Gilda Benjamin | Publié le | Mis à jour le
Tamino ou l’accord parfait entre classique, pop et racines orientales. | © Jeton Bakalli
Oui il sera pour trois dates en décembre au Cirque Royal à Bruxelles. Et non, ce ne sera pas possible car complet depuis des lustres. Résultat : une date ajoutée le 23 mars à Forest National. Mais qui est donc cet Anversois que l’on s’arrache ? Son grand-père, Muharram Fouad, est l’un des chanteurs les plus célèbres d’Égypte, son père est musicien et sa mère mélomane.
Des inspirations parmi d’autres pour celui qui, dès l’adolescence, va s’essayer à plusieurs instruments, pour ensuite apprivoiser à merveille l’oud, donnant à ses compositions des couleurs métissées d’une grande délicatesse. On le compare à Jeff Buckley et Nick Cave mais Tamino (référence de sa maman au prince de « La Flûte enchantée » de Mozart) a déjà imprimé une empreinte unique. Et ce deuxième album enfile les pépites rares, dont le titre « Sunflower » en duo avec Angèle ou l’entêtant « The First Disciple ». Une merveille absolue de bout en bout.
Paris Match. Quel est votre état d’esprit avant cette tournée internationale ?
Tamino. Je suis très heureux mais quand j’écris et compose, je ne pense pas nécessairement à la scène. L’écriture m’apparaît comme un exercice salutaire, même quand je ne suis pas inspiré, comme d’extérioriser quelque chose d’enfoui en moi. Certes, je tiens un journal depuis longtemps mais l’exercice est différent. Une chanson est à la fois plus abstraite et complexe, susceptible de renfermer une multitude de sentiments. Et chaque chanson évolue avec vous, à chaque interprétation l’une ou l’autre de ses facettes apparaît. Écrire et composer prend tout son sens quand vous vous retrouvez face à une foule en intense connexion, une densité de gens qui ne se connaissent pas et pourtant partagent la même émotion.
Avez-vous conscience que votre musique nous semble intemporelle ?
Je compose à la guitare ou au piano et je n’enregistre une version de la chanson qu’une fois celle-ci terminée, sans passer par des arrangements. La technologie n’intervient qu’au moment de la production. Je pense que la combinaison du côté artisanal avec la technique contemporaine donne cette couleur à mes chansons. Mes différentes influences musicales accentuent encore cette impression d’universalité. Je pense que les artistes s’estiment légitimes aujourd’hui de mixer les genres. Je me sens le droit de passer du rock à la pop, de l’électro au classique ou aux sonorités orientales et je suis ravi de vivre une époque d’une telle diversité.
« Il y a des moments où je me sens étouffé et où je cherche à m’échapper. »
Douceur et mélancolie sont-ils les traits dominants de votre personnalité ?
Gentillesse et douceur ne riment pas avec faiblesse. Et la colère peut se justifier dans bien des situations, encore faut-il savoir comment l’exprimer. Il ne faut surtout pas qu’elle prenne le dessus et contrôle votre vie. Enfant, j’étais plutôt colérique, je m’énervais très vite. J’ai appris avec le temps à la canaliser, notamment grâce à la musique et à l’écriture au moment de l’adolescence. Les mots sont alors devenus mon échappatoire. D’où mon envie aussi de parler de liberté, surtout dans cet album. Une chanson comme « You Don’t Own Me » est un appel fervent à la liberté et contre l’oppression. Il y a des moments où je me sens étouffé et où je cherche à m’échapper.
Vous avez connu le succès très vite et très jeune. Quels sont vos gages de protection ?
Mon producteur PJ Maertens m’épaule depuis le début. Quand votre passion prend une tournure professionnelle, vous vous devez d’être bien entouré. Ma famille joue bien sûr un rôle primordial et mon frère est souvent à mes côtés, notamment dans la réalisation de mes derniers clips. J’ai la chance de pouvoir compter sur des personnes qui me sont chères même si ma démarche artistique est par essence solitaire. Le public me donne aussi énormément d’énergie, il me porte d’une façon incroyable, concert après concert. On me demande souvent si mon grand-père m’a beaucoup influencé. Même si j’ai beaucoup d’admiration pour lui, j’ai grandi en Belgique où il n’était pas très connu. Par contre, j’ai souvent eu l’occasion de jouer en Égypte, au Maroc, en Tunisie, en Turquie…
Je ne me suis jamais interrogé sur les raisons de ma passion pour la musique, elles sont multiples et il est sans doute l’une d’entre elles.
Quand avez-vous réalisé que votre voix compterait pour une grande part dans votre signature artistique ?
C’est marrant, autant je peux m’écouter chanter sans problème, autant je hais m’entendre parler ! Honnêtement, je ne considère pas ma voix comme exceptionnelle mais comme un moyen d’expression. Je n’ai pas le sentiment d’avoir découvert un diamant. J’ai du mal à concevoir ce que le public projette ou perçoit dans ma voix, j’essaye juste de rester fidèle à moi-même. Si une énergie particulière circule entre les gens et moi, j’en suis très heureux et reconnaissant. Seul le public la rend si profonde et puissante.
Vous avez d’abord pensé devenir acteur et appréciez, en toue logique, la créativité de David Bowie. Le cinéma est-il encore un rêve ?
Disons qu’il m’intrigue. Si un réalisateur arrivait avec un projet intéressant, je pourrais le considérer. Mais je ne suis pas du genre touche-à-tout. Certes, David Bowie, au-delà du génie, avait une confiance en lui à toute épreuve. J’en ai d’ailleurs discuté avec son producteur Tony Visconti. Pour ma part, je peux faire preuve de confiance en moi quand je suis sur scène devant 15 000 personnes et douter sur des situations aussi simples que de faire de nouvelles rencontres.
Vous avez très tôt trouvé votre propre style, portez du Yamamoto ou du Ann Demeulemeester. La mode est-elle un autre moyen d’expression ?
Je crois dégager, par mon apparence, la même chose qu’avec ma musique, à savoir des racines belges et d’ailleurs. Mais il est vrai que le vêtement signifie beaucoup pour moi, j’adore faire du shopping et rechercher les pièces qui me plaisent. J’assiste volontiers aux défilés de mode. Je n’ai jamais nourri l’ambition de devenir égérie mais j’ai pris beaucoup de plaisir à représenter des noms prestigieux comme Valentino. Dans les années 90, il était presque honteux de participer à des campagnes alors que maintenant tout artiste rêve de représenter une marque ou un parfum. Et puis je vis à Anvers, ce n’est pas anodin, la mode y est partout ou presque.
Mais vous êtes souvent aux USA et principalement à New York.
J’adore y séjourner, on s y sent tellement libre que c’en est presqu’effrayant. Vous pouvez tout vous permettre car tout le monde s’en fiche. C’est assez intéressant mais aussi déstabilisant. De toute façon, avec la très grande tournée qui commence, je ne sais plus très bien où je serai chez moi. Dans mes valises je suppose ?
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