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Les Russes continuent leur offensive en Ukraine.
Photo : Getty Images / Alexey Furman
Le 24 février, les chars d’assaut russes entraient en Ukraine, créant une onde de choc sur la planète. Les combats, les bombes, l’exode des Ukrainiens… pendant des semaines, la guerre était dans tous les esprits. Peu à peu, toutefois, l’intérêt s’est étiolé pour un conflit qui semble vouloir s’éterniser. Où en sommes-nous aujourd’hui? Et où s’en va cette guerre?
Nous en avons discuté avec Yann Breault, professeur adjoint au Collège militaire royal de Saint-Jean et codirecteur de l’Observatoire de l’Eurasie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
On est dans une période d'enlisement. L’objectif militaire russe minimal, la reconquête des deux républiques sécessionnistes de Louhansk et de Donetsk, n'est toujours pas réalisé. La ville de Sloviansk échappe à leur contrôle.
En outre, les Ukrainiens préparent une contre-offensive dans la ville de Kherson. Ils ont mobilisé suffisamment de troupes dans la région pour forcer les Russes à y déployer de précieuses ressources.
Est-ce que les Ukrainiens disposent des capacités militaires de reconquête de ce territoire-là? J’en doute. Du côté des Russes, ce n'est pas certain non plus. On est donc dans une situation d'épuisement des forces des deux côtés, sans aucune piste de règlement diplomatique à l'horizon.
« On présente la guerre comme si c'était quelque chose qui s’est déroulé dans les 180 derniers jours, mais les Ukrainiens sont dans une situation de guerre depuis 2014 et, vraisemblablement, on va continuer d’en parler pour les prochains mois, voire les prochaines années. »
Mais la joute se joue aussi sur d'autres théâtres que le militaire.
D’un côté, on a des analystes qui tentent de donner du courage aux Ukrainiens en disant : Tenez bon, la Russie est sur le point de s'effondrer économiquement, le régime de Vladimir Poutine est faible.
Dans les médias russes, c'est tout le contraire. On voit des images de la décrépitude d'un Occident dirigé par une gérontocratie de plus en plus pathétique avec une récession majeure qui pointe au bout du nez, l’inflation, les coûts énergétiques et les coûts de denrées alimentaires qui augmentent. À terme, pensent-ils, cela va éroder le soutien de l'opinion publique à la cause ukrainienne.
Le président russe Vladimir Poutine
Photo : via reuters / SPUTNIK
« Les Russes mènent une joute qui se déroule sur un temps plus long que les échéanciers électoraux des démocraties. »
Ce qu’ils estiment être la faiblesse de nos institutions, c’est d'avoir des politiciens qui sont attachés à des échéanciers à court terme.
Poutine, lui, en est à une étape où ce qui le préoccupe, c'est la marque qu'il va laisser dans les livres d'histoire en Russie. Est-ce qu'il sera celui qui a concédé que le cœur de leur civilisation tombe dans l'orbite américaine ou celui qui aura tenté quelque chose pour empêcher la fracturation de l'espace slavo-orthodoxe? Il joue ce grand jeu-là, qui est très dangereux, pas dans l'objectif de se positionner pour la prochaine élection présidentielle en 2024, mais pour laisser sa marque.
On pensait que les sanctions et le gel de 350 milliards de dollars de devises étrangères du régime russe entraîneraient un effondrement du rouble, mais cela ne s'est pas matérialisé. Les Russes ont réagi en augmentant le taux directeur de la Banque centrale et en imposant des restrictions sur la mobilité du capital.
Compte tenu du fait que la valeur du rouble s’appuie sur les ressources en hydrocarbures, que le monde a soif de ces ressources-là et qu'il existe des marchés alternatifs sur lesquels on peut écouler la production de pétrole, la valeur du rouble s'est maintenue. Elle est même plus élevée qu'avant le début des hostilités.
La station Jagal, en Allemagne, reçoit le gaz russe.
Photo : Getty Images / Sean Gallup
Par contre, pour ce qui est des restrictions à l’exportation vers la Russie de technologies sensibles, cela commence à avoir des impacts. La production industrielle est en forte baisse et la construction automobile est pratiquement à l'arrêt. Même dans l'industrie militaire, il y a des composantes essentielles à la production d'avions ou de blindés sur lesquelles il est plus difficile de mettre la main.
Cela dit, il y a des voies de contournement aux sanctions. Je voyais des chiffres sur l'augmentation spectaculaire des exportations italiennes vers la Turquie et une augmentation tout aussi spectaculaire des exportations turques vers la Russie. Donc, on peut suspecter qu'il y a des composantes qui sont envoyées vers la Russie à travers un tiers pays comme la Turquie, qui n'est pas solidaire du régime de sanctions économiques.
« Les sanctions compliquent la situation économique en Russie, mais ce n'est pas la solution miracle qui va faire capoter l'économie russe. »
Je pense que, malgré la campagne de relations publiques extraordinaire menée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, on commence à sentir un certain cynisme dans la population. L’élan de solidarité du début peut s'épuiser après un certain temps. Et c'est précisément sur cela que misent les Russes.
« Finalement, la cause de l'indépendance d'un groupe ethnolinguistique ukrainien distinct de la Russie, ce n'est peut-être pas quelque chose qui va mobiliser l'opinion publique occidentale pour encore bien longtemps. »
De plus, le conflit ukrainien soulève des tensions au sein de l’Union européenne (UE) et de l’Alliance transatlantique. Au début de la guerre, on a beaucoup parlé de cette grande solidarité, avec l’imposition de sanctions, l’aide militaire et le transfert d'armes létales. Il y avait quelque chose de rassurant de voir des pays comme la France et l'Allemagne, qui étaient, au départ, très hésitants à fournir des armes à l'Ukraine, emboîter finalement le pas.
Mais quand on parle d’une pénurie majeure de gaz naturel pour l'hiver prochain, et qu'on demande aux États de l'UE de s'engager à réduire de 15 % leur consommation pour garantir la fluidité du marché énergétique gazier européen et permettre, finalement, à l'industrie allemande de continuer de fonctionner, cette solidarité s'effrite.
Bien sûr, tout le monde s'entend pour dénoncer la cruauté de cette agression illégale. Mais en même temps, il y a un ressentiment assez palpable auprès de la population qui va certainement s'accroître avec les difficultés économiques auxquelles l'Europe fait face.
Certains disent : on fait les frais de la volonté des Américains de maintenir leur hégémonie sur le Vieux Continent. Est-ce qu'on ne devrait pas chercher à s'émanciper de la tutelle de Washington et jeter un regard nouveau sur nos relations avec la Russie?
Le président russe Vladimir Poutine reçoit la première Médaille de l’amitié des mains du président chinois Xi Jinping, à Pékin.
Photo : Reuters
On est encore dans une phase d'indignation, mais ce n'est pas impossible de penser qu’à moyen terme, une fois que le conflit se sera plus ou moins stabilisé sur une ligne de front, on ne cherche pas à réinventer les rapports entre la Russie et l'Europe. Parce que l'alternative, c'est d’avoir une Russie qui regarde vers l'Asie et qui offre son vaste bassin de ressources naturelles à un autre pôle, contre-hégémonique, qui est la Chine.
« Est-ce que c'est ce qu'on souhaite en Occident de voir la Russie continuer de se rapprocher de la Chine et l’approvisionner avec les précieuses ressources dont elle a besoin pour jouer le rôle qu'elle espère jouer au 21e siècle? Pas certain. »
Poutine disait, au début de juillet, parlant de l’Ukraine, que ça ne fait que commencer
. Il y a donc encore, de son point de vue, une marge de manœuvre importante. Je ne parle pas seulement d'une déclaration de guerre officielle, mais de la décision d'éventuellement recourir aux seules armes qui permettraient à la Russie d'espérer être dans une parité militaire avec les Américains, c'est-à-dire les armes nucléaires.
Il y a toutes sortes de signaux qui ont été envoyés depuis le début du conflit, notamment avec l'utilisation, près de la frontière polonaise, de missiles hypersoniques Kinjal qui se déplacent à douze fois la vitesse du son, puis, récemment, les missiles Zircon qui vont être déployés sur des navires de guerre.
Un missile balistique intercontinental est lancé lors d’un essai, quelque part en Russie.
Photo : The Associated Press / Ministère de la Défense russe
C'est la dernière grande carte que les Russes ont dans leur poche. Mais pour que le nucléaire ait un effet dissuasif, il faut être capable d'en crédibiliser l'usage. C'est le problème qu'on avait à la fin des années 1990, début des années 2000, quand l’OTAN est intervenue en Yougoslavie et que Poutine menaçait de recourir aux armes nucléaires. Tout le monde riait. Les armes étaient là, mais on ne pouvait même pas concevoir que les Russes puissent être assez fous pour envisager sérieusement de les utiliser. Alors que maintenant, quand Poutine évoque l'usage de l'arme nucléaire, on commence à penser qu'il est peut-être effectivement assez fou pour s’en servir.Nous partons du principe qu'il ne peut y avoir de vainqueurs dans une guerre nucléaire et que cette dernière ne doit jamais être déclenchée
, a indiqué Vladimir Poutine, le 1er août, dans un message adressé aux participants d'une conférence des 191 pays signataires du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).
Le problème, c'est que les Russes n’ont pas défini clairement leurs objectifs.
Au début, le président Poutine parlait de la dénazification de l'Ukraine. Mais aujourd’hui, dans les médias, la ligne éditoriale est dirigée bien plus contre l'Occident que contre le pseudo-fascisme néonazi ukrainien, comme lors des premières semaines du conflit. C’est comme si on préparait l'opinion publique à une renégociation des rapports de force à l'échelle internationale qui dépasse largement le théâtre ukrainien.
C'est dans cette logique-là qu'on semble voir l’évolution du monde au 21e siècle tant à Moscou qu'à Pékin. Et quand on regarde les positionnements sur la crise en Ukraine, la grande Eurasie avec l'Inde et le Pakistan, qui ne sont pas solidaires des sanctions économiques, toute l'Asie centrale, la Mongolie, tous ces pays tentent de résister à l'hégémonie financière américaine et de mettre en place un système commercial qui obéit à des règles différentes.
Actuellement, on est dans le chapitre deux, et j'ai l'impression que le chapitre trois de la confrontation risque d’être sur un autre théâtre. Parce qu'au final, on est dans ce grand jeu de recomposition des rapports de force à l'échelle planétaire.
Ces propos ont été édités et condensés.
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