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"Une somme humaine" : le long fleuve intranquille de l'Haïtien Makenzy Orcel – Marianne

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Publié le 07/11/2022 à 15:30
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Il a fallu quatorze tours de scrutin pour faire de Brigitte Giraud la lauréate du prix Goncourt 2022 contre un l’an passé avec Mohamed Mbougar Sarr, élu à l’unanimité. Autant dire que cette année, la compétition a été serrée. Makenzy Orcel y a cru jusqu’au bout, et ses lecteurs aussi, lui qui avait été retenu dans la shortlist pour son livre Une somme humaine (Rivages). Mais le jeune écrivain de 39 ans a le temps devant lui. Il ne fait aucun doute en attendant que son roman pouvait prétendre au Goncourt et il faut le lire.
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D’abord parce que, à l’instar de La plus secrète mémoire des hommes (Philippe Rey) de Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021, Une somme humaine place haut la barre de l’exercice littéraire. Amoureux de la langue française, Makenzy Orcel l’a faite sienne au point d’en maîtriser tous les registres et de les dépasser. Poétique, romanesque, épistolaire, cinématographique, elle épouse bien des formes dans ce roman, oscille entre le langage soutenu, le verbe cru et l’oralité. Une langue en éruption, qui fuse et ne tolère pas ce qui pourrait contenir son ébranlement : comme dans les précédents romans de l’auteur, c’est une prose sans point ni majuscule qui porte le récit.
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Né à Martissant, bidonville de Port-au-Prince, Makenzy Orcel est monté dans le train de la littérature avec la poésie avant de passer au roman. La poésie, ce chantier des mots libre et volcanique, a fait la renommée des écrivains haïtiens, elle a affûté sa plume. Il fallait cette écriture pour donner corps à la vie bien ordinaire que déroule son roman, en faire un champ de bataille et finalement échafauder cette somme humaine à la fois sensible, universelle et philosophique. Cette vie, c’est celle d’une jeune femme, jamais nommée, à qui Makenzy Orcel prête sa voix. Elle vient de se suicider en se jetant sous le métro parisien. Dans ses carnets post-mortem, elle revient sur son existence et les raisons de ce choix, de cette « rupture radicale avec le mensonge du monde ».
Elle a grandi dans un village d’une province française au sein d’une famille sans amour, pétrie de faux-semblants et abêtie par l’alcoolisme mondain, entourée d’individus nuisibles, un oncle odieux qui la viole, un curé sans foi ni loi. Seules la grand-mère bienveillante et une amie, Toi, son alter ego, trouvent grâce à ses yeux. Alors elle fuit ce microcosme étriqué pour projeter sur l’écran noir de sa vie un autre film. Direction la capitale. Mais là aussi, elle ne cesse de trébucher. Elle s’accroche à des bribes de bonheur. Rencontre l’amour fou avec Orcel, un jeune Malien, trêve fragile : Orcel meurt dans l’attentat du Bataclan. Rencontre l’amour destructeur dans les bras de Makenzy, un homme manipulateur, pervers. Il la pousse à s’avilir, elle s’y perd dans cet amour. Une errance qui la mène aux rails du métro.
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Construit en miroir – les lieux, les personnages, les sentiments correspondent souvent avec leurs doubles contraires – ce roman embrasse une comédie humaine amère. Une société française bien-pensante, grise, repliée sur elle-même y est peinte en reflet d’un monde trouble (guerre au Mali, immigration, terrorisme). En se mettant dans la peau de cette femme, Makenzy Orcel démontre une fois encore sa propension à incarner la sensibilité féminine. Il rend hommage dans ce texte à sa mère, pilier de sa vie, cette « héroïne debout dans la tempête au milieu de la nuit veillant sur le sommeil de son fils » « le jour de sa mort, poursuit-il, je suis tombé du ciel, je chute encore »Deuxième volet d’une trilogie née en 2016 avec L’Ombre animale (Zulma), Une somme humaine figure la chute vertigineuse, interroge la place de la mort dans la vie. Cette chute n’est pas terminée, on attend le troisième volet à venir.
Une somme humaine de Makenzy Orcel, Rivages, 624 pages, 22 €
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