Pièces complète 2 euro commémorative et accessoires protection pièces

Noémie Merlant : «J'ai longtemps cru qu'il fallait être parfaite, ce qui … – madame.lefigaro.fr

Rubriques et services du Figaro
Le Figaro
Rubriques et services du Figaro
Nos journaux et magazines
Les sites du Groupe Figaro
Elle a conquis le grand public avec sa performance surprenante dans L’Innocent. L’égérie Louis Vuitton fait ses premiers pas américains dans Tár, face à l’impériale Cate Blanchett.
Discrètement, doucement, sans faire de bruit. Ainsi, Noémie Merlant s’est-elle imposée dans le cinéma français. Malgré sa réserve à l’heure de l’hypercommunication et de l’ultravisibilité, l’actrice, égérie Louis Vuitton, a su creuser son sillon à force de travail, d’exigence et d’audace. Si de nombreux réalisateurs l’ont fait rayonner ces dix dernières années (Jacques Audiard dans Les Olympiades , Nathan Ambrosioni dans Les Drapeaux de papier…), ce sont les réalisatrices qui, les premières, ont détecté en elle l’élan romanesque, le souffle moderne et la force du jeu, tapie sous une apparente fragilité.
Après Les Héritiers, la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar, sa maman de cinéma, sa «pygmalionne», l’imaginait ainsi jeune fille engagée dans le djihad dans Le ciel attendra, puis homme trans dans A Good Man. Céline Sciamma lui offrait, elle, un tremplin en la choisissant pour incarner le désir et l’amour lesbien dans Portrait de la jeune fille en feu. Dépassant les frontières, l’aura du film l’a fait remarquer à l’étranger. Le cultissime Todd Field l’a désignée pour un défi majeur : donner la réplique à l’immense Cate Blanchett dans Tár, portrait d’une despotique et brillante cheffe d’orchestre, Lydia Tár, soupçonnée d’avoir abusé de l’une de ses «protégées» avant d’être rejetée par son milieu.
Noémie Merlant, la Cover story
Avec la précision d’un stradivarius, la Française y joue l’assistante du maestro, une jeune femme qui n’ose pas verbaliser ses ambitions, ses frustrations et sa colère. Un rôle sur mesure pour la trentenaire qui, de son propre aveu, a souvent peur des mots. «Mon personnage essaie d’occuper l’espace, mais elle est très empêchée. Je me reconnais en elle», explique celle qui, pourtant, n’a jamais laissé les doutes guider ses choix. Il lui aura pourtant fallu se faire violence pour incarner la meilleure amie de Louis Garrel dans L’Innocent. Un rôle exceptionnel, une tornade sans filtre et sans complexe qui l’a définitivement libérée. En partie seulement, si l’on en croit ses excuses récurrentes lors de l’entretien. Elle doute, craint de ne pas être intelligible. «J’ai longtemps cru qu’il fallait être parfaite, ce qui me verrouillait. Je me soigne, mais m’exprimer hors des plateaux n’est pas mon exercice favori.»
À lire aussiLouis Garrel : «Quand ma mère s’est mariée en prison, je n’ai pas eu le droit d’y assister»
Mon personnage essaie d’occuper l’espace, mais elle est très empêchée. Je me reconnais en elle
Elle préfère défendre ses convictions à travers ses rôles (bientôt chez André Téchiné) et ses propres réalisations. Dans Mi iubita, mon amour, son premier film, elle mettait en lumière la communauté rom, souvent discriminée et caricaturée. Aujourd’hui, ce sont les aidants qu’elle veut montrer avec un documentaire sur sa mère, qui accompagne au quotidien son père handicapé et sa sœur, en partie dépendante. L’empathie fait partie de son parcours, de son éducation, de son ADN. Sans doute est-ce la clé de son talent pour incarner la vie des autres avec tant de justesse et d’humanité.
«Tourner à ses côtés dans Tár, c’est un rêve qui se réalise. Être aux premières loges et assister à son processus de création, la voir entrer dans la peau d’un personnage si complexe représentait une chance extraordinaire. Une leçon d’acting en live ! Je joue une aspirante cheffe d’orchestre qui regarde Lydia comme un exemple à suivre. J’y voyais un parallèle évident avec moi, Noémie, observant la grande Cate. J’étais hyperangoissée, intimidée, paniquée à l’idée de perdre mon anglais, mais elle m’a mise à l’aise. Elle est très concentrée mais n’en reste pas moins humaine, à l’écoute de ses partenaires et de l’équipe technique. Un modèle de bienveillance.»
«Ce qui m’a bouleversée dans le film, c’est la complexité et l’ambiguïté des personnages féminins, à commencer par Lydia Tár. En tant que femme, elle a bataillé pour trouver sa place et la conserver au sein du milieu patriarcal des chefs d’orchestre, mais elle y a perdu en humanité, en empathie, en respect de l’autre. Le film ne dit jamais si elle a réellement été prédatrice, si elle a dérapé avec ses jeunes “protégées”, mais choisir un personnage féminin pour incarner l’idée d’emprise, de tyrannie et d’abus est très audacieux. C’est une façon de mettre le genre à distance pour se concentrer sur les dynamiques de pouvoir qui pervertissent. Les violences sont aujourd’hui majoritairement perpétrées par des hommes sur des femmes, mais l’inverse se produirait- il si les femmes étaient au pouvoir ? Le film a l’intelligence de poser ces questions sans apporter de réponse claire.»
Les violences sont aujourd’hui majoritairement perpétrées par des hommes sur des femmes, mais l’inverse se produirait- il si les femmes étaient au pouvoir ?
«À 17 ans, ma première expérience dans le mannequinat a été atroce. Mon agence m’a envoyée dans l’appartement d’un photographe coté qui m’a montré ses photos pour me mettre en confiance, car il souhaitait me faire poser nue. À la fin de la prise de vue, sans me demander mon avis, il a mis ses mains sur ma poitrine et dans ma bouche. J’étais tétanisée. En sortant de chez lui, j’ai immédiatement alerté mes parents et mon copain, qui a filé chez lui en furie. À son retour, il m’a dit : “On a bu un café, il est désolé.” Mes parents, scandalisés, ont appelé l’agence, qui m’a passé un savon : je faisais des histoires pour rien, je n’avais qu’à refuser de poser nue… J’ai beaucoup recroisé cet homme par la suite et, bien que je n’aie jamais douté qu’il se soit mal conduit, je répondais à son sourire par un sourire. Déconstruire tous les mécanismes ancrés en nous est un long processus. Quand j’ai débuté au cinéma, j’ai aussi connu de mauvaises expériences. Je manquais de confiance et il fallait en outre supporter cette charge mentale diffuse liée à l’emprise du masculin sur le féminin. Une charge qui parasite tout. Comment en effet croire en sa légitimité quand vous pensez avoir été choisie pour de mauvaises raisons ?»
«Ce sont les rencontres, l’expérience, la bienveillance de personnes comme Marie-Castille Mention-Schaar qui m’ont aidée à surmonter les difficultés. Plus tard, tourner Portrait de la jeune fille en feu m’a aussi ouvert les yeux : Céline Sciamma y racontait le partage du pouvoir et la création dans le respect de l’autre. Ce film a changé ma perception du monde et du métier, et a influencé ma manière de me comporter dans un monde patriarcal. MeToo a été essentiel à la libération de la parole, mais on ne change pas les fonctionnements des prédateurs et des manipulateurs du jour au lendemain. J’ai récemment refusé des avances sur un tournage et on me l’a fait payer. Je ne pouvais plus faire mon métier comme je le voulais, en donnant le meilleur de moi-même. J’aurais aimé pouvoir dire : “Arrêtez ou je me casse”, mais j’étais bloquée, en état de sidération. Très souvent, quand je dis les choses, je ne suis pas entendue car je le fais timidement, avec un sourire gêné. Comme si ma voix ne sortait pas assez fort.»
«Tár soulève une question au cœur du débat culturel : faut- il toujours faire entendre l’œuvre d’un artiste dont les idées ou les comportements ne sont pas en phase avec l’époque ? Cette conversation, je l’ai régulièrement avec des gens du métier ou des amis. Et s’il y a autant de cris et de colère sur cette problématique, c’est qu’il y a de toute évidence une réelle souffrance, des injustices, des passe-droits, une forme d’impunité. À titre personnel, plus j’y réfléchis, plus je me dis qu’il faut se concentrer sur les artistes d’aujourd’hui, en phase avec le progrès. Et, concernant le passé, je préfère découvrir des artistes femmes que je ne connaissais pas.»
«Ils font partie du jeu mais la puissance de l’image est redoutable. Elle peut condamner, comme dans Tár, ou au contraire véhiculer de grandes vertus quand elle dénonce, donne du courage et de l’espoir, comme en Iran. Les réseaux sociaux ont permis à des personnes invisibilisées de faire entendre leur voix ou à des mouvements d’émerger mais ils obligent aussi à donner un avis sur l’instant, sans prendre le temps de la réflexion. C’est dangereux. Je suis sur les réseaux sociaux car on le demande aux acteurs, pour les besoins de la promotion. Mais c’est aussi parce que je ne veux pas être déconnectée du monde. C’est stressant, parfois blessant, donc je partage peu car j’ai peur de ne pas utiliser les bons mots, d’être mal comprise ou d’avoir mal compris l’autre. Mais on a attendu si longtemps d’être entendues que je m’efforce aussi d’utiliser cet espace de parole quand cela me semble pertinent.»
Les réseaux sociaux font partie du jeu mais la puissance de l’image est redoutable
«L’Innocent, de Louis Garrel, une comédie si intelligente, a changé la perception que l’on avait de moi. Je ne me faisais pas du tout confiance au cinéma comme dans la vie. J’ai toujours eu peur d’en faire trop, de déraper, heurter. J’ai eu quelques rôles comiques, dans Le Retour du héros, de Laurent Tirard, par exemple, mais dans L’Innocent, j’ai pris de l’assurance. Et cela se répercute dans ma vie. On donne de nous à nos personnages, mais on en garde aussi souvent une trace. Ce rôle a redessiné un chemin que je ne m’autorisais plus à emprunter, il a ravivé une couleur plus légère que j’avais mise de côté. J’ai ajouté un peu de rose dans ma palette !»

On donne de nous à nos personnages, mais on en garde aussi souvent une trace
«C’est comme un appel à l’univers : à force de penser positivement aux questions de représentation des femmes, de jolis rôles m’arrivent ! Les planètes s’alignent. Il y a eu aussi un avant et après Portrait de la jeune fille en feu qui a permis de mieux m’identifier à l’étranger. Dès mes débuts, j’ai essayé de trouver un agent aux États-Unis pour élargir mes horizons, mais la machine s’est accélérée après lui. Hollywood n’est pas une fin en soi, je suis comblée par mes rôles en France, mais c’est une façon de s’ouvrir à d’autres cultures, d’autres cinémas.»
Hollywood n’est pas une fin en soi, je suis comblée par mes rôles en France, mais c’est une façon de s’ouvrir à d’autres cultures, d’autres cinémas
«J’ai grandi avec Titanic, que j’ai vu une trentaine de fois. C’est le film de mon adolescence. Kate Winslet est l’une de mes idoles et j’ai récemment eu la chance de tourner avec elle dans Lee, un film sur la photographe Lee Miller. C’est un petit rôle, celui de la femme de Paul Éluard, mais j’aurais accepté une figuration pour travailler avec elle. Lors de notre rencontre, elle m’a prise dans ses bras, en me remerciant d’être là. Et moi, je bafouillais, incapable de lui dire mon admiration. Je me suis détendue car c’est une femme très drôle, d’une simplicité déconcertante. Une grande pro aussi, d’autant plus investie qu’elle produit le film. Ce film, c’est un cadeau, car j’y donne aussi la réplique à Marion Cotillard, une femme et une artiste tout aussi admirable, profondément généreuse, altruiste, sincère.»
«Quand j’ai commencé à écrire et réaliser, je ne pensais pas politique, représentation du féminin. Je voulais juste raconter mes cris, mes douleurs, mes doutes. Mais on se rend vite compte que le sujet est universel. Je travaille sur mon deuxième film, Les Femmes au balcon, l’histoire de trois amies à Marseille qui observent leur voisin, objet de leurs fantasmes. Un récit dystopique, comique et sanglant . Un film de genre. La violence ou le sang, cette forme cathartique me permet de me libérer de certaines choses. Au cinéma, je n’hésite pas à me montrer radicale, quitte à déranger. Je veux pouvoir tout m’autoriser, au même titre qu’un homme qui réalise.»
Tár, de Todd Field. Sortie le 25 janvier.
Il n’y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !
La fille de Vincent Cassel et Monica Bellucci a foulé le podium du créateur marseillais qui présentait sa nouvelle collection au Bourget ce 12 décembre.
La princesse de Galles a fait mouche dans une tenue monochrome bordeaux, qui avait également inspiré celle de sa fille Charlotte et de sa sœur Pippa.
Le 12 décembre, l’actrice française a succombé à la tendance «barbiecore», lors du show organisé au Bourget par le créateur méridional.
À tout moment, vous pouvez modifier vos choix via le bouton “paramétrer les cookies” en bas de page.
Noémie Merlant : «J’ai longtemps cru qu’il fallait être parfaite, ce qui me verrouillait»
Partager via :
Commentez
0
Madame Figaro
Les articles et recettes en illimité 0,99€ le premier mois sans engagement

source

https://seo-consult.fr/page/communiquer-en-exprimant-ses-besoins-et-en-controlant-ses-emotions

A propos de l'auteur

Avatar de Backlink pro
Backlink pro

Ajouter un commentaire

Backlink pro

Avatar de Backlink pro

Prenez contact avec nous

Les backlinks sont des liens d'autres sites web vers votre site web. Ils aident les internautes à trouver votre site et leur permettent de trouver plus facilement les informations qu'ils recherchent. Plus votre site Web possède de liens retour, plus les internautes sont susceptibles de le visiter.

Contact

Map for 12 rue lakanal 75015 PARIS FRANCE