Le Regroupement des cégeps Montérégie veut « rétablir les faits » concernant la situation au Cégep de Sorel-Tracy. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©
Plus d’une semaine après la parution de notre article « Des témoignages lèvent le voile sur une panoplie d’irritants », le Regroupement des cégeps Montérégie (RCM) a réagi pour « rétablir les faits », précisant que les « propos rapportés démontrent une méconnaissance de la réalité » et qu’ils sont « inquiétants, parce qu’ils supposent que le réseau des cégeps devrait être en compétition ».
« Nous n’avons aucunement l’intention de nous mêler du fonctionnement du Cégep de Sorel-Tracy ni la prétention de savoir ce qui s’y passe actuellement. Toutefois, nous nous sommes sentis interpellés par cet article pour deux raisons », indique d’entrée de jeu le RCM dans une lettre adressée au journal Les 2 Rives le 2 décembre et co-signée par les six directeurs des cégeps de la Montérégie.
Premièrement, le RCM avance que les nombreux propos d’employés syndiqués du Cégep démontrent une méconnaissance de la réalité. Rappelons que plusieurs employés, sous le couvert de l’anonymat, avaient confié que la direction ne s’était pas « battu bec et ongle » pour l’octroi de certains programmes d’études, s’inquiétant que le Cégep Édouard-Montpetit accueillera en 2024 une Techniques d’éducation spécialisée (TES) et que l’établissement sorelois n’ait pas été de l’avant avec la technique policière.
Selon le RCM, les décisions sur l’octroi ou non d’un programme de DEC à un cégep sont prises par le ministère de l’Enseignement supérieur (MES), notamment après l’analyse de recommandations des cégeps de la région concernée. Selon le Regroupement, le ministère a octroyé la TES au cégep longueuillois parce qu’il juge qu’il existe un fort besoin en Montérégie pour les diplômés de ce programme.
« Contrairement au[x] propos rapportés dans l’article, Mme [Stéphanie] Desmarais [directrice générale du Cégep de Sorel-Tracy] a défendu le Cégep de Sorel-Tracy en faisant valoir l’impact potentiel sur ce dernier d’accorder le programme au Cégep Édouard-Montpetit lors de notre rencontre visant à faire la recommandation régionale au MES. Les six autres cégeps de la région ont toutefois considéré que le besoin régional était tel qu’il était préférable de soutenir la demande du Cégep Édouard-Montpetit », indique le RCM, précisant qu’il est faux de prétendre que Mme Desmarais ne défend pas son cégep et n’essaie pas d’obtenir de nouveaux programmes.
Deuxièmement, le RCM soutient qu’il n’y a pas matière à compétition entre les institutions qui doivent plutôt collaborer pour répondre au mieux aux besoins de la Montérégie. Rappelons que plusieurs syndiqués rencontrés par notre journaliste s’inquiétaient que la direction du Cégep sorelois « ne se préoccupe pas » de la compétition avec les autres cégeps et que Stéphanie Desmarais, depuis son arrivée à la tête du collège il y a trois ans, ne poursuive pas le travail entamé sous Fabienne Desroches, l’ex-directrice générale.
Selon le Regroupement, prétendre que les cégeps de la Montérégie sont en compétition est inquiétant, affirmant même que des propos comme ceux rapportés menacent le bon fonctionnement des institutions collégiales de la région.
« Les sept cégeps de [la] Montérégie essaient depuis plusieurs années de se développer en se soutenant mutuellement. Ceci implique parfois des décisions plus difficiles pour l’un ou l’autre pour le bien régional. Ceci ne signifie pas que la direction générale concernée ne défend pas son collège, mais bien plutôt qu’elle le fait, mais que des besoins régionaux peuvent dépasser ceux-ci et que tous ont la maturité de le reconnaître », explique le RCM.
Finalement, le Regroupement mentionne que les « propos rapportés dans l’article sont des interprétations sans fondement de ce qui se serait passé lors de nos rencontres ».
La lettre:
Granby, le 2 décembre 2022
Monsieur Alexandre Brouillard
Journaliste
Les 2 rives.com
abrouillard@les2rives.com
Objet : Réaction du Regroupement des cégeps Montérégie (RCM) en suivi de votre article : « Des témoignages lèvent le voile sur une panoplie d’irritants »
Monsieur,
Nous nous permettons de réagir à l’article « Des témoignages lèvent le voile sur une panoplie d’irritants » paru dans les derniers jours.
Nous n’avons aucunement l’intention de nous mêler du fonctionnement du Cégep de Sorel-Tracy ni la prétention de savoir ce qui s’y passe actuellement. Toutefois, nous nous sommes sentis interpellés par cet article pour deux raisons.
D’une part, les propos rapportés démontrent une méconnaissance de la réalité. Les décisions sur l’octroi ou non d’un programme de DEC à un cégep sont prises par le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) après analyse notamment des recommandations des cégeps de la région concernée. Si le MES a octroyé un programme de TES à Édouard-Montpetit, c’est qu’il a jugé qu’il existe un fort besoin en Montérégie pour les diplômés de ce programme. Contrairement au propos rapporté dans l’article, Mme Desmarais a défendu le Cégep de Sorel-Tracy en faisant valoir l’impact potentiel sur ce dernier d’accorder le programme au Cégep Édouard-Montpetit lors de notre rencontre visant à faire la recommandation régionale aux MES. Les six autres cégeps de la région ont toutefois considéré que le besoin régional était tel qu’il était préférable de soutenir la demande du Cégep Édouard-Montpetit.
De plus, il serait pertinent de souligner que Mme Desmarais a su parfaitement expliquer le besoin de nouveaux programmes de son cégep à ces collègues. C’est notamment ce qui nous a menés à recommander le Cégep de Sorel-Tracy pour le nouveau DEC en pharmacie alors qu’initialement ce programme devait être demandé par un autre cégep de la région. L’analyse de la situation régionale a toutefois mené les directions générales de l’ensemble des cégeps de la Montérégie à considérer qu’il était préférable qu’il soit octroyé au Cégep de Sorel-Tracy. Prétendre que Mme Desmarais n’a pas défendu son cégep et n’essaie pas d’obtenir de nouveaux programmes pour celui-ci est faux. Elle a fait l’un et l’autre depuis trois ans à la table des directions générales des cégeps de Montérégie. Toutefois, les décisions de notre instance doivent tenir compte de la réalité de l’ensemble de la Montérégie et non pas du seul Cégep de Sorel-Tracy.
D’autre part, les propos rapportés sont inquiétants, car ils supposent que le réseau des cégeps devrait être en compétition. Nous tenons à exprimer qu’il n’est pas souhaitable d’aborder la question de cette façon. Nous sommes un réseau public de l’état québécois. Il n’y a pas matière à compétition entre nos institutions qui se doivent au contraire de collaborer les unes avec les autres pour répondre au mieux au besoin de notre région la Montérégie. Prétendre le contraire comme le font certaines des personnes citées dans votre article est inquiétant et va à l’encontre de la mission que nous donne le gouvernement. Les sept cégeps de Montérégie essaient depuis plusieurs années de se développer en se soutenant mutuellement. Ceci implique parfois des décisions plus difficiles pour l’un ou l’autre pour le bien régional. Ceci ne signifie pas que la direction générale concernée ne défend pas son collège, mais bien plutôt qu’elle le fait, mais que des besoins régionaux peuvent dépasser ceux-ci et que tous ont la maturité de le reconnaître. Des propos comme ceux rapportés menacent le bon fonctionnement des institutions collégiales de la région s’ils devenaient la norme.
Nous trouvions nécessaire d’exprimer ce qui précède pour rétablir les faits, car nous seuls étions présents lorsque les recommandations ont été faites pour les programmes de TES et de pharmacie. Les propos rapportés dans l’article sont des interprétations sans fondement de ce qui se serait passé lors de nos rencontres. Nous espérons que ceci permettra à certains de réaliser qu’ils ont tiré des conclusions erronées en observant nos décisions.
Veuillez agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.
Mme Nathalie Beaudoin, directrice générale du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu
Mme Odette Côté, directrice générale du Collège régional Champlain
M. Sylvain Lambert, directeur général du Cégep Édouard-Montpetit
M. Emmanuel Montini, directeur général du Cégep de Saint-Hyacinthe
M. Yvan O’Connor, président du Regroupement des cégeps Montérégie (RCM), directeur général du Cégep de Granby
M. Marc Rémillard, directeur général du Cégep de Valleyfield
c. c. Mme Stéphanie Desmarais, directrice générale du Cégep de Sorel-Tracy
M. Alex Vandal-Milette, président du CA du Cégep de Sorel-Tracy
M. Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps
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