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Rédaction révisée au 19 juillet 2017.
Pour tous ceux qui ont, disons, moins de cinquante ans en 2017, les bals musette, c’est du pur folklore parisien ! Ces choses appartiennent à la génération des grands-parents en ce qui regarde les tout derniers encore en activité dans les années 1965-1975 et des arrière-grands-parents quant aux autres. Pour s’exprimer à la façon de Charles Trenet, longtemps après que ces bals ont disparu, leur empreinte persiste pourtant dans les replis de la mémoire collective grâce à des films culte des années 1930 tels que La Belle Equipe, où Jean Gabin, vous savez, chante Quand on s’promène au bord de l’eau, et Circonstances atténuantes, dans lequel Arletty et Michel Simon reprennent tour à tour le refrain d’une java canaille : « Comme de bien entendu ». A partir d’eux, nous nous sommes composé une image arrêtée des bals musette, une image d’Epinal en vérité : l’arrière-salle pas très grande d’un café de faubourg, plus ou moins bouge, la piste de danse parquetée sous des guirlandes courant d’un mur à l’autre (illustration 1), les musiciens : un accordéoniste soliste et un ou deux comparses marquant le rythme, juchés sur un balcon ou une estrade (illustrations 2, 3) ; ces messieurs les danseurs, coiffés d’une casquette, le mégot de cigarette collé au coin des lèvres et le cou entouré d’un foulard , toupillant à petits pas autour de la piste et collant contre eux leur cavalière (illustration 4), les mains plaquées sur ses fesses le cas échéant ; un employé du bal se faufilant entre les couples et lançant le fameux « passons la monnaie » car, à cette époque, on payait à la danse. Dans cette mémoire recomposée figure un public bigarré d’ouvriers et de blanchisseuses, de voyous de barrière– cette petite pègre que les journalistes ont appelée « apache »– avec leurs « gagneuses » et de bourgeois ou bourgeoises venus s’encanailler, comme la célèbre chanson de musette C’est un mauvais garçon le raconte…
Forme ô combien populaire de distraction, les bals musette abondaient dans tous les quartiers populeux des grandes villes et surtout à Paris car le modèle était d’abord parisien. Dans la capitale, donc, ils se trouvaient particulièrement agglomérés du côté de la Bastille : rue de Lappe, des Taillandiers, passage Thierré, etc., mais des concentrations existaient aussi autour du Carreau du Temple, à Grenelle, sur la « montagne » Sainte-Geneviève, aux Batignolles, dans le bas Montmartre du Nord, à Charonne et à la Villette. Les « guinches » de Belleville et de Ménilmontant n’étaient pas les moins courus, au contraire, puisque ces villages renfermaient des temples de danse majeurs comme Le Boléro, le Bal Ramponeau, La Java ou le Ça gaze… Nous y viendrons bien sûr dans la deuxième partie de cet écrit mais, auparavant, il est sans doute nécessaire de planter le décor, d’expliquer notamment comment ces bals ont constitué pendant trois-quatre décennies des lieux privilégiés de socialisation, comme disent les sociologues, et le foyer de cristallisation d’une authentique culture populaire, à vrai dire la seule culture populaire spécifiquement parisienne qui se soit jamais forgée dans le giron de la capitale. La culture musette, urbaine avant tout, est le pendant naturel du tango de Buenos Aires, du fado de Lisbonne, du flamenco de Séville, du rebetiko de Thessalonique ou du blues de Memphis (Tennessee). A titre comparatif, on peut aussi parler d’une « attitude musette » comme on le fait à propos du rock.
01. Un bal musette type des années 1920.
02. Musiciens à leur balcon.
03. Accordéon, banjo et batterie, base classique de l’ensemble musette.
04. Danseurs de java, à casquette.
A l’exemple du rap et de toute culture vraiment populaire, le musette est un produit de fusion et de métissage. Il a une histoire que nous allons retracer à grands traits, en commençant par une explication de mots.
Pourquoi, en effet, dit-on bal musette ? alors que la musette en question n’a rien à voir avec la sacoche dans laquelle les ouvriers d’antan emportaient leur gamelle de déjeuner à l’usine. Non, la musette qui entre en jeu dans notre affaire, c’était un type de cornemuse dont le nom, à partir de 1860, fut transmis aux bals de quartier où l’on dansait, justement, au son de la musette. Celle-ci avait aussi pour désignation cabrette parce que son sac à air, gonflé à la bouche ou par l’action d’un soufflet, était taillé dans la peau d’une chèvre (illustration 5). Il s’agit d’un vocable auvergnat et cela renvoie directement au fait que ces bals à la musette étaient tenus par des natifs du Massif central. Ils avaient fait leur apparition à Paris dès le milieu du XVIIe siècle, créés par des travailleurs immigrés, et offraient l’occasion de réunions de communauté où s’entretenait la culture des villages du Cantal, du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire, les trois parties de l’Auvergne proprement dite, et du voisin rouergat (Aveyron) [2]. En habits traditionnels, les Auvergnats, au sens large, y venaient danser les bourrées et les gigues rustiques du pays (illustration 6), la vielle à roue accompagnant la cabrette dans ce qu’il est un peu exagéré de nommer un orchestre. De telles manifestations se trouvaient déjà nombreuses à la fin du XVIIIe siècle et Sébastien Mercier, dans son illustre Tableau de Paris, rédigé entre 1783 et 1788, y fait allusion en ces termes : « Il est des bals pour tous les états : les porteurs d’eau et les charbonniers ont les leurs… Dans des caves, même au fond de quelques allées, dans de sales cabarets, au son d’un violon grossier, ou d’une rauque musette, tous les dimanches et toutes les décades (car le peuple chôme doublement), souvent même dans l’intervalle, les Auvergnats dansent à ébranler les planchers et à faire craindre les réparations locatives. Le lieu de la danse est éclairé par un lustre composé de deux morceaux de bois en croix ou par quelques lampions rangés à terre le long des murs… Vous voyez s’élever et retomber sans cadence et sans mesure des danseurs inimaginables. »
C’est bien joli, tout ça, nous direz-vous peut-être, mais n’explique pas le lien avec les bals musette qui ont fait la joie de nos anciens, où il n’y avait ni cornemuse ni bourrée mais java et accordéon. Pourtant, le lien, car il y en a un, est précisément l’accordéon et voici de quelle façon : de cet instrument, il faut d’abord savoir que, inventé en 1829 (en Autriche), il n’a guère été pratiqué en France avant 1880 et ce sont de nouveaux travailleurs immigrés, cette fois transalpins, qui l’importèrent alors en masse en notre pays dans leurs bagages d’exilés. Les Italiens l’avaient adopté très tôt et en étaient si bien devenus des spécialistes qu’en plus de le pratiquer en musiciens, nombre d’entre eux en fabriquaient également. Il y eut ainsi des ateliers de construction ou de réparation fameux à Ménilmontant, chez Gerbino, 14, rue des Amandiers, à Charonne, chez Atti (illustration 7), et à la Villette, l’atelier paternel des frères Peguri – dont nous reparlerons tout à l’heure – au 22, rue de Crimée par exemple : l’un des enfants, Michel, offrira vers 1936, au 45 de la rue des Amandiers, ses prestations d’accordeur spécialisé. Ouvriers à la base, ces immigrés, quand ils étaient instrumentistes musicaux, cherchèrent assez vite emploi dans les bals de quartier (qu’on appelait aussi « bals de famille ») pour arrondir leur salaire d’usine ou de chantier. Leur acceptation, chez les Auvergnats, fut très difficile car les Cantalous et les Aveyronnais craignaient que l’accordéon ne corrompît les traditions et surtout ne chassât la sacro-sainte cabrette de son trône d’instrument directeur de la danse. Appréhension du reste très justifiée car le « piano à bretelles », même sous sa forme première diatonique, montrait des potentialités musicales bien supérieures à celles de la musette. Mais, comme dit le sage, on n’arrête pas le progrès et la cohabitation de la cabrette et de l’accordéon finit par s’imposer au milieu de la décennie 1890 (illustration 8). On vit même des joueurs de cabrette – cabrettaïres, pour le dire en auvergnat – éminents comme Louis Clavière et Géraud Sudre se mettre à l’instrument naguère honni, sans lâcher toutefois la cornemuse ancestrale (illustration 8). La mise au point de la version moderne – c’est-à-dire chromatique – de l’accordéon vers 1900, amplifiant les possibilités rythmiques et offrant surtout des ressources mélodiques aussi bien qu’harmoniques nouvelles, hâta l’hégémonie de l’instrument qui, autour de 1910, avait pratiquement évacué la cabrette des orchestres, la reléguant aux manifestations folkloriques.
C’est en gros entre 1895 et 1905 que le vieux bal à la musette devint le bal musette de grand—papa et que s’élabora le style musical de danse que nous appelons encore aujourd’hui « musette » tout court, bien que tout rapport à la cornemuse ait disparu. Cette musique, remarquable produit du génie populaire, est fait de l’osmose des fonds auvergnat, où la cadence a grande importance, et italien, plus porté sur la mélodie, au sein du creuset des us et coutumes parisiens. Le mariage entre les deux origines se laisse assez bien percevoir dans un morceau comme cette polka à la transalpine composée vers 1906, pierre blanche historique car sa « gravure » sur rouleau – sans titre – constitue le tout premier enregistrement de musique musette. Les Italiens apportèrent une touche de mélancolie joyeuse bien à eux. Elle est surtout très sensible dans les valses lentes en mode mineur (la toute napolitaine Reginella, par exemple) qui, plus peut-être que la java, danse dérivée de la mazurka, est l’emblème du musette.
Accélérons maintenant le pas pour narrer la suite. Les années 1910 seront le premier âge d’or du musette. C’est l’époque des plus anciens classiques du genre comme Reine de musette, Les Triolets, Reproche, Miliana, Aubade d’oiseaux et La Bourrasque, dus aux talents de composition d’instrumentistes légendaires tels les frères Péguri, Charles, Michel et Louis, ou Albert et Emile Carrara ainsi que Médard Ferrero, tous italiens d’origine, d’une part et de l’autre côté Momboisse et Emile Vacher, ce dernier, ça vaut le soulignement, n’étant pas même auvergnat car tourangeau (illustrations 9 et 10).
Une deuxième grande ère s’ouvre à partir de 1928, où l’on voit la formule des petits cafés-bals des origines commencer à s’effacer devant la recette moderne des dancings musette. L’illustre Balajo de la rue de Lappe, ouvert en 1935, était de ce dernier type. Avec cette mutation disparaîtront aussi peu à peu les traits canailles qui ont fait la légende du musette. A ce propos, nous voulons rééquilibrer un peu les choses. A en croire de nombreuses chroniques ou romans à la Francis Carco, les musettes étaient des foyers de mauvais garçons où les rixes au couteau pour les appas d’une dame étaient monnaie courante, genre Casque d’or, vous voyez le tableau. Certains auteurs tracent même un parallèle entre la naissance du musette et celle du tango argentin, qui, on l’a très souvent dit, s’enfanta dans les bouges et seulement entre « machos » au départ. En vérité, et cela remonte bien avant le temps de l’accordéon, il y avait à Paris, des bals tranquilles qu’on appelait d’ailleurs bals de famille, catégorie la plus nombreuse, des bals plus délurés et puis, c’est vrai, des rendez-vous de ces fameux apaches. Comme on le verra d’ailleurs bientôt, ces deux derniers genres étaient passablement illustrés à Belleville.
A l’aube des années 1930, le climat général des musettes change donc. Et particulièrement au plan musical. Les années qui précèdent la IIe Guerre mondiale voient un profond renouvellement à ce niveau. Il s’accomplit en très grande partie sous l’influence d’une école de musique à priori éloignée des flonflons du piano à bretelles : le jazz nord-américain, qui va apporter le trait fondamental du swing dans l’exécution du répertoire musette. Il en résultera une floraison de compositions magnifiques et quasi magiques : Mystérieuse, Indifférence, Flambée montalbanaise, Mirabelle, etc., pour ne citer que ces titres, sorties de la plume d’une génération de musiciens exceptionnels dont Jo Privat, Tony Muréna, Gus Viseur (qui était belge, soit dit en passant) et Charley Bazin (illustrations 11-13). Avec ceux-ci, le genre musette acquiert définitivement ses lettres de noblesse. Les créations de tels artistes, virtuoses tout en étant limpides, sont très élaborées au niveau de la mélodie et raffinées dans les ornements ; elles font du musette une musique que l’on écoute désormais autant voire presque plus qu’on ne la danse. L’imprégnation jazz, il vaut la peine de le dire, est beaucoup venue du concours des musiciens manouches qui, spécialistes du banjo et de la guitare, assurèrent la rythmique dans les orchestres musette dès le début des années 1920. Avant de se consacrer complètement au jazz, Django Reinhardt lui-même fut, est-ce que nous vous l’apprenons ? un excellent joueur et même compositeur de valses musette entre 1926 et 1930 (illustration 14). On peut s’autoriser à dire que, après les Auvergnats et les Italiens, les Manouches ont formé la troisième racine ethno-musicale du musette.
Comme expression d’un mode culturel de masse, le musette, malgré de nouveaux talents incontestables en accordéon, notamment Yvette Horner, décline cependant après 1950 avec les mutations de la société, et presque tous ses bals fermeront au cours de la décennie 1960. Depuis vingt-cinq ans, toutefois, des artistes venus d’horizons divers : jazz, rock, rap ou chanson, en réhabilitent de façon convaincante l’esprit et les virtualités musicales au-dessus du fil du temps. Citons pour exemples le jazzman Richard Galliano, l’éclectique Marcel Azzola, les « hétéroclites » Bernard Lubat et Marc Perrone, le rocker Gérard Blanchard, le groupe néo-réaliste Les Têtes raides ou le rappeur parigot judicieusement appelé Java, etc.
05. Sonneur de cabrette, en l’occurrence le légendaire Antoine Bouscatel.
06. Bal de famille auvergnat vers 1840. A droite, le joueur de cornemuse.
07. Boutique du fabricant et réparateur d’accordéons Atti, rue des Orteaux, vers 1930.
08. La conciliation de la cabrette et de l’accordéon.
9 et 10. Deux grands pionniers du « musette » moderne : Carlo (Charles) Peguri et Emile Vacher.
11-13 Trois accordéonistes virtuoses des années 1930-1940, marieurs de la java et du jazz : Jo Privat (à 17 ans), Tony Murena et Gus Viseur.
14. Le jeune Django Reinhardt (vers 1925), banjoïste de bal musette.
Nous avons cité tout à l’heure Jo Privat et c’est lui qui va en quelque sorte nous servir à présent de guide pour initier la visite des musettes de Belleville. A un double titre, on ne pouvait trouver mieux dans ce rôle que Georges dit Jo Privat ? C’est d’abord un authentique poulbot de Ménilmontant puisqu’il a passé toute son enfance rue des Panoyaux (ses parents habitaient au n° 46) (illustrations 15 et 16). Ses origines familiales le disposaient ensuite particulièrement à devenir un ambassadeur du musette puisque le père, maçon, était auvergnat et la mère, ouvrière en décolletage, italienne.
Jojo, né en 1919, était encore garçonnet quand son père l’emmena au 54 de la rue de Ménilmontant pour lui mettre l’accordéon dans les oreilles. C’était l’adresse, située un peu au-dessus la rue des Amandiers, du café Au Thermomètre, où des joueurs de piano à bretelles donnaient des manières de récital musette. Trois ou quatre ans plus tard, le pré-ado entamait son apprentissage de musicien sur le pavé des rues, notamment au belvédère de la rue Piat. Il faisait la manche dans les lavoirs (celui du 15, rue Jouye-Rouve par exemple) et les cafés, les tenanciers de bistrots comme celui du Thermomètre étant nombreux au sein des années 1930 à rechercher, à Belleville et partout, des musiciens pour animer les bars à l’heure de l’apéro ou soutenir la cadence de battage des laveuses. Outre au café de son éveil au musette, Jo cachetonna ainsi au Balcon, au pied de la chaussée de Ménilmontant, ou, côté Belleville, à La Vielleuse, au Trianon, au Vieux Saumur, à la Marquise et bien d’autres institutions bistrotières de nos quartiers (encore existantes pour plusieurs d’entre elles). Vite affirmé, le talent de l’adolescent fut remarqué par le grand maître Emile Vacher qui, en 1935, lui obtint sa première embauche professionnelle dans un orchestre de bal musette ; c’était à L’Alhambra, au 22 du bd de la Villette. Par malchance, il n’existe pas d’image de ce bal dont la salle s’ouvrait derrière un cinéma, appelé du même nom. L’un et l’autre ont disparu dans les années 1960. Par chance dans l’infortune, la plume de l’écrivain bellevillois pur jus qu’est Clément Lépidis vient compenser le déficit iconographique. Dans Les Bals à Jo, il présente la salle de ce musette ainsi : « […] dans le passage au fond duquel se trouvait le bal flottaient des odeurs, un néon couleur sang tremblait au faîte d’une façade lézardée. Il fallait franchir cinquante mètres de pavés défoncés pour y parvenir. » Le regretté Clément ajoute, dans Monsieur Jo, ces notes précises : « Un lieu qui tenait davantage du bouge que du bal des familles. Grand comme un mouchoir, au fond d’une impasse grossièrement pavée jouxtant un cinéma de même nom. Le musette de Marcel la Bohème – c’était le surnom du tenancier du bal à l’époque où Jo s’y produisit – n’occupait pas plus de surface qu’un deux-pièces cuisine, l’estrade de l’orchestre surélevée pour laisser place aux danseurs. Les tables étaient vissées au sol. Au fond de la salle, trois tabourets devant un comptoir en étain. Une odeur de tabac froid et d’alcool mettait de suite les visiteurs dans l’ambiance. Le parquet ciré invitait à la danse […]. » Déjà toute une ambiance dont Lépidis, au sein du même livre complète ensuite la description avec ce tableau gouailleur : « La clientèle ne donnait pas dans le satiné et le langage, on s’en doute, n’était pas celui de l’Académie française. Il y venait des truands des quatre arrondissements, des filles habituées aux bouges de Montmartre et qui glissaient vers Belleville où l’on trouvait encore de la verte [c’est-à-dire de l’absinthe, vous aurez vous-mêmes traduit]. ». Bel endroit de formation pour l’adolescent qu’était alors Jo ! direz-vous.
Le second bal où travailla Jo, en 1936, est bellevillois lui aussi et du reste situé à deux pas de L’Alhambra puisque logé au 105, rue du Faubourg-du-Temple, de l’autre côté du carrefour marqué par la station de métro Belleville, au fond d’une galerie commerciale du rez-de-chaussée du Palais du commerce (curieuse construction Arts déco encore visible de nos jours). C’était La Java. Alors, si L’Alhambra n’a jamais compté parmi les grandes salles de musette de Paris, La Java, elle, quand il s’agissait vraiment d’un musette [4], jouait les premiers rôles et le simple fait que Jo y fut embauché, de nouveau grâce à la recommandation de Vacher, atteste les progrès foudroyants que le tout jeune homme avait accomplis en peu de temps dans l’art de l’accordéon. Il ne remplaçait à La Java rien de moins qu’un artiste chevronné et pionnier du musette, Antoine Tedeschi. Ce bal avait été ouvert en 1928. Il était sensiblement plus spacieux que l’établissement du boulevard de la Villette et les gars du « milieu » qui le fréquentaient appartenaient à une caste supérieure qui mettait davantage les manières. La Java, en sous-sol, « s’offrait aux regards à l’abri d’une lourde porte en fer forgé, rapporte Lépidis dans Les Bals à Jo, derrière laquelle on parvenait à la salle de bal par un escalier circulaire. Une haute estrade entourée d’une épaisse toile verte supportait l’orchestre. Face à la salle, le bar occupé par deux loufiats, foulard autour du cou. […] Le lieu suintait d’une espèce de couleur nocturne. » L’atmosphère, comme de juste, était saturée de fumée de cigarettes (illustrations 17-20).
Jo ne resta pas très longtemps à La Java non plus, appelé à développer dans des bals de plus en plus cotés une carrière déjà fort bien engagée. On le sait, le fils de l’Auvergnat et de l’Italienne formera pendant près de quarante ans le pilier musical du mythique Balajo de la rue de Lappe.. A La Java, pour revenir à elle, le débutant prodige de l’accordéon accompagnera l’une des reines de la chanson musette, Jane Chacun (illustration 21), qui est beaucoup passée dans les concerts et bals de Belleville. Jane, il vaut la peine de le dire, a sans doute été la première interprète, donc avant Lucienne Delyle, de la très célèbre composition d’Emile Carrara sur des paroles de Léo Agel, Mon Amant de Saint-Jean, dans une version primitive où l’« amant » en question n’était encore qu’un « costaud », c’est-à-dire un barbeau, un proxénète, quoi. Et puis nous voulons encore rattacher à La Java un épisode tragique de la vie de Django Reinhardt. Django et son banjo avaient fait, en 1928, l’ouverture de La Java avec l’accordéoniste Maurice Alexander, bien connu comme accompagnateur de la grande Fréhel. C’est un soir de novembre de cette année, alors qu’il venait de terminer sa prestation au bal de la rue du Faubourg-du-Temple et avait regagné sa roulotte de Manouche, qu’un incendie se déclencha dans l’habitation à la suite d’un geste malencontreux. Le musicien y faillit mourir et ne put s’en tirer qu’en subissant la perte de l’usage de deux doigts de la main gauche.
Django, entre 1926 et 1928, et Jane Chacun, vers 1936, ont passé dans un troisième bal bellevillois, le Ça gaze, un fringant musette créé en 1924 au 27 de la rue de Belleville par le cafetier Madérieux. Jo y a travaillé aussi mais plus tard, pendant la guerre. Des pointures majeures du piano à bretelles ont assuré les beaux jours de cet établissement, tels Fredo Gardoni, Augusto Baldi, qui deviendra propriétaire de La Java, Maurice Alexander et l’Auvergnat bon teint Jean Vaissade, avec lequel Django, comme banjoïste, a fait ses premiers enregistrements sur cire. Il y eut très probablement aussi le Nordiste Victor Marceau, et c’est très certainement pourquoi celui-ci aurait titré Ça gaze un autre prestigieux tube du musette. Dans son livre de chroniques Commune Mesure (1938), Renaud de Jouvenel parle d’« une salle sombre qu’un éclairage rouge et voilé déguise d’un peu de mystère bon marché. » (illustrations 22-24). Clément Lépidis ajoute dans Monsieur Jo qu’« il y régnait une ambiance de bouge ». Il y existait d’ailleurs une sortie de secours sur le passage Lauzin (aujourd’hui effacé) qui, un peu dérobée, était bien pratique les soirs de rafle pour la partie de la clientèle qui craignait la police. A l’époque de l’occupation allemande de Paris, le Ça gaze, comme bien d’autres bals, ferma officiellement ses portes mais, en réalité, poursuivit ses soirées de manière clandestine. Jo Privat, qui fut un acteur de ces soirées, rapporte qu’à l’époque, le musette du 27, rue de Belleville fut surnommé La Rafale en raison d’un échange de coups de mitraillette qui se serait produit entre truands.
Bien plus paisible se trouvait être le Ramponeau, au 3 de la rue éponyme, à l’angle avec la rue Dénoyez [5] (illustration 25). Attenant au café Raynal, il représentait le type même du bal de famille dont j’ai parlé tout à l’heure. C’était une salle plutôt grande et abondamment éclairée, à la différence du Ça gaze et de La Java. Réputé chroniqueur des années 1910 et 1920, André Warnod nous en parle ainsi : « L’accordéon est perché sur une sorte d’armoire. Aux murs, des écriteaux rappellent que la bonne tenue est de rigueur et, entre autres, que les messieurs ne doivent pas danser entre eux. » Ces derniers mots étaient-ils une plaisanterie ? Pour Warnod, en tout cas, cette maison était l’un des musettes les plus beaux de couleur qui existaient dans la capitale. Les guides des festivités parisiennes du temps le recommandent comme un haut lieu « musettier » bellevillois à l’égal de La Java. A la hauteur de la station de métro Couronnes et de la rue éponyme, Le Boléro, 54, boulevard de Belleville, a eu également une belle renommée. Un magazine spécialisé, La Revue de l’accordéon, parle en 1935 [6] du cadre « merveilleux » de la salle qu’animaient de leur instrument les maîtres Albert et Emile Carrara. Parfois, Jo Privat y faisait les après-midi du samedi et du dimanche, retournant au Balajo en soirée ; c’est ainsi qu’il vit un jour arriver sur le boulevard bellevillois Jean Gabin et sa compagne d’alors, Mireille Balin. Ce musette, qui devint un dancing, était coté assez chic.
Ancien était également le bal des Trois Lions, 86, bd de Belleville, angle avec la rue Bisson. Voici comment Warnod, que nous avons déjà cité, le dépeint en 1922 : « Il porte un nom prometteur mais il n’a rien de bien curieux. Le bal des Trois Lions a lieu 4 fois par semaine dans une grande salle attenant à un café, un très grand café, éblouissant de lumière, avec une terrasse, un café comme il y en a tant sur ces boulevards lointains, avec des phonographes et des garçons empressés. Le public est composé d’ouvriers et d’ouvrières du quartier. Tout cela est assez crasseux, sans pittoresque ni couleur. La salle est garnie de guirlandes en papier, les danseurs sont nombreux, on ne reçoit dans la salle de danse que les gens qui dansent, les buveurs doivent rester au café. » Dans ce café, le môme de Ménilmuche Maurice Chevalier, âgé de 12 printemps, effectua son tout premier apprentissage de scène, en 1900. Sans appointements, comme de bien entendu.
Le Belleville des grandes années du musette comptait encore une dizaine d’autres bals d’une certaine importance mais sans doute un peu moins courus que ceux que nous avons précédemment nommés. Il y en avait notamment une petite agglomération sur les hauteurs du quartier de la porte des Lilas, dont Le Lapin vengeur et le Bal Varèse, au bout de la rue de Belleville, qui sont peut-être ceux que le romancier bellevillois Eugène Dabit, l’auteur de L’Hôtel du Nord, évoque dans son livre de mémoire Faubourgs de Paris (1933). Non loin de là,, au 136 bis de la rue Pelleport, le Bal du Stade Anastasie était avant tout, dans les années 1921-1933, un rendez-vous parisien majeur pour la boxe, à la fois salle d’entraînement et ring de combats. Sur un terrain extérieur attenant, les pratiquants de toute discipline sportive pouvaient affiner leur forme. Ce complexe appartenait à un ancien champion du noble art, Louis Anastasie, qui avait établi là son Continental Sporting Club. Le Stade Anastasie faisait aussi restaurant, c’était pratique pour les athlètes qui pouvaient reconstituer à table leurs forces puis se délasser aux accents de l’accordéon. Enfin, des séances de cinéma de plein air s’y donnaient l’été. Un certain romancier américain nommé Ernest Hemingway passa au moins une fois dans ce surprenant lieu [7].
Revenons à nos moutons : au centre de Belleville, le restaurant franco-italien des frères Regalli, 19, de la rue de la Villette, possédait une salle de sociétés de bon genre qui, les week-ends, accueillait un public fourni sur sa piste de danse musette : il avait pour seconde enseigne Le Roulis, tout un programme. Le Bal Rispal de la rue des Envierges avait également des fidèles. Dans la cour du 28, rue de Ménilmontant, il y eut aussi un bal, voisinant avec le cinéma Phénix. Mais, curieusement, les établissements dansants de Ménilmontant, qui ont évidemment existé à plus d’un exemplaire, n’ont pas ou très peu laissé de traces dans les mémoires écrites. Il est cependant possible de penser avec de grandes probabilités de vérité que des musettes à l’accordéon ont pris la succession de ces musettes à la cornemuse – c’est-à-dire rappelons-le, les vieux bals auvergnats – qu’un journaliste, Emmanuel Patrick, cite dans une série d’articles de 1886 et 1887 (voir à la bibliographie). Tel fut sans doute le cas de La Tête de cochon, 116, boulevard de Ménilmontant, qui était aussi une gargote. La fameuse Amélie Hélie, dite Casque d’or, fréquentait l’endroit, affirment des biographes de la dame. Nommons aussi le Rendez-Vous de la Vienne, au 103 du même boulevard mais sur le trottoir opposé, côté 11e arrondissement. Dans ses chroniques, Pattrick (mais E. Chautard en parle aussi dans La Vie étrange de l’argot), donne encore le cas du bal Jules Bonnabot (1, rue de Pali-Kao-74, bd de Belleville) : « Sorte de bal musette d’ordre inférieur […] qui existait depuis une vingtaine d’années. Au-dessus de la porte d’entrée, on avait accroché un tableau qui représentait deux couples d’Auvergnats en habits de fête exécutant des entrechats fantastiques. Au fond, un monsieur, grave et solennel, soufflait dans une musette. Comme légende, cette inscription qui n’appartient à aucune langue connue : “Mi pia bien la dansa / Viva les Auvergnats !” Cet établissement a été volontairement fermé au mois de septembre dernier [donc en 1884] parce que n’y allait plus personne. Le local a été transformé en salle de billards. » Ce fut le café-hôtel Burguière vers 1905.
Voilà, nous avons à peu près bouclé le sujet et, pour prendre congé, terminerons par un témoignage personnel. Le musette, comme expression populaire génératrice de formes culturelles et d’un comportement social, a, répétons-le, cessé de vivre depuis une cinquantaine d’années. Tout au plus représente-t-il aujourd’hui, dans nos modernes « boîtes » et « discothèques », un numéro dans l’ordre des danses, entre tango et fox-trot, pendant le quart d’heure rétro de la soirée. Pourtant le spectre du musette a continué, bien après 1965, à hanter les vieux cafés de nos quartiers. Il y a de cela seulement deux décennies, par exemple, il n’était point exceptionnel de rencontrer encore dans certains bistrots de Belleville, à l’heure de l’apéro, un accordéoniste à la tête chenue offrir l’amuse-bouche de tubes de musette aux clients fidèles du bar. Tout à fait dans le climat que dépeint une très célèbre et magnifique photo de Doisneau prise dans un bar près des anciens abattoirs de la Villette (illustration 27). L’auteur du présent article a connu en particulier cela dans un bar-tabac de la rue Saint-Maur, en face de l’église Saint-Joseph, au sein du bas Belleville, ou bien dans la salle de ce restaurant ouvrier à la mode d’antan qui occupa, jusqu’en l’an 1997 à peu près, l’angle des rues Pixérécourt et de la Duée, à Ménilmontant [8]. Un jour qu’il y déjeunait, il demanda à l’accordéoniste de service cette fois-là qu’il jouât Indifférence. « Attendez que je m’échauffe un peu », répondit-il. Quelque morceaux après, effectivement « échauffé », il envoyait une magnifique interprétation du chef-d’œuvre de Murena.
Maxime BRAQUET
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15 et 16. Le gosse Jo à six ans et son théâtre d’aventures d’alors, la rue des Panoyaux.
17. « La Java ». L’entrée du bal en 1950.
18. « La Java ». La piste de danse, dessin de 1932 extrait de la revue « La Rampe ».
19. « La Java » : les danseurs.
20. « La Java » : le distributeur et ramasseur de jetons de danse.
21. Jane Chacun, son portrait sur la pochette du CD d’un réenregistrement, donc, moderne de ses succès.
22. Le « Ça gaze » : la salle et la piste, dessin de 1932 extrait de la revue « La Rampe ».
23. Le « Ça gaze » (maison Madérieux) : jetons de danse.
24. Le « Ça gaze » : manifestation pittoresque devant l’entrée, rue de Belleville, vers 1940.
25. Le « Bal de famille Ramponeau ». Remarquer la fenêtre de type fenière sous le toit, signe d’une vocation plus ancienne de la construction.
26. Belle et mystérieuse dame de l’accordéon devant des saigneurs de la Villette. Merci, Doisneau !
Alhambra (L’), 22, bd de la Villette, 19e.
_Balcon (Au), 152, bd de Ménilmontant, 20e. Bal du dimanche.
_Billards (Aux Trois), ex-Lions, 86, bd de Belleville, 20e.
Bon Coin (Café Au), 10, rue Pixérécourt, 20e.
Bonnabot (Bal), 74, bd de Belleville (1, rue de Pali-Kao en 1877), 20e.
Ça gaze, 27, rue de Belleville, 19e.
Cayla (Bal), il ne s’agit pas de Martin Cayla le cabrettaire, 10, rue du Général-Brunet, 19e.
Au Clair de lune (Café),1, bd de Belleville (d’après la Revue de l’accordéon (décembre 1935), 11e. L’accordéoniste Gaschard s’y produisait.
Clavière–s (Bal Louis), 103 (ou 107 ?), rue Saint-Maur, 11e.
Guillème (Petit Bal), rue de Ménilmontant, vers la rue Sorbier, 20e.
Java (La), 105, rue du Faubourg-duTemple, 10e.
Lacomme (Bal musette), 37, rue Jacques-Louvel-Tessier, 10e.
Lac-Saint-Fargeau (Bal du), maison Raveau, 296, rue de Belleville, 20e. Pas forcément musette.
Lapin vengeur (Le), 341, rue de Belleville, 19e.
Potier (Bal musette), 72, rue d’Angoulême (Jean-Pierre Timbaud après 1945), 19e.
Ramponeau (Bal de famille), 1, rue Dénoyez, 20e.
Regalli (Bal), 19, rue de la Villette, 19e.
Rendez-Vous de la Vienne (Au), 103, bd de Ménilmontant, 11e. Selon Patrick, il y avait là en 1886, « presque en face de l’ancien bal Graffard : un piètre et rebutant débit de boissons ayant pour enseigne Au Rendez-Vous de la Vienne. La façade est de couleur rouge, comme le nez des buveurs endurcis ». Il dit aussi que le criminel Broussel, surnommé l’étrangleur de femmes, en était un habitué. Il y fut arrêté en 1883. André Warnod (voir 1922 à la bibliographie) reprend ces informations.
Rendez-vous du Lac (Le), 337, rue de Belleville, 19e.
Rispal (Bal), 18, rue des Envierges, 20e.
Stade (Bal musette du), 136, rue Pelleport, 20e.
Tête de cochon (Bal A la), 116, bd de Ménilmontant, 20e. Citée par Patrick : en 1887, gargote très achalandée.
Varèse (Bal), 296, rue de Belleville, 20e.
Victor (Guinguette), 6, impasse Compans, 19e. Actif déjà en 1911. Dans le cadre de l’affaire de la bande à Bonnot, les policiers, lors d’une « descente », trouvèrent des revolvers sur les danseurs. Willy Ronis l’a photographiée par deux fois, à des dates éloignées l’une de l’autre, et François Truffaut y a tourné une scène de Jules et Jim…
Vosgien (Café Le), ex-Zaïna, 23, avenue Simon-Bolivar, 19e.
Celtic (Café Le), 20, rue de Belleville, 20e.
Marquise (Café A la), 95, rue de Belleville, 19e.
Thermomètre (Café Au), 54, rue de Ménilmontant, 20e.
Trianon (Café A), 69, rue de Belleville, 19e.
Vielleuse (La), 2, rue de Belleville, 20e.
Vieux Saumur (Le), 10, rue de Belleville, 20e.
Capelle (Musette), 16, bd de Charonne, 20e. Selon Patrick.
Cassagne (Musette), 140, bd de la Villette, 19e.
Rendez-vous des Charrons, 146, bd de la Villette, 19e.
Nostalgie 2015 rue des Envierges (Photo Maxime Braquet).
Ballen Noël, Django Reinhardt, éd. du Rocher (Monaco), 2003. BM et BNF.
Billard François, et Roussin Didier, Histoires de l’accordéon, éd. de l’INA,1991. BNF, BMF.
Boudard Alphonse et Azzola Marcel, La Valse musette et l’accordéon, éd. Solar, 1998. BM.
« Mémoires de Martin Cayla », dans Paris-Centre-Auvergne, n° 8, 1972. BNF
Delaunay Charles, Django Reinhardt, éd. Le Terrain Vague, 1961 et 1968. BNF.
Dubois Claude, La Bastoche, bal-musette, plaisir et crime, 1750-1939, éd. du Félin, 1997. Vente en librairie, accessible dans les bibliothèques municipales (BM).
Girard Roger, Quand les Auvergnats partaient conquérir Paris, éd. Fayard, 1979. BM et BNF.
Imbert Pierre Léonce, A travers Paris inconnu, éd. imprimerie G. Decaux,1876. BNF. Journal L’Auvergnat de Paris, années 1880-1910. BNF
Lépidis Clément, Monsieur Jo, éd. Le Pré aux clercs, 1986. BM ; Les Bals de Jo, éd. Le Sémaphore, 1998. Vente en librairie, BM.
Patrick Emmanuel, articles sur les vieux cabarets et bals de Paris dans le journal Le Courrier français, années 1886-1887. BNF
Pinguet Francis, Un monde musical métissé, éd. de La Revue musicale, 1984. BNF.
Pujoulx Jean-Baptiste, Paris à la fin du XVIIIe siècle, 1801. Accessible à la Bibliothèque nationale de France (BNF).
Rapport de police du 1er juillet 1879, recensement des bals. Accessible aux Archives de la préfecture de police de Paris.
Revue de l’accordéon et du bal musette (La), années 1935-1938. BNF.
Revue de l’accordéoniste, 1954. BNF.
Revue La Rampe, 1932. BNF (site Opéra),
Valdour Jacques. De la Popinqu’ à Ménilmuche, éd. Spes, 1924 ; Le Faubourg, éd. Spes, 1925. Les deux ouvrages à la BNF (« numérisés » Gallica).
Warnod André, Bals, cafés et cabarets, éd. E. Figuière,1913 ; Les Bals de Paris, éd. Georges Crès et Cie, 1922. Les deux ouvrages à la BNF.]Notes :
[1] Le texte de cet article résulte d’une conférence prononcée en la mairie du 20e pour l’Association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement (AHAV) le 20 octobre 2010. Toutes les images (photographies, dessins…) qui illustrent cet article appartiennent à des collections particulières (vieux clichés de presse, d’édition…), dont celle de l’auteur. Au sein du texte principal, des index renvoient aux illustrations en général regroupées en fin de chaque partie avec les légendes correspondantes. L’illustration de tête reproduit la “une” de couverture de la parution du magazine La Rampe (années 1930) consacrée aux bals musette (conservée au site “musée-bibliothèque de l’Opéra” de la Bibliothèque nationale de France). Bien repérer, à la droite du visage de l’accordéoniste Emile Vacher, l’inscription de trois noms fameux de musettes de Belleville : La Java, le Ça gaze et le Lapin vengeur.
[2] A cette époque où la musique paysanne — et populaire en général — n’était pas encore très séparée de la musique “savante”, les cornemuses avaient pleinement droit de cité dans les cours aristocratiques, notamment en celle du roi Louis XIV et il y avait des compositeurs spécialisés (Joseph Bodin de Boismortier par exemple) de “bals de village”. Ils écrivaient notamment une danse tranquille qu’on appela “musette” et qui, franchissant la frontière du royaume de France, inspira Johann Sebastian Bach et Georg Friedrich Händel.
[3] La rédaction de ce chapitre a profité des témoignages précis, observations et corrections d’un collaborateur de l’excellent Website Rue du Pressoir, monsieur Jean-Claude Rihard, que nous tenons à remercier. On lira ses interventions dans la partie « réactions de lecteurs » qui suit l’article proprement dit : Jean-Claude y signale plusieurs petits bals occasionnels du dimanche, musette mais pas spécialement. On lira avec une certaine émotion son souvenir de Django Reinhardt.
[4] A cette enseigne correspond depuis une vingtaine d’années une salle de concerts club avec toutes sortes de musiques modernes. Vers 1985, Jo Privat, retraité du Balàjo, se produisait encore parfois à La Java avec la chanteuse de musette Muriel.
[5] Son espace représentait une partie d’un ancien relais de poste dont le bâtiment total, donnant de l’autre côté, sur le boulevard de Belleville, a récemment été réhabilité.
[6] Il a ouvert ses portes autour de cette date au rez-de-chaussée et au sous-sol d’un immeuble tout neuf que les rénovations urbaines du début des années 1970 ont pourtant condamné sans appel à disparaître et le bal avec.
[7] Dans Paris est une fête (publié post mortem, en 1964, par Gallimard ; « Folio » n° 465, 1973), le célèbre écrivain, qui vécut à Paris vers 1923-1925, évoque le site ainsi : “Nous prîmes le métro pour nous rendre jusqu’à la colline abrupte que gravissait la rue Pelleport, et je découvris que le Stade Anastasie était une sorte de restaurant-dancing, avec quelques chambres à l’étage, situé sur un terrain vague planté d’arbres et clos par un mur d’enceinte. On avait installé un ring sous les arbres, où les boxeurs venaient s’entraîner quand il faisait beau, et dans le dancing il y avait un sac lourd, un punching-ball et des tapis de sol. On pouvait aussi y bricoler un ring, les jours de mauvais temps.
Le samedi soir, à la fin du printemps, en été et au début de l’automne, il y avait des combats en plein air, avec des rangées de chaises numérotées tout autour du ring. Les gens dînaient d’abord au restaurant et aux tables disposées dans le dancing, où les boxeurs, qui vivaient et mangeaient là quand ils n’étaient pas parisiens, étaient aussi serveurs. On pouvait acheter soit une place assise numérotée, soit un ticket d’entrée qui vous permettait de boire et de manger au restaurant, puis de regarder le combat debout, derrière les chaises. Les prix étaient bas, et la nourriture excellente.”
[8] Le lieu, tout en demeurant voué à la restauration, a plusieurs fois changé de genre par la suite.
Les Bals Musette de Belleville-Ménilmontant
Vous évoquez dans votre billet le Boléro et indiquez sa communauté de propriété avec le café Le Laurier Rose.
Permettez moi de douter de cette association.
1) Ma famille a été bellevilloise depuis 5 générations. Initialement rue Vilin à quelques 400m du carrefour rue des Couronnes/Bd de Belleville (donc du Laurier Rose). Puis a habité au 52 Bd de Belleville … c’est dire la proximité du le Boléro et nos fenêtres donnaient juste sur l’entrée de ce bal, devenu au début des années 60 … un centre Evangélique !!!!
Je n’ai jamais entendu parler du moindre lien entre le Laurier et ce bal !
2) Il n’est pas impossible que le Laurier eut un temps hébergé des guincheurs, mais ce fut alors avant les années 30 et pas au titre de Boléro . Sa grande salle (qui aurait pu-en théorie-héberger des guincheurs) était réservée aux amateurs de billard français !
3) En 1910-1920 à l’emplacement du futur Boléro il y avait un vide (en témoignent les photos de l’époque)
4) le bâtiment qui abritait le Boléro était un bâtiment “moderne”. Le seul dans un rayon de 700m, avec ascenseur, chauffage central dans les appartements, WC et salle de bain dans chacun des appartements et suprême luxe, tapis dans les couloirs.
Il était construit de briques rouges comme cela a été la mode dans les années 1930 Il est né à cette époque !.
Il n’y avait aucune communication physique entre le vieux bâtiment du Laurier Rose et le bâtiment moderne du Boléro.
Merci d’intégrer ces précisions.
Répondre à RIHARD JEAN-CLAUDE
Les Bals Musette de Belleville-Ménilmontant
Bonjour Mr Rihard,
Je transmets vos précisions à Mr Braquet qui ne manquera pas de vous contacter.
Cordialement.
Salvatore Ursini
La Ville des Gens
Les Bals Musette de Belleville-Ménilmontant
Bonjour, Monsieur Rihard,
Juste ce petit mot pour dire que les appartements du 54 bd de Belleville, juste au dessus du Boléro, n’étaient dotés ni de cabinet de toilette, ni de wc. Les wc étaient au bout d’un long couloir et il fallait passer devant le vide-ordures qui donnait sur une très petite cour intérieure poussiéreuse. Et ça faisait un peu peur quand on était petit. Je sais, j’y ai habité toute mon enfance et mes parents y ont vécu jusqu’à la démolition de l’immeuble.
Très cordialement.
GF
Les Bals Musette de Belleville-Ménilmontant
Réponse de Mr Baquet à la lettre de Mr Rihard du 15/11/2016
Cher monsieur Rihard
Je suis bien heureux de vous lire de nouveau après notre échange de courriers au sujet de La Vielleuse. Merci de la lecture attentive que vous faites de mes articles. Votre fidélité me remplit de fierté.
Vous dites : « Je n’ai jamais entendu parler du moindre lien entre le Laurier et ce bal ! » Il ne s’agit pas de la même entreprise, du « même propriétaire », c’est clair, mais les deux commerces de loisir et de bouteille se tinrent, si l’on en croit les inscriptions dans les Annuaires Bottin-Didot du commerce et de l’industrie des années 1900 et 1930, à la même adresse : 54, boulevard de Belleville, au coin méridional avec la rue des Couronnes. De sorte que l’on peut s’autoriser à dire : Le Boléro a succédé aux Lauriers roses. Il est très possible, et même fort probable, que ce ne fut pas dans les mêmes locaux ni dans les mêmes meubles et je ne peux que recevoir votre témoignage lorsque vous le évoquez le trou des années 1910-1920 correspondant sûrement à la démolition de l’immeuble des Lauriers et de la construction neuve de remplacement, « en briques rouges », « moderne », celle du bâtiment ayant accueilli Le Boléro à son rez-de-chaussée.
Vous écrivez aussi : « Il n’est pas impossible que le Laurier eut un temps hébergé des guincheurs, mais ce fut alors avant les années 30 et pas au titre de Boléro . Sa grande salle (qui aurait pu en théorie-héberger des guincheurs) était réservée aux amateurs de billard français ! » Il est en effet concevable que Les Lauriers roses, qui n’étaient pas par destination commerciale déclarée un bal musette, contrairement au Boléro, consacraient occasionnellement un coin de leurs locaux aux guincheurs de java et de valse en mineur. Beaucoup de cafetiers faisaient cela. C’est ce que j’écris d’ailleurs quelque part au sein de mon article. En ce qui concerne le passage de celui-ci consacré à nos deux établissements, j’ai sans doute été imprudent, je vous le concède, trop rapide, en parlant des Lauriers comme d’un bal . Voici l’endroit litigieux : « A la hauteur de la station de métro Couronnes et de la rue éponyme, Le Boléro, 54, boulevard de Belleville, a eu également une belle renommée. On a sûrement dansé ici dès la fin du XIXe siècle, quand le café qui abritait le bal se nommait encore Les Lauriers roses . Un magazine spécialisé, La Revue de l’accordéon, parle en 1935 du cadre « merveilleux » de la salle qu’animaient de leur instrument les maîtres Albert et Emile Carrara. Parfois, Jo Privat y faisait les après-midi du samedi et du dimanche, retournant au Balajo en soirée ; c’est ainsi qu’il vit un jour arriver sur le boulevard bellevillois Jean Gabin et sa compagne d’alors, Mireille Balin. Ce bal, qui devint un dancing, était coté assez chic. »
Me rangeant bien volontiers à votre conseil, je vais retoucher le point. Cela ne va du reste pas me coûter beaucoup d’effort, je vais simplement retirer l’évocation des Lauriers..
J’espère bien, cher monsieur, que nous allons continuer notre correspondance féconde à propos de cet article, de celui sur La Vielleuse ou d’un autre encore.
Cordiales salutations,
Maxime Braquet
Répondre à Salvatore
Les bals musette de Belleville-Ménilmontant
Courrier de M. Rihard du 18 novembre 2016
Bonjour M. BRAQUET
Je vais revenir un instant sur « Le(s) Laurier(s) Rose(s) », mais bien entendu il n’y a aucune volonté polémique simplement le souhait d’apporter une touche supplémentaire au côté historique.
Je n’ai pas la connaissance de la date d’apparition de ce café. Au vu des photos que j’ai dans « mes stocks », il existait autour de 1900 car le 10 août 1903 (incendie sur la ligne 2 du métro), il figure déjà ! A cette même date on peut voir sur les photos que l’emplacement du « Boléro » est un espace vide il y a seulement un commerce en RdC , ce n’est en effet que dans les années 1930 qu’il verra le jour.
Quant au « Laurier », il ne disparaîtra pas pour laisser la place…. car il était toujours là avec sa terrasse et ses billards en fond de la salle en 1969 (date de mon départ du quartier !). Il était toujours là face à sa concurrente « La Mascotte » qui elle est plus récente (auparavant c’était une quincaillerie « La Cisaille ».) A ma connaissance, « La Mascotte » n’a jamais fait de bals en dehors du 14 Juillet !
Au sujet des bals je voudrais ajouter quelques cordes à votre arc :
Le bal « La Taverne » dans la rue de Belleville juste en face du Théâtre de Belleville. C’était un café qui faisait bal essentiellement le WE. Ce bal était plutôt « familial » au sens où était fréquenté par les habitués du quartier. Il a dû voir le jour dans les années 30 et disparaître en tant que bal vers la fin des années 50.On y dansait un peu le musette, mais surtout le tango. Mon père l’a fréquenté des années durant.
Vous avez abordé la rue Ramponneau, or une connaissance Internet bellevilloise (Robert Gostanian) fait remarquer, sur le blog du Pressoir ( où il m’arrive de publier), que cette rue comportait en fait trois petits bals :
celui que vous citez (tout en bas de la rue Ramponneau près du tabac)
un autre un peu plus haut au ” Bar des Amis”
un autre encore plus haut au coin de la rue de Tourtille (nom ???)
Ces précisions complémentaires étant apportées je me dois de saluer votre travail, toujours très en profondeur. J’ai attaché beaucoup d’intérêt (associé à de l’émotion) à vos écrits parce qu’ils traitent de mon quartier auquel je suis resté viscéralement attaché malgré que je l’ai quitté depuis 47 années, mais comme je vous l’ai déjà dit nous étions dans la famille, bellevillois depuis 5 générations ! Ce qu’il était convenu alors d’appeler de “vrais parisiens”…..
Votre article sur les bals m’a particulièrement touché car :
Vous évoquez des accordéonistes que ma tante avait eus comme professeurs : Tony Muréna et Gus Viseur.
Ladite tante a été amenée à jouer dans plusieurs café-bals du quartier lors des 14 Juillet (dans les années 40) … elle s’appelait aussi Jane, chantait aussi ( comme la Chacun) et avait gagné le premier prix lors d’un radio crochet sur radio- Luxembourg . Mais trop timide pour jouer en public, elle n’a donc pas fait carrière, malgré un talent indéniable.
Vous parlez de Django …. mon père était un admirateur inconditionnel et c’est à cause de Django qu’il a lui-même appris la guitare … il en jouait dans son style toujours très swingué !
Mais évidemment pas avec la même classe ! Saviez vous que Django a habité dans la rue de Belleville pendant quelques mois. Je n’ai pas l’adresse exacte mais c’était dans la section entre le Théâtre et la rue des Pyrénées. Il habitait un RdC qui donnait sur ladite rue. Mon père était alors apprenti dans le Haut Belleville et habitait rue Vilin. A chaque fois qu’il rentrait de son boulot via la rue J.Lacroix, il passait devant sa fenêtre ouverte et s’arrêtait pour écouter Django qui s’entraînait. Ce n’était plus le banjo, mais la guitare. C’est ainsi que mon père a goûté “au fruit défendu” ! (je plaisante !)
Encore une fois, chapeau et merci pour votre travail de mémoire. Moi… j’écris les miennes. J’en suis à près de 200 pages et arrivé seulement à l’âge de 12 ans ! Pas sûr que je puisse tout terminer !
Bien cordialement,
JCR
Réponse de Maxime Braquet le jour même :
Cher Jean-Claude
Merci de vos explications très précises et fort convaincantes (ce qui est normal car, vous, vous êtes un vrai témoin des lieux). Je réalise grâce à elles mon erreur : Le Boléro et Les Lauriers n’étaient pas à la même adresse, presque à la même adresse mais pas tout à fait. En vérité, à deux numéros consécutifs sur le boulevard de Belleville : le 54 pour le premier nommé et 56 (angle avec le 2 de la rue des Couronnes) pour l’autre ; la Cisaille, de l’autre côté de la rue des Couronnes, était au 58.
Je vais de nouveau corriger mon article. En même temps, je vais, avec votre permission, intégrér à ma rédaction les nombreuses informations complémentaires que vous apportez. Surtout, je vais citer intégralement en note les choses savoureuses et émouvantes que vous rapportez sur Django.
Veuillez accepter mes excuses et mes remerciements.
Bien à vous,
Maxime Braquet
Réaction de M. Rihard, le 19 novembre
Exact Maxime c’était bien le 56 pour les « Lauriers. » Ce n’était qu’un point de détail, mais c’est toujours mieux lorsque cela colle avec la réalité. Bien cordialement.
JCR
Répondre à Salvatore
Les bals musette de Belleville-Ménilmontant
Bonjour,
Je ne sait pas si c’est sur ce blog que mon témoignage est le plus adapté, mais le modérateur appréciera ou le zappera si besoin…
Voilà mon témoignage concernant les quartiers de Belleville et de Mémilmuch !
Toute ma famille du côté de mon père est née, a vécue et a travaillée rue de Belleville, toute la famille du côté de ma mère, il vivait rue de Ménilmontant ! Et ce jusqu’à la fin des années 60.
Concernant la rue de Belleville :
Ma grande tante et mon grand oncle au 27, au-dessus de l’entrée du bal “Maderieux”.
Elle faisait bouillir du linge sale toute la journée, la fenêtre grande ouverte, pour les gargotes et hôtels meublés environnants. Lui faisait les livraisons en oubliant pas de s’arrêter pour boire un coup au passage.
Mon père, ma mère, moi (né à la clinique rue Clavel) puis ma sœur et deux autres frères sont nés dans le petit appartement au dernier étage (6ème) au 53, à côté du bal “La taverne”. Mes parents et moi allions au bal le WE en bas de chez nous en face du théâtre de Belleville.
Mes grands-parents, au 62, au dernier étage avec une pièce pour réparer des machines à écrire, à calculer et comptables, mon père et mon grand-père travaillait ensemble, ma grand-mère brodeuse avait deux machines dans la chambre à coucher.
Ma mère a connu mon père, car elle était une jeune coiffeuse juste en bas du 62 en face du Trianon !
Mon oncle et ma tante, au 72, voisins de palier de la famille Gassion parents d’Édith Piaf, lui homme à tout faire, bricolait à gauche et à droite et faisait des livraisons avec son side-car…
Une tante au 143 (à côté de l’église) qui travaillait toute la nuit (parait-il, officiellement comme ouvreuse de cinéma) ?
Concernant la rue de Ménilmontant :
Mes grands-parents habitaient au 86 de la rue, mon grand-père était régisseur à l’ABC le soir et après au petit matin allait aux Halles pour noter les échanges commerciaux entre acheteurs et vendeurs dans une petite guitoune, jusqu’à ce que la cloche sonne et que l’on laisse aux clochards (d’ou vient le nom) les restes des produits invendus (pas de frigo). Ma grand-mère travaillait comme crémière près des Buttes Chaumont (les laiteries Hauser, devenues les laiteries Parisiennes, puis la Parisienne !)
Mes arrières grands parents contre les Versaillais ont tenus tête dans le bas de la rue de Belleville en 1870 !
J’ai vécu plus de 18 ans dans ces deux quartiers, il y avait à l’époque encore des fermes, maintenant je ne reconnais plus grand chose, je retourne quelques fois passer une soirée au Vieux Belleville, manger et chanter avec Riton la Manivelle, mais l’ambiance du quartier s’est envolée avec le ballon rouge de la rue Vilin !
J’ai plein d’autres informations pour ceux que ceux qui seraient intéressés par la vie de ce quartier et de leurs habitants de l’après guerre jusqu’à la fin des années 60 !
Répondre à PIEDDELOUP
Les bals musette de Belleville-Ménilmontant
Bonjour Monsieur, voici la réponse de Mr Braquet à votre message sur le forum de cet article :
Cher M. Pieddeloup
Merci beaucoup pour vos irremplaçables témoignages. Vous vous demandez si c’est bien sur le Website La Ville des gens que vous aviez à les proposer. Mais oui, c’est clair, et nous sommes très heureux de les donner à lire aux bellevillois en espérant que cela suscitera des échanges en chaîne. Quelques autres sites démontrent des qualités comparables dans la fonction de conserver la mémoire historique des quartiers Belleville et Ménilmontant. Je n’en citerai que trois : « Rue du Pressoir, Paris » , « Plateau Hassard » et « Paris-Est Villages » . Il faudrait d’ailleurs que, à tous les historiens de l’Est parisien que nous sommes, nous travaillions à la création d’un site spécialement dévolu à la réception des témoignages vivants sous quelque forme que ce soit, y compris des photos. Si, en ce dernier domaine, les clichés abondent pour illustrer les années 1900-1910, nous sommes en revanche pauvres en ce qui concerne les décennies 1920-1950 et pas terriblement mieux pourvus pour les périodes 1960-1980.
Savez vous qu’une des adresses de votre saga familiale fut une institutions locale. Au 27 de la rue de Belleville, en effet, cela avait été, au XIXe siècle, un relai de la Compagnie des diligences omnibus qui, plus tard, deviendrait une importante salle de réunions publiques politiques. Cette salle, autour de 1900, dépendait-elle du café-hôtel de M. Lourdès ? que signalent les Annuaires Bottin et dont le sieur Brouzes prendra la succession vers 1907. Mouton le relaiera à son tour en 1920 et Madérieux huit ans plus tard.
A sa façon, le 72 de la rue de Belleville constitue lui-aussi un lieu marqué puisque lié à l’enfance d’Edith Piaf. On nous a aujourd’hui informé d’abondance sur la légende que perpétue la fameuse plaque commémorative (Piaf n’est pas né là, ayant vu le jour à l’hôpital Tenon) mais vous me révélez, car cela n’a pas été spécialement dit par les biographes de la Môme, que la famille Gassion habita réellement l’immeuble. Je crois savoir que, au sortir de la maternité d’Edith, son berceau fut installé chez la grand-mère maternelle, Aïcha (Emma Saïd ben Mohammed), la Kabyle, 91, rue Rébeval. Eh oui, Piaf est une demie Beurette.
A un numéro supérieur près, le 86 de la rue de Ménilmontant a pu profiter de l’aura des nombreuses personnalités des arts et lettres (Prévert, Cocteau, Carco, Mac Orlan, Vlaminck, Céline, Doisneau, Guitry…) qui, dans les années 1950, venaient visiter le peintre Daniel Pipard dont l’atelier voisinait.
Tout autre chose : si l’Annuaire Bottin-Didot de 1951 signale bien l’atelier de réparation de machines à écrire de votre grand-père paternel au 62 de la rue de Belleville , il ne mentionne pas de salon de coiffure à cette adresse mais une crèmerie et le café Fleury.
Au plaisir de poursuivre la conversation avec vous,
Maxime Braquet
Les bals musette de Belleville-Ménilmontant
Cher Monsieur Pieddeloup,
Je suis très intéressé par les informations que vous pouvez avoir sur les quartier de Belleville et Ménilmontant, en particulier des photographies de guincheurs de l’époque. Vous pouvez me contacter à richardlemenn chez hotmail.fr ou à lamesure chez lamesure.fr
Merci et j’espère à bientôt.
Richard LM
Les bals musette de Belleville-Ménilmontant
Je suis très agréablement surpris par l’érudition du texte et des intervenants sur la rue de Belleville, les bals, les guinguettes, .. Moi-même j’ai habité dans les 50-60 au 128 rue Compans et demeure actuellement à Marseille. J’ai passé une partie de ma jeunesse avec Eddie Mitchell du côté de la Place des Fêtes
Mais j’ai une question précise à votre érudition : mon arrière grand père Jean Léon GUERRIN habitait la rue de Belleville et animait une “guinguette” ou marchand de vins avec bal. Dans la famille on parle de Mistinguette. Il était marié à une Léger.
Or l’ouvrage “Mémoires des rues” Paris 19ème de Patrick Bezzolato montre, page 95 une photo d’un commerce de vins avec l’indication “Maison Léger” au fronton, à un angle de rue, avec le personnel devant où il me semble reconnaitre mon arrière grand mère et mon arrière grand père mais aucune certitude. Sous la photo est écrit :”La Maison Riou, ancienne Maison Léger, située au 219 rue de Belleville vers 1910, était l’un de ces établissements typiques du quartier : marchand de vins, restaurateur et à l’occasion bal populaire. (coll. Maïly)”
J’aurai souhaité faire la correspondance entre mon grand père et ce commerce dont on ne parle pas dans le texte. Peut-être pouvez-vous m’apporter des informations ou une piste, sachant que la tenue ce commerce par Jean Léon GUERRIN et un Léger est à situer entre 1900 et 1910 ?
Avec tous mes remerciements ;
Répondre à Gérard PELLETIER
Les bals musette de Belleville-Ménilmontant
Bonjour Mr Pelletier,
J’ai validé votre message sur le forum de l’article sur les Bals Musette et je le transmets à l’auteur de l’article Maxime Braquet qui ne manquera pas de vous répondre.
Notre association et site internet ayant déposé le bilan, nous travaillons en tant que bénévoles à préserver le travail historique et mémoriel que nous avons effectué durant 10 ans.
Bien à vous.
Salvatore Ursini
Les bals musette de Belleville-Ménilmontant
Je fais actuellement des recherches sur une personne du nom de Marie-Louise Fouquet, qui a eu sa petite heure de gloire en 1925 sous le nom de Marilly de Saint-Yves. Elle avait alors tenté de tuer son amant qui voulait la quitter. Elle a ensuite écrit un ouvrage “Ces Messieurs du sens interdit”. Elle est décédée à l’hôpital Tenon en 1964. Elle habitait alors au 128 rue Compans. En faisant des recherches sur cette adresse, je suis tombé sur ce site for intéressant et sur le message de Gérard Pelletier qui dit avoir habité à cette adresse à la même période. S’il pouvait m’apporter des informations, si tant est qu’il en ait, cela me permettrait de compléter la biographie de cette personne, qui est fort incomplète pour le moment. Serait-il possible d’entrer en contact avec lui via ce site ?
Avec mes remerciements
Cordialement
Jean-Marc Barféty
Les bals musette de Belleville-Ménilmontant
A M. Gérard Pelletier, de la part de Maxime Braquet
Vous m’apprenez l’existence de “Louise Fouquet, qui a eu sa petite heure de gloire en 1925 sous le nom de Marilly de Saint-Yves”. Je n’avais donc aucune information sur elle — et son séjour au 128, rue Compans — auparavant. Maintenant, j’ai regardé sur BNF Gallica le dossier de presse concernant son attentat à la vie du lieutenant Cazenave. Je suppose que vous connaissez cela.
Navré de ne pouvoir faire et dire plus. En revanche, je suis personnellement intéressé par le résultat de vos recherches.
Bien à vous. Cordial salut.
Maxime
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