Pièces complète 2 euro commémorative et accessoires protection pièces

Retraites : « La place du travail dans nos vies s'effondre depuis 30 … – Le Point

Boutique le Point
Evenements
Jeux concours
Partenaires
ENTRETIEN. Romain Bendavid, directeur à l’Ifop, analyse pour « Le Point » l’origine de la résistance à la réforme des retraites chez les Français.
Temps de lecture : 5 min
Premium Lecture audio réservée aux abonnés
« C’est un véritable effondrement : le travail ne joue plus, dans la vie des Français, le “rôle structurant” qu’il occupait dans le passé », pointent Romain Bendavid et Flora Baumlin, directeurs à l’Ifop (Expertise corporate & Work experience) dans un rapport réalisé pour la Fondation Jean Jaurès « “Je t’aime, moi non plus” : Les nouvelles ambivalences du rapport au travail ». Alors que la tension monte autour de la réforme des retraites, et que ses opposants se mobilisent ce mardi 31 janvier, les débats que génère le report de l’âge de départ s’inscrivent dans une vision du travail bouleversée par les loisirs et portée par une forte défiance à l’égard des institutions. « La retraite devient, pour nombre de Français, un lieu de réalisation que le travail ne représente plus », analyse, pour Le Point, Romain Bendavid.
Le Point : Que disent de notre rapport au travail les tensions que génère le projet de réforme des retraites ?
Romain Bendavid : Je crois qu’elles ont l’effet d’une psychanalyse générale ! Si l’on ne se limite pas au débat comptable qui vise à donner son avis sur la résorption du déficit et nous occupe majoritairement, ces tensions rappellent combien le travail demeure un enjeu personnel. Elles révèlent qu’il occupe une place de moins en moins centrale dans la vie des Français. Mais en disent aussi long sur leurs ambivalences, leurs espoirs, leurs frustrations et, plus globalement, leur vécu au travail ou leur arbitrage temps libre/argent.
À LIRE AUSSIFaut-il vraiment réformer les retraites ?
Vous évoquez justement dans votre note ce temps consacré au travail. Vous pointez le phénomène de « la fin du “salarié qui ne compte pas ses heures” » comme le premier symbole de la perte de vitesse du travail dans la vie des Français…
Il faut se rendre à l’évidence, le slogan « Travailler plus pour gagner plus », popularisé par Nicolas Sarkozy lors de la campagne de 2007, ne fait plus recette ! On a assisté, en à peine plus d’une décennie, à un véritable renversement des préférences des salariés entre leur temps libre et leur argent. Alors qu’en 2008, une large majorité d’entre eux (62 %) affirmait préférer gagner plus au détriment du temps libre, ces proportions sont rigoureusement inverses aujourd’hui. Cette perception est d’ailleurs plus marquée chez les catégories supérieures (72 %).
Mais ces chiffres s’inscrivent dans une autre tendance, celle du rôle structurant qu’occupe le travail dans la vie des Français. Où l’on assiste là à un véritable effondrement. Alors qu’il occupait en 1990 une « place très importante » pour 60 % des actifs, ce n’est plus le cas que pour 24 % d’entre eux aujourd’hui, et ce, dans toutes les catégories professionnelles (18 % des professions intermédiaires, 20 % des employés, 23 % des ouvriers et 25 % des cadres). Pour eux tous, c’est désormais plus au travail de s’adapter à leur quotidien que l’inverse. C’est un bouleversement…À LIRE AUSSI La (triste) vérité sur la situation financière des retraites
Comment en est-on arrivé là ?
C’est, en partie, le fruit du rôle grandissant des loisirs dans nos vies. Alors que la place du travail s’effondre depuis trente ans, celle dévolue au temps libre enregistre, à l’inverse, une trajectoire ascendante – 39 % des Français le considèrent comme « très important » en 2022, contre 31 % entre 1990. Ces comportements plus individualistes, tournés vers la recherche de satisfaction et de bénéfices à court terme, engendrent fatalement moins d’attachement à l’entreprise, au collectif.
À cela s’ajoute une défiance grandissante à l’égard de représentations communes et de domaines constitutifs du fonctionnement de la vie en société, dont l’emploi, tel qu’il se présente aujourd’hui, fait partie. De la même manière que l’abstention électorale témoigne d’une distanciation envers les institutions démocratiques, le travail tel qu’on l’a connu ne séduit plus.
L’épidémie de Covid a, ici, joué un rôle de catalyseur. Nombreux sont ceux à avoir appuyé sur « pause » et réfléchi au sens de leur vie – notamment professionnelle – ou gagné confiance en eux – forts d’avoir surmonté cette épreuve – et soudain perçu la question de la démission sous un autre angle. Mais il faut rompre avec l’idée très répandue de divorce ou de désaffection du travail, que l’on qualifie aussi de quiet quitting. Elle n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air…
C’est-à-dire ?
Quand on les interroge, plus de trois salariés sur quatre (77 %) estiment en faire, au quotidien, « plus qu’attendu » par leur employeur. C’est là l’inverse du quiet quitting ! Là où le bât blesse, c’est que près de la moitié d’entre eux (42 %) estiment que cela n’est pas remarqué par leur supérieur et pensent ne pas avoir de perspectives d’évolution au sein de leur entreprise (49 %). Cette difficulté de se projeter à long terme – outre le fait de générer des frustrations – altère leur épanouissement professionnel et le sentiment de se sentir utile. Ainsi, nombre d’entre eux vont chercher cette quête de sens ailleurs et réduisent le travail à sa fonction vitale. Les tensions autour de la réforme des retraites s’inscrivent aussi dans ce contexte-là…
À LIRE AUSSIRéforme des retraites : ce que le gouvernement peut encore négocier
Il existe donc un lien entre les perspectives des salariés d’aujourd’hui et leur retraite future ?
Absolument. Car la retraite devient, pour nombre d’entre eux, un lieu de réalisation que le travail ne représente plus. Aussi, l’opposition à la réforme s’explique, pour partie, en ce qu’ils perçoivent ce report du départ comme une injonction contradictoire. Cette dernière les encourage à se projeter plus longtemps dans la vie active alors même qu’ils se projettent moins dans leur propre emploi. Et à repousser ce qui représente une forme d’ultime reconnaissance pour le travail accompli, alors même qu’ils en ressentent le manque au quotidien. Mais cet aspect managérial, s’il est notre talon d’Achille, est aussi hautement ajustable. En cela, faire évoluer notre culture managériale est une piste pour réconcilier les Français avec le travail.
Consultez notre dossier : Retraites : le big bang
La rédaction du Point vous conseille
Signaler un contenu abusif
Merci de renseigner la raison de votre alerte.
Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire
Code erroné
Un avis, un commentaire ?
Ce service est réservé aux abonnés
Voir les conditions d’utilisation
Vous devez renseigner un pseudo avant de pouvoir commenter un article.

Devoir attendre d’être à la retraite pour pouvoir se réaliser est d’une grande tristesse. Cela veut dire qu’on passe la majeure partie de sa vie à penser au “plus tard” plutôt qu’à apprécier la vie. Les français ont vraiment un gros problème avec leur rapport au travail. J’habite au Canada et la très grande majorité des gens que je connais aiment leur travail et ne le voit pas comme une contrainte, mais comme une partie intégrante de leur vie qui leur permet de tisser des liens sociaux et de se réaliser en tant que personne. La retraite est perçue comme une étape de la vie et non pas comme une fin en soit.
La preuve en est que malgré des milliers de chômeurs les entreprises ne trouvent pas de salariés. Les français ne veulent plus travailler : 35 heures, 5 semaines de congés, retraite à 62 ans mais … la France a encore un atout : les émigrés qui eux acceptent et ne demandent qu’à travailler. En fait une nouvelle forme d’esclavage !
L’info en continu
En kiosque
Le palmarès des menteurs
Consultez les articles de la rubrique Société, suivez les informations en temps réel et accédez à nos analyses de l’actualité.
Transgenres : questions d’identité.
Les disparues
Retrouver le goût de l’effort

Expérience Le Point
La boutique
Abonnements
Applications mobiles
Nos partenaires
Nous sommes OJD
Les forums du Point

FAQ
Politique de protection des données à caractère personnel
Gérer mes cookies
Crédit d’impôt
Cours de langues
Bons d’achat
Comparateur PER
Portail de la transparence
Tutoriel vidéo
Publicité
Nous contacter
Plan du site
Mentions légales
CGU
CGV
Conditions générales d’un compte client
Charte de modération
Archives

* Champs obligatoires
Avec un compte LePoint.fr :

Créez un compte afin d’accéder à la version numérique du magazine et à l’intégralité des contenus du Point inclus dans votre offre.

Pour ce faire, renseignez
votre numéro d’abonné dans les paramètres de création de compte.
Vous avez un compte Facebook ?
Connectez-vous plus rapidement
Vous avez un compte Facebook ?
Créez votre compte plus rapidement
Veuillez saisir l’adresse mail qui a servi à créer votre compte LePoint.fr
Cet article a été ajouté dans vos favoris.
Pour soutenir Le Point acceptez la publicité personnalisée.
Déja abonné ? Je m’identifie

source



A propos de l'auteur

Avatar de Backlink pro
Backlink pro

Ajouter un commentaire

Backlink pro

Avatar de Backlink pro

Prenez contact avec nous

Les backlinks sont des liens d'autres sites web vers votre site web. Ils aident les internautes à trouver votre site et leur permettent de trouver plus facilement les informations qu'ils recherchent. Plus votre site Web possède de liens retour, plus les internautes sont susceptibles de le visiter.

Contact

Map for 12 rue lakanal 75015 PARIS FRANCE