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Lors de la réunion du Conseil de Sécurité consacré à l’examen du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop a réaffirmé haut et fort le « choix souverain du peuple malien de prendre son destin en main». Occasion pour le chef de la diplomatie malienne de clarifier la position du Gouvernement malien concernant le rapport et sur des points précis : la question des droits de l’homme, la justice et les défis opérationnels de la Minusma. Lors de son intervention le ministre Diop a insisté sur un point capital : « les propositions contenues dans ce rapport ne prennent pas en compte les attentes légitimes du peuple malien qui sont avant tout d’ordre sécuritaire ».
Dans son rapport, le Secrétaire général de l’ONU indique qu’après une dizaine d’années, l’examen de la Mission a montré que les priorités stratégiques et les tâches correspondantes demeuraient pertinentes, en particulier jusqu’à la fin de la transition en mars 2024. Il fait notamment trois propositions majeures. Premièrement, le Secrétaire général de l’ONU propose d’augmenter les capacités de manière à permettre à la Mission d’exécuter son mandat dans son intégralité dans tous les secteurs où elle est déployée. Deuxièment, il propose de continuer de se concentrer sur les priorités stratégiques avec une présence consolidée. Troisièment, il propose de retirer les unités en tenue et transformer la Mission en mission politique spéciale.
Selon le Secrétaire général « la capacité de la MINUSMA de s’acquitter efficacement de son mandat et de contribuer à l’amélioration de la situation politique et des conditions de sécurité dépendra de quatre paramètres clefs: l’avancement de la transition politique, conformément au chronogramme électoral publié par les autorités de transition; les progrès accomplis dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali; la liberté de circulation, y compris pour les moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance essentiels à la sûreté et à la sécurité des soldats de la paix; et la capacité d’exécuter l’intégralité du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité, y compris les dispositions relatives aux droits humains. Ces paramètres seraient le fondement d’une relation stable et prévisible entre la Mission et les autorités maliennes, dans le cadre de l’accord sur le statut des forces… ».
A ces observations et propositions du SG de l’ONU, Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale a brillamment apporté des éclaircissements et réaffirmé la position du Mali. Le Chef de la diplomatie malienne a tout d’abord salué la convergence de vues sur les avancées notables réalisées durant la période sous examen sur le plan politique.
Selon le ministre Diop, le Gouvernement malien poursuit la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles dans le cadre d’un processus « transparent et inclusif ». Ainsi il a indiqué qu’à la suite de la remise du projet de la nouvelle constitution au Chef de l’État et Président de la transition, M. Assimi GOITA, la Commission de finalisation poursuit les concertations avec les forces vives de la nation, afin de parvenir à un texte fondamental de large consensus, qui sera soumis pour approbation aux Maliens par référendum en mars 2023. Le ministre Diop précise que : « le Gouvernement s’attèle aussi à la mise en œuvre d’autres actions prioritaires, notamment l’élection des conseillers des collectivités territoriales en juin 2023; l’élection des députés à l’Assemblée nationale en octobre et novembre 2023; et l’élection du Président de la République en février 2024.. ». Autres précisions apporté par le ministre des Affaires Etrangères : « Le 10 janvier 2023, des membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections ont été installés par le Président de la transition et la première réunion conjointe entre celle-ci et le Comité de pilotage du référendum et des élections générales s’est tenue le 23janvier 2023.Par ailleurs, la tenue de la Conférence sociale, du 17 au 22 octobre 2O22, et l’adoption prochaine d’un pacte de stabilité sociale, avec l’implication des syndicats devrait contribuer à l’apaisement du climat social . »
Concernant l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, M. Diop a réitéré l’engagement du Gouvernement à poursuivre sa mise en œuvre, en citant des progrès indéniables, notamment dans le cadre du processus de désarmement, démobilisation et réintégration. Selon lui, le Gouvernement a également adopté la décision portant création de la Commission ad hoc chargée de résoudre les questions en suspens relatives à la chaîne de commandement au sein des Forces de défense et de sécurité nationales et à l’intégration des hauts fonctionnaires civils des mouvements signataires dans les institutions gouvernementales. Les aspects de l’Accord liés au développement ont également fait l’objet d’une attention soutenue du Gouvernement, qui œuvre à rehausser le développement des régions du Nord, a déclaré M. Diop. Malgré ces progrès indéniables, la période sous examen a aussi été marquée par la suspension de la participation des groupes signataires aux mécanismes du Comité de suivi de l’Accord. À ce sujet, le Gouvernement espère parvenir dans un proche délai à une compréhension commune avec « ses frères » des mouvements signataires.
Sur le plan sécuritaire, a poursuivi le Ministre, le Gouvernement regrette qu’une fois de plus, le rapport du Secrétaire général « passe sous silence les efforts et les actions menés par les Forces de défense et de sécurité maliennes dans le cadre de la sécurisation du territoire et de la protection des civils ».Or, les Forces restent déterminées à poursuivre les actions offensives lancées en décembre 2021 et visent à prévenir et à combattre les attaques indiscriminées ou de représailles des groupes extrémistes contre les populations civiles et leurs biens, a-t-il affirmé. Plus, dans le cadre de la nouvelle stratégie intégrée pour le centre, l’État renforce sa présence sur le territoire, contrairement aux chiffres fournis dans le rapport. Concernant les défis opérationnels de la MINUSMA, M. Diop a indiqué que le rapport du Secrétaire général reconnaît les acquis de la nouvelle procédure de demande de vols mise en place le 15 novembre 2022.Elle a permis d’augmenter le nombre de vols approuvés, à travers une coordination décentralisée et une clarification des responsabilités. Ces résultats encourageants sont malheureusement mitigés du fait du partage parfois partiel ou inexploitable des informations recueillies par les drones, a-t-il déclaré, en espérant que les attentes de la partie malienne seront prises en charge. Face aux besoins humanitaires de notre pays qui ne sont financés qu’à hauteur de 34%, le ministre des Affaires Etrangères a par ailleurs lancé un appel à l’ensemble de la communauté internationale « afin qu’elle accorde au Sahel le même intérêt manifesté à d’autres régions du monde en situation de crise ».
Abdoulaye Diop a ensuite fait des observations préliminaires sur l’examen interne de la MINUSMA, en regrettant, qu’à première vue, « les propositions contenues dans ce rapport ne prennent pas en compte les attentes légitimes du peuple malien qui sont avant tout d’ordre sécuritaire ».Il a considéré que les préconisations du Secrétaire général se limitent, pour l’essentiel, à des variations du nombre de personnel de la MINUSMA ou sa transformation en une mission politique spéciale. Or, « le principal défi auquel la MINUSMA est confrontée est celui de l’adaptation de son mandat à l’environnement sécuritaire dans lequel elle est déployée et qui requiert un changement de doctrine, de règles d’engagement et surtout une volonté politique véritable d’aider le pays hôte à sortir de la crise ».Il faut une volonté réelle de coopération et une complémentarité entre la MINUSMA et les Forces de défense et de sécurité maliennes sur le terrain, a martelé le Chef de la diplomatie malienne, et c’est dans cette perspective que le Gouvernement du Mali a contribué positivement aux consultations dans le cadre de l’élaboration de ce rapport avec l’espoir qu’il répondrait aux aspirations profondes du peuple malien.« Tel n’est pas le cas », a-t-il déclaré sans ambages. Cependant que le Gouvernement du Mali reste ouvert au dialogue avec l’ONU sur cette question dira Abdoulaye Diop. Le Gouvernement du Mali reste disposé à coopérer avec l’ensemble de ses partenaires, a-t-il précisé, y compris les pays voisins, ceux de la région et les organisations régionales et internationales, « dans le strict respect de la souveraineté du Mali, des choix stratégiques et des choix de partenaires du Mali et des intérêts des Maliens ».
Par ailleurs, Abdoulaye Diop a vivement contesté la présence d’une soi distante représente de la société civile malienne invité pour venir s’exprimer devant le Conseil.
Mémé Sanogo
Source : L’Aube
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