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Comment mettre des mots sur sa souffrance? – Le Figaro

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ENQUÊTE – Il est souvent difficile d’exprimer à l’oral ses maux. L’écriture d’un journal intime apparaît alors comme un exutoire.
D’autres sortiraient leurs écouteurs. Cyprien, en classe de Terminale, se réjouit pour sa part du retard de son bus qui lui permet «quelques secondes de prendre du recul». Ni une ni deux, il sort un carnet et se met à consigner ses pensées, les «croquant sur le vif», comme elles lui viennent.«Je fais parfois des phrases à rallonge, sans trop de but.» Ce mécanisme se reproduit régulièrement: «Cela m’arrive de paniquer par exemple. Condenser cette émotion en quelques mots me permet d’en garder la mémoire, et de mieux la gérer la fois d’après». Et d’ajouter: «En fait, l’écriture me fait amasser encore plus d’expérience humaine.»
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Il y a le journal très protocolaire, qui recense les faits et les gestes de la journée. Et puis il y a le journal intime dans lequel l’auteur s’investit davantage, confie sa peine et sa souffrance. Selon une étude de Karen Baikie et Kay Wilhelm (2005), des participants décrivant chaque jour pendant quinze minutes un traumatisme vécu ont vu leur état de santé nettement s’améliorer. L’écriture serait donc une échappatoire?
Alexia, 25 ans, explique que l’écriture d’un journal intime lui a permis de «s’accorder une existence et une légitimité, garder le fil et rester libre coûte que coûte», dans un climat familial extrêmement violent. «Petite, je savais qu’à tout moment ça pouvait frapper et hurler, alors j’ai commencé à écrire pour ne pas mourir intérieurement.» Et de préciser: «Ce n’était pas un anesthésiant mais un exutoire. J’ai aujourd’hui le sentiment de m’être évadée d’une prison.» Vivian, 23 ans, définit également le journal intime comme «une façon de s’échapper». C’est confiné entre quatre murs pendant la pandémie, dans une relation amoureuse étouffante, qu’il a commencé à écrire pour se trouver un espace à lui.
L’écriture, dans ces cas-là, est presque automatique. Son auteur ne se soucie ni du style ni de sa relecture. Nayla Chidiac, docteure en psychopathologie et auteure du livre Les Bienfaits de l’écriture (Odile Jacob), parle de «nécessité impérieuse». C’est ce flot impulsif de l’écriture qui permet de mettre en lumière des éléments voilés jusqu’alors. «Lorsqu’on écrit spontanément, sachant que nous sommes notre seul lecteur, que ni la quantité ni la qualité n’importent, il arrive que des expressions ou des mots obscurs, mystérieux, adviennent», explique-t-elle dans son ouvrage. Lorsque Karin s’est fait diagnostiquer une forme rare de cancer du sang, la rédaction quotidienne d’un journal de bord en ligne a été une évidence. «Quand j’écris, c’est une bombe, ça vient comme ça vient», dit-elle. Rien d’étonnant pour cette ancienne journaliste: «J’adore écrire, je suis née pour ça».
« Lorsqu’on écrit spontanément, il arrive que des expressions ou des mots obscurs, mystérieux, adviennent »
Mais comment nommer l’indicible? Parfois, se confier à un carnet relève encore de l’impossible. Pour Alexia, l’écriture brute n’est pas tout le temps la norme: «Cela peut prendre la forme d’un poème.» Dans les ateliers d’écriture thérapeutique de Nayla Chidiac, «les mots souffrance, douleur, espérance, croyance reviennent beaucoup». Mais souvent, on doit lire à travers les métaphores. Karin raconte que sa maladie a fait d’elle «un croisement entre une tortue et un paresseux», rappelant malicieusement que «la tortue va plus vite qu’on ne le pense».
Ce qui revient chez toutes les personnes interrogées, c’est la capacité qu’offre le journal intime à «mettre des mots sur des maux». Au lieu de refouler la souffrance, l’écriture «nous amène à la position de témoin», pour Nayla Chidiac. «Elle sert à fixer ses idées, s’organiser, méditer, apaiser, interroger le présent, taire la douleur sans l’étouffer.» C’est un recul particulièrement précieux à une époque du numérique où «tout doit aller de plus en plus vite (…) et où notre capacité à penser est sacrifiée sur l’autel de l’instantané», explique la psychologue clinicienne. «J’écris pour faire le point, ou pour faire le vide», confirme Alexia.
La jeune femme partage désormais son histoire sur Instagram: «Cela touche des gens que je ne connaissais pas.» Et d’ajouter: «J’ai le souci de faire quelque chose de vrai et d’authentique.» Sur les réseaux sociaux, l’écriture est le plus souvent spontanée, et surtout très crue. Nombreux sont ceux à en effet partager leur vie, mais sous anonymat, prolongeant de fait le caractère intime du journal sous pseudo. Ainsi, un internaute aux milliers d’abonnés sur Twitter peut partager son quotidien et demander de l’amour à ses internautes tandis qu’une autre, nommée «Elle», peut librement parler de sa relation extraconjugale.
L’intimité n’est plus, paradoxalement, privée. Par le biais de l’écriture, les adeptes du journal intime donnent alors envie à d’autres d’écrire à leur tour pour surmonter leur souffrance. Karin espère ainsi aider par son blog les personnes atteintes de la même maladie qu’elle: «L’idée est de drainer les gens à l’état d’esprit positif que j’essaie de leur transmettre, car paradoxalement plus on en parle et moins on laisse de place à la maladie.»
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