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Le suspense entretenu autour du nouveau jeu produit par le studio montpelliérain DigixArt a pris fin ce 26 janvier 2023, avec l’annonce officielle de la sortie, le 4 avril prochain, du prequel Road 96 : Mile 0 (dont l’histoire précède celle du jeu antérieurement créé). Le trailer a d’ailleurs été dévoilé à l’occasion d’une soirée organisée dans une médiathèque montpelliéraine.
Après le succès de Road 96, Digixart continue ainsi de tracer sa route, libéré de toutes contraintes financières depuis août 2021, date de son rachat à 100% par le groupe suédois Embracer, géant de la distribution de jeu vidéo.
« Nous avons délibérément choisi un groupe européen dont la philosophie nous correspond, justifie Yoan Fanise, directeur artistique et cofondateur de Digixart. Le groupe Embracer et sa filiale Plaion ont une approche décentralisée et autonome, sans hiérarchie. Ils nous font totalement confiance et ne cherchent aucune intrusion ou influence créative. Ce rachat n’a rien changé à notre façon de travailler, nous pouvons au contraire laisser libre cours à nos ambitions les plus folles tout en nous appuyant sur la puissance marketing de Plaion. »
C’est justement cette envie de s’exprimer librement qui a conduit cet ancien d’Ubisoft, notamment co-créateur de la saga Lapins Crétins, à se lancer, avec son épouse Anne-Laure, dans l’aventure d’un studio indépendant. En 2015, le couple crée Digixart avec une vision directrice : « Réaliser des jeux fun et ludiques mais qui, en sous-couche, permettent aux joueurs de s’interroger sur des sujets plus sérieux, plus profonds ».
Après avoir constitué une équipe, Digixart, alors hébergé au BIC de Montpellier, lance en 2016 son premier jeu narratif musical, Lost in Harmony, puis deux ans plus tard, Memories Retold, réalisé avec le studio anglais Aardman Animations (Wallace et Grommit) et distribué par l’éditeur japonais Bandai Namco. Cette expérience historique, ancrée dans l’univers de la Première Guerre mondiale, est traduite dans 17 langues.
Mais c’est avec son troisième jeu, Road 96, que le studio montpelliérain passe véritablement à la vitesse supérieure. Inspiré par l’univers cinématographique des frères Coen, de Tarentino ou encore du coréen Bong Joon Ho (Parasite), ce road-trip permet de suivre un groupe d’adolescents fuyant un pays au bord de l’effondrement.
« Cela fait des années que je voulais créer un jeu de road-trip, un genre qui n’existe presque pas dans le monde du jeu vidéo, raconte Yoan Fanise. Je suis fan des road-movies et j’avais envie de nous libérer de toute contrainte historique en abordant la politique de manière dystopique : le pays imaginaire de Petria est l’occasion, pour les joueurs, de se confronter à l’inconnu, à la solitude, de sortir de leur zone de confort tout en se posant des questions existentielles sur le sens de nos sociétés contemporaines. »
Sorti en août 2021, le jeu Road 96, plébiscité par 1,5 million de gamers, avait remporté cinq prix en mars 2022 lors la cérémonie des Pégases (qui récompensent la production vidéoludique française) – dont ceux du meilleur jeu vidéo indépendant et de l’excellence narrative – et a généré 88 millions de vues lors des Games Awards.
Gameplay ultra varié, travail phénoménal en 3D pour retranscrire un univers coloré, texturisé, stylisé, anguleux, bande son incroyable… Road 96, véritable prouesse technologique, a été développé pendant deux ans et demi par une quinzaine de personnes pour un budget global d’environ 1,5 million d’euros (dont une aide de la Région Occitanie de 150.000 euros).
Propulsé à l’international et disponible sur l’ensemble des plateformes, ce troisième jeu a tellement plu que Digixart a très rapidement travaillé sur Road 96 : Mile 0. Les hardcore gamers, qui imaginaient une extension du jeu de base, seront rassurés : ce quatrième jeu d’aventure narratif est un prequel, qui se déroule à White Sands, la seule communauté riche de Petria, juste avant le road-trip qui débute à l’été 1996.
« Après Road 96, on avait envie, avec l’équipe, de conserver cet élan, sans repasser par la phase de conception, confie le directeur artistique. Nous souhaitions montrer d’où venait le personnage de Zoe, ainsi que les raisons qui l’ont poussée à quitter sa vie confortable, et son rapprochement avec Kaito dont les origines et les convictions sont opposées. Mais on ne voulait pas le faire de façon conventionnelle. On a donc opté pour une manière plus délirante, avec des séquences musicales pleines de métaphores. Ce qui est drôle, c’est que ce sont les joueurs qui décident de la façon dont ils souhaitent que les deux personnages évoluent. C’est presqu’un choix philosophique… »
Graphiquement, le jeu a encore évolué, faisant appel à des technologies comme la motion capture rendue possible grâce à l’ESMA, école montpelliéraine qui a prêté son studio à Digixart.
Le budget a été du même ordre que le précédent mais le jeu sera cette fois disponible d’emblée en version numérique sur PlayStation, Xbox, PC et Nintendo Switch.
Si l’univers de ce quatrième est différent, l’esprit de DigixArt est resté le même.
« Nous avons construit le studio autour de trois piliers complémentaires : créativité, humilité et fiabilité, explique le cofondateur de Digixart. Ici le travail créatif est collaboratif, chacun pose les bases et on imagine ensemble le contenu. Cela requiert une grande humilité car chaque idée ne peut fonctionner que si elle est nourrie par toute l’équipe. »
Si le studio montpelliérain ne communique pas sur son chiffre d’affaires, il annonce en revanche vouloir étoffer son équipe, en passant de 25 à 45 collaborateurs d’ici deux ans. Dix postes devraient être créés en 2023, cinq sont déjà ouverts sur des profils de développeurs, animateurs et graphistes.
Désormais installé dans le quartier Antigone de Montpellier, Digixart prépare déjà de nouveaux projets. Deux jeux sont en cours de démarrage et devraient voir le jour d’ici deux ou trois ans.
Bien placé au classement des Metacritic (site web américain qui collecte les notes attribuées aux jeux vidéos mais aussi aux albums de musique, films,…), Digixart espère encore faire mieux qualitativement et entend également se rapprocher de jeunes compagnies de sourcing. A l’instar de Virtuos Labs, société leader dans le développement de jeux vidéos, qui a récemment ouvert une antenne à Montpellier. Ou encore de Sentient Art, société regroupant un ensemble d’ingénieurs 3D spécialisés dans la conception d’objets destinés au jeu vidéo.
« Grâce à la présence d’Ubisoft et de deux grandes écoles – l’ESMA et ArtFX – qui ont posé les bases, l’écosystème du jeu vidéo à Montpellier est aujourd’hui très complet et de plus en plus mature, analyse Yoan Fanise. Deux formations préparant aux métiers du jeu vidéo sont même dispensées à l’Université Paul Valery, ce qui est plutôt rare dans cette filière. Ce terreau fertile génère beaucoup de jeunes talents, il n’y a donc aucune difficulté de recrutement. Dès que nous aurons des besoins ponctuels, nous continuerons de nous appuyer sur ces infrastructures locales, c’est une vraie chance. »
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