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Le toucher, fondement du lien social – Cerveau et Psycho

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Dans une étude récente, des chercheurs français viennent de montrer que des neurones impliqués dans le toucher sont aussi cruciaux pour socialiser. Et si nous avions besoin de plus de contacts… au sens propre ?

Toucher, être touché, entrer en contact… Ces expressions montrent bien que le sens du toucher est étroitement lié aux relations humaines. Se pourrait-il qu’au-delà du fait de sentir physiquement les objets qui nous entourent, ou la température de l’air, ce sens soit en réalité le ciment de nos relations ? C’est pour explorer cette hypothèse que notre groupe de recherche a récemment mené une série d’expériences visant à explorer les « fibres du toucher social et affectif » chez des souris. Le but était de comprendre à quel point ces neurones sous-tendent les relations sociales entre ces animaux, afin de poser la question de ce qu’il en est dans les sociétés humaines. Car, de fait, nous avons démontré que sans ces fibres, les animaux ressentent moins leur environnement, mais aussi et surtout qu’ils cherchent moins la compagnie de leurs semblables.
Il faut tout d’abord reconnaître que les recherches sur le toucher ont mis un peu de temps à démarrer. Les premiers sens qui furent étudiés dans la transmission des informations sociales ont été la vision, l’olfaction et l’audition. Ce n’est que depuis les années 2010 que des scientifiques ont suggéré que la peau pourrait participer activement à la transmission des informations sociales à travers ce que l’on appelle le « toucher affectif » ou « toucher social ». Mais qu’entend-on par-là ?
Techniquement, le toucher social prend la forme de « stimulations mécaniques à bas seuil », c’est-à-dire d’un contact avec une légère pression réalisé avec un lent mouvement de translation (à une vitesse d’environ 3 centimètres par seconde). Quelque chose comme une caresse. L’expérience sensorielle qui en résulte est due à l’intégration de multiples informations par un réseau complexe constitué de neurones et de cellules sensorielles variées et spécialisées, localisées sous la peau. Ce réseau est originellement responsable de la détection des sensations de température, de pression, et même de douleur ! Dans ce système, certaines fibres nerveuses (prolongements des neurones) appelées « C-tactiles » ont même montré leur implication dans la chronicisation de la douleur dans les maladies neuropathiques ou inflammatoires.
À l’université de Linköping, en Suède, le neuroscientifique Håkan Olausson a prouvé que ces fibres s’activaient également en réaction à des stimulations tactiles catégorisées comme « plaisantes » par les participants. Des recherches suggèrent par ailleurs que nous utilisons sans nous en rendre compte des stimuli possédant les propriétés optimales d’activation des C-tactiles pour interagir avec nos proches par des étreintes ou des contacts discrets. Ces études, toutefois, permettent seulement d’affirmer que ces fibres sont actives quand les personnes ont des interactions sociales, mais sans préciser à coup sûr si c’est l’activation des fibres qui crée l’interaction sociale, ou si le lien s’exerce dans l’autre sens.
D’où la question : ces fibres C-tactiles sont-elles nécessaires pour qu’une interaction ait lieu, et suffisent-elles à l’enclencher de manière intrinsèque, indépendamment d’autres indices visuels, auditifs ou olfactifs notamment ? En un mot, le toucher est-il un « déclencheur » pur du comportement social ?
Pour répondre à cette question, nous avons tout d’abord voulu évaluer les conséquences d’un dysfonctionnement des fibres C-tactiles sur le comportement des souris. Pour ce faire, nous avons utilisé des souris génétiquement modifiées dont les fibres C-tactiles sont spontanément moins actives, produisent moins de signaux nerveux, à une fréquence inférieure et une vitesse de conduction également plus réduite. En laissant les souris aller et venir librement dans leurs cages, nous avons pu quantifier la qualité de leurs interactions tactiles et sociales. Un système d’analyse basé sur le machine-learning (une forme d’intelligence artificielle) conçu spécialement pour ce type d’étude par Fabrice de Chaumont, Élodie Ey et leurs collègues de l’institut Pasteur, nous a permis de suivre leur comportement pendant plusieurs jours. Ainsi, nous avons pu analyser la position de différentes parties de leurs corps : tête, queue, oreilles, yeux et nez. Et le résultat est sans appel, ces souris passent presque 20 % de temps en plus isolées comparé aux souris témoins dont les fibres C-tactiles fonctionnent normalement. Et même lorsqu’elles interagissent socialement, la durée d’interaction est plus faible de 10 à 15 %.
Que se passe-t-il au contraire si on augmente l’activité des fibres C-tactiles ? Pour le savoir, nous avons utilisé une technique dite « chimiogénétique », qui consiste à faire exprimer par les neurones de la souris certaines molécules réceptrices (appelées « récepteurs couplés aux protéines G ») qui vont pouvoir s’activer lorsqu’on injecte un composé chimique (ici, le Clozapine-N-Oxyde, ou CNO) dans l’organisme de l’animal. Une fois activées par l’injection de ce composé, ces molécules réceptrices vont à leur tour activer les fibres C-tactiles. Une fois encore, nous avons de nouveau utilisé un algorithme de machine-learning pour analyser le comportement des souris, traitées ou non par CNO. L’analyse des résultats a montré que l’injection de CNO réduisait le nombre de comportements isolés des rongeurs de 60 % à 120 % et, dans le même temps, augmentait de 24 % à 30 % leurs contacts sociaux, selon que les animaux se déplacent ou sont immobiles. Conclusion : l’activation des fibres C-tactiles augmente transitoirement toutes les interactions sociales entre les rongeurs, incluant les comportements liés aux contacts peau à peau et à l’exploration sociale.
Dans quelle mesure de tels résultats peuvent-ils s’appliquer à notre espèce ? On sait à quel point le toucher est crucial, non seulement chez les souris mais également chez les primates très proches de l’homme. Ainsi, dans les années 1950, le psychologue américain Harry Harlow apporta les premières démonstrations scientifiques que les contacts physiques étaient nécessaires au bon fonctionnement mental des mammifères. Ses expériences controversées, basées sur l’isolement de jeunes macaques rhésus ou sur le remplacement des mères naturelles par des mères artificielles, démontrèrent que les contacts physiques, et non pas l’apport nutritionnel apporté par le lait maternel, étaient indispensables à la création d’un lien entre enfants et le parent. Ces expériences ont aussi révélé que ce lien avait une importance majeure pour le bon développement des individus. Cela donna naissance à la théorie de l’attachement. À la suite de ces expériences, une importante littérature scientifique se structura au fil des années en mettant au jour les effets délétères de la séparation maternelle sur les individus et leur cerveau. De quoi s’attendre à un rôle équivalent chez l’homme…
De fait, des perturbations du toucher affectif du fait de troubles neurodéveloppementaux pourraient même, selon certaines études, favoriser des troubles de la socialisation comme le trouble du spectre autistique (TSA). Beaucoup de jeunes enfants atteints d’un TSA sont réfractaires au toucher, reçoivent alors moins de stimulations tactiles, ce qui pourrait avoir un impact profond sur leur comportement, leur développement et donc la genèse de leur trouble, selon une étude menée par Laura Crane, de l’University College de Londres, et ses collègues en 2009. Pourquoi cette moindre appétence pour les contacts ? Des travaux menés en 2011 par Avery Voos, de l’université de Santa-Barbara, en Californie, montrent que les personnes souffrant de TSA présentent des sensibilités tactiles affectives altérées… L’ensemble de ces connaissances et observations donnent fortement à penser que les fibres C-tactiles peuvent être un composant clé des interactions sociales, et donc du toucher social. À présent que ces circuits neuronaux sont identifiés, nous aurons donc tout intérêt à étudier leurs altérations éventuelles dans ces troubles.
Il reste que ces résultats posent une question fondamentale : pourquoi le toucher serait-il si important pour socialiser ? La théorie du « cerveau social », de l’anthropologue britannique Robin Dunbar, explique de manière convaincante les étapes de la socialisation chez les primates et jusqu’à l’homme. Dans une étude datant de 1992, Dunbar analysait la taille du néocortex de différents primates, et la comparait à la taille des groupes sociaux dans lesquels vivaient ces primates. Il constata alors que la taille du néocortex d’une espèce de primate était d’autant plus importante que son nombre d’interactions est important. Il en résulta la théorie du cerveau social, selon laquelle l’expansion du néocortex dans la lignée des primates aurait principalement rempli une fonction de socialisation. De nouvelles études menées par la neuroscientifique Camille Testard à l’université de Pennsylvanie ont validé que, chez des macaques, la taille du réseau social des individus est corrélée avec la taille de certaines régions cérébrales impliquées dans des comportements sociaux tels que l’attachement ou l’empathie. Et une de ces régions clés, le cortex insulaire, est aussi un carrefour de connexions où sont intégrés des signaux sensoriels – et notamment tactiles – et des processus de prise de décision. Signe que le toucher serait associé à la taille des groupes sociaux.
Les humains sont-ils toujours tributaires du toucher pour socialiser ? À ce stade, il est encore difficile de répondre avec certitude à cette question. Dans notre espèce, souligne Dunbar, les stimulations tactiles ont été en partie remplacées par le langage, qui permet de toucher ses semblables à distance, par des mots. Mais avec des limites : même par les mots, ses études de terrain ont révélé que nous ne pouvons pas réellement entretenir plus de 150 relations de façon suivie, y compris sur les réseaux sociaux, précise l’équipe de Bruno Gonçalves, de l’université de New York. Et notre héritage tactile ne peut être entièrement ignoré : si une chose doit nous l’apprendre, c’est la souffrance affective et psychique qui a résulté des séparations et des pertes de contacts physiques pendant la pandémie de Covid-19. À l’heure de la virtualisation, des réseaux sociaux et du métavers où l’on prétend vivre entièrement dans des univers virtuels, nous ne devrions jamais l’oublier.
Article paru dans
Cerveau & Psycho n°148 – Novembre 2022
La façon dont vos connaissances boiront à la gourde que vous leur tendez en dira long sur vos liens de confiance et de proximité.
Toutes les études récentes montrent qu’il faut réhabiliter ce sens trop longtemps cantonné à un rôle utilitaire.
Comment les cellules détectent-elles le contact et la pression mécanique pour ensuite transmettre la perception tactile vers le cerveau ? Après des décennies d’interrogation, les chercheurs ont découvert quelques-unes des protéines à la clé de ce processus. 

Savez-vous quel est notre plus grand organe sensoriel ? La peau ! Notre main possède à elle seule 17 000 récepteurs sensoriels. Les influx nerveux sont traités par plusieurs relais avant de donner naissance à une perception tactile créée par notre cerveau.
De nombreuses expériences mettent en lumière le pouvoir du toucher dans les interactions sociales. Entretien avec Jacques Fischer-Lokou, maître de conférences à l’université de Bretagne Sud.

Amaury François est chercheur à l’Institut de génomique fonctionnelle (IGF) de l’université de Montpellier, unité mixte de recherche CNRS-Inserm.

Damien Huzard est chercheur à l’Institut de génomique fonctionnelle (IGF) de l’université de Montpellier, unité mixte de recherche CNRS-Inserm.
D. Huzard, A. François et al., The impact of C-Tactile Low threshold mechanoreceptors on affective touch and social interactions in mice, Sciences Advances, 2022.
H. Olausson et al., Seeking pleasant touch : neural correlates of behavioral preferences for skin stroking, Frontiers in Behavioral Neuroscience, 2015.
 
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