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MA TÊTE ET MOI Le trouble de la personnalité borderline, médiatisé par le procès Amber Heard contre Johnny Depp (l'actrice ayant été diagnostiquée ainsi par une experte), reste mal connu et très stigmatisé
« Tu es folle », « tu es hypersensible », « tu réagis trop », voilà ce que reçoit Hannah, 27 ans, à longueur de journée depuis son adolescence. Parce qu’il arrive à la jeune femme de piquer des colères aussi rapides qu’impressionnantes et d’avoir des pensées suicidaires juste après avoir ressenti des joies intenses, elle a d’abord été diagnostiquée d’une dépression puis d’une bipolarité. C’est seulement des années plus tard que sa psychiatre trouve enfin le nom du trouble qui la hante depuis son adolescence : le trouble de la personnalité borderline.
Entre 3 et 4 % de la population française souffrirait, de manière plus ou moins forte, de ce trouble, également appelé état limite. Comment le différencier d’une personnalité compliquée mais non pathologique ? Pierre Nantas, psychothérapeute, Marie Besegai, psychologue clinicienne et Mab Attari-Fricker, docteure en psychologie clinique, nous donnent quelques éléments de réponse.
« Il ne s’agit pas d’une maladie psychiatrique mais d’un trouble de l’humeur », précise Pierre Nantas, président de l’association pour la formation et la promotion de l’état limite (AforPEL). Pour diagnostiquer ce trouble, les médecins se basent sur les critères retenus par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) et doivent en retenir au moins cinq sur les neuf, même s’« il y a autant de façons de vivre le trouble que d’humains », rappelle Marie Besegai.
La peur de l’abandon et, plus globalement, la peur du rejet sont très marquées chez les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité borderline. Elles vont tester en permanence leur entourage. Hannah, par exemple, peut faire des crises de colère très marquées si son compagnon ne lui donne pas de nouvelles de la soirée. Tout en sachant que sa réaction est démesurée. Car l’absence de demi-mesure est prégnante chez les personnes atteintes du trouble borderline. Elles aiment beaucoup ou plus du tout, vont très mal ou très bien et cette humeur peut changer au cours de la journée.
« Le borderline a une très mauvaise image de lui-même. Il se sent nul de manière permanente », ajoute Marie Besegai. La difficulté à gérer ses émotions et le vide intérieur que la plupart des personnes atteintes d’un état limite ressentent peuvent conduire à des comportements dangereux, comme des pratiques sexuelles à risque, des addictions à des drogues ou des troubles des conduites alimentaires.
Si tout le monde peut avoir des excès de colère, des périodes de moins bien juste après des moments de joie et être parfois impulsif, tout le monde n’est pas atteint d’un état limite pour autant. « Ce qui caractérise le trouble de la personnalité borderline, c’est l’extrême. La colère, par exemple, est démesurée, explique Pierre Nantas. Ces moments de colère sont complètement inappropriés et disproportionnés. »
La personne peut s’emporter contre des objets, voire contre elle-même avec des scarifications ou des tentatives de suicide. Elle porte beaucoup plus rarement sa fureur contre les autres. « Il y a ce cliché qui perdure selon lequel la personne borderline est violente et dangereuse mais ce n’est pas vrai du tout », confirme la psychologue.
« Les personnes atteintes d’un trouble borderline vont vivre leurs émotions plus intensément et plus longtemps que les autres, analyse Marie Besegai, psychologue clinicienne. Une situation qui, aux yeux d’autrui, semble anodine, peut soulever beaucoup de choses et provoquer des émotions très fortes qui vont persister pendant plusieurs heures voire plusieurs jours. »
Par exemple, si on perd un vêtement, on peut se sentir triste et en colère pendant quelques minutes puis ces émotions vont disparaître. « Chez les personnes ayant un état limite, cette situation peut activer des pensées du type “je suis nul. Je n’arrive jamais à rien garder. Je n’arriverai à rien dans ma vie.” » Plus les pensées sont négatives et plus l’émotion sera intense et durera.
Même si les causes du trouble borderline ne sont pas toutes connues à ce jour, des facteurs pourraient jouer sur son apparition. C’est par exemple le cas de traumatismes dans l’enfance, telles que des violences ou un abandon. « Le trouble borderline est une fragilité au niveau de la personnalité qui se développe dans le milieu familial, selon Mab Attari-Fricker. Il est important de prendre son temps pour chercher les origines et les éléments souvent dans l’enfance qui participent au développement des traumatismes et à ces symptômes post-traumatiques. »
S’il n’existe pas de traitement à proprement parler, la psychothérapie permet de réduire voire de faire disparaître les symptômes du trouble en travaillant sur la régulation de ses émotions et sur la nuance. Une manière d’ajouter des pointes de gris dans un monde en noir ou blanc.
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