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Les superprofits, c'est quoi ? – Libération

Double exposure of stock and profit graph on rows of coins for finance and banking concept. (iStockphoto. Getty Images)
«Je ne sais pas ce que c’est que les superprofits.» La petite phrase de Bruno Le Maire, prononcée ce mardi devant les adhérents du Medef réunis pour leur Rencontre des entrepreneurs de France (REF) annuelle, a été très commentée. A commencer par le camp de l’union de la gauche, la Nupes, favorable à une taxation desdits superprofits. La députée La France insoumise (LFI) Aurélie Trouvé a ainsi adressé sur Twitter un message au ministre de l’Economie et des Finances. «Les voici les superprofits», a écrit l’élue, accompagnant son tweet de graphiques qui font apparaître une hausse du taux de marge des sociétés dans les secteurs de l’énergie et des transports.
Les voici les #Superprofits @BrunoLeMaire !
Représentés par les données de l'INSEE fraîchement mises à jour pour le 1er semestre, pour les secteurs énergie et transports.
Vous pouvez me joindre à l'Assemblée pour d'autres cours d'économie. pic.twitter.com/YjH218NjPi
Aurélie Trouvé a été immédiatement reprise par le binôme d’économistes derrière le compte Twitter «éconoclaste», qui a tenu à rectifier : «Un superprofit, ce n’est pas seulement un profit qui augmente.» L’un des membres du duo, Alexandre Delaigue, pointe auprès de CheckNews toute la complexité de ce débat. De fait, il existe en réalité deux grands sens donnés à la formule «superprofit».
Académiquement, il est admis que «ce que l’on appelle le superprofit, c’est ce qui reste à l’entreprise quand elle a fait ses ventes et rémunéré ses différents facteurs de production à leur valeur normale». Autrement dit, «quand elle a payé ses salariés au salaire du marché, et ses investisseurs au taux d’intérêt qu’ils pourraient obtenir en investissant ailleurs», détaille le professeur agrégé d’économie-gestion à l’Université de Lille. Dans cette acception, le terme «superprofit» est ainsi «censé mesurer une capacité spécifique de l’entreprise à engranger des profits supérieurs parce que ses produits sont plus appréciés, ou encore qu’elle dispose de compétences particulières».
Il existe une autre définition, qui colle à l’idée de rente. Les superprofits désignent alors la portion des profits qui sont «liés à un facteur extérieur à l’entreprise, dégagés sans qu’il y ait eu d’investissement réalisé ou de stratégie adoptée pour accroître ses bénéfices», indique l’économiste Anne-Laure Delatte, spécialiste des questions financières et européennes. Dans le monde anglo-saxon, on parle de «windfall profits», littéralement «tombés du ciel». «C’est-à-dire que c’est une manne», résume Anne-Laure Delatte.
Alexandre Delaigue prend, pour sa part, deux exemples permettant «d’expliquer que certains acteurs économiques vont avoir des rémunérations complètement indépendantes de leurs capacités, leurs compétences et leurs talents» : ceux des footballeurs et pays exportateurs de pétrole. Lorsque la demande augmente, ils sont mieux rémunérés «sans rien avoir à faire pour ça» et «engrangent tous les gains liés à cette demande accrue». En effet, ces acteurs profitent «des conditions du marché» puisqu’ils détiennent «quelque chose de rare et non reproductible».
C’est là que se situe le point commun aux deux définitions des superprofits : ils ne sont obtenus par l’entreprise «que parce que personne ne peut venir la concurrencer», souligne Alexandre Delaigue. Il est possible qu’elle ait acquis des compétences au fil des années, «qui sont donc très difficiles à copier», et les superprofits peuvent dans ce cas «être vertueux en ce qu’ils récompensent les efforts faits auparavant». Mais l’autre possibilité est aussi que la société soit simplement «assise au bon endroit au bon moment», et par exemple détienne un gisement de pétrole, concernant les monarchies pétrolières du Golfe. «Dans la discussion sur la moralité des profits, ces profits sont considérés comme condamnables dans le sens où ils reviennent simplement à profiter des circonstances», analyse l’économise lillois.
Enfin, note-t-il, les superprofits ne peuvent se produire que «dans certains secteurs ou certains contextes», avec pour point commun l’absence de concurrence. Ce qui peut donner lieu à des superprofits, «c’est parfois que les choses changent de manière dramatique pendant très peu de temps». Les économistes ont pour habitude de citer l’exemple de marchands de pelles à neige qui profiteraient d’une tempête de neige pour augmenter considérablement le prix de leurs produits, bénéficiant du malheur de clients obligés de s’en procurer rapidement à n’importe quel prix.
L’actuel débat sur l’instauration d’une taxe sur les superprofits s’inscrit d’ailleurs dans un contexte similaire. «Là, ce qu’il se passe, c’est qu’il y a certaines capacités de production qui ont disparu du marché, du fait de la guerre en Ukraine» et, en parallèle, «une demande plus forte, avec la reprise post-Covid, l’économie chinoise qui repart…» Il s’agirait donc de taxer les «profiteurs de crise», les «rentiers», qui profitent notamment de la hausse des prix de l’énergie. Avec une difficulté particulière : celle de mesurer ce qui, dans les profits réalisés par l’entreprise, peut être qualifié ou non de superprofits. En 2022, elle peut aussi cueillir les fruits d’investissements engagés ces dernières années.
Ce qui n’a pas empêché plusieurs Etats européens de franchir le pas, en ciblant certains secteurs. Les superprofits des producteurs d’hydrocarbures en mer du Nord seront taxés au Royaume-Uni, idem pour les entreprises énergétiques en Italie, et s’agissant de l’Espagne, les grands fournisseurs d’énergies mais aussi le secteur bancaire. «Les grandes entités financières qui commencent déjà à tirer profit de la hausse des taux d’intérêt» seront également concernées par cet impôt exceptionnel, a annoncé mi-juillet le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
© Libé 2022
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source
https://netsolution.fr/gestion-de-la-production/

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