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L’opposante Vesselina Garello publie le résultat d’un "sondage" réalisé en juin par son équipe, selon lequel la population serait hostile à la piétonnisation de la place.
Difficile d’évaluer de manière claire et définitive les résultats de l’enquête réalisée par l’équipe de Vesselina Garello. En juin dernier, l’élue d’opposition a réalisé, avec l’aide de son équipe et de ses sympathisants, un sondage afin de recueillir l’avis des administrés sur le sujet brûlant qu’est la piétonnisation de la place Malherbe. Une consultation dont on ne doute pas de la sincérité, mais à la méthodologie loin d’être exemplaire. Ou du moins ne correspondant pas aux standards de qualité d’un institut professionnel.
C’est peut-être ce qu’aurait répondu Alain Decanis, maire de Saint-Maximin, s’il avait accepté de nous parler. Faut-il interpréter son refus de commenter le résultat de cette enquête comme une manière d’en critiquer la crédibilité? Possible. Pour autant, il serait dommage de ne pas voir dans cette consultation une tendance de l’opinion, sur une problématique qui reste majeure aux yeux des Saint-Maximinois.
“Les bouchons s’accumulent sur le périphérique au nord, mais aussi au rond-point du Montfleury… La configuration de la ville fait que les problèmes perdurent, au quotidien, et les solutions pour réorienter la circulation ne sont pas adaptées à la situation.” Le constat est sans appel pour Vesselina Garello. Encore faut-il qu’il soit partagé. “Nous avions cette intuition, on a voulu la vérifier, en demander l’avis des habitants. C’est en tout cas ce que j’aurais fait si j’avais été maire.”
C’est d’ailleurs ce à quoi s’était engagé Alain Decanis, au moment de la mise en place de cette mesure, quelques mois après son élection. Une évaluation dont on n’a finalement pas eu de retour, puisque c’est visiblement en interne que la question a été réglée, comme le suggère la réponse formulée par le maire lors du conseil municipal de décembre: “On a fait l’évaluation, et on considère que c’est très concluant.”
C’est cette réponse lapidaire qui aura convaincu l’élue d’opposition de publier le résultat de “son” évaluation. “Nous voulions laisser le temps au maire de produire son enquête, mais il a clos le dossier lors du conseil municipal.”
L’intervention de Vesselina Garello sera-t-elle de nature à rouvrir ce dossier? Pas sûr… “On sait qu’il ne le fera pas pour nous faire plaisir, soupire l’opposante. Mais devant l’évidence, face aux résultats qui montrent clairement une volonté de changement, on espère qu’il revienne sur sa décision. On ne veut pas de confrontation, nous souhaitons ouvrir le dialogue.”
Un débat apaisé entre majorité et opposition, à ce stade, ce n’est plus un souhait, c’est une boutade. On parie?
“C’est carré.” Aux yeux de Vesselina Garello, l’enquête réalisée par ses soins ne souffre d’aucune faille. C’est vrai… Si on décide de la croire sur parole. En juin 2022, l’équipe de l’opposante s’est rendue près des bureaux de vote de la commune pour solliciter l’avis des administrés. Trois choix étaient donnés: pour garder la place Malherbe piétonne; pour le retour de la circulation; et pour une solution hybride.
“Nous avons recueilli les numéros de téléphone des personnes interrogées, les mails. Nous avons vérifié qu’elles étaient inscrites sur les listes électorales. Nous sommes allés dans tous les quartiers de la ville, et la répartition des âges et des sexes des personnes interrogées est homogène. Chaque contribution peut être vérifiée.”
On voit mal l’opposante se donner autant de mal pour, au final, truquer les résultats. Reste qu’on peut imaginer l’apparition d’un biais cognitif de nature à fausser la crédibilité des avis reçus. Un biais dans les réponses données, tout autant que dans les personnes sondées sollicitées. Bref, difficile d’accorder à cette consultation une crédibilité immaculée.
Pour autant, avec 503 réponses validées (sur plus de 700 contributions), difficile également de balayer d’un revers de la main l’intégralité de l’enquête. En voici les résultats: 17 % des habitants de Saint-Maximin sont “pour la fermeture de la place comme actuellement”; 22 % des habitants de Saint-Maximin sont “pour une ouverture totale tout le temps”. 61 % des habitants de Saint-Maximin sont “pour une solution mixte avec fermeture lors de manifestations”.
“En tout, 83 % des sondés sont pour un changement”, résume Vesselina Garello. La solution qui remporte l’adhésion, avec 61 % des votes, pourrait être mise en place, selon l’opposante: “On peut imaginer une fermeture de la place aux voitures les jours de marché, lors d’événements festifs, les jours fériés, les week-ends et pendant les vacances scolaires. Et rouvrir le reste du temps.”
La suite? “Nous allons présenter cela au conseil municipal, en mairie. Il faut agir, ou alors donner une explication.”
1er mai 2021: Alain Decanis, maire depuis moins d’un an, décide de piétonniser la place Malherbe. Une décision accueillie fraîchement par les commerçants dont l’enseigne est située sur cette place.
29 mai 2021: entre 150 et 200 manifestants défilent dans les rues de la commune pour protester contre cette mesure. Le plan de circulation engendré par la piétonnisation est notamment décrié.
30 juin 2021: l’opposition interpelle le maire au conseil municipal. Réponse d’Alain Decanis: “En septembre, nous ferons un bilan et envisagerons des changements si nécessaire.”
30 septembre 2021: nouveau conseil municipal, nouvelle question de l’opposition. Alain Decanis réaffirme la mise en place d’une commission chargée de se pencher sur les problématiques engendrées par la piétonnisation de la place.
11 janvier 2022: dans une interview accordée à notre titre, le maire tire un premier bilan de la piétonnisation. “Jamais je n’avais vu autant de monde…” Toutefois, l’édile ne cache pas “un réel souci d’engorgement de la circulation entre le rond-point de la route qui emmène à Seillons et celui de la nationale”.
Fin mars 2022: semaine absolument surréaliste dans le dossier. Lors d’une assemblée générale de l’association des commerçants, Alain Decanis, acculé par des professionnels, vent debout contre la piétonnisation, accepte de rendre la place aux voitures. Le lendemain, il convoque la présidente de l’association pour lui dire que le retour de la circulation ne se fera que si les commerçants portent le poids de la responsabilité de l’annulation des festivités estivales. Les commerçants refusent, la place reste piétonne.
12 décembre 2022: conseil municipal houleux, en mairie. En fin de séance, interrogé par l’opposition sur le fameux bilan qui devait être tiré de la mise en place de la piétonnisation, Alain Decanis répond: “On a fait l’évaluation, et on considère que c’est concluant.”
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