Présenté ce mercredi au tribunal de Reims, le meurtrier présumé du jeune homme tué d’une balle en pleine tête, jeudi soir 27 octobre sur le parvis de l’église Saint-Thomas, a été mis en examen pour « assassinat » et écroué. Il dit avoir tiré car la victime refusait de s’excuser après l’avoir menacé avec une arme.
Moins d’une semaine après le meurtre d’Abraham Amada, ce jeune homme de 21 ans tué par balle jeudi soir 27 octobre sur le parvis de l’église Saint-Thomas, l’auteur présumé a été mis en examen pour « assassinat » et placé en détention provisoire, ce mercredi 2 novembre à 16 h 30. Il s’agit d’un garçon lui aussi né en 2001, Warren Tom, ripeur intérimaire se déclarant SDF depuis qu’il a quitté le domicile de sa grand-mère il y a six mois, au quartier Murigny.
Comme l’ont également appris nos confrères de France 3 Champagne-Ardenne, qui avaient révélé l’information ce matin (nous avions préféré la taire jusqu’alors, pour ne pas gêner les investigations qui étaient toujours en cours), le suspect avait été arrêté pendant le week-end de la Toussaint après avoir été identifié par les enquêteurs de la direction territoriale de la police judiciaire de Reims (DTPJ, ex-SRPJ).
Leur travail a permis de « mettre en cause un homme seul qui avait agi en deux temps », détaille par communiqué le procureur de la République de Reims Matthieu Bourrette. « Il s’était dans un premier temps approché de la victime et avait échangé verbalement avec elle, en la menaçant d’une arme de poing. Il s’était ensuite retiré, puis était revenu quelques instants plus tard et avait tiré sur la victime à une reprise avant de prendre la fuite. L’autopsie a confirmé ce déroulé des faits, puisque la victime était bien décédée d’un tir par arme à feu, à très courte distance, au niveau de la tempe. »
Natif des Abymes, en Guadeloupe, Warren Tom ne savait pas qu’il avait été identifié dès ce week-end. Il était donc resté à Reims, non sans avoir d’abord envisagé de s’enfuir en train. Lundi vers 16 heures, alertée de la présence d’un individu qui déambulait sur les Promenades, au niveau du square Colbert, « avec un couteau à la ceinture, un molosse en laisse », la brigade anticriminalité le contrôlait, et constatait qu’il s’agissait du suspect recherché.
« Dès sa première audition » l’homme a reconnu « être l’auteur du tir contre la victime », indique le procureur. Le mobile fait froid dans le dos. « Expliquant entretenir initialement de bonnes relations » avec Abraham Amada, Warren Tom « avait été menacé » par celui-ci « avec une arme puis verbalement quelque temps plus tôt ». « Il avait réussi à récupérer une arme de poing, puis s’était rendu le jour des faits place Saint-Thomas dans le but d’obtenir des excuses de la victime. Il avait alors pointé son arme sur elle en lui demandant des excuses, sans succès ; au contraire, la victime lui avait indiqué qu’il n’était pas capable de tirer. Il avait alors rebroussé chemin avant de revenir sur ses pas, lui avoir demandé une dernière fois de s’excuser, sans plus de succès. » Le coup de feu avait alors claqué. « Il a précisé à plusieurs reprises qu’il n’aurait pas agi ainsi si la victime s’était excusée. »
Durant le temps de sa garde à vue, Warren Tom a « exprimé peu d’empathie vis-à-vis de la victime, t out en disant regretter son geste mais d’abord au regard des conséquences dommageables que cela pouvait avoir pour lui en termes de liberté », rapporte M.Bourrette. « L’information judiciaire va notamment s’attacher à éclairer les relations qui existaient entre les protagonistes, le mobile exact du passage à l’acte, outre les éléments de personnalité du mis en cause. » Il reste aussi à identifier l’arme de poing, qui n’a pas été retrouvée.
Mis en examen pour « assassinat », et accessoirement pour le port prohibé du couteau, Warren Tom encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Originaire de Mayotte et résidant à Reims, la victime, Abraham Amada, avait « déjà été condamnée, notamment pour des faits de violences, mais ne l’avait jamais été pour des faits commis à l’encontre du mis en cause », précise le procureur de Reims. De son côté, le meurtrier présumé, Warren Tom, affiche un casier judiciaire vierge, apparence trompeuse car il est encore trop tôt pour y inscrire une condamnation prononcée… la veille même du crime !
Convoqué le mercredi 26 octobre à l’audience des comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (plaider-coupable), pour un refus d’obtempérer et un défaut d’assurance le 2 août 2022 à Reims, le prévenu n’était pas venu. Son dossier fut donc rebasculé en audience correctionnelle classique et sanctionné par une peine de quatre mois de prison avec sursis, 500 euros d’amende et une interdiction de conduire tout véhicule à moteur pendant quatre mois. Une broutille par rapport à la réclusion criminelle à perpétuité qu’il encourt désormais.
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