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le 30 janvier 2023
Washington DC : Le 25 janvier 2023, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé les consultations [1] au titre de l’article IV avec la France.
La France a connu une solide reprise après le choc de la COVID-19 mais est aujourd’hui confrontée aux répercussions de la guerre menée par la Russie en Ukraine. En 2021, l’activité a enregistré un rebond de 6,8 % et renoué avec ses niveaux d’avant la crise. La reprise a été généralisée et plus rapide que dans la plupart des autres pays européens. Même si la France est moins directement exposée au choc énergétique, cette reprise est freinée par la guerre en Ukraine qui ébranle la confiance et exacerbe les difficultés liées à l’offre. Les services du FMI s’attendent à une croissance de 2,6 % pour 2022. L’inflation a considérablement augmenté au cours de l’année écoulée, en raison des goulets d’étranglement sur les chaînes d’approvisionnement et du choc des prix de l’énergie, mais reste bien inférieure à celle des pays comparables grâce aux contrôles des prix énergétiques et aux subventions. En raison de ces mesures et d’autres visant à soutenir le pouvoir d’achat, le déficit budgétaire reste élevé malgré la diminution progressive des aides publiques accordées dans le cadre de la COVID-19. Même si l’utilisation des capacités reste inférieure aux niveaux d’avant la crise, les conditions se sont encore resserrées sur le marché du travail. Le secteur bancaire a bien surmonté la crise, mais les risques qui pèsent sur la stabilité financière s’accentuent.
L’important soutien budgétaire apporté en réponse au choc des prix de l’énergie a amorti l’impact sur l’économie, mais s’est avéré coûteux, peu ciblé et source de distorsions. Représentant au total 2 % du PIB en 2021-22, ce soutien a été axé sur les ménages et distribué essentiellement au moyen de mesures relatives aux prix énergétiques et d’aides qui n’ont pas été ciblés et ont donc coûté cher. Pour 2023, le bouclier tarifaire est relevé de 15 % – les ménages ayant les revenus les plus faibles étant indemnisés par des aides – tandis que le « chèque carburant » plus ciblé, destiné aux ménages dont les revenus sont inférieurs au revenu médian, remplace la « remise carburant ». Parallèlement, les dispositifs pour aider les entreprises à régler leurs factures d’énergie seront renforcés et financés par une nouvelle taxation des rentes infra-marginale et par une contribution de solidarité de la part des producteurs d’énergie. Les aides budgétaires mises en place par la France face aux chocs successifs sur la période 2020-22 ont été rapides et efficaces mais coûteuses : elles ont réduit sa marge de manœuvre budgétaire et creusé l’écart d’endettement public par rapport aux pays comparables de la zone euro.
Les services du FMI tablent sur une croissance de 0,7 % en 2023, tandis que l’inflation persistera au cours des deux prochaines années à mesure que seront assouplis les contrôles des prix. Les risques à court terme sont essentiellement des risques de détérioration liés à une prolongation de la guerre et une escalade des sanctions, à une nouvelle flambée des prix du gaz et de l’électricité, à des ajustements de la politique monétaire plus rapides que prévu en Europe ou ailleurs, et à une accentuation du ralentissement aux États-Unis ou en Chine. À moyen terme, la production augmentera pour s’approcher de son potentiel, mais restera inférieure de quelque 2 points de pourcentage à sa tendance pré-pandémique en raison des séquelles de la pandémie et du choc énergétique. Les autorités considèrent que les réformes du chômage, des retraites et de la formation professionnelle, ainsi que les mesures visant à favoriser l’emploi des jeunes, sont des leviers essentiels pour accroître l’offre de travail et la croissance potentielle. La crise énergétique offre également des possibilités d’accélérer la transition écologique.
É valuation du conseil d’administration [2]
Les administrateurs souscrivent aux grandes lignes de l’évaluation des services du FMI. Ils notent que la France a connu une forte reprise économique au lendemain du choc de la COVID-19, mais fait maintenant face à de forts vents contraires. Même si elle a été moins touchée que la plupart des pays de l’UE par la crise énergétique, en raison de sa moindre dépendance à l’égard du gaz russe et de ses fortes aides publiques mises en place, l’activité économique ralentit considérablement et l’inflation restera persistante à mesure que les contrôles des prix énergétiques seront assouplis. Les administrateurs soulignent que les risques sont essentiellement des risques baissiers liés à d’éventuels impacts supplémentaires de la guerre menée par la Russie en Ukraine, à un resserrement monétaire plus rapide que prévu et à une accentuation du ralentissement mondial.
Les administrateurs saluent l’efficacité des mesures budgétaires prises face au choc énergétique pour limiter son impact sur la production et l’inflation, mais remarquent qu’en étant essentiellement non ciblées, elles pèsent sur le déficit budgétaire et diminuent les incitations à réduire la consommation d’énergie. Même si de nombreux administrateurs souscrivent à la recommandation des services du FMI de procéder à un modeste resserrement budgétaire en 2023, notamment en accélérant l’élimination graduelle des contrôles des prix de l’énergie et en ciblant mieux les aides publiques, un certain nombre d’administrateurs jugent utile de procéder à un ajustement plus progressif, en subordonnant l’abandon des contrôles des prix à l’évolution du marché et aux mesures prises à l’échelle régionale. Les administrateurs conviennent généralement qu’à moyen terme, un fort assainissement budgétaire axé sur les dépenses sera essentiel pour reconstituer les marges de manœuvre et ramener la dette sur une trajectoire résolument à la baisse, tout en laissant un espace suffisant pour accélérer les investissements dans les transitions écologique et numérique. Notant que la mise en œuvre des projets de réforme des allocations de chômage et des retraites pourrait en partie contribuer à l’ajustement nécessaire, ils soulignent la nécessité d’entreprendre d’autres réformes, notamment pour rationaliser les dépenses fiscales et améliorer l’efficience des dépenses.
Les administrateurs constatent que le secteur bancaire a solidement résisté à la crise, mais que les risques pesant sur la stabilité financière mondiale s’accentuent, notamment en raison de l’impact du ralentissement économique sur les bilans des entreprises, de l’augmentation du risque de crédit lié aux secteurs à forte intensité énergétique et touchés par l’inflation, et d’un éventuel ralentissement sur le marché immobilier. Les administrateurs soutiennent la décision des autorités de renforcer les amortisseurs contracycliques pour se prémunir contre l’accumulation de risques pour la stabilité financière, mais avertissent que ce coussin devrait être rapidement libéré en cas de détérioration soudaine des conditions financières.
Les administrateurs exhortent à la poursuite des mesures visant à réduire les tensions sur le marché du travail et à accroître l’offre de travail. Ils saluent la réforme récemment approuvée des allocations de chômage et la réforme imminente des retraites, qui contribueront à accroître l’offre de travail. En outre, les administrateurs recommandent de prendre des mesures pour améliorer les résultats scolaires et améliorer l’adéquation des compétences.
Les administrateurs soulignent l’urgence de la transition vers des sources d’énergie plus propres et plus fiables. Ils soulignent l’importance de rationaliser les procédures réglementaires et judiciaires pour le développement des énergies renouvelables et d’augmenter la tarification du carbone, tout en apportant un soutien aux ménages vulnérables dans le cadre d’un train de mesures climatiques plus vastes.
Les administrateurs félicitent les autorités françaises pour leur rôle de chef de file en matière de coopération multilatérale et attendent avec intérêt de les voir continuer d’assumer ce rôle pour relever les défis auxquels le monde est confronté.
Les prochaines consultations au titre de l’article IV avec la France devraient se tenir selon le cycle habituel de 12 mois.
[1] Conformément aux dispositions de l’article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses pays membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières et s’entretient avec les responsables nationaux de l’évolution et des politiques économiques du pays. De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du conseil d’administration.
[2] À l’issue de ses délibérations, la Directrice Générale, en sa qualité de présidente du conseil, résume les opinions des administrateurs et transmet ce résumé aux autorités nationales. Une explication des termes convenus utilisés communément dans ces résumés est disponible à l’adresse suivante : https://www.imf.org/external/french/np/sec/misc/qualifiersf.htm .
Tableau 1. France: principaux indicateurs économiques, 2019–23
Projections
2019
2020
2021
2022
2023
Secteur réel de l’économie (changement exprimé en %)
PIB réel
1,9
-7,9
6,8
2,6
0,7
Demande intérieure
2,1
-6,7
6,6
3,1
0,5
Solde extérieur (contribution à la croissance du PIB)
-0,3
-1,0
0,0
-0,6
0,1
IPC (moyenne annuelle)
1,3
0,5
2,1
5,9
5,0
Déflateur du PIB
1,2
2,9
1,3
2,6
3,5
Finances publiques (en % du PIB)
Solde budgétaire des administrations publiques
-3,1
-9,0
-6,5
-5,0
-5,3
Recettes
52,3
52,5
52,5
53,5
52,8
Dépenses
55,4
61,5
59,1
58,4
58,1
Solde primaire
-1,7
-7,8
-5,2
-3,2
-3,7
Solde structurel (% du PIB potentiel)
-2,1
-5,8
-5,2
-4,4
-4,5
Dette publique brute
97,4
114,7
112,6
111,6
112,0
Marché du travail (variation en %)
Emploi
0,8
-0,3
1,7
0,4
-0,1
Main-d’œuvre
0,1
-0,7
1,6
0,0
0,0
Taux de chômage (en %)
8,4
8,0
7,9
7,5
7,6
Crédit et taux d’intérêt (%)
Croissance du crédit au secteur privé non financier
5,3
8,1
2,5
3,8
4,2
Taux du marché monétaire (zone euro)
-0,4
…
…
…
…
Rendement des emprunts publics, à 10 ans
0,1
…
…
…
…
Balance des paiements (en % du PIB)
Solde des transactions courantes
0,5
-1,8
0,4
-1,5
-1,6
Balance commerciale des biens et services
-0,9
-1,8
-1,2
-1,7
-1,5
Exportations de biens et services
32,7
28,4
31,2
39,3
40,7
Importations de biens et services
-33,6
-30,2
-32,4
-41,1
-42,2
IDE (nets)
1,1
0,2
-0,4
0,4
0,8
Réserves officielles (en milliards de dollars)
69,7
…
…
…
…
Taux de change
Euro pour un dollar, moyenne de la période
0,89
…
…
…
…
TCEN, exprimé en coût unitaire de main d’œuvre (2005 =100, +=appréciation)
97,1
…
…
…
…
TCER, basé sur les coûts unitaires de main d’œuvre
2005=100, +=appréciation)
90,2
…
…
…
…
Production potentielle et écart de production
Production potentielle (changement exprimé en %)
1,0
-3,3
3,7
1,5
1,0
Pour mémoire : par personne en âge de travailler
1,2
-3,2
4,1
1,5
1,0
Écart de production
0,0
-4,7
-1,9
-0,8
-1,1
ATTACHÉ DE PRESSE: Camila Perez
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