Le professeur de psychologie clinique Cyril Tarquinio, relate le cas de cette patiente, touchée à 41 ans par un cancer du sein. Et qui cherchait à tout prix une explication à sa maladie. « Vous savez, lui a-t-elle dit, mon cancer, c’est toutes les larmes que je n’ai jamais pu verser ! » Elle a fait toute seule le lien entre le poids de ses émotions négatives trop longtemps refoulées et l’apparition de la maladie. Cyril Tarquinio questionne : « Est-ce que le bon sens populaire est finalement cohérent ? Se faire un sang d’encre par…
Le professeur de psychologie clinique Cyril Tarquinio, relate le cas de cette patiente, touchée à 41 ans par un cancer du sein. Et qui cherchait à tout prix une explication à sa maladie. « Vous savez, lui a-t-elle dit, mon cancer, c’est toutes les larmes que je n’ai jamais pu verser ! » Elle a fait toute seule le lien entre le poids de ses émotions négatives trop longtemps refoulées et l’apparition de la maladie. Cyril Tarquinio questionne : « Est-ce que le bon sens populaire est finalement cohérent ? Se faire un sang d’encre par exemple. » Cette expression moyenâgeuse date d’une époque sans vaccin, les médecins se contenaient de saignées, pour réguler l’excès de sang provoquant un déséquilibre des humeurs, lequel lui donnait une couleur plus foncée.
Depuis la nuit des temps, nous savons intuitivement que nos émotions influent directement sur notre santé. Encore fallait-il le prouver. Psychologue et psychothérapeute, Cyril Tarquinio est professeur de psychologie clinique et psychologue de la santé à l’Université de Lorraine à Metz où il a fondé le centre Pierre Janet. Un lieu unique, où l’on traite les traumatismes, via des méthodes innovantes (EMDR : psychothérapie par mouvements oculaires). Il dirige depuis cinq ans une équipe de chercheurs qui planche sur l’impact du psychisme sur les maladies physiques.
« J’ai commencé à m’intéresser à ce phénomène, quand j’ai réalisé le fait que chaque individu confronté à une maladie fait réactiver le souvenir d’autres traumatismes, notamment ceux de l’enfance. Ce qui pourrait signifier que les réactions émotionnelles peuvent être liées à une vulnérabilité ancienne, qui les a déjà fragilisés. Jusqu’à quel point la souffrance psychique peut-elle contribuer à vulnérabiliser le corps jusqu’à être l’un des éléments susceptibles de faire émerger des maladies ? », avance d’une traite Cyril Tarquinio, tout en se défendant de ne pas vouloir « tout psychologiser » par peur du ridicule.
N’empêche qu’il ne prêche plus désormais tout seul dans le désert. D’autres médecins le suivent, certains l’ont précédé, ainsi le neurologue Boris Cyrulnik. « Le stress chronique, avance Boris Cyrulnik, sécrète des substances comme le cortisol qui altère le circuit limbique de la mémoire et des émotions et, comme les catécholamines, provoquent des anomalies vasculaires : arythmies cardiaques, hypertension. » Le même Cyrulnik explique aussi le ralentissement cognitif chez certains jeunes enfants par à une exposition à des situations violentes, dont les conséquences sur le cerveau, telles des cicatrices, se lisent en imagerie cérébrale.
Cyril Tarquinio estime désormais que les sciences médicales devraient toutes prendre en considération les patients de façon holistique : « Il faut en finir avec la médecine de Monsieur Patate, cesser de couper les gens en morceaux, un cœur ici, un foie là, un rein, comme si on amputait les gens d’une partie d’eux-mêmes », tempête-t-il. Il renvoie aux travaux d’un médecin américain, Vincent Felitti qui, en 1998, a publié une étude concernant les personnes souffrant de troubles alimentaires : « Tous ces gens ont une histoire de vie traumatique, commente Cyril Tarquinio. Et plus le traumatisme est lourd, plus les patients auront une pathologie lourde. Lorsqu’on a découvert cette étude, ça a ouvert le champ des recherches dans ce sens. »
Le professeur explique que l’émergence de maladies peut être liée aux traumatismes de l’enfance et donc à l’environnement. Selon lui, un environnement délétère, angoissant, violent va empêcher certains gènes de s’exprimer, « surtout ceux dont la fonction est de contrôler la production d’hormones de stress, explique-t-il. C’est comme si on était dans une voiture lancée à plein régime, sans frein. En permanence. L’individu est alors baigné dans une soupe d’hormones de stress. Un stress qui va altérer l’efficacité du système immunitaire, le corps se défend moins bien, d’où l’émergence de pathologies. »
Tout comme Cyrulnik, Tarquinio confirme le pouvoir bénéfique de la résilience. La réparation est possible, via les thérapies mais aussi sans. « Il faut changer l’environnement, suggère-t-il. Un appui affectif, de la bienveillance, de la considération auront un effet tranquillisant qui va permettre à la personne de se réparer. En réalité, nous avons tous été plus ou moins traumatisés, mais certains n’ont pas eu la chance de trouver autour d’eux, la ressource pour dépasser l’épreuve. »
« Les maladies ne tombent peut-être pas du ciel » de Cyril Tarquinio, éditions Dunod, 17,90 €.
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