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La nouvelle série phare de HBO (disponible sur OCS en France), House of the Dragon, préquelle se passant quelques 172 ans avant Game of Thrones, terminait sa première saison ce dimanche avec l’épisode intitulé the Black Queen. Depuis 2019 que nous attendions de pouvoir retourner à Westeros. Une attente d’autant plus compliquée que la série Game of Thrones avait eu un final très mitigé. De très beaux visuels, avec un propos plus que lacunaire. L’équipe derrière la série s’est alors retrouvée dans une situation compliquée : celle de devoir réconcilier les fans de la première heure déçus avec ce nouvel opus, tout en respectant l’énorme impact qu’aura eu Game of Thrones sur le petit écran.
Attention, critique avec spoilers
Étant le fruit d’un travail conjoint entre Ryan Condal et Miguel Sapochnik, House of the Dragon adapte un moment précis dans l’histoire de Westeros : la Danse des Dragons. Il s’agit d’une partie de l’histoire de Westeros présentée dans Feu & Sang, publié par George R.R. Martin en 2018. L’ouvrage se présente comme un livre d’histoire à l’attention du prince Joffrey Baratheon, et narre l’histoire de la dynastie Targaryen, de la conquête de Westeros à dos de dragon jusqu’à leur chute, lors de la rébellion de Robert.
Ce choix permet de proposer un récit suffisamment détaché de Game of Thrones pour que la nouvelle série soit accessible à un public entièrement néophyte.La danse des dragons raconte la guerre civile fratricide entre Rhaenyra Targaryen (Milly Alcock, Emma d’Arcy) à la tête de l’équipe Noire, et Aegon II Targaryen (Ty Tennant, Tom Glynn-Carney), à la tête de l’équipe Verte.
Cette première saison, cependant, n’en est pas encore là. Des aveux de Ryan Condal, le but premier est de semer les graines menant à la guerre, qui seront mises à profit dès le début de la saison 2. Cette première saison est donc là pour présenter les prémices de cette guerre. En somme, la préquelle d’une préquelle.
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Et oui, il s’agit encore une fois de définir qui s’assiéra sur le trône de fer une fois le bon roi actuel, Viserys, décédé. Pour le principal intéressé, la question ne laisse aucun doute : c’est sa fille, Rhaenyra, qui héritera du trône de fer. Un point de vue qui n’est pas forcément partagé par le royaume lorsque sa seconde femme, Alicent Hightower, anciennement la meilleure amie de la princesse héritière, lui donne enfin un garçon en bonne santé, Aegon.
Si le final de Game of Thrones avait pu être critiqué, ce n’est clairement pas pour les qualités esthétiques de sa production. Une nuance clairement comprise par HBO : certains des postes clés sont repris par des vétérans de la série d’origine. On notera les plus évidents, Miguel Sapochnik, réalisateur de l’épisode de la Bataille des Bâtards dans la saison six de Game of Thrones, ou Ramin Djawadi, responsable des musiques de la série depuis la première saison.
Un choix qui paye : non seulement la continuité est réussie, mais House of the Dragon se paye le luxe d’avoir à son tour l’une des OST les plus léchées qu’une série de télévision puisse se permettre d’avoir, avec de nouveaux leit motiv. Pour autant, les nouvelles têtes offrent un vent de fraicheur. Jany Temime (Harry Potter, du troisième au huitième film), costumière, fait honneur au travail de sa prédécesseur Michelle Clapton, tout en gardant en compte les deux cents ans séparant les deux époques.
L’équipe de la photographie fait elle aussi un travail de haut vol, Fabien Wagner est rejoint par Pepe Avila del Pino pour offrir des visuels grandioses à la série. En collaboration avec les réalisateurs et storyboarders, la série se dote de visuels dignes de peintures de la renaissance.
Autre nouvelle tête de l’équipe technique, Kate Rhodes James (House of Gucci, Sherlock) offre à House of the Dragon un casting cinq étoiles. Il est difficile de trouver des acteurs de la trempe de Emilia Clarke (Daenerys Targaryen), à laquelle la majorité des nouveaux personnages de cette série seront comparés en tant qu’ancêtres Targaryens. Cependant, les acteurs sélectionnés relèvent le défi avec brio.
Tous les acteurs offrent des performances exceptionnelles : l’alchimie entre les actrices de Alicent Hightower, Emily Carey et Olivia Cooke, ainsi que celles de Rhaenyra, Milly Alcock et Emma d’Arcy, y sont pour beaucoup dans la force de la série, cette première saison étant surtout concentrée sur leur relation, plutôt que sur les protagonistes de la guerre en elle-même.
Matt Smith (Daemon Targaryen) est très probablement l’un des noms les plus connus du casting, avec, dans son CV pour ce qui est du petit écran, le Onzième Docteur (Doctor Who) et le Prince Philip (The Crown, saisons 1 et 2).
Nul doute que sa performance, qui aura beaucoup influencé son personnage, fait partie des raisons pour lesquelles son personnage est aussi populaire au près du public, malgré quelques choix douteux de la part des réalisateurs quant aux scènes coupées des montages finaux des épisodes. Paddy Considine, dans la peau de Viserys Targaryen aura même reçu les félicitations de George R.R. Martin lui-même pour sa performance, qu’il juge plus intéressante que le Viserys de Feu & Sang.
Son Viserys, joué avec une grande finesse, donne une sensibilité ainsi qu’une douceur au personnage, que les rapports des historiens de Feu et Sang ne sauraient rendre.
L’une des volontés principales de Ryan Condal est de ne pas précipiter les choses, afin que le public puisse comprendre les enjeux de la guerre qui se profile. Il faut se dire que le récit de la première saison s’étale sur plus de seize ans : de la jeunesse de Rhaenyra jusqu’à l’adolescence de ses propres enfants. Un contexte crucial à placer, puisque la dynastie Targaryen n’est pas la plus inventive au niveau des nom : Rhaenys, Rhaenyra, Rhaena, Aegon le Conquérant, Aegon II, Aegon le jeune…
House of the Dragon dispose d’un avantage qui aura été le talon d’Achille de Game of Thrones : la Danse des Dragons, telle que narrée dans Feu & Sang, est un récit entièrement clôturé. Même le public n’ayant pas lu le livre peut être familier avec le récit, mentionné à différentes reprises par les personnages de Game of Thrones.
« C’est l’histoire du combat entre Rhaenyra Targaryen et son demi-frère Aegon pour le contrôle des sept royaumes. Les deux pensaient qu’ils méritaient le Trône de Fer. […] Lorsque c’était enfin terminé, des milliers avaient péris. Et c’était un désastre pour les Targaryens, aussi. Ils ne s’en s’ont jamais réellement remis. » – Shireen Baratheon (Kerry Ingram)
Ce cadre, créé par le fait que l’on sache où l’on va, est une bénédiction dans un monde où le public réagit de moins en moins bien aux fins (qui sont également l’un des exercices les plus durs à réussir, reconnaissons-le). Si House of the Dragon n’est pas une recréation 1 sur 1 de la Danse des Dragons — la différence majeure étant l’écriture de Alicent Hightower, qui passe de belle-mère caricaturale à amie d’enfance de Rhaenyra — les choix effectués par Ryan Condal restent dans l’ordre du vraisemblable pour la majorité face au texte d’origine.
Ryan et Miguel sont d’ailleurs bien moins frileux à l’idée d’inscrire leur récit dans des problématiques actuelles. En effet, pour tous les personnages, de Viserys à Otto en passant par les lords de Casterly Rock, le seul réel problème qui se place entre Rhaenyra et le trône, c’est le fait qu’elle soit une femme. Dès le premier épisode, c’est rendu très clair lors du grand conseil de 101, évènement qui laisse la succession à Viserys, même si Rhaenys, sa cousine, en tant que descendante du premier fils, avait plus de légitimité.
Et c’est bien la question qui est posée toute la saison : quelle place est laissée aux femmes dans Westeros ? D’après Aemma, la mère de Rhaenyra, qui meurt en couche au premier épisode, c’est de produire des fils. D’un côté, on a Rhaenyra, un personnage qui souhaite s’extirper des conventions. De l’autre, son amie d’enfance, Alicent Hightower, qui, poussée par un devoir de piété filiale, va obéir à son père, et séduire le roi et devenir sa seconde femme.
Cette problématique centrale explique la récurrence des scènes de naissances. Si Game of Thrones exagérait avec les scènes d’hommes violents avec des femmes, House of the Dragon ne contient pas moins de quatre scènes d’accouchements. Toutes graphiques.
Pour autant, si certains ont été rapides à considérer ces scènes de trop comme l’avaient été les scènes de violence gratuites de Game of Thrones, cette fois, la manière dont est cadrée cette violence ouvre un réel débat : nombreuses sont les spectatrices à avoir reconnu une réelle valeur à ces passages.
Une question sensible, quand on voit le contexte dans laquelle la série sort : c’était en juin que la législation autour de l’avortement était remise en question aux Etats-Unis. La caméra de House of the Dragon donne alors un réel regard empli de compassion pour ses personnages les plus fragiles — la scène la plus forte de Viserys se passe paradoxalement alors qu’il est à la porte de la mort.
Cependant, ce n’est pas tout rose : de nombreux choix narratifs contredisent le matériau d’origine, pour le meilleur comme pour le pire, selon certains fans de longue date encore incertains à l’idée de remettre le couvert pour une nouvelle adaptation. Il faut dire que même si certains éléments sont inscrits dans la pierre tant ils ont eu d’influence sur l’histoire de Westeros, de par sa nature, Feu & Sang appelle une adaptation libre : beaucoup des critiques que l’on pourrait placer ici relèvent plus d’une question de goût personnel que de réelle question de qualité.
D’autres fustigent le traitement des dragons. En effet, s’il n’est pas ici l’endroit pour débattre de la manière dont George R.R. Martin ou Ryan Condal envisage le lien entre dragon et dragonnier, reste que pour une série s’appelant « House of the Dragon », les bêtes du titres se sont retrouvées plutôt en retrait.
Ainsi, si les dragons principaux des Noirs, Syrax, Caraxes, ou Meleys sont bien présentés au public, on peut s’inquiéter de ceux des Verts : Sunfyre et Dreamfyre ne disposent que de quelques plans d’ensembles ou sont aperçus dans l’obscurité. Pour une saison sensée servir de marche-pied pour une guerre dans laquelle ces dragons seront centraux, il est compréhensif que l’absence de Sunfyre, dragon de Aegon II, puisse sembler problématique, lorsqu’il n’y aura pas moins de dix-sept dragons à identifier au cours du récit.
Enfin, pour tout ce que la série veut raconter sur la place des femmes à Westeros, certains estiment que la série échoue à rendre l’ambition d’Alicent et Rhaenyra palpable, n’en faisant plus que les victimes d’hommes belliqueux, Otto d’un côté, Daemon de l’autre. Situation bien embarrassante, quand les réalisateurs et showrunners expliquent que beaucoup de leurs choix ont été faits avec pour optique une critique du patriarcat – qui semble alors bien fragile quand on la regarde de cet angle.
La première saison de Game of Thrones : House of the Dragon était d’ores et déjà vendu comme un récit bien plus domestique que la série l’ayant précédée. Mais les événements finaux de cette saison laissent présager une suite bien plus sanglante : la saison deux marquera le réel coup d’envoi de la Danse des Dragons.
S’il est évident que les différences à l’histoire de Martin seront lourdes de conséquences, nul doute que Ryan Condal, en tant que fan de longue date de l’épopée de Westeros, continuera d’adapter la suite de l’histoire avec respect, déjà remarquable dans cette première saison. Il est important de noter que Miguel Sapochnik ne renouvelle pas l’expérience et sera remplacé à la production par Alan Taylor, également réalisateur vétéran de la série d’origine.
Nous considérons que le pari est réussi pour l’instant. Si House of the Dragon n’est pas un récit parfait, la série offre au texte de George R.R. Martin une nouvelle profondeur. Tant d’un point de vue technique : si certaines scènes sont un peu sombres, les costumes, la photographie, la direction est grandiose ; que d’un point de vue narratif : cette fois-ci, les showrunners ne renient pas la partie fantasy de l’histoire qu’ils adaptent.
Les acteurs travaillent main dans la main avec l’équipe technique pour donner vie à tous ces personnages, les rendant bien plus humains que les rapports narrés de manière neutre de Feu & Sang ne le pourraient jamais. Si certaines scènes de violence sont difficile à supporter, Ryan Condal et Miguel Sapochnik réussissent à éviter d’atteindre un point de non-retour, et leur donnent du sens avec brio.
De plus, retrouver les compositions de Ramin Djawadi est un régal pour les oreilles — qu’il s’agisse de thèmes connus ou de thèmes composés spécialement pour l’occasion, il a su faire preuve de sa finesse habituelle pour sublimer chacune des scènes sur lesquelles il intervient. Enfin, House of the Dragon cherche à complexifier un récit qui n’est composé, dans le matériau d’origine que de « on dits » et d’allégations : nul doute que même les habitués du livre doivent se préparer à eux aussi avoir des surprises !
En ce qui nous concerne : nous prenons rendez-vous en 2024 pour la suite de Game of Thrones : House of the Dragon — en espérant pouvoir avoir Winds of Winter, le sixième tome de la saga d’origine, sur la table de chevet d’ici là.
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DracoSH
Née quelque part à Hoenn, je voyage maintenant crayon à la main à travers les univers de Teyvat à la Cité du Crépuscule en passant par le royaume des Dragons, pour découvrir le plus d’histoires possibles !
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