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Invité Afrique – «Aka Zidane»: le regard décalé de Mickaël Zumstein sur le foot et la vie quotidienne – RFI

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Publié le : 27/11/2022 – 06:41Modifié le : 27/11/2022 – 17:07
« Aka Zidane », c’est le titre du dernier livre de Michaël Zumstein. Alors que s’ouvre une Coupe du monde très décriée au Qatar, le photo-reporter indépendant propose un regard décalé sur notre rapport au football. Depuis près de trois décennies, ce journaliste parcourt le continent africain : conflit en RCA, crise au Mali, au Niger ou encore en Côte d’Ivoire. La genèse de cet ouvrage est particulière : en reportage à Bangui, le journaliste est attiré par le maillot de foot porté par un combattant. Une réflexion s’ouvre, une quête débute, Michaël Zumstein va plonger dans ses archives, retourner sur le terrain et chercher ce lien entre le foot et la vie quotidienne sur le contient. 
RFI: Vous sortez un livre de photos qui s’appelle Aka Zidane, pourquoi ce titre ?
Michaël Zumstein: AKA c’est l’acronyme en anglais de « also known as » Zidane, (aussi connu sous le nom de Zidane). Ce livre est né un petit peu par hasard. J ’étais en Centrafrique en 2014, je couvrais le conflit qui était naissant là-bas, j’ai fait une image qui a fait un petit peu le tour du monde et la une des journaux et, sur cette image, il y a un groupe d’anti-balaka dont un des membres, au milieu, porte un magnifique maillot rouge, un maillot rouge de l’équipe d’Espagne. Je me suis alors interrogé en me disant: « Mais qu’est-ce que c’est que ce maillot de foot au milieu de la guerre ? ». Dans son dos, il y avait le nom de l’attaquant espagnol Fernando Torres.
À partir de là, je me suis dit: « Tiens, il se passe quelque chose dans certains pays d’Afrique où, maintenant, on ne fait plus la guerre en treillis et en bottes, on la fait avec un maillot de foot et des tongs ».
Cette image de cet homme avec le maillot rouge de l’équipe d’Espagne percute et je vais chercher, dans mes archives photos, d’autres images. Je m’aperçois alors que j’ai beaucoup de photographies avec justement ces jeunes Africains et ces jeunes Africaines qui portent un maillot de foot dans tous les types de situation, pas seulement pendant la guerre en Centrafrique, mais aussi au Mali, en Côte d’Ivoire sur un chantier, au Niger dans un marché et je commence à créer une sorte d’équipe de foot imaginaire avec tous les noms de ces footballeurs connus. Je les collectionne, je les additionne et, à la fin même, je les cherche.
Après coup, dans votre réflexion, est-ce qu’il y a un lien qui se crée, une idée qui se tisse entre le monde de la guerre, le monde de l’argent et le monde du football aussi ?
Alors, en tant que photojournaliste, on a l’habitude d’être extrêmement précis dans nos légendes. On doit évidemment répondre à quelques questions qui sont: où, quand, comment, pourquoi ? Et j’ai remarqué que quand je mettais le nom d’un joueur de foot à la place du vrai nom de la personne qui était photographiée, l’impact et l’émotion que ça pouvait créer étaient différents. Et à ce moment-là, évidemment, le mélange se fait, la confusion se fait mais elle nous permet aussi de sortir du contexte parfois guerrier que les gens ne veulent plus voir. Là, je m’aperçois que c’est une façon de raconter une histoire qui est bien plus proche de nos émotions et je me mets à nommer les gens que je photographie par leur nom de footballeur. C’est ça que je recherchais : faire un pas de côté du photojournalisme classique et arriver vers une narration un peu plus documentaire et un peu plus personnalisée.
Est-ce qu’on peut prendre quelques légendes qui justement expliquent ce que vous venez de raconter ?
Donc la première photographie, c’est ce combattant anti-balaka, sur une route au nord de la Centrafrique. J’aurais pu en effet légender avec le vrai nom de la personne mais là, la légende est beaucoup plus simple et elle nous parle directement: « On est dans le village de Njoh en Centrafrique et Fernando Torres, l’attaquant espagnol, me fait face. C’est un rebelle anti-balaka. Lui et d’autres hommes tentent de reprendre un axe routier important dans le nord du pays. »
Ça, c’est le début de ma réflexion sur les maillots de foot et c’est là que je vais aller chercher ensuite d’autres images, et j’en refais quelque temps après. Par exemple, je suis à l’hôpital de Bangui, on voit un homme qui porte un magnifique maillot jaune, le maillot jaune du Brésil que tout le monde reconnaîtra, avec les étoiles de vainqueurs de la Coupe du monde, mais autour de son cou, on perçoit comme un collier de sang. En fait, cet homme, que j’appelle Ronaldinho, vient d’apporter à l’hôpital général son ami qui vient de mourir à la suite d’une embuscade, qui vient de mourir dans ses bras.
Et je continue comme ça cette litanie pour la guerre, mais je peux aussi tout à fait tomber sur une double-page du livre où je vois Zidane qui est sur une charrette tirée par un bœuf, dans un village du Niger, et qui rentre de son champ. Et en fait cet homme, il est tout seul, il a un champ beaucoup trop petit pour nourrir sa famille, et ses frères et sœurs sont partis en Algérie pour mendier. Voilà ce qui est écrit : « Il faut compter combien de cousins, de sœurs et de frères qui ont quitté la famille de Zidane, pour aller mendier en Algérie ou pour rejoindre la Libye ? »
Évidemment, cette photo s’inscrit avec d’autres images de plusieurs reportages que j’avais faits au Niger, et dans ces reportages on peut y trouver Messi, Lampard, Ronaldo qui sont tous présents, et même Wayne Rooney qui est une femme agricultrice qui revient de son champ, après avoir travaillé toute la journée.
Au final, vous avez fait une sorte de Seleção, comme disent les Brésiliens (de sélection). Combien de photos avez-vous gardées pour ce livre ?
C’est en effet une sorte d’équipe de foot imaginaire que j’ai créée. Il n’y a pas forcément tous les postes de l’équipe. J’ai une cinquantaine d’images pour ce livre et en tout, je pense que j’en ai réalisées autour de 500.
C’est devenu à un moment une quête ?
Oui, c’est devenu une quête, on peut dire que c’est même devenu une obsession. On est vraiment dans une série documentaire, une série de photographies qui me permet d’exprimer un point de vue et de donner à voir autrement. Peut-être aussi, de donner à voir que d’autres matchs se jouent là-bas.
Quels conseils, s’il y en a, pourriez-vous donner à de jeunes photoreporters africains ?
C’est absolument nécessaire qu’il y ait des photojournalistes et des journalistes africains qui racontent l’histoire de leur pays, de leur propre continent. J’ai fait beaucoup pour former de jeunes journalistes. Évidemment qu’aujourd’hui, nos images sont noyées dans une masse, la masse des photographies faites avec des téléphones portables, mais je crois que si l’on commence d’abord par avoir une déontologie, à savoir légender et raconter des histoires le plus honnêtement possible, ensuite, évidemment, on peut se permettre de raconter un petit peu différemment d’autres histoires, une façon de voir son pays de façon un peu plus personnelle. C’est comme ça qu’on aura un portrait, j’espère, le plus complet.
►« Aka Zidane » le livre de Mickaël Zumstein est publié par les éditions « Images plurielles ».
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