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Juliette Bénabent
Publié le 29/01/23
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Didier Sicard.
Jean-Francois Robert pour Télérama
Le débat semble sans fin. Promises puis abandonnées par François Hollande, envisagées avec prudence et lenteur par Emmanuel Macron, les propositions légales sur la fin de vie se font attendre. En septembre, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a publié un avis ouvrant la voie à une libéralisation de l’euthanasie. Depuis, cent quatre-vingt-cinq citoyens ont été tirés au sort pour participer à une convention citoyenne sur le sujet, dont les travaux ont débuté en décembre, avant une loi prochaine.
Cette réflexion habite depuis longtemps le professeur Didier Sicard, 84 ans, qui durant toute sa carrière de médecin s’est interrogé sur la fin de vie, sa place au sein de la société, les responsabilités des médecins vis-à-vis des mourants. Ancien chef de service à l’hôpital Cochin, ancien président du CCNE, auteur d’un rapport sur la fin de vie en 2012, ce collectionneur d’art contemporain livre ses réflexions au crépuscule d’une vie et d’une carrière animées par la passion du questionnement.
Une convention citoyenne sur la fin de vie, est-ce la solution ?
Ce n’est pas une nouveauté : la commission que je présidais en 2012 allait déjà au-devant des citoyens. Le procédé est par nature démocratique, mais, sur un sujet si sensible, le défi est de réussir à recueillir une parole collective nuancée, libre, sans influence. Il est crucial que l’écoute préside à ces échanges, sans que des leaders d’opinion très militants écrasent le débat, avec leur talent oratoire et la force de leurs convictions. Nous sommes presque devant un oxymore : comment articuler la dimension collective de la fin de vie avec l’intimité qui lui est inhérente ? Sur l’impôt sur la fortune ou les retraites, on peut avoir des positions tranchées. Sur la fin de vie, moi qui n’en suis aujourd’hui pas loin, j’ai passé mon temps à osciller entre la nécessité, parfois, d’abréger des souffrances et une interrogation profonde, existentielle, sur le sens de notre présence, à nous médecins, quand la thérapie devient impossible. Toute ma vie, j’ai enseigné aux étudiants que leur métier de médecin commençait là où ils devenaient impuissants.
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