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«L'euro, un tabou de la campagne présidentielle française ?» – Le Figaro

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FIGAROVOX/TRIBUNE – Le 1er janvier 2022, l’euro fêtait ses 20 ans en France. Maxime de Blasi explique qu’aucun des objectifs de l’euro n’est atteint et déplore sa disparition du débat politique.
Maxime de Blasi est diplômé de l’ENA, ancien professeur de génie électrique, essayiste et auteur-compositeur interprète.
Le 1er janvier 2002 les Français abandonnaient le Franc pour passer à l’euro dans leur vie quotidienne, et la zone Euro regroupe aujourd’hui 19 pays sur les 28 États-membres de l’UE. À un moment donné toute politique doit être mise en rapport avec les bénéfices annoncés et escomptés, d’autant plus que la grande majorité de la classe politique – de Mélenchon à la droite – et des élites étaient catégoriques sur les promesses de la monnaie unique lors du vote du Traité de Maastricht en 1992 qui entérina le passage à l’euro, à rebours des Français qui l’adoptèrent de justesse à 51 %.
Lors du débat sur le Traité de Maastricht le discours martelé à la quasi-unanimité était que l’euro serait un facteur de croissance du PIB, de convergence et de rattrapage entre les États membres. Géré par une Banque Centrale Européenne (BCE) indépendante des États il garantirait la stabilité des prix. On dit également aux Français que son statut de monnaie internationale permettrait de concurrencer le dollar. Enfin on le présentait comme permettant de mettre fin aux crises des taux de change et dévaluations qui affectaient le commerce entre les États de la CEE. Penser différemment ou émettre des doutes était quasiment synonyme d’excommunication et rare sont les Philippe Seguin ou J.P Chevènement qui le firent, tant l’affirmation péremptoire de ces causalités et lendemains qui chantent ne pouvait souffrir de contradiction. 20 ans après, évaluons chacun de ces objectifs. Les chiffres sont ceux incontestables, publics, de la Banque Mondiale et de l’OCDE.
Croissance, convergence, inflation, statut international : aucun des objectifs annoncés n’est atteint.
C’est exactement l’inverse qui est advenu avec une division par deux de la croissance françaisedepuis 2002 : alors que la croissance moyenne du PIB français en volume (hors inflation) avait été de 2,2 % par an entre 1980 et 2000, elle n’a plus été que de 1,1 % par an ces 20 dernières années (hors impact de la crise des subprimes en 2008 et Covid-19 en 2020). La cassure a été nette dès 2002 et définitive depuis lors, les faits sont là. Cette faiblesse de la croissance concerne l’ensemble de la zone Euro où elle n’a été que de 1,5 % par an depuis 2002, deux à quatre fois inférieure à celle des grandes puissances économiques sur la même période (USA, Chine). Inversement, le Royaume-Uni avec lequel la France faisait jeu égal dans la décennie 90, resté en dehors de l’euro, a connu une croissance double sur cette période.
L’euro facteur de convergence et de rattrapage entre les États ?
Là encore c’est l’inverse qui se produit depuis 20 ans. Quand l’Allemagne a connu une croissance de 2 % par an depuis l’euro, pour l’Italie, 2002 marque un décrochage jamais vu avec ses voisins, de 1,7 % de croissance dans la décennie 90 à…0 % depuis 2002 ! En conséquence de quoi, en 20 ans, alors que le PIB de l’Allemagne a crû de 40 %, celui de la France a connu une croissance moitié moindre, celui de l’Italie a stagné et celui de la Grèce chuté de 10 % : ces économies ont divergé ! Pire, cette divergence est également interne aux pays car si le nord industriel de l’Italie a connu une croissance annuelle de 1 %, le sud, le Mezzogiorno, a été en récession continue de -1 % par an. En France on peut observer la même divergence entre la croissance soutenue de l’Ile-de-France, contrairement à celle de régions en voie de désindustrialisation.
Avec la monnaie unique les pays et régions les plus riches sont encore plus riches et les plus pauvres encore plus pauvres.
Avec la monnaie unique les pays et régions les plus riches sont encore plus riches et les plus pauvres encore plus pauvres, placées directement en concurrence dans le grand marché intérieur sans la possibilité de rééquilibrage et de rattrapage qu’offrait l’action sur le cours de la monnaie nationale, ce dont inversement les zones déjà compétitives profitent à plein. Auparavant les dévaluations «compétitives» des monnaies nationales permettaient en effet aux entreprises françaises ou italiennes de compenser les différences de productivité avec celles des landers allemands par une compétitivité prix mais depuis l’euro c’est impossible, les seuls ajustements étant la baisse forcée des salaires ou l’émigration vers les zones en croissance. Ce que prédisait le prix Nobel d’économie Robert Mundell, à savoir que la zone Euro ne constitue pas une «zone monétaire optimale» du fait des grandes différences de structures économiques et de compétitivité entre les États, et à l’intérieur des États entre les régions, est arrivé. Il prédisait qu’avec une monnaie unique les différences s’exacerberaient, provoquant des migrations de travailleurs des zones en décroissance vers celles en croissance, phénomène très visible par exemple en Italie. C’est tout sauf une surprise historique : l’unification monétaire de l’Italie en 1860, le zollverein allemand en 1834 n’avaient pas aplani les différences préexistantes entre les régions, au contraire. La monnaie unique met à rude épreuve les unités nationales, et la solidarité entre les États européens qui en bénéficient et les autres.
Certes elles n’existent plus par définition avec la monnaie unique, les parités ayant été fixées une fois pour toutes. Mais était-ce un problème dans la mesure où les entreprises pouvaient aisément se couvrir contre les fluctuations des taux sur les marchés financiers ? Pire, ces crises du change ont été supplantées en 20 ans par des crises budgétaires bien plus graves car elles ont placé des États dans des situations de banqueroute et de révolte ! Le symbole en est la crise grecque apparue en 2010, précisément du fait que la Grèce a pour monnaie l’euro, quand s’est produit un défaut de paiement de la dette de ce pays qui compte pour 1 % du PIB de la zone Euro. Il est de bon ton chez nos élites de critiquer l’incurie des Grecs mais jamais cette crise ne se serait produite si la Grèce avait conservé la drachme, qu’elle aurait alors dévaluée, restaurant ses grands équilibres budgétaires et commerciaux. De même la crise espagnole de 2010 n’aurait pu se produire sans l’afflux excessif de liquidités lié à la zone euro.
Contrairement aux promesses l’euro a une «part de marché» strictement égale à celle des monnaies qu’elle a remplacées. Il ne s’agissait pas de prestige mais de gagner un peu du pouvoir du dollar, monnaie internationale incontestée depuis 50 ans, qui permet aux États-Unis de faire financer par le reste du monde le gouffre abyssal de leurs déficits jumeaux, budgétaire et commercial dans la mesure où toutes les banques centrales du monde possèdent des réserves et des actifs en dollars qu’elles sont amenées à soutenir pour ne pas que leur valeur s’effondre. De ce point de vue également l’euro est un échec : il stagne à 20 % des réserves mondiales de monnaie quand le dollar en représente toujours 62 %. De plus, 50 % du commerce mondial continue à s’effectuer en dollars, particulièrement les matières premières et le pétrole, rendant pour les Français les prix à la pompe aussi sensibles au cours du pétrole qu’au dollar.
La mission de la BCE, définie par les traités européens, est de maîtriser l’inflation, à travers l’action sur les taux d’intérêt. Sur ce point le changement est minime : de 1986 à 2001 l’inflation a été de 2,1 % par an en France et depuis l’euro elle a été de 1,5 % par an. Tout ça pour ça serait-on tenté de dire ? Et encore : si officiellement l’inflation est maîtrisée on sait que le ressenti est bien différent : la plupart des Français – ils ne sont pas les seuls dans la zone Euro – font état d’une sensation de perte de pouvoir d’achat par rapport au franc vis-à-vis surtout des consommations essentielles du quotidien et de l’énergie. Selon un sondage pour le site Money Vox, 80 % estiment qu’il a fait baisser leur pouvoir d’achat. Observons que la croissance divisée par deux depuis 2002 y contribue sûrement tout autant que l’inflation.
La zone euro aujourd’hui : un empire sans milieu à l’idéologie orthodoxe où la France n’est pas à sa place
Croissance, convergence, crises, stabilité des prix, statut international : autant de promesses non tenues, voire d’échecs patents.
Croissance, convergence, crises, stabilité des prix, statut international : autant de promesses non tenues, voire d’échecs patents. Face à cela les bénéfices sont maigres : plus besoin de changer de monnaie quand on se déplace dans la zone euro, plus de frais de change, plus de fluctuation des taux de change. Pourtant, d’après les sondages une majorité des Français indique ne pas souhaiter le retour en arrière et aucun des candidats à l’élection présidentielle ne préconise la sortie de l’euro pour recouvrer la souveraineté monétaire et la possibilité de dévaluer la monnaie pour améliorer la compétitivité prix. L’euro semble être un tabou de la campagne présidentielle mais comment invoquer le «vivre-ensemble» dans le contexte de crise larvée due à la faible croissance que nous vivons depuis 20 ans, et dans la montée des inégalités sociales et spatiales que l’euro accentue ? Au-delà de la gestion du quotidien où se situe le courage en politique et la vision de l’intérêt national à moyen et long terme ? Évaluer vingt ans de cette politique au regard des résultats atteints est le be à ba attendu d’eux.
L’euro est considéré implicitement comme un ajustement à marche forcée vers une compétitivité-qualité des produits plutôt qu’une compétitivité-prix. Dans l’orthodoxie de la BCE le mot «dévaluation» est devenu un gros mot, de même que le mot «inflation» or ce sont des instruments de politique économique couramment utilisés par les États-Unis, la Chine, le Japon, la Russie.
Tout se situe dans la notion de «zone monétaire optimale» : composée de 19 pays aux structures économiques et sociales extrêmement différentes[1] la zone Euro est un fourre-tout, un empire sans milieu. Or la politique monétaire ne peut se dissocier d’une solidarité politique et cette dernière exige des systèmes homogènes pour fonctionner. La France est insérée dans un système composé de nombreux pays qui ne lui ressemblent pas, et où de surcroît l’emporte l’objectif traditionnel de stabilité des prix et de maîtrise des déficits de l’Allemagne, de l’Autriche, des Pays-Bas qui n’a jamais été appliqué sur le temps long en France.
C’est l’inverse qu’il faut faire : ne faire une monnaie unique qu’avec un nombre restreint de pays aux structures économiques non concurrentes, consentant aux transferts budgétaires et à l’objectif de plein-emploi, assigner à la monnaie son rôle politique et économique, à l’image de l’objectif de plein-emploi qui figure dans les statuts de la banque centrale américaine FED, et comme le font toutes les grandes économies mondiales. Que les «élites» et la classe politique en parlent ou non, les divergences des trajectoires de croissance des États de la zone Euro ne sont pas tenables à moyen terme, particulièrement pour l’Italie qui représente 10 % du PIB de la zone, frappée d’une stagnation délétère depuis 20 ans et d’une divergence croissante entre le nord et le sud, et l’artefact de l’euro actuel sera tôt ou tard condamné par l’Histoire qui ne considère pas les moyennes. Et ce ne sera pas la catastrophe annoncée par certains pour proscrire tout débat : le capital humain, les industries, les savoir-faire seront toujours présents, quelle que soit la monnaie.
[1] Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie et Slovénie.
PBa
le 04/01/2022 à 21:54
J’admire les iconoclastes qui osent renverser le veau d’or .
Car c’est bien une idole monétaire que l’on adore avec l’euro .
Elle flatte notre ego , nous donnant l’illusion de nous trouver sur un pied d’égalité avec l’Allemagne … au coût d’un endettement faramineux de 2000milliards .
La France s’estime sur le marché financier « top big to fail« mais ne nous berçons pas d’illusions car nos créanciers ont des appétits très aiguisés , et les mêmes qui ont falsifié les comptes de la Grèce , dépecé la Russie de Eltsine , ne feront qu’une bouchée de ce qui reste de notre souveraineté .
aigle de montenegro
le 04/01/2022 à 16:14
Comment prendre au sérieux cet article s’il n’est fait nulle mention des 2 000 milliards d’euros dépensés depuis mars 2020 par la BCE, en évitant de la sorte une panique financière, et permettant aux Etats de se financer à taux nuls, voire négatifs. Imaginez une telle intervention avec dix-neuf monnaies différentes. Et que dire de la tirelire du NextGenerationEU, qui remonte à 800 milliards d’euros et va être redistribuée aux pays qui ont le plus souffert de la pandémie et dont la Grèce sera le premier bénéficiaire, recevant près de 9 % de son PIB, mais l’Italie et l’Espagne sont également d’importants bénéficiaires (avec 3 % et 2 % du PIB respectivement). Avoué, la France est contributrice nette, mais de très très peu. Un euro vaut le double de l’ancien franc? Soyez objectifs svp.
Ch2Bzn
le 04/01/2022 à 15:50
Merci pour ce bon article, je suis heureux de lire ces lignes pleines de bon sens pragmatique, même si n’importe quel économiste un peu compétent aurait pu et dû les écrire dès 1992, et les marteler depuis.
Espérons que des candidats d’importance oserons mettre le sujet sur le tapis, ou le traiter durant leur mandat, car la France se meurt aussi à cause de l’euro (même si, évidemment, d’autres facteurs contribuent à cette triste réalité).
L’éditorial du Figaro, par Étienne de Montety.
ENTRETIEN – Pour le sociologue, reconnu pour ses travaux sur le déclin des classes moyennes, une loi sur le pouvoir d’achat ne peut suffire à endiguer la paupérisation de la société française.
L’éditorial du Figaro, par Jacques-Olivier Martin.
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