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Le Puy-en-Velay
Par Nicolas Defay ven 29/10/2021 – 06:30 , Mise à jour le 29/10/2021 à 06:30
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Animal redouté, animal vénéré. Reptile mal aimé, reptile adoré. Depuis la nuit des temps, le serpent suscite tout et son contraire. Le musée ponot propose une véritable autopsie de ce mystérieux rampant à travers des collections uniques et des centaines d’animations pour petits et grands, phobiques ou pas.
Un Dieu pour les uns, le diable pour les autres. Chose est certaine, c’est que le serpent a parsemé l’Histoire de ses mues, que ce soit dans la mythologie, les religions ou la société humaine. D’Eve à la Révolution française, du Serpent à plume aztèque au terrible Serpent de mer nordique, le reptile serpente sans relâche dans les civilisations et les peuples du monde. Pour connaître cet animal-symbole et dédiaboliser son image, le Musée Crozatier et le Pays d’art et d’Histoire du Puy-en-Velay proposent du 27 novembre 2021 au 18 septembre 2022 une exposition sans précédent. Outre les collections présentées entre les murs du musée ponot, ce sont plus de 250 conférences et animations qui sont programmées dans quelques-unes des 72 communes de l’Agglo du Puy.
« Cette expo est destinée à tout le monde et en particulier à ceux qui ont peur des serpents. Mieux les connaître, c’est mieux les comprendre. Cela permet de dépasser des phobies qui sont ancrées en nous depuis les premiers âges de l’humanité ». Maud Leyoudec
Le serpent, colonisateur du monde, des mythes et des croyances
« Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il y a dix fois plus de représentations positives du serpent dans les légendes et les mythes que négatives, souligne Emmanuel Magne, attaché de conservation du patrimoine au musée Crozatier. L’exemple le plus probant est le symbole du caducée médical ».
La Coupe d’Hygie, où un serpent s’enroule autour d’un récipient, est le symbole des pharmaciens. La médecine affiche un caducée dont le bâton ailé est recouvert par deux reptiles. Même les commerçants possèdent leur caducée, un bâton où deux couleuvres se lovent autour. « Le serpent est partout présent dans le monde entier, qu’il soit en vrai, dans les légendes ou sous forme de symboles », continue l’érudit.
Saviez-vous que même une grande dame au Puy écrase un long serpent de métal depuis plus de 160 ans ?
« Aujourd’hui, on est à J-30 d’une expo incroyable »
Pour rendre honneur à cet animal souvent rejeté à tort dans les civilisations notamment occidentales, l’équipe de Maud Leyoudec, conservatrice du patrimoine et directrice du musée Crozatier et du Pays d’Art et d’histoire, a fait du musée l’antre du monstre. « Aujourd’hui, on est à J-30 d’une expo incroyable et qui va s’intéresser à cet animal mal aimé, partage-t-elle. Nous allons essayer de mieux le faire connaître. Pour cela, d’innombrables pièces seront présentées. Et notamment une d’une valeur historique et populaire inestimable. »
Un trophée de 40 000 vipères par un seul homme
Endormie depuis plus d’un siècle dans la pénombre des collections oubliées du musée, une garde-robe complète d’un vipéricide de 1902 a été dépoussiérée et mise à jour. « Jean-Baptiste Courtol, chasseur de serpent au Puy-en-Velay, traquait les vipères pour le compte de l’administration préfectorale et pour le privé, livre Maud Leyoudec. Pour faire la publicité de ses talents, il se baladait sur la place du Breuil avec ce costume en peau de serpent. »
D’après les écrits sur son activité, il aurait tué pas moins de 40 000 vipères et vipéreaux soit entre 2 et 3 000 spécimens par an. « Sa maîtrise était telle que la ville de Chicago l’avait convié pour parler de son art, intervient Richard Guillien du Pays d’art et d’histoire. Mais il a refusé de s’y rendre tout comme à l’Exposition universelle de Lyon ». Le vipéricide ponot, connu dans le monde entier, est mort en 1902… d’une morsure de vipère.
Pour être incollable sur les serpents ▼
« En France, il y a 14 spécimens différents. 10 couleuvres et 4 vipères »
« Qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes », comme écrivait Jean Racine en 1667 et que des millions d’élèves en France se sont usés les langues pour comprendre la figure de style de l’allitération. Qui sont ces serpents ? À cette question, un très gros chapitre est consacré durant l’expo à l’éthologie de l’animal. « Toute une partie explique la vie d’un serpent, lance Maud Leyoudec. En France, il y a 14 spécimens différents. 10 couleuvres et 4 vipères. On va essayer de comprendre comment ils évoluent sur terre, dans l’eau et sous l’eau pour certains, pourquoi ils ont perdu leurs pattes, etc. Mieux les connaître, c’est mieux les apprécier ».
« Nous faisons un appel à tous ceux qui voudrait nous confier leurs matériaux. Cela peut être des vieux tuyaux d’arrosage, de la ficelle et de la corde, des vieux draps, du grillage, toutes les matières souples qui pourraient servir à former le corps du serpent ». Stéphane Catteau
Un immense reptile au cœur du jardin ponot
Le parc Henri Vinay est lui-même en train de devenir le nid d’un serpent long de 150 mètres. « Pour permettre le lien entre l’extérieur et l’intérieur du musée, deux artistes de Haute-Loire sont en train de confectionner la sculpture d’un reptile gigantesque, confie Maud Leyoudec. Des tronçons de son corps vont s’élever à certains endroits du jardin tandis que la queue et la tête seront accrochées aux murs du musée ».
Stéphane Catteau et Émilie Delmas, tout deux au sein de la compagnie l’Envolante du Monastier-sur-Gazeille sont les « vipérartistes ». « Toute la structure est constituée en majorité de matériaux recyclés à base de tissu, de corde, de boîte de conserve, de lino, etc, précise Stéphane Catteau. La queue est déjà presque terminée. La tête sera installée aux alentours du 10 novembre sur l’une des fenêtres aveugles du musée ». Il ajoute : « Nous faisons un appel à tous ceux qui voudrait nous confier leurs matériaux. Cela peut être des vieux tuyaux d’arrosage, de la ficelle et de la corde, des vieux draps, du grillage, toutes les matières souples qui pourraient servir à former le corps du serpent » Si vous voulez les aider, vous pouvez contacter Stéphane Catteau au 06 17 38 66 84.
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