Ajouter RFI à votre écran d'accueil
© 2023 Copyright RFI – Tous droits réservés. RFI n'est pas responsable des contenus provenant de sites Internet externes. Fréquentation certifiée par l'ACPM/OJD.
Publié le :
Shanghai est toujours confinée. Un peu plus de 23 000 nouveaux cas de Covid-19 sont rapportés par les autorités sanitaires. Des règles strictes sont mises en œuvre pour tenter de stopper la vague Omicron, qui entraîne des tensions. Le mécontentement se fait entendre sur les réseaux sociaux. Certains habitants, vivant sous un confinement très strict depuis début avril, et subissant des problèmes d’approvisionnement en nourriture, n’hésitent plus à critiquer la politique du « zéro Covid ».
« La police bat le peuple », hurle une femme, les mains posées sur le bitume, tandis qu’un homme est repoussé derrière un mur de combinaisons blanches estampillées « police » qui, par temps de Covid, donnent aux agents de la sécurité publique en Chine un air de soldat de l’empire dans La Guerre des étoiles.
Mais il ne s’agit pas d’un film. Ces images rares de manifestations et d’affrontements avec les forces de l’ordre ont été postées toute la journée sur les réseaux sociaux, effacées par les censeurs, puis repostées par les internautes, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde.
Apr 14 afternoon: residents of Zhangjiang Nashi International Community (张江纳仕国际社区), Shanghai protested against the requisition of their apartment buildings by the government for use as quarantine facilities and clashed with the police.
1/n pic.twitter.com/jngxcWri5F
Près d’une quarantaine de foyers dans un complexe d’appartements (de la communauté internationale de Zhangjiang Nashi) du district de Pudong, ont protesté hier, jeudi 14 avril, contre la réquisition de leur communauté par les autorités pour en faire un site de quarantaine collective.
Ce sont les désormais célèbres fangcang, des hôpitaux de campagne rudimentaires destinés à isoler les cas positifs asymptomatiques par dizaines de milliers, dans des gymnases, des stades, ou ici dans neuf bâtiments provisoires. Le site était déjà utilisé pour réaliser des tests PCR.
►À lire aussi : En Chine, flambée Omicron, Shanghai au balcon
Une partie des résidents auraient accepté d’être relogés pendant six mois gratuitement en banlieue de la ville, affirment les comptes officiels. Selon le Code civil de la République populaire de Chine, « les biens immobiliers d’une organisation ou des individus peuvent être réquisitionnés pour des besoins d’urgence », ont rappelé les autorités.
Face à l’ampleur du mécontentement, les responsables locaux de la santé ont dû toutefois reconnaître « de nombreuses lacunes » dans la gestion du confinement de la mégalopole, avant de demander à ses 25 millions d’habitants « de les critiquer et de les aider à améliorer les choses ».
Face à la colère qui monte, les gendarmes du Net peinent de plus en plus à faire disparaître tout commentaire critique. Très actif sur les réseaux sociaux, Ji Xialong fait partie de ceux qui défient la censure. Enfermé chez lui dans le quartier d’affaires de Pudong, cœur battant de Shanghai, aujourd’hui mis sous cloche, ce Chinois n’en peut plus de la stratégie du « zéro Covid » appliquée coûte que coûte par les autorités.
Et il ose le dire au micro de Yang Mei, de la rédaction chinoise de RFI : « Xi Jinping et le Parti communiste essaieront d’atteindre à tout prix leurs objectifs pour ne pas perdre la face. Même si cela coûte le bien-être, les moyens de subsistance et même la vie de 26 millions de Shanghaïens. Ils seront prêts à dire des mensonges, à défier les lois de la nature, ils feront l’autruche, ils essaieront tout, mais ils n’arriveront pas à leurs fins et ils paieront un lourd tribut social. »
L’exaspération des confinés ne semble, en effet, pas faire bouger les lignes à Pékin. Le numéro un chinois l’a encore affirmé, mercredi 13 avril. Les mesures de protection « ne peuvent être assouplies, a annoncé Xi Jinping, tant que la pandémie n’est pas entièrement sous contrôle. »
Les avions sont rares. Les précédents vols Air France ont été annulés, aussi celui de ce vendredi soir est plein. Une partie des passagers avaient prévu de partir cet été, mais le confinement de la capitale économique chinoise a accéléré le mouvement. Écoutez le témoignage d’une Française, jointe par notre correspondant à Pékin.
Nous sommes testés tous les jours. Nous ne pouvons pas sortir de notre maison. C'est impossible, pour un Français qui n'a pas vécu en Chine, d'imaginer ce qu'on peut nous imposer… Tant qu'on ne l'a pas vécu, c'est impensable.
Élise, Française installée à Shanghai, en attente de son vol retour à l'aéroport
Pour nombre d’entre eux, le verrouillage de la ville a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Pour moi, c’est comme une scène de guerre où il y a un couvre-feu, c’est très étonnant ». Une ville sous « couvre-feu », voilà l’image que Marc emporte avec lui ; huit ans que ce musicien vit dans l’une des mégalopoles les plus animées du pays, et qu’il ne reconnait plus depuis sa mise sous cloche.
« Shanghai est complètement fermée et pour nous, c’est pire que la prison, car un prisonnier, il a des droits. Nous, on n’a aucun droit et on a eu tous peur d’être envoyés à l’isolement. Personnellement, j’avais prévu une valise avec le minimum de secours depuis le 2 avril, au cas où ils viendraient me chercher pour m’emmener dans les centres de quarantaine, je dirai même des centres de détention. C’est ça qui fait le plus peur, ce n’est pas le virus », confie Benjamin, négociant en vin.
Depuis quelques jours, une vidéo des Misérables tourne dans les groupes de Français sur l’appli chinoise WeChat. Chacun a ses raisons de partir, mais avec le filtre hermétique aux frontières, les longues quarantaines en hôtels dédiés à l’entrée en Chine, les difficultés à trouver des vols et l’ensemble des contraintes imposées depuis deux ans au retour en Chine, pour Marc ces départs liés au confinement s’inscrivent dans un mouvement de fond.
Cela fait déjà plusieurs années que la situation se dégrade en Chine et du coup, les gens sont de plus enclins à partir, notamment les familles. Au fil du temps, les gens se sont rendu compte qu’il était de plus en plus compliqué de rentrer en France en étant sûr de pouvoir revenir en Chine. Il y a une grosse vague de familles étrangères qui prévoyaient de partir à la fin de l’année scolaire et une partie d’entre eux a pris les devants pour partir maintenant
Le confinement accélère les choses. Les précédents vols d’Air France ont été annulés ces dernières semaines. La résidence d’Élise n’a pas enregistré de cas positif depuis 14 jours, et cette mère de quatre enfants a pu embarquer elle aussi.
« Nous, en fait, on n’en peut plus de scanner des QR code partout, de montrer des papiers pour pouvoir passer, et de remplir des fiches de températures corporelles, explique-t-elle. Ces deux années ont épuisé en partie notre capital expatriation. On est resté deux ans dans une Chine fermée, en ressenti c’est cinq ans, six ans… On n’en peut plus de tout cela. »
Sortir des centres d'isolements collectifs (fangcang) ne veut pas dire un retour automatique au domicile. Les comités de résidences se méfient… https://t.co/v6EBxOiNum
Shanghai coupée du monde. Ce vendredi, seules les destinations de Hong Kong, Paris et Helsinki figurent sur le panneau des départs.
►À lire aussi : La Corée du Sud lève l’ensemble des restrictions sanitaires ou presque
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI
Japon: à l'arrivée des examens, retour des agresseurs sexuels dans le métro
Émeutes du Gujarat en Inde: blocage d'un documentaire de la BBC sur le rôle du Premier ministre Modi
Thaïlande: les touristes chinois de nouveau accueillis à bras ouverts
Année du lapin: les Chinois rêvent d’ouverture et de douceur
Taïwan: des simulations montrent l’ampleur de la catastrophe en cas d’invasion chinoise
Covid-19: bas les masques dans les espaces intérieurs en Corée du Sud
Nouvel An lunaire en Chine: les voyageurs heureux de repartir en famille malgré l’épidémie
Pakistan: une nouvelle assemblée régionale dissoute par Imran Khan
Nouvelle-Zélande: la Première ministre Jacinda Ardern annonce sa démission, faute d'«énergie»
Catastrophe de Fukushima: la justice confirme l'acquittement d'anciens dirigeants de Tepco
Australie: le racisme envers les aborigènes au cœur du procès sur le meurtre d'un adolescent
Australie: les hélicoptères européens «Taipan» seront remplacés par du matériel américain
Corée du Sud: perquisition des locaux d'un syndicat pour liens présumés avec la Corée du Nord
Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.