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DANS LE RETRO. Il y a trente ans, Malik Oussekine mourait sous les coups de la police – Le Parisien

Fin novembre 1986. Les étudiants sont dans la rue, à Paris comme en province, contre un projet de loi porté par le ministre délégué à la Recherche et à l’Enseignement supérieur Alain Devaquet. Conforme à la ligne libérale portée par le Premier Ministre Jacques Chirac, le texte veut autonomiser les universités : sélection à l’entrée en premier cycle, dérégulation des frais d’inscription et des diplômes. Un projet qui ne passe pas pour les organisations étudiantes. La protestation s’étend aux lycéens, que la sélection concerne au premier chef. Le spectre de mai 68 rôde.
Les journées de mobilisation s’enchaînent. Le 4 décembre, entre 150 000 et 1 million de personnes défilent entre les places de la Bastille et des Invalides à Paris. Les médiations entre gouvernement et représentants étudiants tournent court, et déjà la manifestation du 4 décembre dégénère. Malgré un service de sécurité musclé et attentif à conserver l’esprit « bon enfant » du défilé, certains s’affrontent violemment avec la police.
Des blessés légers et graves, des voitures incendiées… C’est l’œuvre de groupes marginaux, ceux que l’on continue à désigner par le terme générique de « casseurs ». Ils sont rarement étudiants, et profitent de la manifestation pour semer la confusion. La manifestation du lendemain s’effectue dans une ambiance électrique, tendue, et dégénère à son tour. La préfecture de police fait appel à ses « voltigeurs motoportés» pour couper court à tous débordements. Cette unité, créée à la suite des évènements de mai 68, se compose de duos de policiers à moto. L’un conduit, l’autre brandit sa matraque, et ils peuvent ainsi dissoudre les grappes d’individus violents restés après les défilés.
C’est le chemin de cette brigade que croise Malik Oussekine le 5 décembre. Le Franco-Algérien a 22 ans et étudie dans une école de commerce pour être promoteur immobilier, après une capacité en droit passée à la Sorbonne. Malik est le dernier de sa famille, protégé par sa mère et ses sept frères et sœurs, qui ont tout fait pour qu’il puisse étudier, jusqu’à lui trouver une petite chambre de bonne dans le 17e arrondissement. C’est un élève sérieux, peu politisé.
Trente ans plus tard, la raison de la présence de Malik ce soir là rue Monsieur-le-Prince, dans le 6e arrondissement, n’est toujours pas claire. Selon notre édition du 8 décembre 1986, il se serait attardé après la manifestation. Les voltigeurs l’auraient identifié comme faisant partie d’un groupe violent, qui aurait jeté des projectiles sur les forces de l’ordre. Tard dans la nuit, ils le prennent en chasse, le jeune homme fuit, parvient à s’introduire au numéro 20 de la rue.
C’est Paul Bayzelon, un fonctionnaire du ministère des Finances, âgé à l’époque de 24 ans, qui le fait entrer dans le bâtiment. Mais il n’arrive pas à refermer la porte assez vite. Les policiers ont suivi Malik, et très vite, les coups pleuvent. Le jeune homme s’effondre, supplie. Les coups ne s’arrêtent pas, une véritable « ratonade » selon Paul Bayzelon, qui essuie quelques coups à son tour. Il arrive à extirper sa carte du ministère, les policiers partent. Malik Oussekine est mort.
Quand la nouvelle de son décès se répand, le mouvement étudiant change de visage, et porte le deuil de celui dont on ne sait pas vraiment s’il était l’un des leurs. Les étudiants retrouvent la rue, mais les slogans ont changé : on entend résonner désormais « Pasqua assassin », du nom du ministre de l’Intérieur de l’époque. Celui qui a porté la mesure, le ministre de l’Enseignement supérieur Alain Devaquet, démissionne dès le samedi 6 décembre.
Les étudiants sont sous le choc, et tentent d’éloigner les casseurs de leurs défilés, mais une fois encore, la manifestation dégénère : CRS et jeunes en viennent aux mains. 68 personnes sont blessées, des voitures brûlées, des vitrines brisées. Les organisations étudiantes continuent d’appeler à la mobilisation pour le mercredi suivant, et sont rejoints par les organisations syndicales.
Le premier Ministre Jacques Chirac, soucieux d’apaiser la jeunesse, annonce le 8 décembre qu’il retire la loi Devaquet, arguant que l’adaptation des universités qu’il souhaitait « ne peut se faire que dans le calme ». La rue a gagné, mais les polémiques autour de la mort de Malik Oussekine ne font que commencer. La version officielle veut que le jeune homme ait succombé à une « décompensation cardiaque créée par l’état pathologique rénal antérieur du patient ». Malik souffrait des reins, et cela l’aurait tué selon l’institut médico-légal, qui ne constate pas de traces de violences sur son corps.
Ce n’est pas l’avis de la famille Oussekine, qui dépêche un médecin à l’hôpital le lendemain de l’annonce du décès. Celui-ci, le docteur Fortin, ne peut pas examiner le corps, seulement l’apercevoir « à travers une vitre », rapporte Le Parisien. Mais c’est suffisant pour qu’il remarque des hématomes sur le visage de Malik. L’avocat de la famille, le déjà célèbre Georges Kiejman, fait état de rapports du SAMU contradictoires avec la version officielle. Le procureur de la République tente de couper court à la polémique en rendant publique l’autopsie et déclare que les « violences n’expliquent pas à elles seules le décès ». Pour Georges Kiejman, c’est pourtant suffisant : les violences, et leurs auteurs, sont responsables de la mort de Malik.
Robert Pandraud alors ministre délégué à la Sécurité, alimente la controverse en déclarant : « Si j’avais un fils sous dialyse, je l’empêcherais de faire le con la nuit ».
La contre-expertise commandée par la famille infirme les premières conclusions, et établit un lien direct entre les coups portés et la mort de Malik, et révèle un hématome dans le dos et une plaie à la tête, passés sous silence lors de la première autopsie. Une enquête est ouverte par le parquet de Paris, pour « recherche des causes de la mort » le dimanche 9 décembre. Rapidement, des membres de la brigade des « voltigeurs » motorisés sont entendus par l’Inspection Générale des Services, la police des polices. Si aucune responsabilité personnelle n’est à ce moment établie, l’ensemble de la brigade est en suspens : le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua annonce que son utilisation sera à l’avenir restreinte. Finalement, le bataillon sera dissous.
Deux policiers de la brigade des « voltigeurs » sont inculpés de « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». En janvier 1987, Christophe Garcia, 23 ans, gardien de la paix, reconnaît avoir été présent rue Monsieur-le-Prince le soir du 5 décembre. S’il se souvient avoir échangé des coups avec Malik, il ne parvient pas à identifier les collègues présents à ses côtés. La même amnésie solidaire frappe Jean Schmitt, un brigadier-chef « voltigeur », quand il est inculpé en avril.
Malik est enterré le 21 décembre au cimetière du Père Lachaise dans l’intimité familiale et en présence de quelques personnalités politiques parmi lesquelles Gilles Ménage, directeur adjoint du cabinet du président Mitterrand, ou un certain David Assouline, futur sénateur PS de Paris et à l’époque leader étudiant. Plus tard, des centaines d’anonymes se succèdent…
Le procès des policiers s’ouvre après trois ans d’enquête, le 22 janvier 1990. Devant le tribunal de Paris, les leaders étudiants appellent à se rassembler pour protester contre l’acharnement policier, quand les forces de l’ordre sont appelés à venir soutenir leurs collègues, « injustement accusés » selon des tracts distribués à l’époque. Pendant sept jours, la cour d’assises passe au crible les évènements de la rue Monsieur-le-Prince. Si le gardien de la paix Garcia admet avoir frappé de « trois coups » Malik, son collègue Jean Schmitt nie jusqu’à avoir pénétré dans l’immeuble. Selon son avocat, un pavé reçu sur la poitrine l’aurait empêché d’y entrer. Et le conseil va jusqu’à sortir un pavé en pleine audience.
Paul Bayzelon est lui formel : « Ils le frappent, tous les deux, sur la tête à coups de matraque ! » Le jeune fonctionnaire raconte comment il trouve une arme près du corps de Malik, celle du brigadier Schmitt. Et comment les policiers se mettent à le frapper après avoir récupéré l’arme en question.
Le 28 janvier 1990, les policiers sont reconnus coupables de coups mortels. Mais ils bénéficient de circonstances atténuantes, car ils ne sont condamnés qu’à deux et cinq ans de prison avec sursis. Du côté de la famille Oussekine, c’est l’indignation. Me Kiejman parle de verdict « pédagogique » pour les policiers, estimant que la responsabilité de la hiérarchie policière a été prise en compte. Les organisations étudiantes, dont l’UNEF et le MRAP, se rassemblent sur les lieux du drame pour protester contre le verdict.
Même lieu, mêmes visages vieillis de 20 ans. Ce 6 décembre 2006, au 20 rue Monsieur-le-Prince, la mairie de Paris inaugure une plaque commémorative en l’honneur de Malik, en présence de sa famille. L’initiative a été prise par le sénateur PS de Paris David Assouline, soutenue par le maire Bertrand Delanoë. L’un des frères de Malik, Amar, estime que cette plaque est un moyen de ne pas oublier les victimes de violences policières. Pourtant, sur la plaque qui rend hommage à Malik, « frappé à mort », nulle trace de l’implication de la police.
L’affaire Malik Oussekine aura laissé des traces visibles, en politique et dans les rangs de la police. Charles Pasqua ira même jusqu’à dire que les choix de Jacques Chirac et de son gouvernement dans cette affaire lui ont coûté l’élection présidentielle en 1988. En 2014, c’est la patronne des Verts, et actuelle ministre du Logement Emmanuelle Cosse qui fait le parallèle avec le décès de Rémi Fraisse, ce militant écologiste mort en après une manifestation à Sivens dans le Tarn.
Pour d’autres, le véritable « syndrome Malik Oussekine » se vit dans les rangs de la police. La suppression du peloton des « voltigeurs » n’était que le premier pas. Trente ans plus tard, le fantôme de l’étudiant franco-algérien continue de planer dans l’inconscient des forces de l’ordre qui veulent à tout prix éviter un autre drame. David Dufresne, journaliste, écrit même dans son livre « Maintien de l’ordre » que « rien n’est plus central dans la doctrine française du maintien de l’ordre que ce drame qui s’est déroulé dans les quelques mètres carrés du hall d’un immeuble parisien ».
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