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Parcoursup : pourquoi le système de notation fausse la donne (et angoisse les familles) – L'Express

Les premiers résultats de Parcoursup attendus ce jeudi 2 juin engendreront, une fois de plus, des désillusions. En cause, un mode de sélection difficilement lisible.
Les 936 000 bacheliers et étudiants ayant rentré des voeux dans Parcoursup recevront leurs premières réponses à partir de ce 2 juin.
afp.com/DENIS CHARLET
“Depuis l’année dernière, Pronote – le logiciel de mon lycée qui recense toutes les évaluations et les appréciations des professeurs – est devenu mon meilleur ami… ou mon pire ennemi, ça dépend des jours !”, s’exclame Maeva, élève de terminale à Lyon. Comme la plupart de ses camarades, la jeune fille semble avoir développé une forme de dépendance à cette interface sur laquelle elle a pris l’habitude de se rendre quotidiennement pour suivre l’évolution de ses notes dans chaque matière. “Mais aussi pour vérifier l’évolution de mon classement au sein de la classe, ajoute-telle. Une donnée cruciale pour mon dossier Parcoursup !” Depuis la finalisation des voeux sur la plateforme nationale d’inscription en première année d’enseignement supérieur, Maeva retient son souffle. La fin du suspense approche puisque les premiers résultats sont attendus à partir de ce jeudi 2 juin.
“Ne faisant pas partie du premier quart des meilleurs élèves de ma classe, je ne me fais pas trop d’illusions, soupire-t-elle. Le fait d’être dans un lycée d’excellence et d’être entourée de très bons éléments va jouer en ma défaveur. C’est sûr !” A quelques heures de l’ouverture de la phase d’admission, d’autres aspirants étudiants avancent parfois l’argument inverse : des élèves issus d’établissements peu réputés parlent de concurrence déloyale et craignent d’être écartés d’office par les jurys des établissements du supérieur qui sélectionnent les dossiers. Le bruit court également que les candidats venus du public seraient favorisés par rapport à ceux issus du privé… Et inversement. Infos ou intox ? Difficile d’avoir la moindre certitude. “Le système est devenu totalement opaque, très bureaucratique et quasiment illisible. D’où ce sentiment d’incompréhension et d’injustice très fort chez les élèves et leurs familles”, regrette le sociologue Pierre Merle, spécialiste des questions d’éducation.
La mise en place du système Admission Post-Bac (APB), remplacé en 2018 par Parcoursup, avait déjà bouleversé la donne. La réforme du bac pilotée par l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer, qui a introduit une large part de contrôle continu (40%) dans la notation finale, est venue chambouler un peu plus les règles du jeu. Enfin, est venue s’ajouter la crise sanitaire qui, ces deux dernières années, a empêché la tenue de certaines épreuves – remplacées en dernière minute par la prise en compte des notes des bulletins. Cette année encore, le Covid a perturbé le calendrier en entraînant le report des épreuves de spécialités de mars à mai… Trop tard donc pour que les notes puissent apparaître dans les dossiers Parcoursup. Bref, il y a de quoi en perdre son latin ! “La donne est en partie faussée car, pour un enseignant, ce n’est pas la même chose d’évaluer un élève dans le but de le préparer au mieux à une épreuve à venir, ou de l’évaluer en sachant que les notes de l’année attribuées compteront pour Parcoursup ou pour le bac”, dénonce Laurent Zameczkowski, vice-président de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public.
L’année dernière, bon nombre de responsables de jurys d’universités ou d’établissements du supérieur ont constaté une hausse générale des notes et des moyennes des candidats. Et se développe de plus en plus le bruit que les lycées auraient décidé de “gonfler” un peu les notes de leurs élèves de terminale en fin de parcours pour accroître leurs chances d’accéder à la formation de leur choix. Une autre rumeur insistante circule chez les décideurs : certains établissements prestigieux auraient recours à un système de double bulletin. Avec, d’un côté des évaluations “officieuses” qui permettent de rendre compte à l’élève de son véritable niveau, et de l’autre des notes “officielles” destinées à être rentrées dans le dossier Parcoursup. Là encore, la véracité de cette information est très difficile à vérifier. “Régulièrement, des parents d’élèves, dont les enfants sont inscrits dans le public, accusent le privé sous contrat de s’adonner à cette pratique. Mais nous n’en avons aucune preuve à ce jour”, reconnaît Marianne Dodinet, proviseure du lycée Jean-de-La-Fontaine dans le XVIe arrondissement parisien. Pour sa part, Laurent Zameczkowski se montre très sceptique. “Quel proviseur prendrait le risque d’en faire une règle générale ? Je n’y crois pas”, estime-t-il. En revanche, un chef d’établissement a le pouvoir de réévaluer les notations en fin de course, dans un souci de rééquilibrage entre différentes classes par exemple.
C’est arrivé en juin dernier dans un lycée d’une banlieue cossue de la région parisienne. “Le proviseur et son adjoint s’étaient partagé la supervision des conseils de classe de fin d’année, chacun ayant en charge deux terminales. Le premier a pris sur lui d’attribuer quelques points supplémentaires à des élèves évalués sévèrement par un professeur. Le second s’y est refusé, mettant en avant la liberté pédagogique de chaque enseignant”, raconte ce parent d’élève. Résultat : une inégalité de traitement entre les candidats au bac de cet établissement et des familles qui crient à l’injustice. D’un professeur à l’autre, les critères et les modes d’évaluation peuvent, en effet, varier fortement. Certains donnent plus de devoirs sur table, d’autres privilégient les QCM aux dissertations, ou bien ajoutent des notes de participation pour aider les élèves les plus faibles à se rattraper… “Mon prof de maths de cette année est particulièrement dur. Même les meilleurs éléments de ma classe n’ont récolté que des 9 et des 10 sur 20 ! Un vrai handicap pour Parcoursup“, pointe Ludovic, 17 ans, qui, en début de semaine, caressait encore l’espoir d’intégrer une prépa scientifique.
Depuis l’été 2021, le ministère, conscient de cet écueil, demande à chaque établissement la mise en place d’un “projet d’évaluation” censé définir des règles communes à toute l’équipe enseignante. Dans chaque académie, une commission est également chargée de l’harmonisation des notes en fin d’année, de façon à préserver une certaine équité entre les lycées. “Mais cette fausse solution technique ne peut pas fonctionner”, déplore Pierre Merle. “Pour compenser la différence de niveau entre un lycée très réputé des beaux quartiers parisiens et un établissement d’une banlieue populaire, certains vont suggérer de baisser d’un point toutes les moyennes du second soupçonné de surévaluer ses élèves, avance le spécialiste en guise d’exemple. Or, dans ce lycée de banlieue, il y a aussi de très bons élèves. Il n’y a aucune raison de les pénaliser.”
Pour départager les candidats qui se pressent à l’entrée de leur faculté ou de leur école, les commissions d’examen des dossiers ont tendance à ne plus tenir compte uniquement des notes mais à regarder également le rang de l’élève au sein de sa classe. “Du coup, on se compare tous les uns aux autres, ça crée une ambiance épouvantable entre nous. On a l’impression d’être déjà dans une prépa hyper sélective”, explique Charlotte, élève de terminale à Paris. Laurence, professeure d’anglais dans un établissement du nord de la France, a vu l’atmosphère changer dans ses classes : “La pression est désormais palpable dès la classe de 1ère. Au moindre mauvais résultat, mes élèves les plus stressés se mettent dans un état pas possible. A tel point que certains perdent leurs moyens et décrochent.” Laurence a l’impression d’avoir développé une “relation de comptabilité” avec ses élèves : “Nous avons de plus en plus de mal à prendre le temps de se poser pour expliquer ce qui n’a pas été compris. Il nous faut avancer coûte que coûte pour enquiller les notes.” Sans oublier les parents qui n’hésitent plus non plus à contacter directement le proviseur pour se plaindre d’une “mauvaise notation”. “Or ce n’est pas à eux de juger les attendus pédagogiques !, s’exclame Laurence, qui n’avait jamais rencontré ce type de problème avant la mise en place de la réforme du bac.
A l’entrée du supérieur, d’autres critères de sélection peuvent également entrer en jeu comme les séjours à l’étranger, les stages en entreprise, la participation à des associations sportives ou caritatives… “Les compétences comportementales, aussi appelées “soft skills”, sont considérées comme un plus par certains établissements de type écoles de commerce”, explique Bruno Magliulo, ancien inspecteur de l’Education nationale, auteur de SOS Parcoursup (éditions L’Etudiant). Pour ce spécialiste des questions d’orientation, ce nouveau mode de sélection risque d’accentuer encore un peu plus les inégalités sociales. “Dans mon lycée, situé en zone rurale, les élèves ont une heure de transport le matin et le soir. Ils n’ont pas le temps de s’impliquer dans des activités extra-scolaires. Ce qui les pénalise par rapport à leurs camarades des villes”, confirme Laurence.
Autre limite de ce type d’évaluation : le caractère aléatoire et subjectif des critères demandés. “Pour y remédier et mettre nos élèves sur un pied d’égalité, on essaye, depuis quelque temps, de mettre en place des attestations de reconnaissance de compétences comportementales en interne”, explique le proviseur de cet établissement privé sous contrat situé dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Dans ce lycée, les délégués de classe, les membres du bureau des élèves qui s’investissent dans la vie du lycée, ceux qui acceptent de jouer le rôle d’arbitres lors de rencontres sportives, ou encore ceux qui décrochent le prix de camaraderie sont valorisés. “Ces activités diverses leur permettent d’acquérir des compétences comme l’esprit d’équipe, la gestion de projet ou le sens des responsabilités. On glisse ces indications dans le portfolio rattaché aux dossiers Parcoursup, sans toutefois se faire trop d’illusions. Car combien d’écoles ont véritablement le temps de regarder dans les détails ces informations ?”, soupire le proviseur. “J’ai beau tenter d’être fataliste, je ne peux m’empêcher de me faire des noeuds au cerveau en attendant mes résultats Parcoursup tant les inconnues sont nombreuses”, soupire Chloé, 18 ans. Comme la plupart des autres 936 000 candidats qui s’apprêtent à consulter les réponses des formations à leurs voeux.
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