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Des pêcheurs nord-coréens condamnés à la colonie pénitentiaire … – RFI

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C’est une décision de justice qui permet de mettre à nouveau le doigt sur une réalité méconnue. Des pêcheurs nord-coréens ont été condamnés à la colonie pénitentiaire dans l’Extrême-Orient de la Fédération russe, a-t-on appris ce jeudi 7 juillet 2022. Ils étaient accusés d’avoir attaqué des gardes-frontières côtiers russes en mer du Japon, où ils pêchaient illégalement.
Les navires de pêche chinois, dont on entend parler régulièrement, ne sont pas les seuls, à se faire parfois attraper la main dans le sac, dans les Zones économiques exclusives d’autres pays. Il y a quelques années, ce fut constamment le cas d’embarcations de Corée du Nord, également.
Les agences de presse russes ont relaté ce jeudi que deux Nord-Coréens avaient été condamnés à treize et huit ans de colonie pénitentiaire dans le district fédéral extrême-oriental, une affaire qui avait déjà donné lieu à trois condamnations à des peines allant de quatre à sept ans d’incarcération.
Outre ces cinq individus, dix autres pêcheurs ont été reconnus coupables. Ils ont écopé de quatre ans de prison, et le juge a décidé de les libérer, leur peine ayant déjà été purgée. Enfin, deux dernières personnes ont pour leur part été acquittées. Au total, 17 membres d’équipage ont ainsi été jugés.
 
Les faits remontent à septembre 2019, sans doute au large du Primorié. L’enquête a conclu que les gardes-frontières avaient appréhendé un navire en mer du Japon, en pleine pêche de calamars. Les membres d’équipage s’en seraient pris physiquement aux Russes, entre autres avec des bâtons.
À cette époque, de nombreux bateaux osaient traverser la frontière. Plusieurs équipages nord-coréens avaient été arraisonnés près des côtes russes, avec des centaines de marins arrêtés. Plusieurs Nord-Coréens et garde-côtes russes avaient été blessés ; au moins un Nord-Coréen avait été tué.
Une véritable déferlante de braconniers. Pour préserver ses propres ressources halieutiques, afin de mieux les revendre à la Chine et d’obtenir ainsi plus de devises étrangères dans le contexte des sanctions qui étouffent son économie, Pyongyang était même soupçonné de les encourager.
 
Le Primorié partage une frontière avec la Corée du Nord. En 2020, alors correspondante de France 24 à Moscou, Elena Volochine avait enquêté sur ces « bateaux en bois grossier, faits de planches cloutées recouvertes de goudron, avec des hélices en plastique et des pierres comme ancres ».
Parfois, relatait-elle, des riverains découvraient les épaves ; des bateaux fantômes, avec des corps de pêcheurs non loin, dans certains cas. Ils leur donnaient même une sépulture, pour quelques-uns d’entre eux. Les Japonais aussi, le constataient, ne comprenant d’ailleurs pas bien le phénomène.
Le changement climatique a un temps été évoqué. Mais selon les ONG Outlaw Ocean Project et Global Fishing Watch, les chalutiers industriels chinois n’y seraient pas pour rien. Sillonnant les eaux nord-coréennes eux-mêmes, ils auraient poussé les petits bateaux du pays à aller en haute mer.
 
Dans la ville frontalière chinoise de Dandong, dans le Liaoning, notre consœur Elena Volochine avait pu constater que des agents nord-coréens, en violation des sanctions de l’ONU et se revendiquant de Pyongyang, vendaient illégalement des permis de pêche à des bateaux chinois.
La pêche est un enjeu de tension en Asie. Comme les Japonais, dont les pêcheurs aussi ont pu par le passé se frotter aux Russes, les Chinois sont de gros consommateurs de produits de la mer. La surpêche a eu raison de leurs ressources, chez eux, aussi pêchent-ils partout où ils peuvent, ailleurs.
Depuis 2017, la Corée du Nord est particulièrement étranglée par les sanctions décrétées à l’ONU. Pékin affirmait avoir « interdit les opérations de pêche en mer dans les zones maritimes » nord-coréennes et mis en œuvre des dispositions interdisant « d’obtenir des droits de pêche de la RPDC ». En vain ?
►À relire : Seize marins chinois enlevés, Pékin appelle la Corée du Nord à l’aide
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