Dans un rapport publié mardi 6 décembre, la Cour des comptes pointe du doigt “l’efficacité incertaine” du contact tracing mis en place par l’Assurance maladie dans la stratégie gouvernementale de lutte contre le Covid-19. Les dépenses liées au dispositif pourraient dépasser les 600 millions d’euros.
Mathieu Pollet
07 Décembre 2022 12h25
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Mathieu Pollet
Le compte n’y est pas pour la Cour des comptes. Si son audit publié mardi souligne qu’il est “vraisemblable” que les contaminations au Covid-19 auraient été plus nombreuses ou plus rapides sans le dispositif de contact tracing, son efficacité globale reste “incertaine”.
Le contact tracing a été déployé en mai 2020 à la sortie du premier confinement et devait permettre à l’Assurance maladie de joindre les personnes dépistées positives pour ensuite alerter les personnes avec qui elles avaient été en contact pour les informer des consignes de prévention et d’isolement. L’objectif ? Éviter la flambée des cas.
Ce sont plus de 32 millions de personnes dépistées positives et près de 22 millions de personnes “contact” qui ont été jointes, d’abord par téléphone puis essentiellement par SMS ou par e-mail, alors que les procédures ont commencé à se dématérialiser au plus fort de la pandémie. “Le remplacement des appels téléphoniques par des demandes par SMS de déclaration des contacts sur internet s’est accompagné d’une chute des nombres de contacts déclarés”, souligne par ailleurs la Cour des comptes.
Ainsi, comme elle le note, “l’assurance maladie n’est parvenue à recenser qu’une partie, potentiellement minoritaire, des personnes contact” alors que, en 2020 et en 2021, la moitié des personnes positives au Covid-19 n’ont déclaré aucune personne contact en moyenne. Au premier semestre de l’année 2022, ce taux grimpe même à 90%.
“En outre, les rares éléments d’analyse disponibles font apparaître un respect partiel par les personnes positives et par leurs contacts” des instructions, peut-on également lire dans le rapport. Car l’autorité pointe surtout du doigt l’absence d’évaluation scientifique de l’impact réel du dispositif, dont le coût pourrait dépasser les 600 millions d’euros pour la période 2020-2022.
Si les effectifs de l’assurance maladie dédiés à cette mission n’étaient plus que 350 en septembre 2020 (en équivalent temps plein, CDD et CDI confondus), ce nombre était de 6 500 en moyenne en 2021.
Alors que le dispositif de contact tracing est amené à disparaître au 31 janvier 2023, la vaccination étant devenu le principal outil de lutte contre l’épidémie, la Cour des comptes appelle à tirer les leçons de ce bilan en demi-teinte et à “valoriser” les retours d’expériences sur ces outils et ces procédures.
Elle fait une recommandation unique : “concevoir un dispositif de crise visant à rompre ces chaînes et pouvant être activé puis désactivé dans des délais rapides dans l’éventualité de nouvelles épidémies de grande ampleur” sur la base d’une “évaluation scientifique de l’impact du contact tracing sur les chaînes de contamination”.
Ce n’est pas la première fois qu’une autorité indépendante épingle les dispositifs mis en place par l’État dans sa stratégie d’endiguement du Covid-19. En juillet, le gendarme français de la vie privée, la Cnil, pointait du doigt “l’utilité marginale” de l’application TousAntiCovid, censée, elle aussi, participer aux efforts de contact tracing mais qui a servi principalement à stocker le pass sanitaire. Le rapport de la Cour des comptes fait le même constat.
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La Cour des comptes épingle “l’efficacité incertaine” du contact tracing
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