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Maîtriser les risques climatiques : une obligation pour la finance – Investir

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Seuls quelques inconscients refusent encore l’évidence : le changement climatique est une réalité, mondiale et irréversible. Ses effets sont d’ores et déjà visibles de tous, et partout à travers le monde. Nous y sommes tous confrontés, de près ou de loin.
Les risques liés au changement climatique sont aussi financiers. Deux types de ces risques sont désormais bien identifiés : les risques « physiques » et les risques « de transition ». Les risques physiques – la hausse de la fréquence et de la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes – constituent évidemment la source de risque la plus immédiate pour le secteur financier. Les risques de transition, liés à l’ajustement vers une économie à faible émission de carbone, sont des risques de plus ou moins long terme, certes moins visibles, mais non moins importants.
Les événements climatiques ont aussi des impacts économiques : ils peuvent, par exemple, faire baisser la productivité, perturber les échanges commerciaux ou encore provoquer de graves pénuries de ressources. Par ailleurs, les évolutions qui nous attendent déclencheront de forts effets redistributifs et il y aura des gagnants et des perdants au niveau mondial, mais aussi au sein de chaque pays.
Il est toutefois primordial de souligner tout autant les opportunités associées au financement de la transition vers une économie à faible émission de carbone : il s’agit de trouver près de 90 trillions de dollars d’ici à 2030. Pour faire face à ces besoins, le « financement vert » nécessitera un cadre propice à l’innovation: Bruno Le Maire a réuni en ce sens les acteurs de la place de Paris le 2 juillet.
L’accord de Paris sur le climat vise à limiter l’augmentation de la température mondiale à un niveau bien inférieur à 2 °C en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels et à rendre les flux financiers compatibles avec cette trajectoire. Diverses estimations existent, mais toutes convergent vers la même conclusion : les besoins sont si importants que le financement public ne suffira pas à lui seul. Dans le but de généraliser la finance verte, le monde financier ne peut se substituer aux décideurs politiques, et en particulier à la nécessité d’une taxe carbone internationale. Mais la finance peut aider.
La Banque de France, en tant que banque centrale et superviseur, est déterminée à apporter sa pierre à l’édifice. Notre mandat inclut une responsabilité en matière de stabilité des prix, de stabilité financière ainsi que de sécurité et de solidité des institutions financières.
Sur la politique monétaire, les propositions de « Green QE » se multiplient, notamment aux Etats-Unis ; mais la légitimité et l’efficacité de tels achats ciblés seraient douteuses. La vraie ambition doit être d’intégrer le changement climatique dans tous nos modèles économiques, et dans l’évaluation des titres pris en collatéral par les banques centrales.
Mais notre première priorité ici est de veiller à la stabilité financière, et pour cela de mieux mesurer les risques à long terme associés au changement climatique : nous avons pour cela besoin à la fois d’une « photographie des risques », à savoir l’identification et la publication des expositions, et une « vidéo des risques » fournie par des tests de résistance prospectifs sur le risque carbone.
Nous avons également besoin d’un leadership collectif et d’une action coordonnée. Le changement climatique est un problème global, qui exige des solutions globales.
C’est dans cet esprit qu’à la Banque de France nous avons pris l’initiative, lors du One Planet Summit à Paris, en décembre 2017, de lancer le Réseau des banques centrales et superviseurs pour le verdissement du système financier – Network for Greening the Financial System (NGFS) – qui, à la mi-juin 2019, réunit quarante membres et six observateurs, appartenant aux cinq continents. Nous nous définissons comme une « coalition des volontés » et nous sommes en développement rapide, puisque nous n’étions que huit membres initialement. Le NGFS est un forum reposant sur le volontariat dont l’objectif est de partager les meilleures pratiques entre pairs, de contribuer au développement de la gestion des risques liés au climat et à l’environnement dans le secteur financier, et de mobiliser la finance classique afin de soutenir la transition vers une économie durable.
Le travail accompli par le NGFS est remarquable. Un premier rapport, publié en avril, en est la preuve : il constitue une contribution majeure et son titre, A Call for Action, ne laisse pas place au doute.
Le rapport présente notamment six recommandations à mettre en oeuvre sur base volontaire. Quatre recommandations sont à destination des banques centrales et superviseurs :
1) Intégrer les risques liés au climat dans le suivi de la stabilité financière et la supervision microprudentielle ;
2) Intégrer des facteurs liés au développement durable dans la gestion des portefeuilles pour compte propre ;
3) Remédier aux lacunes en matière de données ;
4) Sensibiliser davantage et renforcer les capacités d’analyse, encourager l’assistance technique et le partage des connaissances.
Deux autres recommandations identifient des actions que les autorités politiques peuvent mener en soutien des travaux des banques centrales :
1) Parvenir à une publication d’informations financières en rapport avec le risque climatique et environnemental sur des bases solides et homogènes au plan international ;
2) Favoriser le développement d’une taxonomie des activités économiques.
Les membres du NGFS reconnaissent également que de nombreux travaux d’analyse doivent encore être menés pour fournir aux banques centrales et aux superviseurs des outils et des méthodologies appropriés en vue d’identifier, de quantifier et de réduire les risques liés au changement climatique dans le système financier. Le NGFS prévoit ainsi de publier plusieurs documents techniques portant sur : (i) la gestion des risques liés au climat et à l’environnement à l’attention des autorités de supervision et des institutions financières ; (ii) des orientations pour l’analyse des risques reposant sur des scénarios ; (iii) les meilleures pratiques pour intégrer des critères liés au développement durable (en particulier climatique) dans la gestion des portefeuilles des banques centrales.
En conséquence, le sujet mobilise largement les hommes et les femmes de la Banque de France, ainsi que l’Autorité du contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). La Banque de France assure le secrétariat du NGFS. Concrètement, cela veut dire qu’au quotidien nos agents travaillent au bon fonctionnement du NGFS, à son animation et au pilotage de ces travaux. A cela s’ajoute une quinzaine d’experts qui sont impliqués au sein des trois groupes de travail du NGFS.
Ensuite, la Banque de France et l’ACPR s’efforcent de mettre en oeuvre des actions pour transformer les recommandations du NGFS en réalité. Avec une conviction simple : nous devons être exemplaires pour que notre voix soit crédible, au sein de notre communauté, mais également plus largement.
La Banque de France a ainsi été la première banque centrale, en mars 2018, à publier une charte d’investissement responsable pour ses investissements en fonds propres et ses engagements de retraite. En mars 2019, nous sommes devenus la première à publier un Rapport d’investissement responsable qui définit notre stratégie, fondée sur trois axes et cinq objectifs. Là encore, nous innovons en jouant le jeu de la transparence.
L’ACPR a publié, en avril, deux études sur la manière dont les banques et les sociétés d’assurance tiennent compte des risques associés au changement climatique dans leur gestion du risque. Ces rapports montrent que des progrès notables ont été réalisés au plan de la gouvernance de ces risques et en ce qui concerne la prise en compte des risques de transition par les banques en particulier. En revanche, ces progrès sont plus modestes s’agissant de l’appréhension du risque physique, même s’il semble que les banques et les sociétés d’assurance françaises y soient assez peu exposées. Cela confirme la nécessité pour l’ACPR de poursuivre ses travaux analytiques et de supervision. En outre, des groupes de travail réunissant les établissements de la place de Paris ont été lancés très récemment.
Le changement climatique est l’une des nombreuses sources de changement structurel qui affectent le système financier. Toutefois, en raison de ses particularités (son irréversibilité mais son horizon lointain), il nécessite une prise en compte et une gestion spécifiques. L’ampleur et la nature des impacts futurs seront déterminées par les actions mises en oeuvre aujourd’hui, qui doivent donc s’inscrire dans des politiques crédibles et de long terme. A cet égard, au côté des décideurs publics et des acteurs privés, les banques centrales et les superviseurs – tout particulièrement la Banque de France et l’Autorité du contrôle prudentiel et de résolution – sont déterminés à agir.
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