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Face à l'abstention, comment mieux représenter et impliquer les citoyens – Contrepoints

La citoyenneté active qui s’exprime dans le vote est une nécessité démocratique aussi bien qu’un extraordinaire levier d’apprentissage collectif.
Mais cela peut aider à réduire vos impôts de 66%
Par Tommaso Vitale et Emilien Houard-Vial.
 
Si cette année Giorgia Meloni et Marine Le Pen ont concentré l’attention des commentateurs des deux côtés des Alpes, l’abstention est bien la donnée politique la plus importante qui ait émergé de ces élections. Le choix délibéré de millions de citoyens de se détourner de l’arène politique est souvent agrémenté de propos négatifs sur leur supposée irresponsabilité ou manque d’éthique. Pour autant, le registre de la culpabilité est-il le plus pertinent pour répondre au grave problème du désengagement électoral ?
Car la citoyenneté active qui s’exprime dans le vote est une nécessité démocratique aussi bien qu’un extraordinaire levier d’apprentissage collectif. Les démocraties sont capables de se corriger, d’accepter les demandes sociales et d’élaborer des politiques redistributives, y compris en faveur des plus démunis, multipliant les opportunités de conquêtes civiles, sociales et économiques. La démocratie est même une condition nécessaire pour garantir l’expression de chacun et une juste distribution des possibilités d’améliorer sa vie et demande pour cela la participation électorale de tous les citoyens.
 
Les citoyens ne votent pas seulement parce qu’ils sont convaincus que la démocratie est le meilleur des régimes politiques. Ils observent de l’extérieur l’arène parlementaire et gouvernementale, et se demandent s’ils peuvent « entrer » : s’il leur semble qu’il n’y a plus de place pour eux, ils passent à autre chose et utilisent ailleurs leur temps, leur sociabilité et leur capacité d’expression.
« Entrer », dans le cas de la politique, ne veut pas dire être élu ou en faire une profession mais dans le sens classique attribué à ce terme par le politiste américain Lester W. Milbrath : appartenir objectivement et subjectivement à un collectif.
Toutes les enquêtes sociologiques convergent vers ce fait : dans un régime démocratique, on vote quand on se sent représenté, quand chacun est écouté à la fois comme individu et comme membre d’un ou plusieurs groupes auxquels il tient.
Lors des dernières élections italiennes, la coalition de droite a plutôt stabilisé son nombre d’électeurs, avec d’importants flux internes en direction de Frères d’Italie. Toutes les autres coalitions se sont effondrées : elles n’ont pas su convaincre les habitués de l’abstention et ont perdu un grand nombre de leurs électeurs. En France, la coalition présidentielle a perdu près d’1,5 million d’électeurs entre le premier tour des législatives de 2017 et celui de 2022 et la gauche n’a pu améliorer sa représentation à l’Assemblée que grâce à une meilleure coordination, peinant à convaincre de nouveaux électeurs. Seul le Rassemblement national a su tirer son épingle du jeu avec presque 1,3 million d’électeurs supplémentaires, le tout sur fond d’abstention atteignant un maximum historique (52,5 %) depuis le début de la Ve République.
 
Pourtant, les Italiens et les Français sont plus éduqués que jamais, ont acquis un sens critique et disposent d’un large accès à une pluralité de médias et de sources d’information. Ils s’intéressent aux questions politiques et choisissent de voter ou non.
Ce paradoxe est bien documenté : en analysant 22 pays européens à l’aide des données de l’Enquête sociale européenne, Simon Bienstman, Svenja Hense et Markus Gangl expliquent en réalité la montée de l’abstention par la méfiance à l’égard de la classe politique et du système politique en général, notamment quant à leur capacité à régler les problèmes.
D’importants programmes de recherche en sociologie urbaine et régionale, centrés sur les contextes territoriaux, cherchent à expliquer les taux élevés d’abstention dans certains territoires où se concentrent des personnes « désenchantées », qui se sentent abandonnées par les politiciens et les politiques publiques mais aussi des individus qui choisissent de ne pas voter afin d’envoyer un message explicite de protestation contre l’offre politique existante.
Il s’agit de zones en déclin ou présentant des difficultés économiques et une marginalisation de long terme. Dans ces territoires, l’abstention est donc bel et bien un choix, exprimant un jugement sur les leaders politiques et les partis du gouvernement et des oppositions.
Les abstentionnistes se sentent frustrés, disent n’avoir jamais rencontré quelqu’un qui se soit préoccupé de leurs besoins et de leurs priorités. Il est impressionnant de voir la divergence radicale entre les priorités d’action qui émergent dans les sondages et les thèmes développés dans les manifestes politiques et les programmes électoraux.
La sociologie des partis nous apprend que la construction des programmes électoraux et de l’agenda du gouvernement ou de l’opposition ne repose pas sur la consultation et la synthèse de requêtes provenant de citoyens isolés ou associés. Dans nos recherches, nous avons trouvé que même les citoyens particulièrement actifs s’associant pour faire entendre leur voix n’ont pas l’impression que leurs propositions sont écoutées et représentées. Tout ceci ne doit pas être interprété sur un mode populiste, mais nous oblige à reconsidérer l’essence de la démocratie comme régime de représentation : la souveraineté se trouve dans les mains des citoyens.
 
Les élus des administrations locales réussissent à mobiliser l’électorat : ils ont inventé des façons d’écouter les citoyens, d’en faire la synthèse, de représenter des intérêts divergents. Par exemple, sur 566 processus délibératifs tenus depuis les années 1980 dans les pays dans l’OCDE, 86 % sont à l’initiative des communes et régions. Celles-ci ont utilisé des stratégies délibératives, à travers des mini-débats, des référendums et des initiatives citoyennes, favorisant des sources de savoir diverses ainsi que le respect et la confiance mutuels. Elles ont promu des processus participatifs impliquant les citoyens dans la prise de décision et dans le contrôle de la gouvernance locale, comme le bilan participatif ou la coévaluation des impacts sociaux, de façon à améliorer la fourniture de services et de biens collectifs.
À l’inverse, trop peu est fait au niveau national, de la part des partis comme des institutions, pour bâtir la transparence, la responsabilité et la gouvernance ouverte qui sont pourtant des prérequis pour améliorer la confiance et l’engagement civique.
Il est évidemment plus difficile de mettre en place une représentation accessible au niveau national qu’au niveau local, car cela demande une organisation plus diffuse et des modalités d’écoute et d’élaboration plus transparentes. Aujourd’hui, on fait campagne avec des idées déjà pensées et des programmes et manifestes déjà écrits et non pas coproduits dans la perspective de représenter les paroles et intérêts collectés.
Même les maires les plus innovants ne savent pas comment développer plus largement des processus de représentation capables de mobiliser un électorat frustré et en colère. Ils ne parviennent que rarement à devenir des leaders nationaux car la manière de représenter les intérêts des habitants d’une ville ne peut se transposer à la représentation des citoyens à l’échelle nationale.
Il s’agit ici de communiquer de manière continue et rigoureuse avec des intérêts diffus et divers, d’élaborer une offre politique évolutive à partir de leurs propositions, en déterminant ce qui est à représenter ou non. C’est ce qui a caractérisé beaucoup de leaders nationaux ayant réduit l’abstention comme Gabriel Boric au Chili, Jacinda Ardern en Nouvelle-Zélande, Justin Trudeau au Canada, Alar Karis en Estonie et, parmi les conservateurs, Mark Rutte aux élections hollandaises de mars 2021.
 
Il faut donc chercher à tirer les leçons de ces quelques leaders nationaux qui ont su faire des choix mobilisant les abstentionnistes, avec humilité et sans chercher de recette miracle. Il y a notamment dans lesdits cas une organisation préexistant à la campagne électorale, capable d’identifier les priorités d’action et d’élaborer des débuts de propositions par la suite rediscutées par les citoyens. Pas de primaires pour définir le leadership, mais des consultations sur les enjeux et les moyens de s’y confronter. Autrement dit, une attention particulière portée au caractère réciproque de la communication politique.
Cet « agir communicationnel », comme le définit le philosophe allemand Jürgen Habermas, est au service d’un changement riche prenant en compte les groupes d’intérêts, que ce soit ceux de la société civile altruiste et dynamique, ou ceux plus fermés et autocentrés des associations professionnelles et du monde économique.
Pour revenir aux fondements de la représentation, l’agir communicationnel nous semble plus précieux que les raccourcis adoptés dans certains pays comme les amendes en cas de non-vote (en Belgique), le vote postal (en Allemagne) ou l’introduction du vote électronique (Estonie).
 
La démocratie contient en elle-même la promesse exigeante de participer et de compter à travers la sélection des représentants. Nous sommes dans une période où elle traverse ses pires moments : attaquée idéologiquement par de puissants régimes autoritaires, affaiblie en interne par l’abstention.
Cette situation appelle une démocratie toujours plus exigeante et doit nous inciter à apprendre comment les pratiques et les innovations démocratiques contribuent à donner de la voix aux personnes structurellement marginalisées. L’enjeu est de construire une démocratie à l’intersection de la politique représentative et des dispositifs participatifs qui permette de reconnaître, de valoriser et de construire les compétences de ces groupes, facilitant leur engagement dans les processus partant du bas et centrés sur les droits.
Il faut revenir au cœur de la promesse démocratique : seulement alors nous pourrons redécouvrir l’intérêt d’une démocratie qui n’a pas peur et qui se dote d’outils pour mettre en commun les savoirs, les besoins et les intérêts des citoyens.
 
Tommaso Vitale, sociologue, doyen de l’École urbaine de Sciences Po, chercheur au Centre d’études européennes et de politique comparée, Sciences Po et Emilien Houard-Vial, doctorant en science politique, Centre d’études européennes (Sciences Po), Sciences Po
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.The Conversation
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