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Emmanuel Macron va-t-il rendre le Service national universel obligatoire pour les jeunes de 15 à 17 ans? Des annonces seraient en tout cas imminentes, le chef de l’État tenant à faire monter le dispositif en puissance. En 2022, il n'a rassemblé que 32.000 volontaires, alors que 50.000 étaient espérés. Dans le Var et les Alpes-Maritimes, les résultats sont un peu meilleurs.
Des annonces doivent tomber d’un jour à l’autre. Ainsi qu’il l’a évoqué lors de ses vœux aux Français, le président de la République devrait confirmer incessamment la généralisation du Service national universel (SNU) et “poser les jalons d’une nouvelle version“.
Lancé avec parcimonie – à peine quelque 2.000 volontaires – en 2019, le dispositif a été interrompu en 2020 en raison de la crise sanitaire. Il a ensuite accueilli 15.000 jeunes en 2021, 32.000 en 2022. Encore trop peu cependant pour Emmanuel Macron, qui en espérait 50.000.
Si le Président tient au SNU, c’est parce qu’il y voit le moyen d’introduire davantage de cohésion, de citoyenneté, d’unité dans une société française de plus en plus fracturée. Le chef de l’État entend donc faire monter le dispositif en charge, avec, à terme, huit cent mille jeunes en Service national universel chaque année.
Comment? En le rendant obligatoire au moins en partie? C’est ce qu’il doit dévoiler prochainement.
Destiné aux adolescents de 15 à 17 ans, le Service national universel se déroule en deux phases. D’abord un séjour de cohésion gratuit, avec du sport, des visites culturelles, des débats… Puis une mission d’intérêt général de 84 heures auprès d’une association, d’une administration ou d’un corps en uniforme. Le tout sous l’égide des ministères de l’Éducation et des Armées.
Au-delà d’une expérience particulière, les jeunes en sortent avec le certificat PSC1 (la formation aux premiers secours), le financement de la formation au Code de la route, ainsi qu’une présentation de l’examen. Ils y effectuent aussi la journée de défense et de mémoire (anciennement dite “d’appel”), nécessaire notamment au passage du bac.
Si au niveau national, les objectifs ne sont remplis qu’à 64%, dans le Var et les Alpes-Maritimes, le bilan est meilleur: près de 80% des 770 volontaires attendus dans chaque département se sont présentés lors des trois séjours de cohésion organisés en février, juin et juillet.
“Bien que le SNU ne soit pas un dispositif militaire, rappelle Alain Aubert, directeur académique adjoint dans le Var et référent SNU pour l’académie de Nice, ce succès peut s’expliquer par la présence importante d’unités militaires sur notre territoire.” D’ailleurs, les missions d’intérêt général les plus demandées sont celles que proposent les différents corps en uniforme. Viennent ensuite les fédérations sportives et les associations caritatives.
“Un beau taux de remplissage, grâce à un recrutement sérieux et un engagement de ceux qui travaillent sur le sujet“, loue ainsi Alain Aubert, qui souligne aussi l’importance de s’appuyer sur les adolescents eux-mêmes. Et d’évoquer des initiatives telles que le Club SNU monté par des élèves du lycée Raynouard à Brignoles.
Le Service national universel dans nos départements remplit par ailleurs son objectif de parité – un peu plus de 50% de filles dans le Var, à peine moins dans les Alpes-Maritimes. En revanche, il séduit encore moins les jeunes issus des quartiers prioritaires qu’au niveau national, avec seulement 3 % de volontaires issus de ces secteurs.
Le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) a transmis il y a quelques jours à Sarah El Haïry, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel, son cinquième avis sur le déploiement du dispositif.
Il alerte sur plusieurs points: l’image du SNU véhiculée auprès du grand public et des jeunes, la forte tension sur les équipes déployant le dispositif et encadrant les jeunes, son coût élevé, la gouvernance trop peu ouverte aux partenaires et enfin l’opposition d’une partie importante de la jeunesse au dispositif.
Pour répondre à ces inquiétudes, le COJ préconise aussi une quarantaine de mesures sur plusieurs thématiques. En tête, la mixité et l’ouverture à tous les jeunes, pour l’heure trop faible. Le Comité propose aussi de s’appuyer d’avantage sur les associations et les collectivités territoriales. Il enjoint aussi à une meilleure articulation du SNU, avec les autres dynamiques d’engagement, telles que le service civique.
Autant d’éléments qu’on pourrait retrouver dans la nouvelle mouture du SNU, pour qu’il obtienne, peut-être enfin, le succès espéré par Emmanuel Macron.
Députée du Var dans la septième circonscription lors de la précédente législature, Émilie Guérel était, en 2018, coautrice d’un rapport parlementaire sur le Service national universel. Un travail qu’elle poursuit désormais sans écharpe en tant que fonctionnaire. Interview.
Généraliser le Service national universel, ça veut dire quoi exactement?
Ça veut dire faire en sorte qu’il y ait plus de volontaires. Pour ça, il existe deux voies. La première consisterait à monter en puissance avec une communication plus forte et dynamique afin de faire adhérer plus de jeunes. La seconde serait de rendre obligatoire, sur le temps scolaire, les douze jours de cohésion. C’est dans les mains du Président, qui tranchera.
Selon l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, seul 7,4% des jeunes volontaires au Service national universel sont issus des quartiers prioritaires dans la politique de la ville (QPV). Comment faire mieux?
Il est vrai qu’il faut que nous arrivions à attirer plus de ces jeunes. Pour cela, il y a, une nouvelle fois, la communication, notamment via les réseaux sociaux qu’ils utilisent: TikTok, Instagram… Mais je crois aussi qu’il nous faudrait nous appuyer davantage sur les associations de ces quartiers.
Dans ce contexte, en quoi consiste votre mission?
Je me suis occupée d’un “Retex”, c’est-à-dire un retour d’expérience, national, organisé par les Délégations régionales académiques à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, qui établissent des rapports à la fin de chaque séjour de cohésion.
Et ces retours, que vous ont-ils appris?
C’était très intéressant car ils ont notamment montré que même les volontaires les plus réticents – ceux inscrits par leurs parents la plupart du temps – ont fini par adhérer. En général, ce qu’ils préfèrent c’est la rencontre avec d’autres jeunes, le cadre et le port de l’uniforme.
Concernant la question des centres pour les séjours de cohésion justement, il en existe aujourd’hui 148 à travers la France. Y a-t-il suffisamment de possibilités pour en ouvrir d’autres?
C’est le Bureau de la logistique qui s’occupe des centres. Un audit a été lancé auprès des préfets afin de faire une évaluation du bâti qui pourrait être disponible.
Dans le projet de loi de finance 2023, le budget alloué au SNU passe de 30 à 140 millions d’euros…
Le Service national coûte 1.280 euros par volontaire. De la tenue à l’hébergement en passant par le transport. Si on veut, à terme, arriver à 8.000 volontaires par an, le budget dédié augmentera de facto.
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