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[Entretien] Youssou Ndour : « La musique, c'est une force pour faire avancer les choses » – La Marseillaise

La Marseillaise : Qu’est-ce que le mbalax ?
Youssou Ndour : Le mbalax, c’est la musique la plus populaire au Sénégal. Ses origines partent d’une batterie de percussions, jouée avec des baguettes et dont le son est très acoustique. Même les instruments modernes qui sont dans le mbalax s’expriment comme si c’était cette batterie de percussions. Et c’est aussi la langue wolof. Mais c’est également une musique traditionnelle qui a ses caractéristiques et ses réalités. Le mbalax, ça raconte notre société, ce que nous vivons.
Votre album qui s’intitule « Mbalax » signe-t-il un retour aux sources ?
Y.N. : Il y a parfois deux directions que les gens mélangent. Le mbalax est une musique locale du Sénégal. À côté, nous avons créé dans les années 1990 avec d’autres artistes ce qu’on appelle la world music. Nous y avons vraiment mis notre empreinte. La world music n’appartient à personne, c’est la rencontre des sonorités du monde qui peuvent se retrouver en harmonie. Tout cela fait qu’en réalité, nous avons deux carrières dans la même carrière. On peut sortir des albums au niveau local qui constituent des sources de la world music. Et on pouvait aussi aller littéralement dans la world music en apportant notre propre contribution.
Votre opus aborde des thèmes comme la préservation des ressources naturelles dans le titre « Ndox (L’eau) ». Comment lutter contre de grands groupes comme Total ou Suez qui pillent et salissent l’Afrique ?
Y.N. : Comme je dis tout le temps, c’est le respect de l’autre qui va aider à l’harmonie dans le monde. Si des grands groupes ou lobbies font n’importe quoi, c’est qu’ils n’en ont pas. Il ne faut pas profiter de situations pour exploiter quiconque. Tout revient à l’humain et il faut un respect mutuel pour que les choses avancent.
Au regard des décennies passées, il semble que ces lobbies n’aient pas beaucoup de respect…Pour vous qui avez été ministre, quels sont les moyens d’action politique ?
Y.N. : C’est la conscientisation de la population. En Afrique, entre 60 et 70% des gens ont moins de 25 ans. Il faut former cette jeunesse pour qu’elle prenne ce combat à bras-le-corps. On parle beaucoup de jeunes très conscients de l’environnement en Occident, mais en Afrique, ça commence à prendre.
« La solution c’est de pardonner », prônez-vous dans l’un de vos titres. Quand on voit des fauteurs de guerre malgré tout impunis comme les États-Unis, la Russie ou la Turquie, comment ne pas avoir de rancœur ?
Y.N. : C’est compliqué car aujourd’hui, tout le monde se referme sur lui-même pour essayer de montrer sa force. Je pense aujourd’hui que l’Afrique a besoin d’être écoutée. C’est pour cela que la position de l’Afrique dans cette guerre est : « Nous ne voulons pas de la guerre, mais nous voulons aussi que les circuits qui nous permettaient d’avoir des produits de telle ou telle partie du globe ne soient pas bloqués pour ne pas avoir de problèmes d’alimentation et autres. » On a besoin de plus de solidarité. On ne peut pas seulement avoir des armes et dicter sa loi. Même si les gens pensent que ceux ont la force sont les seuls décideurs, il faut que l’Afrique aille à la table des négociations, élève sa voix au niveau des Nations Unies. C’est comme cela que nous pouvons apporter de la tolérance, de la solidarité et aussi de la fermeté.
La musique est parfois aussi un symbole politique. Quels souvenirs gardez-vous de la tournée Amnesty international de 1988 ?
Y.N. : Elle m’a beaucoup marquée. Je venais de terminer une tournée avec Peter Gabriel. On a alors décidé d’utiliser la musique pour promouvoir les Droits de l’Homme. On a fait une tournée extraordinaire avec Sting, Bruce Springsteen, Tracy Chapman et bien d’autres. Nous nous sommes par exemple battus pour avoir plus de moyens pour lutter contre le paludisme et rencontré des dirigeants. Ok, la musique c’est de l’entertainment, mais c’est aussi une force pour faire avancer les choses.
Votre route a croisé Marseille à de nombreuses reprises. Quels souvenirs particuliers en gardez-vous ?
Y.N. : En 1998, Michel Platini m’appelle et me dit : « J’ai écouté une de tes chansons et on va en faire l’hymne officiel de la Coupe du monde. » J’étais très excité car j’adore le football. Le Sénégal n’avait à l’époque encore jamais été qualifié pour la Coupe du monde, et je me retrouve à faire l’ouverture de cette compétition. Le tirage au sort se déroulait à Marseille, au Vélodrome. Je me souviens encore très bien du temps glacial. Ce moment-là, je ne l’oublierai jamais.
Supportez-vous l’OM, comme c’est le cas de nombreux Sénégalais ?
Y.N. : J’aime l’OM car c’est un club qui a marqué le football français et européen, mais je suis avant tout supporter du football en général et du Sénégal. J’aime surtout Marseille, une ville extraordinaire.
Vous étiez également proche de Pape Diouf…
Y.N. : Pape, c’était un grand frère. Bien avant qu’on se connaisse, je l’admirais déjà aussi bien pour ses écrits que ses prises de position. Chaque fois qu’il venait à Dakar, je m’arrangeais toujours pour aller le voir. C’est quelqu’un qui nous a rendus fier : un exemple au Sénégal et en Afrique. Il a non seulement été président de l’OM, mais si les footballeurs africains travaillent aujourd’hui encore plus à l’international, c’est grâce à lui. Il les a mis dans des conditions favorables.
L’attaquant olympien et sénégalais Bamba Dieng a été cette année en conflit avec les dirigeants de l’OM et mis au placard malgré son statut de chouchou du public. Quel conseil lui donneriez-vous à quelques mois de la Coupe du monde ?
Y.N. : Si je croise Bamba à Marseille, j’irai lui parler. C’est un garçon qui nous a tellement fait vibrer avec la dernière Coupe d’Afrique des nations qu’on a gagnée pour la première fois. Il y a l’aspect des contrats, mais je ne rentre pas dans ces choses-là. Si peu de temps avant une Coupe du monde, un joueur comme lui doit se battre au niveau sportif. Mais il faut qu’on lui permette de le faire. Un joueur qui pouvait partir, qui a vu d’autres – et pas des moindres – arriver, et qui a préféré rester, c’est un joueur qui veut se battre. C’est un garçon qui a faim.
Qu’inspire à un artiste comme vous, qui a œuvré à la défense des droits humains, la prochaine coupe du monde au Qatar ?
Y.N. : Je pense que tout cela est politique et stratégique. Après, comme je dis toujours, il faut respecter les gens. On ne peut pas les exploiter comme cela. Mais moi ce qui m’importe, c’est le foot et le jeu. Je ne rentre pas dans la géopolitique du football qui est très compliquée à comprendre entre la Fifa, l’UEFA, la CAF, le lobbying et les votes des différentes fédérations. .

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