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Par : Davide Basso | EURACTIV France
27-01-2023 (mis à jour: 27-01-2023 )
Après le choix du texte d’orientation par le vote des 27, 28 et 29 janvier, les communistes auront à discuter localement et faire remonter leurs propositions entre février et avril pour amender la ligne retenue, avant le congrès national du 7 au 10 avril, qui désignera le secrétaire national. [Shutterstock/Cineberg]
À partir de vendredi (27 janvier), les militants du Parti communiste français (PCF) sont appelés à se prononcer sur la ligne du parti, dont le congrès se clôturera par la désignation du secrétaire national en avril prochain. Les deux orientations s’opposent notamment sur les stratégies vis-à-vis de la NUPES et la hiérarchisation des combats à mener.
Outre la « Base commune », proposée par la direction sortante de Fabien Roussel, un texte alternatif, « Urgence de communisme », a été présenté à l’occasion du congrès 2023 du Parti communiste français (PCF). Parmi les signataires de ce dernier, l’on retrouve l’ancien secrétaire national Pierre Laurent, la députée Elsa Faucillon ou encore l’ancienne ministre Marie-George Buffet.
Sur le fond d’abord, les lignes divergent dans l’appréhension des luttes à mener pour le parti. Le texte défendu par la direction sortante n’établit « pas de hiérarchie entre les combats », explique Igor Zamichei, membre du Conseil national du Parti, à EURACTIV France.
En revanche, il considère qu’ « il faut aborder les combats sociétaux avec des revendications qui parlent au salariat dans son ensemble ». Le risque étant de tomber dans une approche identitaire ou communautaire, alors que l’important est la « vocation majoritaire des revendications, d’abord pensées pour le monde du travail et le salariat ».
Lors de la Fête de l’Humanité, placée sous le signe de l’union des gauches, se sont préparées les mobilisations sociales contre la vie chère et l’action du gouvernement. Un événement entaché par quelques polémiques, sur le travail et les droits de l’homme. EURACTIV France était sur place.
Le texte alternatif appelle à ne pas se limiter à la question sociale, mais « à travailler aussi sur le reste, comme sur l’écologie, pour une meilleure prise en compte des aspirations de la société », indique Julien Zoughebi, proche de Pierre Laurent, à EURACTIV France.
Autrement dit, la ligne de la direction sortante est « davantage tournée sur les rapports économiques et sociaux et cette question sociale prévaut sur le reste », décrypte un ancien cadre du PCF pour EURACTIV France. Tandis que l’orientation alternative tend plutôt à mettre « les luttes sur le même pied, qu’elles soient sociales, sociétales, féministes, antiracistes », explique-t-il.
Mais, selon cette même source, « le congrès de 2023 sera avant tout un débat tactique », notamment concernant les stratégies d’alliance et l’attitude à tenir envers la NUPES. Il y a d’abord « une différence d’appréciation du bilan de la direction sortante, notamment concernant l’élection présidentielle », explique cet ancien dirigeant.
Pour les soutiens du texte de la Base commune, « les idées communistes – sur le travail, la République, l’énergie, l’écologie – ont été au cœur du débat public grâce à la présence de Fabien Roussel à l’élection présidentielle même si le résultat n’était pas à la hauteur des espérances », analyse M. Zamichei.
Or « il y a encore beaucoup de travail car le score de 2 % à l’élection présidentielle pose question », avance M. Zoughebi, pour le texte alternatif.
La présence et le résultat à l’élection présidentielle vont de pair avec les élections législatives et la naissance de la NUPES, la coalition scellée par le PCF avec les écologistes (EELV), les socialistes (PS) et La France insoumise (LFI).
Selon M. Zamichei, la NUPES a permis une « meilleure présence de la gauche dans le débat public, mais elle ne la fait pas progresser », les forces de gauche stagnant autour d’un quart des suffrages exprimés.
La direction sortante souhaite donc continuer de « travailler avec les autres forces de gauche mais sans la domination d’une d’entre elles sur la coalition, comme c’est aujourd’hui le cas avec LFI », explique M. Zamichei, selon qui « l’alliance doit se transformer pour attirer ceux qui aujourd’hui ne votent pas à gauche », notamment dans les classes populaires.
Mais, pour les partisans du texte alternatif, « être dans la NUPES ne signifie pas se diluer », veut croire M. Zoughebi, selon qui « le PCF n’est jamais si fort que quand il y a une union de la gauche ».
Le fonctionnement actuel de la NUPES ne permet pas, selon Igor Zamichei, de pallier de manière satisfaisante les divergences sur le fond avec les partenaires de l’alliance, comme le rapport au travail, la République ou encore le nucléaire. D’où la nécessité qu’une évolution se fasse sur le fonctionnement de la NUPES, sur les questions de stratégie politique également, dont « la relation aux syndicats » – le PCF refusant que le politique récupère ou parasite l’agenda syndical – ou encore la « fédéralisation de la NUPES », qui aboutirait à un effacement des identités propres des parties à la coalition.
En résumé, témoigne l’ancien cadre du parti, ce qui se joue est d’une part l’ « indépendance du PCF » vis-à-vis des partenaires de gauche, notamment de LFI, et d’autre part la manière de faire de la politique pour assurer « l’existence du parti dans les médias, le débat public et les élections », et ainsi porter et faire perdurer les combats propres au communisme.
Après le choix du texte d’orientation par le vote des 27, 28 et 29 janvier, les communistes auront à discuter localement et faire remonter leurs propositions entre février et avril pour amender la ligne retenue, avant le congrès national du 7 au 10 avril, qui désignera le secrétaire national. Pour la Base commune, Fabien Roussel reste le candidat à ce poste, tandis que pour le texte alternatif le choix sur la personne devrait intervenir dans les prochaines semaines.
Alors que certains souhaitent une liste commune de la gauche aux élections européennes de 2024, d’autres opposent des différences trop importantes entre les membres de la coalition NUPES sur les sujets européens et internationaux, comme Yannick Jadot mercredi (31 août).
