Newsletter infirmière :
La loi santé actuellement discutée par les parlementaires prévoit l’introduction d’une procédure de recertification périodique des compétences des professionnels de santé. Une mesure qui concerne aussi les infirmiers, et qui suscite des réactions pour le moins variées de la part des représentants de la profession.
C’est l’une des surprises dont la vie parlementaire a le secret : alors que le projet de loi santé présenté mi-février aux députés prévoyait une procédure de recertification des compétences des professionnels de santé s’appliquant uniquement aux médecins, il est ressorti fin mars du Palais-Bourbon avec des objectifs bien plus ambitieux en la matière.
En effet, sur la table des sénateurs se trouve désormais un texte instaurant, pour les membres de sept professions de santé (médecin, chirurgien-dentiste, sage-femme, pharmacien, infirmier, masseur-kinésithérapeute, pédicure-podologue), une obligation de se soumettre à un contrôle régulier de ses compétences.
Ce soudain revirement est dû aux pressions exercées par les Ordres des professions en question. Ce sont eux qui ont poussé pour être également concernés par la procédure de recertification. « La recertifiction repose sur une véritable mise à jour continue des compétences par l’analyse des pratiques et s’inscrit pleinement dans une logique de droit à l’information du patient », avait par exemple expliqué l’Ordre national des infirmiers (ONI) dans un communiqué expliquant sa démarche en faveur d’un amendement au projet de loi. « Au moment où l’on parle d’équipe de soins, de collectif de soins autour du patient, de communauté professionnelle, réserver cette recertification aux seuls médecins, alors qu’elle est un gage de qualité et de sécurité des soins dus aux patients, n’aurait pas de sens. »
Il est pour l’instant difficile de connaître les obligations précises auxquelles devraient se soumettre les infirmiers si la disposition adoptée par les députés était laissée en l’état par les sénateurs : le fameux amendement ne fait en réalité qu’autoriser le gouvernement à procéder par ordonnance pour mettre en place de la recertification. Tout au plus sait-on que le ministère s’inspirera des conclusions du rapport que lui a remis par le Pr Serge Uzan au mois de novembre, mais qui ne porte que sur les médecins. Celui-ci préconisait, entre autres choses, une procédure ne s’appliquant qu’aux nouveaux diplômés, laissée dans une large mesure aux mains des professionnels concernés, et intervenant tous les six ans.
Le flou qui entoure encore l’avenir de la procédure n’a pas empêché les diverses organisations représentant la profession infirmière de prendre position sur le sujet. L’Ordre, on l’aura compris, tient à porter cet amendement son actif, et son président Patrick Chamboredon s’est déjà félicité dans la presse régionale de son adoption. Du côté de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), l’accueil est également plutôt positif : le syndicat, majoritaire chez les Infirmiers libéraux, estime sur son site que la recertification n’entraînera « rien de révolutionnaire ou de nouveau », et qu’elle ressemble au Développement professionnel continu (DPC) déjà en vigueur. Tout au plus se borne-t-il à espérer que « l’administration ne s’ingéniera pas à en faire une usine à gaz ».
Mais il ne faut pas chercher bien loin pour trouver des réactions bien plus mitigées. L’Organisation nationales des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil) a notamment accusé par voie de communiqué les ordres de « semer le trouble » en faisant pression pour l’adoption du fameux amendement. Assurant n’être pas opposé en soi à la recertification, ce syndicat non-représentatif dit craindre le « cumul des contraintes infligées aux libéraux », et regrette de ne pas avoir été consulté sur le sujet.« Il nous semble que cela ne doit pas se faire unilatéralement et sans consultation de tous les acteurs de la profession », s’indigne l’Onsil.
Et quand on se tourne vers les salariés, le ton devient véritablement alarmiste, du moins chez le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC). « Nous pensons que c’est une très mauvaise idée », tonne Thierry Amouroux, porte-parole de l’organisation. « L’obligation du DPC n’est déjà à l’heure actuelle pas respectée par les employeurs, et les professionnels rencontrent toutes sortes de problèmes pour partir en formation : la recertification risque de mettre les infirmières dans une situation impossible. »
Reste à savoir si les sénateurs seront attentifs à tous ces débats, et ce qu’ils en feront. Réponse à partir du 14 mai, avec l’audition d’Agnès Buzyn par la commission des Affaires sociales de la chambre haute qui lancera l’examen du projet de loi santé au palais du Luxembourg.
Adrien Renaud
Je m'abonne à la newsletter
Newsletter
Abonnez-vous à la newsletter des soignants :
Faire un don
Vous avez aimé cet article ? Faites un don pour nous aider à vous fournir du contenu de qualité !
faire un don
24 organisations infirmières* s’insurgent contre la décision de donner le droit de prescription du vaccin anti-Covid…
L’Association Francophone des Infirmiers du Diabète (Afid) est un groupement d’infirmiers et de paramédicaux spécialistes du…
L’enquête, orchestrée par l’URPS Infirmiers OI, s’est déroulée de mars à juillet 2019. Sur les deux…
Devenu Département d’outre-mer en 2011, Mayotte est un territoire où les infirmier.e.s jouent un rôle prépondérant…
Un projet de décret relatif à l’organisation des formations DPC (développement professionnel continu) ainsi qu’un avenant…
Un projet de convention relative à l’organisation des formations DPC (Développement Professionnel Continu) fait vivement réagir…
Intérim infirmier : Tout ce qu’il faut savoir pour débuter
CV infirmier : toutes les astuces pour le rendre percutant !
Cica’Clic : refonte de l’application mobile des laboratoires Convatec
19 janvier 2023 | Communication Convatec
réagir
Maladie professionnelle : les soignants à mauvaise enseigne
19 janvier 2023 | Delphine Bauer
réagir
CHI de Toulon : une grève illimitée… pour obtenir des lits et des postes
18 janvier 2023 | Diane Cacciarella
réagir
Médecins-infirmiers : la bataille des communiqués
18 janvier 2023 | Adrien Renaud
réagir
Le problème, ce ne sont pas les IPA. Qu’un IPA…
18 janvier 2023 à 19:12:00 | DeVal
Elles ne prétendent pas à remplacer les médecins généralistes. Elles…
18 janvier 2023 à 10:34:04 | Iselda
Mon mari est en EPHAD dans la ville de Nice….
18 janvier 2023 à 09:26:53 | Pseudo
L accès direct des iPa aux patients et donc aux…
18 janvier 2023 à 09:24:44 | Monin
Des médecins généralistes qui réclament 50 EUROS par séance (ps…
17 janvier 2023 à 07:57:43 | DeVal
Newsletter infirmière :
Formation prise en charge de la maladie d’alzheimer : accompagnement par l’infirmier 2023 DPC | France | 19 janvier 2023
Formation prise en charge et éducation des patients souffrant de pathologies cardiaques traitées par anticoagulants 2023 DPC | France | 19 janvier 2023
Formation améliorer la prise en charge du patient atteint de BPCO dans son parcours de soins 2023 DPC | France | 19 janvier 2023
Formation Gérer l’agressivité des patients et leur entourage 2023 DPC | France | 19 janvier 2023
Formation soins palliatifs et fin de vie : accompagner les patients et leur entourage 2023 DPC | France | 19 janvier 2023
Formation RAAC – Soins infirmiers et surveillance du patient en période post opératoire immédiate à domicile 2023 DPC | France | 19 janvier 2023
Formation DPC Infirmier 2022 DPC | France | 13 janvier 2023
Formation NGAP nomenclature des actes infirmiers : se perfectionner 2023 DPC, FIFPL | France | 13 janvier 2023
Formation NGAP nomenclature des actes professionnels infirmiers : sécuriser et optimiser la cotation de vos soins infirmiers 2023 DPC, FIFPL | France | 13 janvier 2023
Formation les bonnes pratiques de la téléconsultation et du télésoin DPC | E-learning | 13 janvier 2023
© 2023 ActuSoins. Tous droits réservés.