Retour en 2008, la France est en proie à de nouvelles règles qui rentrent en vigueur : il est désormais interdit de fumer dans les lieux publics. Bientôt, l’équipe de France sera éliminée de l’Euro 2008 sans même atteindre les quarts de finale, tandis que notre patrie prendra prochainement la présidence de l’union européenne.
Parmi tous ces faits marquants, les amateurs de grandes aventures se souviennent très certainement de l’arrivée sur Playstation 2 du célèbre Persona 3, petite pépite née chez Atlus. Les joueurs vont rapidement prêter une attention sincère à ce soft addictif… à tel point qu’il est invité à retrouver une place émérite de nos jours, tandis que nous nous sommes à l’aube de l’année 2023. Qu’il s’agisse d’un souvenir de jeunesse ou d’une découverte récente, impossible de passer outre cette licence… C’est ainsi avec grand plaisir que nous vous rapportons notre nouvelle excursion dans cet univers délicieusement japonais, un univers comme nous l’aimons tant.
Développé et édité par Atlus, Persona 3 Portable offre aux joueurs une aventure atypique aussi bien dans le fond que dans la forme. En effet, cette dernière se découpe en deux phases bien distinctes qui permettent de donner un certain rythme (et un charme certain !) à l’histoire. Il faudra faire avec, et se sentir à l’aise aussi bien dans la pénombre nocturne que dans la lumineuse journée. Mais avant cela, le choix du personnage est obligatoire : plutôt masculin (avec une aventure traditionnelle, idéale pour celles et ceux qui découvrent le soft) ? Plutôt féminin (pour les vétérans de Persona 3) ? Soulignons ce préambule qui nous a surpris : le personnage féminin ne serait pas réservé exclusivement aux joueuses… dixit le soft. Soit. Une philosophie qui pourrait faire tiquer. La difficulté peut, elle aussi, être modulée, dès à présent, ou bien au fil de la partie : débutant, facile, normale, difficile et maniaque. De quoi satisfaire toutes les façons de jouer !
Qu’importe vos choix initiaux, il faudra quoiqu’il arrive prendre le chemin du lycée Gekkoukan. De taille humaine, ce dernier n’en est pas moins pourvu d’un bon nombre d’élèves, avec chacun leur personnalité et leurs petits défauts. Nombreux d’entre eux sont prêts à s’impliquer dans la vie lycéenne et de multiples clubs de toutes sortes existent : il se pourrait bien que vous y fassiez de belles rencontres… Deviendriez-vous plutôt un as de l’endurance ou bien plutôt un nageur hors du commun ? Ces lieux de vie seront aussi d’importants prétextes pour améliorer vos liens sociaux et autres amitiés. Discutez, parlementez, trouvez les mots… et adaptez-vous à votre interlocuteur afin qu’il vous fasse confiance. Il est important de savoir bien s’entourer… tout seul, plus vite, ensemble plus loin ! Vous connaissez la ritournelle…
Une fois les cours terminés, vous retrouvez le chemin du dortoir. Ce dernier abrite quelques élèves dont certains plus mystérieux que d’autres… Un mystère qui va prendre de plus en plus d’ampleur au fil des premières nuits jusqu’à ce que vous compreniez enfin ce qu’il se trame dans ce monde : à minuit, tandis que les aiguilles des multiples horloges viennent à se retrouver, tandis que la grande majorité des personnes se transforment en cercueil (!) et n’ont alors plus conscience de quoique ce soit, quelques résistants parviennent à rester éveillés. Ils pénètrent alors dans l’heure sombre, la 25ème heure de la journée, au cours de laquelle des ombres apparaissent pour traquer toutes celles et ceux qui ne seraient pas plongés dans le sommeil. Un petit groupe d’éveillés s’est alors formé afin de créer la section d’exécution extrascolaire spécialisée, plus simplement appelée la SEES. Ainsi, chaque nuit, les membres tentent de dézinguer un maximum d’ombres. Et voilà que vous êtes conviés à rejoindre la SEES, elle n’est pas belle la nuit, euh, la vie ?
L’aventure s’articule ainsi selon un cycle circadien redondant, avec les phases traditionnelles de la journée, du réveil jusqu’à la tombée de la nuit. La distinction entre la journée et la nuit est telle que la façon même de jouer est distincte, avec des ambitions quelque peu différentes selon l’heure de la journée. Néanmoins, l’objectif reste le même et il va falloir rester cohérent, stratégique et patient, à toute heure, afin de pouvoir participer activement à la mission de la SEES. Nous reviendrons sur ce mode de jeu distinct entre le jour et la nuit.
La mise en place générale du titre peut sembler un peu longue, avec des phases de dialogues passablement prolixes. Pour autant, ce tutoriel est indispensable afin de comprendre toutes les ficelles du titre. Jusque-là, il suffisait d’être un peu attentif en cours et de faire ami ami pour gagner la sympathie des autres et faire ainsi grimper quelques stats personnelles tel que son charme ou son savoir. Le réalisme est poussé jusqu’à permettre aux joueurs de travailler au centre commercial, et ainsi se faire un peu d’argent pour acquérir toutes sortes de choses, aussi bien de quoi se restaurer, que de quoi s’armer au mieux… il ne s’agirait pas de s’endormir sur ses sushis.
A minuit, tandis que l’heure sombre sonne, l’équipe de la SEES (évolutive au fil de l’histoire…) se rend dès que possible au Tartare : un labyrinthe muni d’un grand nombre d’étages, avec une disposition aléatoire de chacun des niveaux. Les ombres y fleurissent et c’est l’occasion de leur mettre une sacrée raclée tout en devenant de plus en plus fort.
Le Tartare dispose d’une entrée plutôt confortable où le joueur peut se préparer au mieux avant de partir mener la bataille. Cette bataille sera chaque fois différente puisque les niveaux sont distincts d’une visite à une autre. Néanmoins, plus vous grimpez dans les étages, plus la difficulté sera accrue. Par ailleurs, de nombreuses récompenses jonchent le sol, et l’utilisation de la petite carte en bas de l’écran s’avère être bien pratique pour se repérer rapidement et éviter de repasser inlassablement dans les mêmes recoins.
Une fois l’ombre repérée, deux possibilités : fuir (mais là, la partie risque de ne pas avancer beaucoup !), ou la combattre avec courage, et dans ce cas, foncer dessus tout en lui assaillant le premier coup vous conférera un avantage. Une fois le combat entamé, ce dernier se déroule traditionnellement au tour par tour, avec d’un côté les ennemis à combattre et de l’autre vous et vos alliés. Plusieurs stratégies d’attaque sont dès lors possibles. La traditionnelle attaque frontale reste bien présente, et plus ou moins prononcée selon l’arme que vous avez en main. Mais il est possible de faire usage de Personae, d’importantes entités qui reflètent singulièrement l’âme de la personne qui l’invoque. La part psychique est à ce point cruciale qu’il faut passer par un semblant de coup dans la tête pour invoquer les Personae… une mise en scène particulièrement originale, particulièrement bien trouvée, que l’on aime tout particulièrement !
Chaque Persona est dès lors dotée de statistiques spécifiques, avec des compétences à débloquer au fil du gain d’expérience. Le soutien des Personae dans les combats s’avère être décisif puisque leur puissance est considérable. Néanmoins, cette puissance peut être plus importante encore pour qui parvient à comprendre parfaitement tous les rouages des Personae, notamment par la fusion de ces dernières… Retournons pour le moment à notre combat.
Les ennemis sont, eux aussi, des entités à part entière, avec des points forts et des points faibles. Voilà qui est bien connu : pour combattre parfaitement, il convient de connaître dans les moindres détails ses ennemis. Aucune règle dérogée dans le soft : une bonne analyse des ombres vous permettra de connaître leurs faiblesses et ainsi de les abattre avec une force décuplée. Par ailleurs, connaître les faiblesses permettra de rendre l’ennemi plus vulnérable, mais aussi de vous donner un tour d’attaque supplémentaire… un atout considérable qui peut aisément faire basculer le combat. Ne frappez uniquement là où ça fait mal et il se pourrait bien que l’ennemi n’ait même pas le temps de vous chatouiller… Par ailleurs, si tous les ennemis d’un combat sont en état de faiblesse, vous et vos alliés pouvez dès lors réaliser un assaut général : tous ensemble, nous sommes toujours plus forts ! Si la situation devient malgré tout particulièrement dangereuse, il est parfaitement possible d’utiliser des objets pour se soigner, quelques Personae sont capables elles aussi de régénérer une partie de la vie des protagonistes.
Le combat est bouclé : vous êtes victorieux ! Gain d’expérience, mais aussi parfois d’objets, sont au rendez-vous. Par ailleurs, il est aussi régulièrement possible de récupérer une carte après une petite mise en scène qui ne demande qu’une petite logique au joueur. Ces cartes peuvent ainsi être à l’origine de quelques bonus notables, ou bien d’une nouvelle Personae. D’autres sont vides de contenus, quand certaines feraient mieux de n’être jamais choisies…
Chaque étage du Tartare comporte un certain nombre de surprises à découvrir, mais ne manque malgré tout pas d’une certaine redondance. En outre, le joueur sera aussi amené à faire preuve d’une certaine patience pour gagner un certain niveau d’expérience avant de se lancer avec courage dans les niveaux supérieurs. Certaines étapes pourraient bien se révéler plus coriaces que d’autres avec des ennemis plus belliqueux encore qu’à l’étage du dessous. Il ne sera donc pas de refus de faire de nombreuses haltes et de ne surtout pas se lancer tête baissée à franchir des nombreux étages chaque nuit ! Une attitude qui pourrait bien s’avérer particulièrement néfaste puisque le temps passé dans Tartare n’est pas sans incidence sur la vie de tous les jours. En effet, le joueur mais aussi ses compatriotes « Tartariens » peuvent se trouver dans différents états : Énergique, Normal, Léthargique ou Malade. Ainsi, passer toutes les nuits à frapper de l’ombre risque clairement de vous mettre sur les rotules…
Dès lors, il convient de retourner tranquillement dans sa chambre du dortoir afin de reprendre des forces. Le titre laisse au joueur une certaine liberté dans les actions qu’il souhaite mener au fil des jours pour parfaire sa capacité à combattre ou bien ses différentes aptitudes pour devenir le lycéen le plus apprécié de toute la promo de cette année. Les deux objectifs sont intimement liés… Rappelez-vous : les Personae sont le reflet de votre for intérieur…
Les Personae sont, comme l’indique le titre du soft, au cœur de l’aventure. Plus les liens sociaux développés avec autrui sont forts, plus les Personae seront fortes elles aussi. Mais il est aussi possible de fusionner les Personae afin d’en créer de nouvelles : la fusion peut dès lors être de différents types, linéaire notamment (avec deux Personae), ou triangulaire (avec trois Personae). Les compétences peuvent ainsi être transmises mais surtout un gain d’expérience particulièrement appréciable peut survenir si les liens sociaux sont forts et en cohérence avec la Persona. Tout ce travail auprès de ces entités psychiques peuvent se faire dans une pièce bien spécifique, la chambre de velours. Cette dernière est tenue par un drôle de protagoniste, répondant au nom d’Igor, et non dénué d’une certaine touche de mystère. Son assistance, Elizabeth, ne sera pas en reste puisqu’elle vous impliquera dans de nombreuses quêtes : retrouver un ingrédient, une arme, ou simplement visiter tel ou tel lieu… de quoi satisfaire votre volonté d’aider votre prochain.
Toute la mécanique du jeu est ainsi mise en place : établir de forts liens auprès de ses camarades afin d’acquérir une psyché de plus en plus apte à posséder des Personae de plus en plus complexes et puissantes. Le jour et la nuit s’imbriquent dès lors avec une cohérence parfaite au sein desquels le joueur doit faire preuve de stratégie pour utiliser son temps, mais aussi ses charmes amicaux, pour devenir un membre du SEES talentueux, et anéantir chaque nuit des entités de plus en plus puissantes pendant l’heure sombre.
Par ailleurs, le cycle lunaire est d’une importance tout aussi capitale… gardez un œil dessus…
Au-delà d’un concept original et particulièrement addictif, l’aventure est portée par une réalisation artistique de qualité. Certes, la qualité graphique demeure discutable puisque dénotée par sa naissance en 2008. Les personnages restent assez cubiques lors des combats dans le Tartare, avec un bestiaire qui peut prêter à faire quelques peu sourire tellement il fait « vieillot » de nos jours. Néanmoins, le travail sur tout l’aspect sonore du titre est remarquable : musiques et bruitages sont particulièrement réussis, immergeant ainsi pleinement le joueur dans l’aventure. Chaque détail est bien pensé, avec une mise en scène sonore de qualité. Il peut néanmoins être reproché au soft de tourner passablement en rond autour de titres de qualité, mais nous sommes plutôt défenseurs du choix des développeurs : Persona 3 Portable est dès lors pourvu d’un véritable univers dans lequel s’imbriquent des marqueurs sonores forts et parfaitement identifiables. Ainsi, l’arrivée au lycée sera synonyme d’une certaine mélodie, tandis que l’heure sombre tonnera bien différemment…
Ces périodes redondantes restent distinctes d’un point de vue jouabilité. En effet, dans la grande majorité du temps, le joueur ne contrôlera guère son héros et il devra se contenter d’un simple curseur afin de lui indiquer quelle direction prendre ou bien à qui parler. Une tactique qui surprend de prime abord… mais qui fonctionne sans encombre. A contrario, les périodes de combats sont rythmées par une véritable prise de contrôle du protagoniste, avec la possibilité de frapper directement l’ennemi pour enclencher le combat. Si sur le papier la combinaison des deux types de jouabilité peut surprendre, elle s’avère être efficace et agréable une fois plongé dans l’histoire. Il suffisait d’oser.
Aucune latence notable n’est à déplorer. L’aventure se veut fluide, avec des dialogues et des tableaux qui s’enchaînent sans difficulté. La redondance des environnements peut en revanche être plus ennuyeuse puisque, malgré de nombreux lieux à découvrir, les décors demandent du temps pour se renouveler.
Les points de sauvegarde sont globalement nombreux sans pour autant se trouver à chaque coin de rue. Le joueur est invité à rester vigilant et à ne pas oublier de prendre quelques secondes pour sauvegarder sa progression. Quelques registres permettent l’action rapidement.
Par ailleurs, soulignons que le soft est traduit en français avec des sous titres de qualité, avec peu de coquilles. L’audio est disponible en anglais mais aussi en japonais pour les puristes, avec de part et d’autre, des interprétations de qualité.
Persona 3 Portable est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 20 euros environ.
Le saviez-vous ?
Un petit coup de dépoussiérage a aussi été offert à Persona 4. Toutes les infos sur le retour de cet opus lors d’un prochain test…
Persona 3 Portable parvient à renouveler son talent d'hier : réunir dans un même titre une expérience de type RPG mais aussi une véritable aventure sociale, le tout parfaitement imbriqué dans l'univers japonais. La parfaite mise en scène, avec des protagonistes attachants, et un florilège important de Personae à découvrir au fil de l'aventure, sans oublier les nombreux liens tissés de ci de là, sont autant d'atouts qui s'imbriquent à merveille dans cet univers réussi, doté d'une atmosphère musicale mémorable. Les musiques et les bruitages plongent avec brio le joueur dans une aventure addictive où les petits nouveaux prendront plaisir à découvrir chaque étape du Tartare, quand les anciens apprécieront le titre avec une traduction française. La qualité visuelle du titre est correcte, avec une bonne fluidité générale. Néanmoins un certain « cubisme » reste à déplorer dans les séquences de combat. Une réalisation qui nous rappelle les origines de ce titre tout en parvenant le défi de nous replonger dans son univers avec toujours autant de plaisir.
Deux passions dans la vie : le monde animal et le monde du gaming ! Adepte des belles plumes, je “switch” entre les poils et les manettes =) .
© 2022 Nintendo-Town
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