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Par : Frédéric Simon | EURACTIV.com | translated by Anna Martino
27-10-2022 (mis à jour: 28-10-2022 )
« Le bois provenant de forêts gérées de manière durable est neutre en termes de CO2, en ce qui concerne les processus de l’écosystème », souligne la lettre, selon laquelle une récolte sélectionnée supprime la concurrence entre les arbres individuels et permet aux forêts de se remettre plus rapidement des pertes causées par les catastrophes naturelles. [Serrgey75 / Shutterstock]Langues : English | Deutsch
Une lettre signée par plus de 550 scientifiques a été adressée à la Commission européenne pour attirer son attention sur la détérioration de l’état des forêts européennes et demander l’adoption de pratiques forestières soucieuses du climat — notamment la récolte de bois pour la bioénergie — afin de renforcer leur résistance au réchauffement climatique.
Les forêts européennes subissent une pression croissante du fait de la hausse des températures, qui entraîne une augmentation des feux de forêt, des insectes nuisibles et des maladies qui menacent leur capacité à stocker le dioxyde de carbone et à préserver la biodiversité.
« Le temps chaud et sec que connaissent de nombreuses régions d’Europe et du monde nous fait craindre pour l’avenir de nos forêts », affirme la lettre, adressée aux présidents des trois principales institutions de l’UE : la Commission européenne, le Conseil européen et le Parlement européen.
La lettre appelle à une « gestion forestière intelligente du point de vue climatique » afin de renforcer la résilience des forêts européennes et leur capacité à produire du bois et du carbone simultanément.
« Si les années sèches deviennent plus fréquentes, nous nous attendons à ce que la biomasse forestière diminue au lieu d’augmenter au cours de la prochaine décennie, indépendamment de la gestion et de la protection », préviennent-ils.
Les groupes de défense de l’environnement estiment qu’une solution facile consisterait à limiter la quantité de biomasse ligneuse utilisée pour la production d’énergie, un conseil que le Parlement européen a largement pris en compte.
En septembre, les législateurs ont voté en faveur de projets visant à mettre fin aux subventions pour la biomasse brûlée dans les centrales électriques et à exclure la combustion primaire du bois des objectifs de l’UE en matière d’énergies renouvelables.
Les trois principaux groupes politiques du Parlement soutiennent les propositions visant à mettre fin aux subventions pour la biomasse utilisée dans les centrales électriques et à exclure la combustion de biomasse ligneuse primaire des objectifs de l’UE en matière d’énergie renouvelable.
La bioénergie a été critiquée par les groupes de défense de l’environnement, qui estiment que la combustion du bois favorise la déforestation, détruit les habitats naturels et compromet le rôle des forêts comme puits de carbone dans la lutte contre le changement climatique.
Mais la lettre, signée par plus de 550 scientifiques, conteste ces affirmations, affirmant que l’entretien continu des forêts — et non une protection générale — est crucial pour garantir que les forêts continuent à fournir des services dits écosystémiques.
« Le bois provenant de forêts gérées de manière durable est neutre en termes de CO2, en ce qui concerne les processus de l’écosystème », souligne la lettre, selon laquelle une récolte sélectionnée supprime la concurrence entre les arbres individuels et permet aux forêts de se remettre plus rapidement des pertes causées par les catastrophes naturelles.
« Sans récolte, les volumes forestiers vont saturer. Le puits de carbone s’approchera de zéro, comme on peut le constater dans les zones de vieux bois des forêts vierges d’Ukraine », écrivent les scientifiques.
De ce point de vue, l’exploitation économique des produits forestiers à base de bois devrait être considérée comme une partie inhérente des pratiques forestières durables, y compris la combustion de la biomasse pour la production d’électricité, affirment-ils.
« Dans le cadre d’une gestion forestière appropriée, l’utilisation du bois à des fins énergétiques est un co-produit de la récolte et de la transformation du bois en produits », écrivent les scientifiques. Ils précisent également qu’il existe des volumes suffisants de sous-produits tels que les cimes des arbres, les résidus et le bois recyclé pour garantir un approvisionnement en énergie renouvelable.
« Interdire l’utilisation de bois à des fins énergétiques provenant de forêts gérées de manière durable et augmenter la part des forêts de l’UE sous protection ne permet pas de soutenir la politique européenne de protection du climat, ne présente aucun avantage supplémentaire pour la biodiversité et entrave la bioéconomie circulaire », indique la lettre.
Alex Mason, du bureau européen du WWF, a réfuté ces arguments en les qualifiant de « propagande en faveur de l’industrie de la biomasse ».
Au lieu de cela, M. Mason a évoqué une autre lettre de 2018 signée par de multiples auteurs principaux du GIEC et d’autres scientifiques de premier plan, qui ont exhorté les décideurs européens à limiter drastiquement la biomasse forestière utilisée pour l’énergie.
« Nous exhortons les législateurs européens […] à restreindre la biomasse forestière éligible aux résidus et déchets définis de manière appropriée, car le sort d’une grande partie des forêts du monde et du climat est littéralement en jeu », avaient-ils écrit.
Selon la Commission européenne, près de 60 % de la consommation totale d’énergie renouvelable de l’UE provient actuellement de la biomasse, les trois quarts étant destinés au chauffage.
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