’écrire un autre roman. C’est ce qu’“Ultramarins” a changé. Avant, mon activité principale était de travailler pour le théâtre en tant que dramaturge et conseillère. Maintenant, je bascule, voire je change un peu de métier ou même de statut. C’est un choix. J’aurais pu choisir de conserver mes projets théâtraux, mais cela tombait à un moment où j’avais envie de changer de monde. Pour le prochain roman, j’ai des pistes et j’ai commencé à écrire grâce à une résidence. C’est ce qui est bien : il y a les prix, mais aussi les résidences qui permettent de bloquer un temps et un espace dans le calendrier pour se consacrer à une seule chose à la fois. J’ai pu prendre quatre semaines cet été pour commencer un nouveau chantier. Mais c’est encore très ouvert, il y a beaucoup de pistes. »
« J’ai toujours eu envie d’interroger la frontière. Je n’ai jamais écrit un texte qui soit purement dédié à un genre. Même en tant que lectrice, je m’intéresse aux textes un peu hybrides et singuliers. Je pense que cela correspond à une vision du monde où la notion de frontière, ou même d’identité personnelle, me semble étriquée et restrictive. Les revendications d’identité ou d’appartenance me font un peu peur.
Je me rends compte en écrivant, et particulièrement en essayant d’écrire un autre roman, à quel point nous sommes déjà structurés et balisés. Nous empruntons des chemins imaginaires tout prêts. Le travail de fiction sert un peu à casser ces schémas, à réfléchir à comment ouvrir d’autres chemins de traverse. Cela me tient beaucoup à cœur de déconstruire ce prêt-à-penser. Nos imaginaires sont tellement influencés et orientés par les fictions d’aujourd’hui, le cinéma, l’écriture, que ce n’est pas évident. »
« Les rencontres avec le public nous permettent de voir que certains éléments reviennent régulièrement dans nos textes. Chaque écrivain a ses obsessions. Comment faire avec ? Parce qu’on ne peut pas complètement s’en défaire. Je me demande comment les creuser, les pousser plus loin. Les lecteurs renvoient à l’auteur beaucoup de choses qui leur sont propres. C’est troublant, parce que cela vient révéler des interprétations que l’on n’avait pas forcément remarquées. À chaque rencontre, on me demandait pourquoi revenaient dans mes textes des personnages qui souhaitent arrêter, tout quitter ou couper les moteurs. Et c’est vrai que cet élément apparaît dans quasiment tous les textes que j’ai écrits, de façon différente à chaque fois. J’ai également rencontré des lycéens qui m’ont tous posé la question de l’histoire d’amour dans le texte : “Est-ce que la commandante et le second sont ensemble ? Est-ce qu’il va partir avec elle ?” Pour certains, ce sont davantage les questions autour du père et du deuil qui vont résonner. Une personne m’a dit : “Pour moi, tout tourne autour de la maternité”, alors que je ne me suis jamais dit : “Je vais écrire une métaphore de la maternité.” Mais d’un côté, ce n’est pas faux non plus qu’il puisse y avoir cet écho-là. Certains lecteurs sont déstabilisés par le fait de n’avoir pas toutes les réponses, que ce soit un livre assez ouvert. Je me dis que c’est le théâtre qui m’a menée vers cette forme d’écriture. On ne peut pas tout écrire. Au théâtre, l’intériorité des personnages n’est pas racontée parce que c’est au metteur en scène et aux acteurs de prendre cette place. On laisse des indices, mais l’autre partie est à compléter. »
« J’ai déjà fait partie d’un jury il y a quelques années, mais je n’ai jamais été coprésidente. Je lis dans un cadre professionnel plutôt des manuscrits de théâtre, donc c’est assez nouveau pour moi. Cela me donne une grande responsabilité. Je suis contente que l’on soit nombreux et que ça ne repose pas sur mes seules épaules. La sélection des romans est de super qualité. Je vais me laisser porter par mes intuitions, ma sensibilité. Je suis impatiente de les confronter à celles des autres. Mais d’abord, je vais juste me laisser porter par le plaisir de la découverte. »
« Ultramarins », de Mariette Navarro (Quidam). 156 pages, 15 euros.
Depuis 2021, l’Université de Lorraine en partenariat avec l’Université de la Grande Région récompense, par le prix Frontières-Léonora Miano, le meilleur roman de l’année abordant la thématique des frontières, sous toutes leurs formes. Un hommage à l’écrivaine camerounaise d’expression francophone Léonora Miano, autrice de textes engagés. Comme les années précédentes, dix livres sont en compétition. Le jury, composé d’enseignants-chercheurs, d’étudiants, de journalistes et de spécialistes de la littérature, devra choisir le 7 mars 2023 le ou la lauréate de la 3e édition. Le résultat sera annoncé officiellement pendant le festival du Livre à Metz, le 15 avril suivant.

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