Les espaces partagés entre professionnels de la beauté et du bien-être, et en particulier de la coiffure, se développent à Paris et tentent même quelques percées en région. La tendance est émergente et ne compte que quelques acteurs, mais elle mérite que l’on s’y arrête quand se pose la question de la viabilité des anciens modèles. Le principe, adopté par les enseignes comme Le Loup ou La Fabrica est de mettre à disposition des coiffeurs indépendants des locaux équipés de matériel dernière génération.
Sébastien Chicot, ancien coiffeur et dirigeant de salon de coiffure et ex-cadre dirigeant du groupe Jean-Claude Biguine, est à l’origine du premier né sur le marché, Le Loup. Quand, en mars 2020, il signe le bail pour son premier site, dans le 15e arrondissement de la capitale, il est loin d’imaginer qu’il lui faudra beaucoup de patience avant de se lancer. « Les débuts ont forcément été difficiles, mais nous avons atteint 70 % de taux de remplissage en janvier 2021 et, en juillet suivant, nous étions déjà à 150 % », affirme-t-il, sans dévoiler son chiffre d’affaires.
Depuis, Le Loup a dupliqué son enseigne à Paris, face à la Gare Saint-Lazare, et elle prépare son déploiement en franchise, dans les petites villes de l’Hexagone. Sébastien Chicot y croit, au vu du grand nombre de coiffeurs indépendants en province. Les 17.000 habitants de Sedan, dans les Ardennes, en auront sous peu la primeur. La commune a vu fermer douze de ses quinze salons de coiffure au cours des dernières années, et la mairie a décidé d’accorder des subventions pour les travaux du local.
C’est en observant, en tant que recruteur chez Jean-Claude Biguine, les évolutions du métier et les aspirations des candidats, que Sébastien Chicot a eu l’idée de leur proposer des espaces partagés ouverts 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, avec animations. « J’essaie de créer des communautés de coiffeurs indépendants », précise le professionnel, qui a fait des réseaux sociaux un des axes de son développement.
Le forfait, à 10 euros de l’heure, comprend le fauteuil, le séchoir, les produits coiffants, les shampoings, les soins, les peignoirs et les serviettes, sans compter l’accès aux formations des marques partenaires et aux soirées, sur place, de lancement des nouveaux produits auxquelles « les fournisseurs et les plateformes de rendez-vous sont toujours prêts à participer », dit le chef d’entreprise.
Le Loup se targue d’offrir un accompagnement juridique et comptable à ceux qui veulent se lancer en indépendants. Avec une quarantaine de coiffeurs et 0 salarié, le modèle a un petit côté Uber qui ne manque pas de susciter l’intérêt des petits patrons de salons. Mais dans plus de 80 % des cas – confie Sébastien Chicot – leur loyer est trop cher pour en faire un espace de coworking.
Tous droits réservés – Les Echos 2020