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C’est un tableau plutôt sombre que François Sauvadet, le président de Départements de France, a dressé mercredi 18 janvier en soirée lors des vœux de l’association, organisés au Palais d’Iéna à Paris, siège du Cese (avec beaucoup d’élus absents en cette veille de grève des transports). Rappel des années Covid et du rôle alors joué par les départements, “en première ligne”… et évocation d’une “nouvelle crise anxiogène” sur fond de guerre et d’inflation (énergie, mais aussi alimentation). Une crise qui, a souligné l’élu de Côte-d’Or, “frappe encore plus durement le monde rural, parce que dans le monde rural, on a besoin de sa voiture pour se déplacer, pour travailler, faire ses courses, se soigner”.
Mais François Sauvadet parle aussi d’une “crise démocratique” nourrie par une forme de “défiance”, du “sentiment diffus que les élus sont dans l’incapacité de changer la vie”. Et de désarroi des citoyens face à “la dégradation de nos services essentiels” (hôpitaux, médecins, Poste, transports, commerces…). Il estime naturellement que les départements font partie de la réponse à apporter, en tant que garants de “toutes les solidarités, humaines et territoriales”… à condition qu’ils aient “les moyens d’agir au plus près”. Et qu’on leur accorde des marges de manœuvre. “Nous sommes en capacité de mener des actions concrètes, prenant en compte la diversité des situations, de nos territoires, à la ville comme à la campagne”, dit le président de Départements de France… si l’État, au lieu “d’imposer des politiques”, “accepte le lâcher-prise”. “Il faut laisser le terrain exprimer ses propres besoins et mettre en oeuvre ses solutions”, insiste-t-il.
“Je ne pense pas que nous ayons besoin, dans le contexte actuel, d’un grand big bang territorial”, précise-t-il toutefois, à l’heure où une réforme de la décentralisation pourrait de nouveau pointer son nez (avec, entre autres, des travaux prévus pour le printemps côté Sénat). “Ce dont nous avons surtout besoin, c’est d’un changement de pratiques et de redéfinir le bon niveau d’action”, poursuit-il. Ce qui passe par l’expérimentation, l’adaptation des normes… et un renforcement du rôle de “pilote” du département à l’égard des autres acteurs dans l’exercice de ses compétences. Et François Sauvadet de citer quelques exemples : les Ehpad (devoir aujourd’hui les contrôler… sans avoir autorité sur les directeurs), les collèges (avoir en charge la sectorisation… mais plus les transports scolaires), l’eau (avoir le droit de produire de l’eau brute… mais pas de l’eau potable).
François Sauvadet fait partie de ceux qui se félicitent du “changement de méthode” impulsé par Élisabeth Borne en matière de “processus de décisions” et voit dans “l’ouverture d’un Agenda territorial” une “opportunité”. Reste quelques points noirs. Dont les finances. “Non, les départements ne se portent pas bien”, rétorque-t-il à ceux qui prétendraient le contraire, estimant “le coût total des charges nouvelles” pour les départements à 2,5 milliards d’euros. Il prévoit en outre la “chute inévitable” des droits de mutation et s’offusque de percevoir ça et là une remise en cause de la légitimité des départements à percevoir ces DMTO. Comme d’autres, il pointe le risque d’une baisse de l’investissement. Or, souligne-t-il, “l’investissement des départements, c’est le bouclier du monde rural”.
Les deux “grands défis” du moment : le changement climatique et le vieillissement. Sur le premier, on saura entre autres que la mission Gleyze-Accary sur “l’évolution de la politique de sécurité civile face au changement climatique” (voir notre article) va être reconduite “sur le thème plus large des catastrophes naturelles et de l’évolution des services d’incendies et de secours”. Sur la seconde, sachant qu’il s’exprimait devant Jean-Christophe Combe, le ministre des Solidarités (présent lors de ses vœux mais sans prise de parole), le président de Départements de France s’est félicité de la mise en place du comité des financeurs, insistant sur la nécessité de disposer d'”un calendrier, de financements et d’une feuille de route claire”. Il a en outre pointé le risque d’une “véritable crise des vocations dans les métiers de la vie et du soin” qui, si rien n’est fait, engendrera “de nouveaux déserts sociaux, comme on connait des déserts médicaux”.
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